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Depuis le début de la lutte contre la réforme des retraites, des mobilisations relativement importantes et remarquées ont eu lieu dans des villes petites ou moyennes. La ville de Châteaubriant (12.000 habitant·e·s) dans le Pays Nantais en fait également partie. Une foule importante (entre 3.000 et 4.000 personnes) a participé aux dernières manifestations, et quelques actions de blocages ont aussi été menées à la Gare ou à la Sous-Préfecture, par exemple.

Ces actions ont provoqué l’irritation de Alain Hunault, Maire de Châteaubriant, qui a dénoncé dans la presse l’un des protagonistes de ces actions collectives.

Le comité d’action castelbriantais contre la réforme des retraites nous a fait parvenir le texte publié ci-dessous, qui explique les dessous des dernières semaines de mobilisations et les tentatives de coup de pression du baron local.

La rédaction de Bretagne Info.


Samedi dernier, Alain Hunault, maire de Châteaubriant, s’est exprimé sur l’occupation des locaux de la sous-préfecture de Châteaubriant par une soixantaine de personnes, en dénonçant une action « extrêmement grave »[1]. Tout en revenant sur le déroulé des faits, les membres du comité d’action castelbriantais contre la réforme de retraites souhaitent dénoncer les propos outranciers du maire et rappeler les valeurs de justice sociale et de démocratie qu’ils portent. Nous l’appelons dans les jours qui viennent à mesurer ses propos et exigeons des explications sur ce qu’il entend par « acter des actions à l’encontre » d’une personne arrêtée lors de l’occupation.

L’occupation de la sous-préfecture

L’occupation de la sous-préfecture s’est déroulée dans un cadre non-violent et sans aucune dégradation, si ce n’est quelques pique-niques écrasés sur le sol de l’accueil par les forces de l’ordre. Nous sommes entrés vers 11h30 et en avons été expulsés vers 12h30. Quelques minutes après notre arrivée, le sous-préfet, M. Chauleur, était présent. Celui-ci a exigé une délégation pour nous entendre et pouvoir négocier notre départ. Ce à quoi nous avons consenti pour une délégation paritaire (2 femmes et 2 hommes) et avec la possibilité pour une autre partie des présents de pouvoir écouter l’entrevue. Ensuite, il est parti plusieurs fois chercher les clefs de la salle de réunion, sans succès, avant de demander que tout le monde sorte. Puis finalement, sans recevoir de délégation, il est revenu prendre en note notre réclamation, à savoir joindre un cabinet ministériel par téléphone pour faire part directement au gouvernement de nos protestation. Trois minutes après, il est revenu après nous avoir dit qu’il ne pouvait pas, et à demander aux forces de l’ordre de nous évacuer. Les gendarmes ont soulevé et poussé vers l’extérieur les occupantes et occupants. Alors qu’un occupant était projeté au sol vers la sortie en criant, des personnes qui avaient déjà été expulsées se sont rapprochées pour savoir ce qui se passait. L’un d’eux s’est vu infliger un coup de poing dans le nez avec une bombe lacrymogène, en même temps qu’une aspersion liquide à bout portant, directement dans les yeux. La puissance du produit projeté à une distance peu règlementaire et le nez en sang de notre camarade, lui ont procuré de très vives douleurs et suffocations pendant plusieurs minutes. Au bout de cinq bonnes minutes, n’arrivant pas à estomper les effets, au sol, ne disposant d’aucun matériel de soin adéquat, il été pris d’une certaine panique qui l’a amené à taper du côté du poing la portière de la voiture près de laquelle il se trouvait, un véhicule municipal. Arrêté et menotté sans ménagement, il a été envoyé à l’hôpital puis en garde à vue, où il a été entendu pour la « dégradation » du véhicule. Nous joignons une photo (voir photo de couverture) pour que tout le monde puisse constater de là qu’aucune dégradation n’est visible.

Nous nous félicitons de cette action, comme des centaines d’autres ayant eu lieu partout sur le territoire. Nous regrettons que le sous-préfet et le préfet ne nous aient pas pris au sérieux en n’entamant pas de réelles discussions, qui auraient permis d’éviter l’incident de vendredi, dont la première victime est le blessé. Malgré les intimidations, notre détermination reste la même. Nous appelons à continuer et amplifier le mouvement pour réagir au vote de la motion de censure. La violence inutile s’étant exercée à notre encontre, une première dans le mouvement social castelbriantais de ce siècle, témoigne malheureusement d’un certain état de la situation sociale.

Notre mobilisation face à la réforme des retraites et au 49.3

En choisissant de nous mettre deux ans de plus au travail, parmi une multitude d’autres solutions possibles[2], le gouvernement dit nous faire combler des déficits prévisionnels à moyen terme de 10 à 20 milliards d’euros, c’est à dire 3 à 4% seulement des ressources globales générées par le système de retraite. Pendant ce temps, les exonérations de charges pour les grandes entreprises et les cadeaux fiscaux aux plus fortunés fleurissent : 20 milliards par an via le CICE, 90 milliards en 2023 à travers les différents dispositifs de niches fiscales[3]. Résultat, une vie de plus en plus dure pour la majorité de la population, et des profits qui s’envolent pour les plus riches : les milliardaires français augmentent leur fortune individuelle de 38 milliards par an, les 42 plus grosses fortunes françaises pèsent 545 milliards. Tous les observateurs, et même le gouvernent à demi-mot, reconnaît que la réforme vise essentiellement à « rassurer les marchés financiers », marchés qui enrichissent les principaux bénéficiaires des niches fiscales et dispositifs d’exonérations de charge. La boucle est bouclée. Tout le monde a compris la manœuvre, c’est pour cela que 90 % des salariés et 70% de la population[4], sont opposés à la réforme. En choisissant de se passer d’un vote à l’Assemblée Nationale, en allant contre l’avis de la très grande majorité de la population, qui peut dire qu’il y ait quoique ce soit de juste et démocratique dans cette manière de gouverner, dans cette façon d’imposer à la majorité et aux plus faibles la volonté des plus puissants ?

Alain Hunault, un élu bien mal placé pour faire des leçons de démocratie

Contrairement à ce que dit le maire de Châteaubriant, ce qui est « grave » ce n’est pas notre occupation pacifique de la sous-préfecture, mais bien l’état de la démocratie et de la justice sociale. Ses leçons de démocratie sonnent creux : « La démocratie, c’est de s’exprimer au moment des actions, c’est de discuter, mais sans violence. Sinon, c’est le début de l’anarchie, et là, tout est possible ». Elles ont un arrière-goût de la novlangue gouvernementale qui nous dit que cette réforme est « juste » et qu’ils sont « l’écoute des françaises et des français ».

Surtout, il perd complètement son sang-froid en parlant du blessé : « Depuis des mois, des années, il s’illustre que de cette façon-là, en bafouant la loi, en portant atteinte à la sécurité des personnes et des biens et en insultant les autorités, ceux qui ont la légitimité ». Pourquoi faire reposer la responsabilité de cette action collective sur ce dernier avec de tels propos outranciers ? Commerçant de 2013 à 2019 en centre-ville de Châteaubriant, candidat aux élections législatives en 2012, ce militant de nombreuses causes castelbriantaises, de la justice sociale à l’environnement, de la réunification de la Bretagne à la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, peut être considéré comme un « opposant politique » au maire. Le plus inquiétant, pour quelqu’un qui nous parle pourtant de « non-violence » et de « dialogue », ce sont ces intimidations : « Je souhaite que des actions soient actées à l’encontre de celui qui a pris symboliquement à partie un véhicule, celui de la police municipale. On ne peut admettre de tel comportement ». De quoi parle-t-il, alors que le prévenu a déjà accepté la composition pénale proposé par le procureur de « 35h de TIG et 500 € de dédommagement à M. Le Maire de Châteaubriant » ? On peut sincèrement se poser la question lorsque l’on sait que notre camarade a déjà été menacé en pleine rue par un adjoint du maire en avril 2018. S’offusquant qu’un sac de douilles de lacrymogènes tirées sur la ZAD ait été déversé par le comité NDL local devant la mairie, il l’avait menacé « Puisque c’est comme ça moi aussi je vais venir dans ton bar foutre le bordel (…) comme tout est à tout le monde là-bas on va venir tout casser ». La scène avait été filmée par un journaliste local, on entendait alors l’élu municipal répondre à la question « – Est-ce une menace ? », « Oui, je pense bien que ça va se faire ». Le soir même, la vitrine de l’établissement était cassée. Dans la foulée, le maire portait plainte contre le cafetier et une autre militante pour dégradation et dépôt d’ordure sauvage. L’affaire était jugée le 1er juillet 2019 au tribunal de police de Nantes. Après avoir soulevé l’absence de représentation de la municipalité à la barre et de justification permettant au maire de se constituer partie civile au nom de la mairie, l’officier du ministère public mis en avant l’absence de fondement de la plainte et relaxa les prévenus. Ce qui pose problème à Alain Hunault, c’est plutôt la liberté d’expression et de manifestation, surtout si elle est susceptible d’égratigner sa toute-puissance. Les représailles contre des syndicalistes ou opposants politiques ne sont pas nouvelles à Châteaubriant. En 2008 déjà, le syndicaliste Gilles Barracand subissait aussi des représailles pour son opposition à un projet municipal[5]. On peut également relever les dénonciations publiques du maire contre Pierre Hinard, lanceur d’alerte qui avait dénoncé les fraudes à Castel Viande[6]. À l’occasion d’un procès, le parquet avait lui-même révéler les pressions exercées par maire sur les forces de l’ordre pour qu’elles inquiètent ses opposants[7].

Il faut dire que l’édile municipal gère sa commune comme un véritable fief féodal. Son père instaura la dynastie après un règne de 30 ans sur la municipalité et la députation, de 1959 à 1989 pour la mairie, de 1962 à 1993 pour la circonscription législative. L’un de des ses fils, Michel, obtint la députation de 1993 à 2012, son jumeau, Alain, obtint la mairie à partir de 2001. Avec plus de 60 ans de gouvernance familiale presque continue, il faut dire qu’on peut vite s’abroger certains passe-droits. Comme par exemple celle d’avantager certains de ses amis avec l’argent public, au détriment de l’intérêt général. En effet, le 3 juillet 2019, Alain Hunault était condamné par le tribunal de commerce pour avoir illégalement évincé un bureau d’étude qui ne lui plaisait pas d’un marché public[8]. Rien d’étonnant pour un élu qui baigne dans le conflit d’intérêt permanent, en exerçant la fois la charge de maire et notaire de la ville. Les castelbriantaises et castelbriantais savent qu’il vaut mieux prêter allégeance au maire si on ne veut subir certaines difficultés personnelles ou associatives[9].

On remarquera également son jugement à double vitesse sur ceux « qui bafouent la loi » suivant qu’ils soient puissants ou non. Lors de la condamnation de Jeff Viol à six mois d’emprisonnement avec sursis pour « tromperie sur le produit et mise sur le marché de produits d’origine animale préjudiciables à la santé », le maire prit publiquement la défense du chef d’entreprise castelbriantais. Alain Hunault fut aussi un de principaux soutiens de François Fillon, condamné à cinq ans d’emprisonnement dont deux fermes pour emplois fictifs[10], mais aussi de Claude Guéant condamné à de l’emprisonnement à de multiples reprises pour détournement de fond et trafic d’influence[11].

Bref, bien qu’il ait tendance à se croire omnipotent à Châteaubriant et dans les lignes de l’hebdomadaire local, Alain Hunault devrait avoir en tête que sa gestion de la chose publique et de la cité pourrait très bien être le sujet d’une enquête journalistique, et éventuellement judiciaire, dépassant les frontières de son fief électoral. Qu’il garde son sang-froid et mesure ses propos à l’avenir.

Mobilisons-nous massivement demain à Châteaubriant, vive la lutte !

 

Le comité d’action castelbriantais contre la réforme des retraites.

Contact : 06 43 20 47 36

[1] https://actu.fr/pays-de-la-loire/chateaubriant_44036/reforme-des-retraites-vive-reaction-du-maire-de-chateaubriant-apres-les-incidents-a-la-sous-prefecture_58197157.html

[2] https://france.attac.org/se-mobiliser/retraites-pour-le-droit-a-une-retraite-digne-et-heureuse/desintox-sur-les-retraites/article/financer-les-systemes-de-retraite-sans-report-de-l-age-legal-c-est-possible

[3] https://blogs.mediapart.fr/les-infiltres/blog/300123/retraites-qui-soutient-encore-la-macronie

[4] https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/reforme-des-retraites-les-chiffres-d-une-opposition-croissante-exclusif_214741.html

[5] https://journal-la-mee.fr/13852-degradations-sur-la-voiture-d-un.html

[6] https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/affaire-castel-viandes-apres-ses-revelations-pierre-hinard-est-devenu-un-paria-c723b7b8-c609-11ec-9d59-fb23aa78f5fe

[7] https://www.youtube.com/watch?v=iijtHc7JNpk&t=13s

[8] https://actu.fr/pays-de-la-loire/chateaubriant_44036/la-ville-chateaubriant-pourrait-etre-condamnee-apres-appel-doffres-trop-peu-transparent_25672532.html

[9] https://actu.fr/pays-de-la-loire/chateaubriant_44036/chateaubriant-clap-fin-la-rue-rale-la-fete-la-soupe_24872465.html

[10] https://www.actu44.fr/les-droles-de-relations-dalain-hunault/

[11] https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Gu%C3%A9ant

le cortège devant le local du député Hunault
le cortège devant le local du député Hunault

La journée de grève et de manifestation d’aujourd’hui reste une réussite, malgré des constats divergents. Près de 2000 manifestants se sont aujourd’hui rassemblés à Chateaubriant et à peu près autant que le 7 septembre dans l’ensemble de la Bretagne. Comme nous le pensions néanmoins l’écart de deux semaines et demi entre les deux manifestations n’aura pas permis de monter significativement en nombre de manifestants dans les rues. La question de l’appel ou non à la reconduction de la grève par les grandes centrales syndicales se faisant de plus en plus cruciale au sein des cortèges, les journées de mobilisation ponctuelles habituelles montrant leurs limites. De même l’attitude conciliante vis à vis du gouvernement de la part de certains syndicat sur le retrait total de la réforme, à conduit aujourd’hui à scinder la manifestation en deux à Rennes, avec dans le camp des plus combatifs les syndicats FO, SUD, CNT, SLB et évidemment les militants de BREIZHISTANCE.

Dans le département, la reconduction était sérieusement abordée ce matin sur le chantier naval de Saint-Nazaire « si le gouvernement ne cédait pas ». De même la CGT sud-Loire à bloquer ce matin pendant plusieurs heures le pont de Pirmil à Nantes. Et à Chateaubriant certains avaient les oreilles qui sifflaient !

le local du député hunault dérrière le cortège
le local du député hunault dérrière le cortège

Chateaubriant : le camp hUnault-MP mis devant ses responsabilités

Malgré des difficultés pour certains à assumer plusieurs jours de grève dans le même mois, les cortèges étaient remontés et combatifs, avec notamment plusieurs appels à la grève générale. Casseroles, sifflets et pétards étaient de sortie pour faire entendre les revendications. Partie de la place de la mairie la manifestation s’est arrêté devant le local du député Michel Hunault (UMP), qui fut vite fait recouvert d’affiches et d’autocollants pour lui rappeler notamment que l’intersyndicale locale lui demandait toujours une entrevue auquel celui-ci ne daigne toujours pas donner suite. La manifestation s’est terminée par un encerclement de la mairie dirigé par Alain Hunault (UMP) frère de l’autre et fils de l’ancien. L’intersyndical se réunie ce soir en espérant que cette journée au bilan positif amènera à monter en grade dans la revendication et la combativité face à un gouvernement clairement et antisocial et intransigeant.

COMITE BREIZHISTANCE – Chateaubriant/Pays de la Mée