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avril 2016

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Meur a abeg a gaver evit kemer perzh er Redadeg. Da gentañ penn evit ar blijadur da redek a-stroll gant ar familh pe mignoned evit embann a wel d’an holl e kredomp e dazont hor yezh. Ober sport zo un abeg all, gwezhoù zo dindan ar glav pe deus noz evit ar re galonekañ, met alies mat dindan heol skedus an nevez-hañv evit kas a dorn da zorn bazh test ar redadeg hag he c’hemmenadenn. Unvaniñ a ra ivez ar rederien hag ar rederezed tiriad hor bro a-hed o hent.

Lakaat a ra e pleustr ar Redadeg barregezh ar vretoned da aozañ o unan ar pezh a zere evit sevel amañ un dazont d’ar brezhoneg. Rastellat arc’hant ar bobl evit krouiñ binviji ha raktresoù evit reiñ muioc’h a blas d’ar brezhoneg a chom unan eus palioù pennañ ar Redadeg.

Ober kement-mañ zo kentelius war an dachenn bolitikel a-hir dermen, ma vije un tamm mat muioc’h a frankiz er vro e vijemp gouest moarvat d’ober muioc’h a draoù hon unan ha war kement tachenn zo !

redadeg

Evel bep tro stourmerien Breizh dieub ha sokialour a ro emgav deoc’h evit redek ar c’hilometradoù bet miret ganeomp  ( dindan anv Breizh O Stourm ! ) :

  • Ar c’hKm466 e Plouha d’ar Sul 1añ a viz Mae da 11 e20 da noz (na vir ket ouzhoc’h da vont da vanifestiñ a-raok da geñver gouel etrebroadel al labourerien)
  • Ar c’hkm 633 e St Laorañs d’al Lun 2 a viz Mae da 5e53 GM
  • Ar c’hkm 963 e Rosko d’ar merc’her 4 a viz Mae da 6e33 AM

Neb a garfe ober muioc’h ha gwelloc’h a rank gouzout ivez ez eus bet prenet kilometradoù gant ar gevredigezh Skoazell Vreizh.

Emgav zo roet deoc’h gante :

  • D’an 30 a viz Ebrel da 9e noz e Kastellbourc’h : KM 230/231/232/233.
  • D’an 2 a viz Mae da 8e15 da noz/e Boulvriag : KM 654/655/656.
  • D’an 3 a viz Mae da 8e noz e Lokmaria-Berrien : KM 869/870/871.

N’eo ket re diwezhat evit prenañ un dornad a gilometradoù a chom en gwerzh !

Après s’être nommé “Anaram au Patac” puis “Courant Révolutionnaire Occitan” et enfin Libertat, les militantEs de la gauche anticapitaliste qui luttent pour le droit du peuple occitan à l’autodétermination donnent rendez-vous à leurs sympathisants le 1er mai à Pau, où le mouvement est bien implanté. Et ce afin de construire le plus largement possible une nouvelle étape de l’occitanisme révolutionnaire ouverte aux jeunes sympathisants.

Voici le communiqué : (ici en Occitan)

La situation économique, sociale, culturelle se dégrade chaque jour un peu plus, et la gauche est complètement paralysée. La droite la plus dure est à l’offensive, les pensées réactionnaires dominent nos sociétés. Sous prétexte de protéger la population l’État révèle sa vraie nature, celle d’un appareil répressif se rapprochant du fascisme. 
Les militants et activistes progressistes sont déboussolés, ne sachant plus où donner de la tête. Si pour certain(e)s l’extrémisme est la seule issue, pour d’autres le seul moyen d’action (qu’ils ne peuvent d’ailleurs dépasser) est le pacifisme. Le fait que le mouvement progressiste soit écrasé alors que les classes populaires et intermédiaires sont touchées de plein fouet par la crise peut sembler paradoxal. Il n’en est rien, ce n’est pas un paradoxe, mais une mauvaise conception et une mauvaise compréhension de l’Histoire dont est emprunt la gauche dans l’État français. Nous y avons aussi participé. En parallèle la question occitane n’a jamais été aussi présente dans la société mais l’état français continue à nier nos droits culturels et politiques les plus fondamentaux. 
L’analyse de cette situation et notre propre histoire, nous ont conduit à nous remettre en question sur de nombreux sujets et pratiques. Depuis plusieurs mois nous avons amorcé, dans Libertat !, une réflexion sur la situation de notre mouvement et sur la question révolutionnaire en Occitanie. Nous avons établis un bilan de notre action politique, de nos pratiques militantes depuis la création du mouvement à l’automne 2009. Nous sommes repartis à la source pour repenser notre action et notre idée politique. Le but d’un révolutionnaire c’est de faire la révolution sans attendre qu’elle arrive mais bien en la construisant jour après jour. Ce moment charnière de l’Histoire de l’humanité avec les années difficiles à venir, la crise s’accentuant, est également un moment clé pour le peuple d’Occitanie. C’est le moment où va renaître le processus révolutionnaire au niveau mondial.

La période Libertat ! se ferme et nous en ouvrons une nouvelle avec la mise en place d’ un comité de construction visant à faire naître un mouvement à même de :

  • Défendre les droits démocratique du peuple (travail, logement, santé, droits linguistiques, culturels etc) en Occitanie en lien avec les autres peuples de l’État français, en Europe et dans le monde.
  • Organiser un mouvement sur toute l’Occitanie en liant la question politique (autodétermination et reconnaissance de l’Occitanie) à la question des droits culturels (officialisation de la langue occitane).
  • Lutter pour la révolution socialiste.

Le 1er mai 2016, nous organiserons un meeting à Pau (Béarn) pour présenter le projet du comité de construction. Nous vous invitons à participer et à rejoindre le comité de construction dans le but de bâtir un nouveau mouvement révolutionnaire dans les années à venir.”

Le texte qui suit a été publié en 2015 dans “Le Peuple Breton“, nous le republions en raison de son intérêt dans le cadre du centenaire de l’insurrection de Pâques en Irlande. Il intéressera tous ceux et celles qui sont préoccupés par l’influence du républicanisme Irlandais sur ceux qui défendent le fait national breton. Signalons enfin l’existence du sympathique blog Irlande 2016 qui recense et promeut en Bretagne les célébrations de l’insurrection de Pâques.

Bretagne Info

par Alan Le Cloarec, doctorant en sciences politiques, à l’Université de Rennes I.

Des militants bretons de la première moitié du XXème siècle il n’est pas le plus connu, et pourtant il est peut être celui au parcours le plus hors du commun. Ce bretonnant de naissance, fils d’un meunier de Pleudaniel dans une famille de huit enfants, a été un activiste breton et international. Il agissait le plus souvent en coulisse, sans trop se mettre en avant, mais a côtoyé de près certains des grands évènements et certaines grandes figures du monde politique de son temps.

L’engagement séparatiste

Né en 1890, Le Roux est issu du milieu paysan trégorois très modeste et absolument rien ne le prédestinait à mener la vie qui fut la sienne. En 1909 à se faire engager comme secrétaire de François Jaffrenou – Taldir de son nom druidique- au journal régionaliste Ar Bobl ( Le Peuple). Seulement deux ans plus tard néanmoins, il sera vite en confrontation avec son premier parrain régionaliste au nom de l’expression de ses propres idées bretonnes qui se veulent autrement plus radicales, en revendiquant la volonté de séparer la Bretagne de la France pour en faire un Etat souverain. Nous sommes en 1911 et Le Roux commence à faire véritablement naitre l’idée séparatiste contemporaine. Au départ, ce terme est souvent employé par l’intelligentsia française comme un procès d’intention aux régionalistes de l’URB —Union régionaliste bretonne— qui est pourtant très éloignée, voire très hostile à ce genre de revendications. De ce terme qui est utilisé comme une critique et un tabou, Le Roux en fait un courant de pensée politique novateur. Il trouve pour se faire un allié et ami avec qui il restera toujours en contact : Camille Le Mercier d’Erm. Avec lui, il lance un premier Manifeste séparatiste ainsi qu’une brochure : Pour le séparatisme. En 1912 vient ensuite un journal, Breiz Dishual (Bretagne Libre) qui perdurera péniblement jusqu’à 1914. De ces quelques années d’activisme séparatiste, Le Roux fera une rencontre qui aura une grande influence sur sa propre pensée politique, celle d’Emile Masson. Avec ce dernier il traduit en breton A mon frère le paysan en 1912, une brochure de l’anarchiste français Elisée Reclus. A cette période, il participe aussi activement au journal Brug lancé par Masson, en y écrivant plusieurs articles en langue bretonne. Néanmoins ce premier élan de militantisme breton se trouve stoppé net par les débuts du premier conflit mondial. Plutôt que de partir au front, Le Roux choisit l’exil. Il s’explique quelques années plus tard en disant qu’il ne souhaitait prendre les armes et mourir que pour son pays et pas pour les « militaristes », «  ces pauvres êtres qui n’ont rien tenté pour éviter la catastrophe, mais qui, au contraire, ont tout fait pour la rendre inévitable »1.

Les zones d’ombre de la Première guerre mondiale.

Avec cet exil commence une période de la vie de Le Roux dont nous n’avons pas encore réussi à retrouver toutes les informations. On sait par ailleurs aujourd’hui que Le Roux part pour l’Angleterre dès les débuts de l’année 1914, et qu’il y séjourne durant une grande partie du conflit. S’il a échappé aux combats sur le sol français, il s’est néanmoins retrouvé sous les drapeaux britanniques, en Irlande entre juin 1916 et septembre 1917 – c’est-à-dire juste après l’Easter Week, l’insurrection irlandaise de Pâques 1916- avant d’être démobilisé pour raison de santé. Mais Le Roux connaissait déjà l’Irlande, il y avait voyagé durant l’année 1914 sans que l’on ne sache exactement pour quelles raisons. C’est peut-être à ce moment qu’il commence tisser des liens avec les mouvements républicains irlandais. Durant les années 1930, il raconte dans War Zao, un journal nationaliste breton du Trégor proche du communisme, avoir été un agent du Sinn Fein2, le parti républicain irlandais. Il explique même avoir été arrêté par la police britannique et être passé près du peloton d’exécution. La thèse selon laquelle il renseignait les militants irlandais quand il était sous uniforme britannique n’est donc pas à exclure. En 1919, alors que l’agitation séparatiste irlandaise se fait grandissante, Le Roux est invité à Dublin pour intervenir dans un meeting de la Irish Literary Society. Cela marque le début d’une période bien connue de sa vie, celle d’intellectuel militant dans l’Irlande en plein conflit indépendantiste, puis dans le nouveau pays qui voit le jour à partir de 1921. C’est Le Roux qui va écrire la première biographie de Patrick Pearse, de Tom Clark, publier un livre sur la Ligue gaélique, avec en toile de fond de précieux travaux sur l’histoire de l’indépendance irlandaise auquel il a assisté de près. Pour le remercier de ces travaux, le nouvel Etat Libre accorde d’ailleurs à Le Roux la nationalité irlandaise en 1932. Et les liens avec ce pays se font même jusque dans l’intime, en 1936 c’est à une irlandaise, Marion Murphy, qu’il passe la bague au doigt.

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L’éphémère ancrage très à gauche de l’après-guerre.

Si les évènements irlandais des années 1910-1920 marquent la vie de Le Roux, un autre soulèvement historique de ce siècle qui se déroule en Russie va aussi influencer sa pensée. Après la Révolution russe de 1917, on retrouve en effet un très éphémère et radical ancrage à gauche des idées de Le Roux – tout comme chez Camille Le Mercier. C’est l’époque où dans La Bretagne Libertaire ils se disent tous deux plus que jamais redevable de la pensée révolutionnaire de l’anarchiste breton Emile Masson, et partisan d’une Bretagne libre dans « l’étroite conjonction du fédéralisme et du socialisme, qui réalisera l’ « Internationale » des peuples »3. Le Roux nous dit même dans un article avoir été un agent secret de la Russie soviétique4 ! Les inclinaisons de Le Roux vers les idées de la gauche radicale ne sont néanmoins pas nouvelles même si ces dernières ne peuvent tout de même pas faire figure de matrice principale pour sa pensée politique. On retrouve pourtant toujours des idées et des militants de gauche sur les chemins de son activisme. Il a par exemple été le secrétaire de Ramsay MacDonald, un travailliste écossais qui sera Premier ministre britannique, dont Le Roux traduit d’ailleurs en français son ouvrage Le Socialisme et la Société5. En 1932, quand Le Roux fait traduire et publier en Irlande sa biographie de Pearse, c’est un militant de gauche bien connu qu’il engage pour ce travail : Franck Ryan. La correspondance entre les deux hommes montre d’ailleurs qu’ils se connaissent déjà bien quand Ryan est embauché par Le Roux. Quelques années plus tard, c’est Ryan qui deviendra le symbole de l’antifascisme des militants de l’IRA partis combattre en Espagne dans les Brigades Internationales. Que Le Roux entretienne de bons rapports avec des militants de gauche n’a rien d’étonnant, dès 1911 en effet quand il écrit ses textes séparatistes il dit appeler à la révolution de tous ses vœux. C’est une attitude qui restera en toile de fond tout au long de sa vie, mais qui pourtant ne représente pas l’ensemble de son originale pensée politique.

La concurrence nationaliste des années 1930.

Car il ne faut pas s’y tromper, Le Roux se définit lui-même politiquement comme nationaliste, bien que l’aspect polysémique de ce terme et le sens que peut lui en donner son auteur à l’époque où il l’emploie varie considérablement de nos acceptations contemporaines. En un sens, l’étude approfondie de l’ensemble des textes de Le Roux renvoie à un nationalisme de posture bien plus que d’idéologie. C’est-à-dire que dès l’époque séparatiste, le nom du parti créé par ses jeunes militants est bien « Parti nationaliste breton ». Le choix de ce terme s’explique principalement dans la difficulté à recruter des individus autour de l’idée séparatiste, tout en souhaitant s’afficher d’un engagement breton plus radical que le régionalisme – le terme d’autonomisme ne sera utilisé que plus tard dans l’Entre-deux-guerres avec une logique assez comparable. Le cœur des idées exprimées sur cette période reste tout de même le séparatisme, dans la mesure où l’idée de nation est une toile de fond très présente mais très peu développé. Cela change quelque peu après la Première guerre mondiale. Dans les années 1930 en effet, Le Roux se rapproche des nouvelles générations de militants formés à l’école de Breiz Atao, et ce particulièrement après l’explosion du PAB qui fait naitre plusieurs partis bretons en concurrences, voire en conflit, les uns avec les autres. De ces différents partis, c’est le nouveau PNB – Parti national breton cette fois- qui va le plus retenir son attention. Néanmoins, ses relations avec ce parti ne vont pas manquer d’être conflictuelles. Dans les débuts des années 1930, le PNB est accablé de dettes, il ne compte qu’une poignée de militants – 25 à sa création-, jusqu’à ce que les attentats du groupe Gwenn ha Du réussissent à lui donner une tribune exceptionnelle pour se développer. Au départ c’est d’ailleurs surtout avec Gwenn ha Du que Le Roux est en contact, notamment avec sa porte-parole Meavenn qu’il rencontre en Irlande et à qui il présente des membres de l’IRA comme Franck Ryan. Au milieu de cette décennie, Mordrel et Debauvais du PNB vont demander à Le Roux de venir en Bretagne pour prendre la tête du parti afin de redresser sa situation politique et financière. Ce dernier accepte avant de se rendre compte que les dirigeants veulent qu’il prenne les dettes à son nom sans n’avoir aucun rôle politique, ni au journal ni au parti… Le Roux fait alors bande à part, il créé une Association nationale bretonne, avec un nouveau journal intitulé une fois encore Breiz Dishual, qui milite pour l’enseignement de la langue et de l’histoire bretonne à l’école publique. Cette expérience se limite au Trégor avec les anciens membres de War Zao et du PNBR – Parti nationaliste breton révolutionnaire- et ne se manifeste véritablement qu’autour des années 1933 et 1934. En 1939, Le Roux et sa femme sont de retour à Londres, il y trouvera la mort quelques années plus tard. Il décède le 5 août 1944 à l’hôpital de Middlesex, après 54 ans d’une vie plus que bien remplie dont il resterait beaucoup à dire.

1 Texte de Louis Napoléon Le Roux dans La Bretagne Libertaire de Camille Le Mercier d’Erm de 1921.

2 Louis Napoléon Le Roux, « Ar gwir enep d’ar gaou » [Le vrai contre le faux], War Zao, décembre 1931-janvier 1932.

3 Camille Le Mercier d’Erm, La Bretagne Libertaire, page 17.

4 Louis Napoléon Le Roux, « Hier – Aujourd’hui – Demain », Breiz Dishual, décembre 1933.

5 Publié dans sa version française en 1922.

Plusieurs organisations de soutien aux prisonnières politiques basques et catalane incarcérées à Fleury-Mérogis se sont fait l’écho de leurs revendications liées à la dégradation de leurs conditions de détention.

Voici le texte qu’elles ont fait parvenir.  Par ailleurs la semaine de solidarité avec les prisonniers politiques continue jusqu’au 17 avril sur Paris. Au programme de nombreux rendez-vous avec les détenus politiques Corses, Basques, Palestiniens, Indigènes….

Bretagne Info.

Appel des prisonnières basques de cette maison d’arrêt des femmes, en lutte avec d’autres prisonnières contre l’administration pénitentiaire. La direction veut imposer des conditions d’enfermement plus restrictives (visant temps et horaires de promenade, parloirs, accès à la salle de sport, …) sous prétexte d’uniformiser les conditions de vie pour les hommes et les femmes, via un logiciel de gestion qui s’appelle “genesis”.

Nous les prisonnières politiques basques incarcérées à la MAF de fleury-mérogis, nous adressons à vous pour vous informer des changements effectués à la MAF avec l’excuse de la mise en route d’un nouveau logiciel qui vise à égaliser les conditions de vie dans l’ensemble de la prison. Ce nouveau fonctionnement touche les jours de parloir, l’accès à la salle de sport, et surtout, à la promenade.

En ce qui concerne les parloirs nous constatons qu’une fois de plus, comme cela avait été fait il y a 8 mois, il y a eu un changement des horaires et une suppression de jours en nous prévenant seulement 15 jours à l’avance, en sachant que nos proches viennent de loin et que l’achat des billets des transports publiques et les réservations d’hébergement pour le mois d’avril ont déjà été faits. La suppression des parloirs des mardis et des vendredis a un grand impact sur nos visites puisque cela empêche nos proches de profiter le long voyage pour faire deux, voire trois, parloirs d’affilé. Une fois de plus nos proches ont dû annuler les billets d’avion et la réservation d’hôtel avec les pertes économiques que cela suppose, lesquelles viennent s’ajouter au grand coût, autant économique que personnel, que la politique de dispersion a pour nos proches et pour nous mêmes depuis des années et des années.

En ce qui concerne la promenade à la MAF il a été mis en fonctionnement un système similaire à celui qui est en vigueur à la MAH, c’est à dire une seule promenade par jour avec alternance matin et après-midi selon le jour soit pair ou impair. En fait depuis quelques années nous assistons à une brutale restriction du temps des promenades. En effet, en 2009 (et nous étions déjà la !) nous avions en horaire d’été 1 heure de promenade le matin et 3 heures les après-midi. Maintenant nous passons de même pas 3 heures de promenade par jour à … 2 heures par jour !! 2 heures qui ne sont même pas réelles puisqu’il faut compter le temps des mouvements dans ces horaires et maintenant il va falloir sortir non 2 ailes mais 3 (parce que toutes les condamnées sortiront en même temps), ce qui peut prolonger les mouvements de plus de 20 minutes pour les dernières.

Tout cela suppose pour nous, les prisonnières, d’être enfermées dès 11 heures du matin en plein été, dans une cellule où la fenêtre ne s’ouvre que de 10 centimètres, sans douche ni frigo, à attendre la promenade de l’après-midi du lendemain (prévue à 13h15). Ce régime est comparable à un régime disciplinaire. Ces mesures sont inhumaines et le fait de vouloir nous enfermer 26 heures d’affilé, sans prendre l’air, sans communication entre nous, sans marcher ou discuter, et surtout le week-end que nous n’avons ni sport ni activité, nous le percevons comme un fait très grave. Ces mesures vont à l’encontre de la dignité humaine et à notre avis représentent une atteinte aux droits de l’homme.

A toutes ces restrictions il faut ajouter les changements à la salle de sport car la direction veut séparer les prévenues et condamnées. En fait maintenant nous ne pouvons plus choisir d’aller au sport soit le matin soit l’après-midi, maintenant nous avons droit à un seul créneau par jour en fonction de la promenade, et évidemment l’accès à la salle est limité à une trentaine de personnes, celle qui n’est pas sur la liste restera enfermée en cellule…

En plus si nous avons d’autres occupations comme les études, les activités, ou les parloirs qui nous empêchent d’aller à la salle, et même en promenade, nous sommes obligées de renoncer à l’activité physique ou à prendre l’air. Franchement, la mise en fonctionnement d’un nouveau logiciel nous semble un argument très faible pour justifier une telle dégradation de nos conditions de vie, surtout quand la séparation entre condamnées et prévenues et pratiquement impossible dans une prison de ces caractéristiques : la séparation ne va pas s’effectuer pour l’école, ni les parloirs, ni les ateliers ni les activités. L’argument de la direction est de vouloir empêcher le « trafic » et pour cela la solution c’est l’enfermement en cellule et l’isolement entre nous.

Depuis des mois nos conditions matérielles se sont dégradées, nous n’avons même plus la trousse mensuelle, plus de service de lingerie, plus de coiffure, la télé a presque doublé son prix en 3 ans, pas de frigo, pas de douche en cellule… et maintenant ce sont les conditions de vie qui touchent notre santé autant physique que psychique. Ici la direction continue à serrer l’étau afin de limiter les mouvements et les échanges entre nous, et de contenter les surveillantes lesquelles, tout soit dit en passant, auront maintenant tout leur temps pour rester assises à rien faire.

Face à tous ces changements nous ne sommes pas restées les bras croisés. Nous avons participé d’un mouvement collectif réalisé le dimanche 3 avril, le jour avant de la mise en route de ce nouveau système. Ainsi, dimanche après-midi plusieurs tours de promenade ont été bloqués, autant côté prévenue que condamnée.

Côté condamnée (au premier tour) 26 femmes sommes restées à la fin de la promenade. Même si nous avons annoncé que le blocage serait de 10 minutes finalement nous sommes restées une bonne vingtaine de minutes entourées de filles qui criaient par la fenêtre et tapaient sur les portes. Bien sûr, des chef et gradées (et même le directeur adjoint) sont venus à la porte nous menacer « qu’ils prendraient des dispositions ». Rien de nouveau, c’est la seule chose qu’ils savent faire : nous menacer avec des représailles. Nous leur avons donné la feuille de revendications signée par plus de 45 personnes (d’autres feuilles tournent encore). Pendant que nous bloquions, les filles du côté prévenue bloquaient aussi, et nous avons regardé amusées les chefs qui surveillaient le mouvement clairement dépassées par la situation.

Les mineures, qui sont en ce moment une bonne douzaine, ont spontanément décidé de bloquer la promenade aussi. Elles sont restées pendant 10 minutes à chanter et danser pendant que les chefs (qui ne sont pas sortis en promenade avec les majeures), sortaient pour les faire rentrer. Simultanément, le deuxième tour de promenade du côté prévenue a bloqué aussi. Nous ne savons pas encore combien de femmes ont participé de ce blocage, nous savons que minimum 4 tours de promenade ont suivi.

Une fois toutes enfermées en cellule un grand tapage de portes a commencé et toute la prison s’est convertie en une grande protestation sonore. Cela a tapé partout pendant presque une heure sans interruption. Les chefs et gradées sont venues ouvrir quelques portes pour nous menacer à nouveau : « Si vous continuez à taper vous finirez au mitard ». On tremble. Finalement, nous avons réalisé un refus de plateau collectif.

Nos demandes sont de maintenir les deux tours de promenade matin et après-midi, surtout pour le week-end. Nous vous informerons de la suite du mouvement. Pour l’instant nous faisons un appel à la solidarité de l’extérieur avec l’envoi du texte qui suit par courrier, e-mail ou fax au directeur adjoint de la MAF :

« M. Parscau,
Les conditions de vie que vous voulez imposer à la MAF de Fleury-Mérogis constituent une atteinte à la dignité humaine. Le système de promenade unique et alternée suppose un enfermement (dans une cellule sans aération, sans douche et sans frigo) qui peut se prolonger pendant 26 heures les jours où il n’y a pas d’activité ni sport (ce qui arrive souvent), et surtout le week-end. Je réclame des condition dignes et que les demandes des prisonnières soient prises en compte. »

Adresse :
M.Parscau – Directeur adjoint à la MAF
MAF de Fleury-Mérogis
9, Avenue des Peupliers
91 705 Saint-Geneviève-des-bois Cedex
Fax : 0033-169460336
E-mail : ce n’est pas posible

P.-S.

Les blocages ont continué le lundi mais le lendemain, de nombreuses femmes ont été convoquées par la direction pour être intimidées : menaces de transfert disciplinaire, de suppression des remises de peines, etc… Bref les chantages habituels. Mais ça continue ce week-end ! Samedi une cinquantaine de femmes bloquaient la cour de promenade !
A l’intérieur comme à l’extérieur c’est les mêmes logiques répressives qui nous sont destinées : il s’agit de tuer ce qu’il reste de lien et de solidarité entre nous, nous isoler davantage… Combattons les !

Source Paris Luttes Infos.

Voici une liste non-exhaustive des mobilisations contre la loi Travail en Bretagne le 9 avril.

Loire-Atlantique/Liger-Atlantel

  • Nantes/Naoned : 14h00 — Esplanade des machines de l’île
  • Saint-Nazaire/Sant-Nazer : 14h00 — Devant la Gare SNCF

Ille-Et-Vilaine/Il-ha-Gwilun

  • Rennes/Roazhon : 11h00 — Esplanade Charles de Gaulle
  • Redon : 11h00 — Sous-Préfecture
  • Saint-Malo/Sant-Malou : 11h30 — Devant la Médiathèque “La Grande Passerelle”
  • Vitré/Gwitreg : rassemblement prévu (12h00 ?)
  • Fougères/Felger : rassemblement prévu

Finistère/Penn-ar-Bed

  • Brest : 14h00 — Place de la liberté
  • Quimper/Kemper : 14h00 — Place de la Résistance
  • Carhaix/Karaez : 10h30 — Place du Champ de Foire
  • Morlaix/Montroulez : 10h00 — Place Puyo (Face à l’IUT)
  • Quimperlé/Kemperle : 10h30 — Place Saint-Michel

Morbihan/Mor-Bihan

  • Lorient/An Oriant : 10h30 — 84 Boulevard Cosmao Dumanoir
  • Vannes/Gwened : 10h30 — La Rabine
  • Pontivy/Pondi : 10h30 — La Plaine
  • Belle-île-en-Mer/Enez ar Gerveur : 10h30 — Le Port du Palais

Côtes d’Armor/Aodoù an Arvor

  • Saint-Brieuc/Sant-Brieg : 11h00 — Esplanade des Champs
  • Guingamp/Gwengamp : 10h00 — RDV à Kernilien pour se rendre en caravane automobile à Lannion, arrêt à Bégard à 10h20 sur le parking de la MJC.
  • Lannion/Lannuon : 11h00 — Devant La Poste.

Depuis le 31 mars, journée pendant laquelle prés de 80 000 personnes manifestèrent en Bretagne contre le projet de loi travail, le mouvement de contestation semble continuer malgré les vacances scolaires des lycéens.
Les premières tentatives d’occupation de places publiques ont eu lieu à Rennes, Nantes, Guingamp, Lorient… elles ont connues des fortunes et succès divers. Il faut souligner combien — au prétexte de quelques bris de vitrines et quelques « vols » — l’espace public est contrôlé par les préfets avec la complicité des notables élus du PS.
Cela trahit la fébrilité du gouvernement central et du PS qui ne veut pas que la contestation s’enracine et table sur l’essoufflement du mouvement notamment à l’approche des vacances universitaires.
Un autre signe de l’inquiétude du gouvernement est la violence des forces de police qui sont en nombre et pour faire peur et dissuader. Les plaintes et témoignages en raison des violences policières se multiplient.
A titre de comparaison, on peut se rappeler la totale absence ou l’extrême retenue des forces dites de l’ordre pendant les manifs d’agriculteurs productivistes d’il y a quelques mois.
Cette volonté de briser ce mouvement naissant se traduit aussi par des consignes de fermeté dans les tribunaux. Les peines prononcées sont extrêmement lourdes, six mois fermes pour notre camarade Gael à Nantes pour des prétendues violences, deux mois à un jeune ouvrier en comparaison immédiate après le 31 mars dans cette même ville, un mois ferme à un manifestant qui a montré son cul aux flics… Des arrestations en pagaille à Rennes également où déjà en février dernier des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avaient écopé de peines allant jusqu’à 7 mois fermes !

Face à cet acharnement du pouvoir il faut tenir bon et continuer à essayer d’occuper l’espace public sur des bases anticapitalistes et rupturistes, et les occupations de places vont dans ce sens. Mais cela ne saurait suffire. Si la lutte contre le CPE a été partiellement victorieuse il y a dix ans c’est parce que le blocage économique s’est imposé comme mode d’action. Il nous faudra bloquer les quatre voies, les chemin de fer, faire fermer les grandes enseignes les jours de grève en constituant des piquets volants si nous voulons gagner. Il faut frapper le patronat en bloquant les flux ! L’audace des manifestants de Rennes et Nantes le 4 avril a permis de bloquer les voies ferrées en présence d’étudiants mais aussi de salariés, syndiqués ou non.

Pour mettre tout cela en place, pas besoins d’ordre venant de Paris, il faut le faire ici entre AGs de lutte, facs ou IUT occupées pour ré-étendre la lutte en allant motiver les troupes dans les établissements scolaires qui n’ont pas encore été fermés, aller à la rencontre des ouvriers de la COOPERL ou des employés de LIDL en grève récemment, de la paysannerie défendant un projet non productiviste. Nous n’avons pas besoin d’une fantoche « coordination nationale étudiante » constituée à plus de 50 % d’établissements universitaires parisiens !Il faut nous organiser ici en Bretagne, là où nous vivons, travaillons et étudions !Il faut aussi faire connaître l’appel de plus de 1000 syndicalistes qui ont signé un appel à intitulé « On bloque tout ! » (http://onbloquetout.org/) et constituer des caisses de solidarité avec les grévistes et les prisonniers.

La capacité du mouvement à perdurer permettra de continuer à réduire au silence pour le moment les forces néo-fascistes et racistes du FN qui empêtrés dans les scandales financiers type « Panama Papers » n’osent pas s’exprimer sur la contestation sociale en cours car en vérité ils soutiennent comme toujours les plus riches.

Il faut continuer à  désobéir collectivement pour résister à ce projet de loi, à l’état d’urgence, à la violence des flics et des juges contre notre classe !

Bretagne en Luttes / Breizh o Stourm

Le collectif “Place à défendre” qui lutte et questionne sur la gentrification menées par le PS et ses alliés à Rennes tacle dans le texte suivant la posture de Nathalie Appéré (député-maire de Rennes et partisane acharnée du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) suite aux échauffourées du 31 mars. Il explique clairement le lien entre le projet du PS qui vise à transformer cette ville au seul bénéfice des classes les plus aisées et la gestion des manifestations contre la “Loi Travail”. En effet, le préfet Patrick Strzoda a réitéré son interdiction de manifester dans la vieille ville et la répression n’en finit plus de s’abattre sur les manifestants qui tentent de contester cette atteinte à notre liberté. On notera le silence complice des députés PS et autres élus du même bord suite aux condamnations délirantes qui frappent les manifestants (un mois de prison à Nantes pour avoir montré ses fesses !). La “nuit debout” à Rennes est pour l’instant tolérée place Charles de Gaulle.

Bretagne-info.

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Merci de déranger ?

« Investir une ancienne caserne de gendarmerie ce jeudi 31 mars pour que la jeunesse puisse s’exprimer sur les libertés, quoi de plus logique  ? » (OF, 31/03/2016)

Ils sont là, tous les quatre, vêtus comme un jour de deuil national, sur cette émouvante photo (cf. http://www.ouest-france.fr/bretagne…) publiée dans l’édition du 1er avril du quotidien Ouest-France : la maire de Rennes, Nathalie Appéré, qui essaie de retenir ses larmes en tripotant le petit porte-clés Vinci qu’elle garde toujours au fond de sa poche ; le bétonneur en chef Sébastien Sémeril, affichant un sourire affligé d’enterrement qui sent bon les cours de communication politique ; Didier Le Bougeant, un peu absent peut-être, a sorti son vieux keffieh poussiéreux, celui qu’il portait à la belle époque (tu te souviens Didier, comme on y allait en ce temps-là !), pour se persuader qu’il n’a pas complètement retourné sa veste ; et le petit hobbit à lunettes Hubert Chardonnet, recalé au dernier rang, et obligé de sauter sur place pour voir ce qui se passe (1).

Ils sont là, ils prennent cette mine pincée et déconfite des moments graves et solennels. Point aveugle de la scène, vers lequel pourtant presque tous les regards convergent : cette béance creusée dans la rue Jean Jaurès par les manifestants, la veille, quand ils y ont pris quelques dizaines de pavés, et qu’ils ont oublié de les remettre – béance que les agents municipaux présents ont dû venir recouvrir rapidement de ciment, pour cacher cette horrible plaie ouverte dans la capitale de région. Au loin, caché par un panneau de chantier, le Parlement de Bretagne, auquel les forces de l’ordre ont énergiquement bloqué l’accès pendant toute la journée du 31 mars. Et Nathalie Appéré, après avoir contenu un moment son émotion devant ce petit morceau de sa ville mis à sac, qui se lâche enfin : « C’est révoltant ! » (OF 01/04/16)

On s’étonnera quand même que la maire de Rennes ait choisi ce terme (« révoltant »), scandé un peu plus tôt dans tous les coins de la ville par les mêmes manifestants (mais à propos cette fois de l’infâme projet de loi El Khomri). Mais Nathalie Appéré-Pommier nous a habitué, depuis le début de son mandat, à être toujours à la remorque de l’Histoire, et à incarner seulement l’avant-garde zélée du monde d’avant (celui où un gouvernement socialiste n’hésitait pas à s’agenouiller servilement devant le MEDEF, et à lui lécher goulûment les bottes) (2).

C’est pourquoi nos quatre corbeaux municipaux, serrés dans leurs habits noirs, pleurent sur la réputation salie de leur petite ville modèle pour cadres dynamiques upper class et vieilles bourgeoises réactionnaires (et tous les investisseurs parigos, qui devraient débouler bientôt en TGV), délestée de trente ou quarante de ses plus beaux pavés (3). Ils pleurent devant cette horde de malotrus, de saligauds, de méchants, de pas beaux, qui n’a montré aucun respect pour le petit central business district qu’ils s’évertuent à construire pilotis après pilotis autour de la place Sainte-Anne, pour appâter tous ceux qui ne trouvent rien à redire au même projet de loi El Khomri (ou qui le trouvent trop timide encore à leur goût). Déranger un peu, pourquoi pas ; mais ces fichus « protestataires » auraient au moins pu attendre d’être dans une caserne de gendarmerie abandonnée, le soir, entre une « disco soupe », un « concert d’artistes engagés » et un « débat géant » (4).

Hormis qu’on ne rappellera jamais assez ici, contre les médias en général et Ouest-France en particulier, mais aussi contre la propagande préfectorale et municipale, que si des affrontements ont eu lieu rue Jean Jaurès (rue Jean Jaurès où, au passage, de nombreux manifestants ont été encore une fois les victimes de la répression policière, et où un syndicaliste de 60 ans a été lourdement violenté par les forces dites de l’ordre, comme le montre très clairement une vidéo diffusée par le quotidien 20 Minutes), c’est en réponse à une violence première, une violence intolérable, infiniment plus « révoltante » que ces trois morceaux de caillasse arrachés à la chaussée : à savoir la décision concertée du préfet de région et de la maire de Rennes de bloquer l’accès à l’hypercentre aux manifestants – quitte à employer la manière forte (et on sait qu’elle ne le fût pas à moitié).

Motif invoqué ? Quinze polos et huit casquettes Lacoste dérobés dans une boutique à l’occasion de la manifestation du 24 mars ? La façade de la mairie barbouillée de peinture colorée ? D’autres incivilités encore (trois tags et deux affiches collées sur les murs de la ville), signalées d’un tweet à M. Chardonnet via sa légendaire application RenCitéZen (plus haut Hubert, plus haut, on ne voit pas ta barbe) ? Évidemment, il s’agit là de simples prétextes, mis au service d’un projet politique de plus grande envergure. Et ce n’est donc pas un hasard si, après la cumularde Nathalie Appéré, Ouest-France donne longuement la parole à l’omniprésent Dominique Fredj, aujourd’hui président de l’association des commerçants Rennais : « Nous sommes démoralisés, désabusés. […] Le combat de rue s’est installé et tous les commerces du centre-ville ont été pris en otage. C’est une perte sèche de chiffres d’affaires, qui va une nouvelle fois s’élever en milliers d’euros (5). »

Car voilà ce qu’il faut sauvegarder à tout prix à Rennes, voilà ce qui doit mobiliser toutes les forces politiques rassemblées (quitte à étouffer la voix du peuple, et à donner un mégaphone au leader de l’opposition) : les bénéfices des membres du Carré rennais (6) ! Comme si quelques milliers d’euros de plus ou de moins dans les caisses des boutiquiers du centre-ville pouvaient avoir un quelconque poids sur la balance de l’Histoire – et obliger le peuple à rester chez lui, et à ravaler sa colère (7) !

Mais que le chiffre d’affaire des commerçants de l’hypercentre de Rennes, et plus encore ceux des boutiques bling-bling à la mode Lacoste, baisse un jour de manifestation, voilà au contraire tout ce qu’il faut pour nous réjouir ! Comme si l’espace public ne devait être que le lieu des intérêts commerciaux et économiques ; comme s’il n’était pas toujours aussi, et d’abord (antériorité historique et ontologique), le lieu de la politique ! Et on comprend bien, à l’inverse, en voyant leur mine en berne, quelles sont les basses préoccupations de nos quatre paltoquets municipaux, avec leur logo du Carré rennais tatoué sur le cul : privatiser toujours davantage ce même espace public, pour en faire un lieu privilégié d’accumulation du capital (vocation affichée de la Société publique locale Destination Rennes) – ce qui doit évidemment passer, on le voit exemplairement ici, par sa complète dépolitisation (8).

Pas besoin d’« imaginer Rennes ensemble en 2030 », comme les mêmes le proposent encore aux Rennais pour les infantiliser davantage, ou de prendre part à cette infâme comédie qu’est la « Fabrique citoyenne » – ou alors autant aller faire la nouba avec les gendarmes-fantômes de la caserne Guillaudot. Car tout est déjà plié d’avance ici, et pour les quarante prochaines années : des boutiques cossues, des touristes d’affaires, des Parisiens friqués, des aménagements bling-bling, des hôtels de luxe, des promoteurs business class, et des cordons de CRS pour protéger les affaires de cette petite clique de nantis rassemblée sous la grande bannière du « vivre en intelligence » (9). Voilà la ville de demain (mais aussi d’aujourd’hui pour une bonne partie) imaginée par ces quatre fossoyeurs des libertés publiques. Les jeunes révoltés et les manifestants ? Ils pourront bien aller tourner en rond tout l’après-midi autour de la place Charles de Gaulle ou faire des ricochets avec leurs pavés dans les étangs des Gayeulles.

À moins… À moins que les choses se passent autrement. Car derrière le visage gentiment consterné et contrit de Nathalie Appéré, de Sébastien Sémeril, de Didier Le Bougeant et d’Hubert Chardonnet (saute encore Hubert, saute !), rassemblés en photo de famille sur le pavé de la rue Jean Jaurès, est-ce qu’on ne lit pas aussi la crainte – celle qu’éprouve tout « responsable » quand il réalise que ce ne sont pas des enfants, qu’il a devant lui (des enfants qu’on prie toujours d’aller « déranger » ailleurs), mais des adultes, qui commencent à en avoir marre qu’on leur dise toujours quoi faire et où aller ?

Le 31 mars, à Rennes, en plus de manifester contre la loi El Khomri, les lycéens, les étudiants, les chômeurs, les salariés et tous les autres, manifestaient aussi pour le droit à exprimer leur colère là où ils veulent, y compris dans l’hypercentre – qui ne saurait être confisqué par une poignée de marchands cupides et de cumulards aux dents longues (10).

Qu’on se le tienne pour dit : chaque fois que le préfet et la maire de Rennes, main dans la main avec les marchands du Carré rennais, leur en interdira l’accès, cette interdiction constituera par elle-même une provocation et une violence insupportables et inacceptables, face auxquelles toute action collective visant à en annuler les effets, aura pour elle une légitimité invincible et totale.

L’espace public n’est pas un centre commercial !

La rue est à nous !

Le 4 avril, et à chaque nouvelle journée d’action, manifestons dans l’hypercentre de Rennes !

Place à défendre (PAD !) pad35@riseup.net http://place-a-defendre.blogspot.fr/

(1) Sylvain Le Moal était là lui aussi, mais apparemment tout le monde s’en fout !

(2) Il n’est évidemment pas anodin que la scène que nous décrivons ici se déroule rue Jean Jaurès.

(3) On voit bien d’ailleurs (et c’est ce qui fait tout le croustillant de la scène), que les deux agents municipaux, dans leurs combinaisons colorées, n’ont rien à voir avec ces quatre notables en goguette. Celui de gauche a en effet du mal à se retenir de rire, devant l’incongruité de la scène, et on sent l’autre infiniment gêné de se retrouver immortalisé aux côtés de ces rabats-joie dits « socialistes ».

(4) Au soir du 31 mars, le CRIJ Bretagne organisait une soirée « Merci de déranger ! » à la caserne de gendarmerie Guillaudot, « autour du thème des Libertés ». Suite aux « débordements en cours ce jeudi soir », la Ville de Rennes et la préfecture décidèrent de l’annuler. Cf. « Rennes. La soirée dans l’ancienne gendarmerie est annulée », site : ouest-france.fr, 31/03/2016.

(5) Et de continuer : « Comment peut-on maintenant vivre dans une ville avec des manifestations d’une telle violence ? […] Par ailleurs, je tiens à féliciter les forces de l’ordre qui ont protégé l’hypercentre. Les policiers ont été remarquables. » (CRIJ Bretagne et Carré rennais : même combat ?)

(6) Bertrand Plouvier a en effet demandé au préfet, après la manifestation du 31 mars, « l’interdiction de toute nouvelle manifestation jusqu’à nouvel ordre » et tiendra Nathalie Appéré personnellement responsable, en cas de nouvel épisode de violence, de « non-assistance à ville en danger » [sic]. Cf. Ouest-France, 01/04/2016.

(7) Non disons bien ici sa « colère ». Que les journaux qui continuent de parler de « grogne », chaque fois que le peuple prend la rue, et donc la parole, ne s’étonnent pas si les mêmes pavés finissent un jour dans leurs fenêtres.

(8) Même processus de « dépolitisation » à l’université de Rennes 2, où jamais la direction n’a autant œuvré à rendre une grève et une occupation impossibles.

(9) Nantis qui n’en ont évidemment rien à carrer des mauvaises conditions de travail des salariés, voire même, le plus souvent, qui en profitent abondamment.

(10) Et nous ne soutiendrons jamais assez ceux qui, au sein même de la municipalité, ont le courage de défendre ce droit sacré.

On entend beaucoup parler de Houria Bouteldja ces derniers temps suite à la sortie de son livre “Les blancs, les juifs et nous” (que nous n’avons pas lu). Comme à l’accoutumé on entend moults accusations des médias et commentateurs autorisés visant à démontrer qu’elle et son parti le Parti des Indigènes de la République seraient racistes et antisémites. Nous ne sommes pas sur de partager toutes les idées du PIR.

Mais nous sommes surs d’une chose, ce sont les mêmes commentateurs, portes-plumes de la Gauche Coloniale française et autres Mélenchonistes qui jettent systématiquement l’opprobre sur les revendications bretonnes (pour ne citer qu’elles) en les assimilant à des remugles fascisants.

La même Gauche Coloniale Française décrépie dont le superdupont Mélenchon est toujours prête à excuser les propos racistes et néocolonialistes des “élites” françaises.

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Dans le texte qui suit, publié début mars sur le site du PIR, Houria Bouteldja explique en quelques exemples parlants le caractère plurinational de l’État français. Mais surtout elle trace des pistes de convergences avec ceux et celles qui revendiquent des droits nationaux spécifiques pour les bretons, les corses, les basques et ce tout en tordant le cou à l’extrême-droite identitaire.

Bretagne-info.

OLYMPICS BLACK POWER SALUTE

Cette intervention a d’abord été faite lors de la conférence : « Une histoire de l’Europe décoloniale et des peuples sans États », 19 et 20 février 2016, université de la Corogne / Espagne, puis le 5 mars 2016, à Barcelone dans le cadre des conférences : « La frontière comme centre. Zones d’être et de non être »

Merci aux organisateurs pour cette invitation qui m’honore. J’adresse un salut fraternel à la lutte des peuples sans États dont il sera question dans ce colloque.

Je vais vous parler à partir de mon expérience française et plus précisément de mon expérience de militante politique post-coloniale en France. J’appartiens à une organisation décoloniale dont l‘objectif est de construire ce que nous appelons une « majorité décoloniale ». Le PIR a pour ambition de défendre les intérêts d’une communauté de destin qui est issue de l’empire colonial et qui est constituée majoritairement de Maghrébins, de Musulmans, d’Africains sub-sahariens et d’Antillais. Comme l’a dit récemment un politologue connu, Emmanuel Brenner, pseudo de Georges Benssoussan, et auteur d’un livre réactionnaire qui a fait couler beaucoup d’encre, « Les territoires perdus de la république » : ces communautés qui vivent majoritairement dans les banlieues pauvres de France sont un peuple parallèle[1]. Dans la bouche de ce politologue, lorsqu’il dit « émergence d’un nouveau peuple », bien entendu, il sous-entend qu’il y a un là un danger qui menace la nation, qui met en péril la cohésion nationale.

Je voudrais commencer mon propos avec trois anecdotes footballistiques :

1/ La première anecdote, c’est celle du match France/Brésil de 1998. Comme vous vous en souvenez sûrement, la France a gagné la coupe du monde avec Zinédine Zidane à la tête d’une équipe de France très basanée. La France entière a soutenu avec ferveur son «équipe nationale ». Que ce soit les français dits de souche ou les Français d’origine coloniale. Les uns soutenaient la France, les autres soutenaient des joueurs issus des quartiers populaires. C’est-à-dire, des gens qui leur ressemblaient.

2/ La deuxième, c’est le Match France/Algérie de 2002 qui a eu lieu à Paris. L’Algérie perdait ce match. Ce qui s’est passé est inoubliable. Les supporters, en grande partie Français d’origine algérienne, ont envahi le stade et l’ont empêché de se terminer. Pour les jeunes d’origine algérienne qui pourtant sont français, cela constituait une très grande humiliation. Ils ont préféré saboter le match plutôt que de subir l’affront et le déshonneur. Je vous fais remarquer que bien que Français, ils n’étaient pas là pour soutenir l’équipe nationale mais l’équipe algérienne. A l’époque, le gouvernement français s’en est fortement ému, lui qui organisait cette rencontre dans un but de « réconciliation ». Vous connaissez tous le traumatisme de la guerre d’Algérie côté algérien pour le sacrifice humain qu’elle a représentée et côté français pour la perte de ce territoire, qui valait perte de prestige et d’hégémonie. Vous comprendrez comme moi que ce n’est pas un simple match qui allait résoudre un tel contentieux historique, mais les politiques adorent la cosmétique.

3/ La troisième, ce sont les huitièmes de finale de la coupe du monde 2014 qui a opposé l’Algérie à la Russie. Lorsque l’Algérie s’est qualifiée, les rues de Paris ont été envahies par des dizaines de milliers de jeunes et moins jeunes d’origine maghrébine qui ont déferlé de leurs banlieues pour manifester leur joie et leur fierté. Je ne suis pas fan de foot mais je peux vous dire que j’ai participé à la fête. A la suite de cette gigantesque manifestation de soutien explicite à un pays anciennement colonisé, j’ai publié un post facebook dans lequel j’ai écrit : « une nation dans la nation »[2].

Un post que nous pouvons mettre en parallèle avec les mots de Brenner qui a parlé de « l’émergence de deux peuples ». Les deux expressions se ressemblent et pourtant elles ne disent pas la même chose. Les constats sont sensiblement les mêmes mais sont exprimés par deux personnes appartenant à deux sensibilités politiques antagoniques et irréconciliables. Car le premier exprime l’idée que la ségrégation sociale, spatiale, raciale et politique est le produit de la volonté des habitants des quartiers eux-mêmes. Ils auraient des velléités séparatistes. Alors que dans ma bouche, cela signifie bien autre chose : que le tiers-peuple, ségrégué et méprisé, résiste. A la relégation coloniale, il répond par la fierté identitaire.

Vous n’ignorez pas que la France subit depuis quelques années et en particulier depuis 2015, une vague d’attentats criminels qui ont visé les communautés juives, Charlie Hebdo mais aussi des citoyens lambdas comme ce fut le cas le 13 novembre 2015. Les criminels sont pour la plupart issus des quartiers dont je viens de parler. Manuel Valls, ministre de l’intérieur a alors fait une déclaration surprenante : il a dénoncé l’apartheid social dont sont victimes les habitants des quartiers validant ainsi l’idée que le terreau des actes terroristes se trouve dans la détresse sociale. Pour la première fois, au sommet de l’Etat, un ministre en fonction a avoué ce que des générations de militants issus de l’immigration disent depuis des décennies sans jamais se faire entendre.

En effet, cette ségrégation sociale et raciale est inhérente aux choix économiques et politiques de l’Etat français depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et l’avènement des indépendances africaines. « Indépendances » comme vous le savez n’a jamais signifié fin de la colonisation. La France, soutenue par le grand parrain américain, tout comme l’Europe, n’a jamais renoncé à son pré carré africain. Le processus de décolonisation n’est donc pas achevé car toute révolution est suivie d’une contre-révolution. Ainsi les révolutions décoloniales ont toutes été suivies d’une contre révolution coloniale. Au PIR, nous pensons que nous vivons ce moment de la contre-révolution coloniale. Je ne vais pas m’étendre là-dessus. Vous savez aussi bien que moi la recolonisation du monde, les deux guerres en Irak, la Lybie, le Mali, le Congo ou la Syrie…

S’il y a un monde colonisé de l’extérieur, il y a un monde colonisé de l’intérieur. C’est ce groupe social et historique que nous appelons, nous, « les indigènes de la république ». Nous existons comme sujets politiques spécifiques, c’est-à-dire à la fois comme français de statut mais aussi comme sujets coloniaux à cause de ce que nous appelons le « pacte racial » de la république, et cela est devenu patent depuis la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Depuis cette marche qui a été déclenchée à cause des crimes policiers, nous n’avons jamais quitté la scène politique. Soit comme acteurs transformant les rapports politiques par nos luttes et nos résistances, soit comme obsessions et enjeux politiques entre les mains des grandes formations au pouvoir. Nous sommes clairement un problème. La France républicaine est certes réputée être une grande lessiveuse. Elle intègre depuis des centaines d’années des vagues d’immigrés qui effectivement ont pris souche et qui sont considérés comme parfaitement français. Avec les populations issues de l’ex-empire colonial, la digestion est très difficile, pour ne pas dire impossible. La république française a même plutôt tendance à nous vomir comme si nous étions un corps inintégrable, définitivement étranger. Effectivement, nous sommes les objets d’une politique paradoxale : la France nous somme de devenir français, c’est-à-dire Blancs, mais en même temps, elle nous le refuse par un tas de dispositifs économiques, politiques et idéologiques. Sur le terrain des luttes, aucune des revendications des quartiers n’est prise au sérieux : les crimes policiers, le racisme d’Etat sous sa forme islamophobe, négrophobe ou romophobe qui a pour conséquence plus de chômage, plus de discriminations au logement et j’en passe. J’ajoute que si parfois ces questions sont en partie prises en compte dans une partie de la gauche radicale, elles ne sont jamais centrales, voire parfois méprisées par celle-ci. Les conséquences politiques de cet aveuglement sont extrêmement graves. Vous vous souvenez tous des émeutes de 2005. Pour ma part, je me souviens avoir été frappée par des jeunes émeutiers brandissant leur carte d’identité et affirmant qu’elle ne leur servait à rien. L’abandon des populations fragiles crée ce que Sadri Khiari appelle un « tiers-peuple » qui progressivement commence à constituer un corps social spécifique avec ses propres intérêts à défendre, intérêts qui souvent entrent en conflits avec un autre corps social qui est celui des prolétaires blancs. Le racisme n’est pas une idée abstraite. C’est un système. Le pacte national français est aussi un pacte racial qui défend les privilèges même relatifs du prolétariat blanc. Sauf que les intérêts de ce prolétariat blanc sont aussi menacés non pas par les immigrés et leurs enfants mais par le libéralisme. Hier, la ministre du travail, Myriam El Khomri, a fait une proposition extrêmement dangereuse qui détricote les acquis sociaux de l’après-guerre. C’est sûrement le plus grand coup donné au monde du travail. Inutile aussi de vous rappeler l’épisode grec dans lequel le peuple a tout simplement été sacrifié.

Il n’y a pas de solutions miracles à cette offensive. Pour autant, soyons gramsciens et parions sur l’optimisme de la volonté. Les alternatives existent.

Cela passera nécessairement par un combat radical et sans concession contre l’impérialisme. Un mouvement anti-guerre est en train de naître en France. Le PIR en fait partie. Mais cela passera aussi par une remise en cause radicale des instruments de l’impérialisme : les Etats-Nations qui toujours choisissent une partie du peuple sur laquelle ils fondent leur légitimité contre les autres composantes de ce même peuple. En France, cela passera d’abord par l’émergence d’une force politique autonome des quartiers et des immigrations post-coloniales. Ensuite, par une politique d’alliance. Non seulement avec les plus pauvres et déclassés du prolétariat blanc si, à l’attrait d’un nationalisme de droite, ils préfèrent la lutte contre le libéralisme, mais aussi avec les autres peuples de France, les autres groupes culturels écrasés par plusieurs siècles de jacobinisme forcené et qui résistent. Je pense aux Basques, aux Corses, aux Bretons, aux Alsaciens… Je n’ignore pas bien sûr les contradictions qui structurent les mouvements autonomistes. Je sais qu’ils sont traversés à des degrés divers par deux lignes de fracture indépendantes l’une de l’autre : indépendantisme/régionalisme, extrême-droite/gauche. Nous ne pouvons pas oublier les récentes ratonades qui ont eu lieu en Corse. Il est évident que dans une perspective de convergence, un mouvement décolonial ne pourra jamais s’allier avec des nationalistes/régionalistes de droite ou d’extrême droite. En revanche, des convergences avec des nationalistes de gauche sont tout à fait envisageables, bien que je préfèrerais parler de « nationalismes décoloniaux », tant ils n’ont rien de commun avec la gauche jacobine et coloniale.

C’est ce type de perspective qu’au PIR nous appelons : « internationalisme domestique »

Houria Bouteldja

[1] http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/08/14/31003-20150814ARTFIG00248-georges-bensoussan-nous-assistons-a-l-emergence-de-deux-peuples.php?redirect_premium

[2] A ce propos, lire l’excellente analyse de Malik Tahar-Chaouch : http://indigenes-republique.fr/la-coupe-du-monde-football-race-et-politique-2/

Le ministre de l’intérieur sera à Lannion ce lundi 4 avril pour inaugurer la maison de l’État avant de filer à Plestin-Trivagou (à 45 mn de Rennes…), afin de remettre les insignes d’officier de l’Ordre National du Mérite à Charles Josselin, ancien président du conseil général des Côtes d’Armor.

Une visite qui intervient dans un contexte d’agitation sociale forte comme le prouve la très bonne participation à la journée d’action contre la réforme du code du travail en Bretagne où prés de 70 000 manifestants le 31 mars. Une journée marquée par une forte répression policière à Nantes et Rennes notamment. Ce qui a amené des syndicats professionnels comme de Solidaires  comme en tout cas Sud santé et éducation 35  à se positionner contre les violences policières et l’usage de Flash-ball.

De son coté la “Coordination Nationale” des universités en lutte contre le projet de loi dit El Khomri s’est réunie à Rennes ce week-end. Elle envisage de proposer aux étudiants en lutte de se joindre au dates de mobilisations du 5 et 9 avril tout comme le 12, 14 et 20 du même mois. Bien évidemment la question de la dénonciation des violences policières devrait être ajoutée aux revendications.

Absents de cette “coordination” les étudiants de Lannion donnent eux rendez-vous dés lundi 4 à Lannion  à 13H au centre Savidan avant de marcher vers la sous-préfecture pour accueillir le ministre de la police.

L’actuel ministre de la justice Jean-Jacques Urvoas, député de Quimper, a avoué que la perpétuité réelle existait déjà en France sur les ondes de France Inter il y a quelques jours. Il a illustré ses propos en évoquant le sort fait à Georges Ibrahim Abdallah, un militant communiste libanais pro Palestinien détenu depuis… 1984 !

Le site “Le Désordre” revient sur les mensonges radiophoniques et sécuritaires de Urvoas.

Bretagne-info.

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L’aveu et le mensonge d’Urvoas

Au cours d’une émission sur France Inter (à voir ici), le jeudi 31 mars 2016, Jean-Jacques Urvoas ministre de la justice a déclaré : « … aujourd’hui on peut être en prison, en France, sans avoir de perspectives de sortie, y compris pour le terrorisme. Georges Ibrahim Abdallah, qui est un terroriste, a été condamné en 1987 à la perpétuité. Il a demandé à 9 reprises une libération conditionnée. Il est toujours en prison parce que les juges, en qui il faut avoir bien sûr du respect mais aussi de la confiance, ont refusé. »

Bel aveu de la part d’un ministre d’un gouvernement socialiste, la perpétuité réelle est déjà en place en France. Et quel mensonge que de dire que les juges ont refusé la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Le sieur Urvoas oublie-t-il que Georges Abdallah a été le premier condamné à perpétuité en France à être jugé non pas par des jurés populaires mais par un jury composé de juges professionnels, désignés par l’Etat.

Ce sinistre de l’injustice ne sait-il pas qu’un des avocats de Georges Abdallah au cours du procès de 1986 a déclaré par la suite avoir été aux ordres des services secrets français ?

Faut-il lui rappeler qu’un juge en novembre 2003 avait décidé de la libération de Georges Abdallah et que c’est sur intervention directe du ministre de la justice de l’époque, Dominique Perben, que cette libération ne s’est pas faite ?

Peut-il ne pas savoir que Georges Kiejman avocat des Etats-Unis lors du procès de 1987 qui a obtenu la condamnation à perpétuité de Georges Abdallah a été par la suite nommé Ministre de la justice d’un gouvernement socialiste ?

Lui a-t-on dit que fin 2012 début 2013, des juges ont décidé de la libération de Georges Abdallah ? L’a-t-on informé qu’Hilary Clinton a demandé à Laurent Fabius de bloquer cette libération ? Peut-il ignorer que cette libération n’a pas été possible parce que le ministre de l’intérieur de l’époque, un certain Manuel Valls, n’a pas signé un simple avis d’expulsion ?

Mais tout ceci n’est que cérémonial judiciaire. C’est bien en toute indépendance que la justice obéit aux ordres des politiques.

A l’aube de sa 26ième année d’incarcération Georges Ibrahim Abdallah écrivait

« …, la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté ainsi que la Cour d’appel du tribunal de l’application des peines de Paris, ayant examiné mon dossier, ont confirmé le rejet d’une énième demande de libération conditionnelle, retenant que « … la force intacte de ses convictions anti-impérialistes, pouvait, si le contexte politique s’y prêtait, le pousser à se comporter en activiste résolu et implacable ». Ainsi donc, camarades, les convictions anticapitalistes, les convictions anti-impérialistes constituent des charges suffisantes, des preuves irréfutables justifiant le maintien des révolutionnaires en prison à vie. Ce n’est pas simplement de l’acharnement vengeur de l’État, ce sont plutôt les arguments reflétant la logique générale d’une justice au service de l’ordre impérialiste en crise. Au nom de l’éternel chantage, repentir contre libération, la justice bourgeoise s’affirme en dernière instance, sans détour ni fioriture, comme simple rouage de domination. Au service du capital, face aux prolétaires antagonistes et à tous les protagonistes de la gauche révolutionnaire anti-impérialiste refusant de renier leurs idées et leur engagement, les décisions judiciaires s’avèrent pour ce qu’elles sont, de simples mesures administratives de répression et d’anéantissement. »

Georges Abdallah est un prisonnier politique. Il est emprisonné dans les geôles françaises depuis plus de trente et un an pour avoir résisté contre l’occupation de son pays, le Liban. Le combat pour sa libération est un combat politique.

Plus que jamais, il est de nos luttes, nous sommes de son combat, liberté pour Abdallah !

Ledesordre
Bagnolet 1er avril 2016