C’est un militant-paysan historique du pays nantais qui s’est éteint à l’age de 68 ans après plusieurs années de lutte contre le cancer. Michel Tarin est décédé vendredi après-midi à l’hôpital Laennec.
De tous les combats contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il est à la création des premières structures de résistance en 1973 avec l’ADECA (Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport), et avec la mise en place de l’ACIPA en 2000. Alors qu’il est déjà malade, il est un des principaux participants à la grève de la faim en 2012 qui aura permis d’obtenir un accord de non-expulsion de la ZAD.
Installé dans la commune limitrophe de Treillières, sa famille cultive depuis cinq générations les terres des Landes de Rohan et Muzon à Notre-Dame. Après la JAC, il rejoint Bernard Lambert et les groupe de gestation des paysans-travailleurs à la fin des années 60. Il participe aux luttes foncières des années 70 en pays nantais, en organisant notamment des grands rassemblements paysans contre les expropriations entres autres au Dresny, à Mésanger ou Cheix-en-Retz*.
Il parlait souvent de son implication dans le soutien à la lutte du Larzac à la fin des années 70, qui l’aura notamment inspiré pour organiser la lutte de Notre-Dame-des-Landes. A la création de la Confédération Paysanne, il participe aussi à la mise en place d’associations de solidarité, avec SOS Paysans en difficulté ou agit avec « une famille, un toit » pour racheter les fermes de paysans en faillite.
Malgré la maladie, il aura animé plus de 130 soirées d’information contre le projet d’aéroport ces dernières années à travers la Bretagne et la France, répondant parfois à l’invitation de groupes locaux de la gauche indépendantiste bretonne.
Nous appelons toutes celles et ceux qui ont lutté à ses côté à lui rendre un dernier hommage mardi 4 août à 13h30, salle Simone-de-Beauvoir à Treillières.
Pour la Gauche Indépendantiste : Jonathan Guillaume.
*Les chansons « Paysans en lutte, debout ! » (coll. – COOP BREIZH – Récoltes, résistances et révolution en Bretagne) et « Dépliant touristique » (Gilles Servat – Chanter la vie, l’amour et la mort). Une vidéo, en 2012, où les militants de la Gauche indépendantiste interrogeaient Michel Tarin et Marcel Thébaud sur leur grève de la faim.
Ce mardi deux opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes passaient devant le tribunal de Saint-Nazaire. Des militants de Breizhistance-IS étaient présents et ont tenu à faire part du témoignage de cette journée et de notre soutien aux deux prévenus.
Procès de la mobilisation du 21 juin 2012
Le 21 juin 2012, ils participaient à un rassemblement contre le déroulement des 5 enquêtes publiques préalables à la réalisation du projet d’Aéroport Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes qui se sont déroulées pendant l’été, et qui portaient notamment sur les zones humides. Rassemblement devant la mairie, blocage des entrées par des tracteurs et des serrures collées, occupation du toit, des centaines de personnes marquaient ainsi leur opposition à ce projet contre lequel elles luttent depuis des années, la violence des forces de l’ordre était particulièrement élevée ce jour là face à l’organisation des opposants. Les élus et les associations dénonçaient notamment le processus anti démocratique des enquêtes, multiples, réalisées sur un temps court et en plein été, elles ne répondaient pas non plus à certaines questions fondamentales en terme de compensations environnementales. La mobilisation du 21 juin aura au moins permis l’audition de représentants de la communauté de communes d’Erdre et Gesvres écartés à l’origine. C’est dans ce contexte que Sylvain et Clément étaient arrêtés.
Les deux inculpés
C’étaient les 37e et 38e personnes inculpées dans le cadre de la lutte contre l’aéroport qui passaient devant le tribunal de Saint-Nazaire ce 28 août. Ils sont accusés de « violence avec arme (en l’occurrence un tracteur) sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « d’attroupement illégal » pour Sylvain Fresneau (porte-parole de l’ADECA), ainsi que « d’attroupement illégal », « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique», «refus de fichage ADN» pour l’autre, Clément, arrêté un mois après les faits à son domicile.
Clément, occupant de la ZAD, aurait été reconnu par un garde mobile comme étant celui qui lui aurait arraché son casque au moment du refoulement de la place de la mairie de Notre-Dame le 21 juin (habituel lieu de rassemblement à Notre-Dame contre les enquêtes publiques). Sylvain, agriculteur de Notre-Dame, opposant connu et historique à l’aéroport, est lui accusé d’avoir utilisé son tracteur comme «arme», afin de briser un cordon de garde mobile, voire pour blesser les forces d’occupation.
Une audience sous la pression populaire
150 tracteurs et plus de 500 personnes s’étaient réunis pour soutenir les deux prévenus, une mobilisation importante en cette fin d’été qui continue de témoigner de l’opposition populaire et solidaire à ce projet. La venue de quelques personnalités médiatiques comme José Bové aura permis une médiatisation relativement importante de l’événement. D’ailleurs, durant les presque deux de procès, les cris de soutiens aux deux prévenus venant de l’extérieur se seront constamment fait entendre.
Clément, sera relaxé pour le délit d’attroupement, son avocat faisant état de l’absence de PV des forces de l’ordre quant à l’effectivité de sommations… mais 2 mois de prison avec sursis seront requis pour chacun des autres chefs d’inculpation.
C’est ensuite Sylvain qui comparaît. Comme il l’a toujours répété, s’il a manœuvré son tracteur devant les gardes mobiles s’était uniquement pour protéger les manifestants de la violence des premiers. D’ailleurs il roulait à quelques km/h comme les vidéos le prouvent. Le gendarme ayant porté plainte (absent, comme d’habitude) déclarera dans sa déposition avoir eu la «trouille de sa vie» après avoir «manqué s’être fait renversé». Déclarations qui feront bien rire la salle après avoir vu celui-ci sur une vidéo projetée lors de l’audience, monter d’un coup sur le tracteur avec ses collègues, matraques et bombes lacrymo aux poings, pour aller déloger Sylvain dans sa cabine. Après l’audition des témoins, la procureure réclame des peines pour les deux chefs d’accusation ! Pourtant, Clément, passé juste avant s’est fait relaxer pour le chef d’ «attroupement», pourtant, les gardes mobiles dans leurs dépositions témoignent à leur insu que la procédure de sommations n’a pas été respectée ! La procureure s’offusquera aussi qu’on est pu faire «rentrer la politique dans le tribunal», rappelant «l’indépendance de la justice» avant de requérir des peines dont le caractère politique n’échappera à personne : amende de 800 euros, interdiction de manifester pendant un an à Notre Dame des Landes, confiscation et interdiction de porter des armes (le tracteur n’étant cependant ici plus une arme).
Les procès se multiplient mais l’opposition ne faiblit pas !
Restons solidaire, accentuons la mobilisation, le combat contre ce projet inutile et imposé n’est clairement pas fini ! Breizhistance-IS vous donne rendez-vous le 11 septembre à Saint-Nazaire pour les délibérations. Ce même jour, dans le même tribunal, ce sera aussi l’occasion de venir soutenir la famille Herbin, résidente de la commune au lieux-dit le Liminbout depuis les années 90 et qui a été mise en demeure de quitter les lieux par la société Vinci.
Ce matin alors que s’ouvrait une nouvelle enquête publique sur l’eau à la mairie de Notre-Dame-des-Landes, et que 5 autres suivront en plein été, nombre d’habitants s’était réuni pour protester contre ces procédures en catimini symboles de la marche forcée et antidémocratique du projet d’aéroport. Alors qu’il déplaçait son tracteur pour le mettre face à la mairie, Sylvain Fresneau, président de l’Association Des Exploitants agricoles Concernés par la projet d’Aéroport, les militaires de la gendarmerie l’ont arrêté,. Il serait poursuivi pour violences volontaires avec arme par destination (son tracteur !) sur dépositaire de l’ordre public. Après la procédure d’expulsion engagé contre des habitants du Liminbout malgré l’accord signé en Mai avec les responsables du PS. Cette arrestation est inadmissible. A seulement quelques jours de la fin des élections législatives, il semble que les responsables politiques locaux et la préfecture cherche à réalimenter un climat de tension et à mettre la pression sur les opposants. Breizhistance condamne fermement cette arrestation et cette stratégie de répression contre les opposants qui défendent leur terre.
Les partisans du projet se sont préparés toute la semaine !
Pendant toute la semaine précédant la manifestation, la préfecture et la municipalité n’avaient cessé d’envoyer des messages inquiétants, relayés par la presse locale. En effet, les policiers passaient dans les commerces recommandant de «fermer les magasins et de ne laisser aucun objet qui pourrait servir de projectile», annonçant la présence de 1500 gardes mobiles et CRS, de véhicules anti émeutes, d’un hélicoptère, … les calicots titrant même «Nantes : Etat de siège». Du jamais vue à Nantes ! D’ailleurs, beaucoup n’ont pas manqué de comparer cette mobilisation de forces de l’ordre à celle d’un «état de guerre», mettant en parallèle le nombre de soldats français mobilisé en Afghanistan (3 000) et celui mobilisé sur Nantes. Les organisateurs avaient d’ailleurs dénoncé cette mobilisation policière comme visant à effrayer les participants, rappelant aussi que depuis des mois, les habitants de Notre-Dame-des-Landes et des communes alentours subissent des dispositifs militaires similaires, notamment lors des enquêtes publiques.
10 000 manifestants et 230 tracteurs !
Tout cela n’aura pas empêché la manifestation d’être une véritable réussite, de nombreux nantais apportant leur soutien le long du cortège. Vers 13h, les trois cortèges venus du Nord, du Sud et de l’Est de Nantes convergent vers la préfecture entourée de grilles anti-émeute et de gardes mobiles. Les manifestants posent des poireaux sur les grilles, lancent des confettis, plantent des arbustes et des légumes dans des parterres et de la terre de Notre-Dame ramenée en tracteur, tout ça aux côté de quelques animaux, vaches, biques, chevaux, … quelques banques et bâtiments sont peinturlurés. Malgré le dispositif policier l’ambiance est festive et déterminée. Après les prises de paroles, les manifestants s’installent sur le cours des 50 otages littéralement encerclée par les forces de l’ordre. Un feu de palette est allumée, ainsi que des feux d’artifice pendant qu’un groupe de batukada joue de la musique.
Vers 19h, les gardes mobiles chargent sur les quelques 500 manifestants encore présents, qui fassent à l’incroyable dispositif ne résistent pas longtemps et se dispersent vers 20h, … Le lendemain, le journal Presse-Océan annonce «vers 21h, les dégâts étaient très limités en ville». Les travailleurs de Véolia sont envoyés par la mairie pour nettoyer les rues dans la soirée.
Un manifestant aura été blessé, ainsi qu’un policier en civile infiltré et repéré, qui sera très légèrement molesté. La police fera 7 interpellations, dont 5 gardés à vue, pour «la forme». On aura vu aucune arme, aucun cocktail molotov, rien à voir avec l’image de terreur et de violence que les autorités cherchent et chercheront tout le temps à imposer.
La violence et la provocation, comme nous l’avons déjà dit sont du côté des promoteurs du projet. La violence, c’est celle de Vinci, de l’Etat et des collectivités, qui n’hésitent pas à bétonner 2000 hectares de terres agricoles, de force, sans aucun processus démocratique. La violence c’est celle de subir tous les jours l’austérité, alors que le PS et l’UMP dilapident l’argent public dans les poches de leurs amis patrons de multinationales.
Conclusion
La mobilisation contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne faiblit pas. Du 7 au 11 juillet le second forum européen contre les projets inutiles aura lieu dans la commune, soyez présents. Les quelques 200 tracteurs et les milliers de personnes mobilisées témoignent d’une véritable opposition populaire au projet. Contrairement à ce que disent les déclarations des porteurs du projet, les manifestants présents doivent être entendu, c’est ça le sens de la démocratie…
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