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Jean-Pierre Le Mat qui représentait à lui tout seul la Bretagne aux journées nationales de Corti en Corse ce mois ci n’en finit plus de susciter des réactions chez notre anonyme lectrice dèja auteur du désormais fameux “ Pour sauver la Bretagne, mangez JP Le Mat” . Voici une nouvelle livraison en réponse à deux ou trois autres de ses textes. Les lignes qui suivent n’engagent que leur auteur bien que nous les trouvions fort jubilatoires.

Bretagne-info.

Violence et génétique

Le nationalisme peut être un concept dangereux, d’autant plus quand il est mal compris. Ces derniers temps il a de l’actualité en Europe de l’ouest, autant du coté de l’extrême droite comme en France, en Angleterre, en Allemagne, autant du coté des émancipations indépendantistes écossaises ou catalanes. Un élément renseigne souvent sur l’aspect émancipateur ou oppressif de la question, celui des identités politiques. Le nationalisme de droite ou d’extrême droite se définit presque exclusivement autour d’une fuite de la politique, ne laissant que le concept de nation triomphé seul au dessus de tous les autres, au dessus du concept d’émancipation individuelle et collective également, cela va sans dire.

Le premier et le dernier texte de Jean Pierre Le Mat publié cette année sur 7seizh en est une bonne illustration. Tout s’y articule autour du concept de nation ou de peuple dans un vase clos idéologique qui tourne sur lui même en se mordant la queue. Dans cet espace mort de la pensée où la logique rebondit sur elle même, loin des réalités sociales, historiques et politiques ; la nation se pense par rapport à la nation, pour la nation, avec la nation, et rien ne doit transpercer le système. Démonstration par son texte sur la violence publié au premier jour de cette année, qui donne échos à son texte sur la génétique, le dernier publié en date.

L’introduction historique de son texte sur la violence politique, ou plutôt celtique selon ses idées, frise dores-et-déjà le ridicule. Dès les deux premiers paragraphes, il cale 1532, Anne de Bretagne, le roi Arthur – le tout sur fond d’idéal politique tournant autour de l’« harmonie sociale, la hiérarchie heureuse et consentie, la prospérité de tous ». On dirait la France de Macron. Les celtopates et autres adeptes du nationalisme breton version héroïques-fantastiques apprécieront. Avec l’avènement du monde numérique, ces tendances au remplacement de la pensée politique par l’imagerie est d’ailleurs récurrente. Des pratiques qui reprennent l’héritage d’un certain nationalisme breton où l’on se refuse à la recherche d’analyses et d’actions politiques cohérentes, et qui nécessairement se réfugie dans un folklorisme breton désuet.

Avec la suite du texte on rentre dans le concret et, loin d’améliorer l’ensemble, voilà les idées qui se mettent à tourner entre essentialisation et génétisme. Dans le paragraphe « d’est en ouest » il ressort la distinction de Haute et Basse Bretagne qui, en ce qui ne concerne pas l’histoire des langues ou l’architecture mais la politique, relève d’un découpage fantasmé où se réfugie la pensée incapable de sortir de la focal nationale. Sachez que si vous habitez en Basse ou en Haute Bretagne vous n’avez pas, selon Le Mat, le même rapport à la violence .Ce que la logique, l’histoire et tout le reste contredit en tout point.

C’est-à-dire que Le Mat ramène les questions de violences politiques à une dimension individuelle, irrationnelle, prédisposée par un code génétique ou un emplacement géographique. Est donc exclue de fait la question de la violence comme choix stratégique dans une situation historique et politique concrète. La figure médiatico-politique du casseur est très proche de ce genre d’analyses. Une suite logique pour quelqu’un qui refuse sans doute de voir les oppressions concrètes et les questionnements sur les réponses concrètes à ces dernières. Réponses qui peuvent aussi être la violence. Ce qui en somme veut souvent dire éluder les rapports de forces et les stratégies pour tourner en rond dans l’analyse autour de l’acte et l’acte seul, coupé du réel qui l’a produit.

Dans la différence est-ouest, on se demande bien où sont passées les traditions émeutières bien connues de Rennes et Nantes. Les deux sont en Haute Bretagne, alors que selon lui c’est la Basse Bretagne qui est insoumise depuis toujours alors que l’autre est légaliste. Et les Bonnets Rouges de 1675 qui lancent les émeutes à Rennes, et les premières émeutes révolutionnaires de 1789 à Rennes, et la chouannerie qui était partout, et la Résistance qui était partout, et le mai rampant des années 1970 bretonnes qui étaient aussi fortes dans le Finistère qu’en Loire Atlantique, et les bombes bretonnes de l’après guerre qui pétaient en tout point du pays ?Peut être que l’analyse n’est réservée qu’aux gens qui ont le gène celtique. Et puisque c’est impossible à trouver, de qui parle-t-il vraiment au final ? Des militant-e-s nationalistes uniquement? On tombe plutôt tout simplement ici sur une distinction absurde qui à défaut d’arguments cohérents, notamment historiques, se réfugie donc dans la génétique et l’imagerie folklorique. C’est hors des réalités anciennes et présentes que vit la nation et, pour meubler en concept autour d’elle-même, il faut bien aller chercher ailleurs, comme ici avec les délires sur les gênes. Et on passe très sérieusement du régime alimentaire du panda à la migration des anguilles pour finir sur la recherche du « gêne celtique de l’insoumission », que malheureusement Jean-Pierre confesse ne pas encore avoir trouvé. D’où l’appel à modérer notre « enthousiasme darwinien ». Un développement qui est tout de même hallucinant, mais qu’on comprend bien avec le dernier texte publié par ce monsieur sur la génétique. Quelque chose qui n’est pas inintéressant en soi en effet, mais qui ne fait pas bon de mélanger avec la politique et encore moins avec le nationalisme.

Pour la suite, à défaut de classifier des espèces humaines, JP dresse une dichotomie des plus captivantes entre les « faisous » et les « plaideurs ». Les faisous  ne sont d’ailleurs pas définis très clairement. D’après ce qu’il laisse sous-entendre, c’est un monde flou qui va des acteurs du greenwashing jusqu’aux jardiniers du dimanche. En gros, ce sont des gens qui font, même si on ne sait pas trop non plus exactement ce qu’ils font, c’est la catégorie des gentils.

Les plaideurs, eux à l’inverse, semblent être les responsables des méchantes réglementations écologistes, celles qui embêtent l’agro-buisness sans doute – catégorie donc des méchants. Un drôle de tour de passe-passe qui permet de ne pas faire la différence entre l’offensive contre la spontanéité des organisations populaires et le néo-libéralisme de l’oppresseur qui veut pouvoir opprimer tranquillement. Il y a tout de même un fossé entre ce qui représente la mise en norme de l’ensemble des comportements – où tout est interdit et reste toléré, sauf si vous êtres trop revendicatif et dans ce cas il y a toujours une loi ou une norme x ou y pour vous faire taire – et les plaintes patronales pour donner toujours plus de liberté aux possesseurs du capital. Ce qui ressemble grandement à la droite qui traite de ‘conservateurs’ les gens qui ne veulent pas détruire le code du travail.

Dans un petit passage un peu plus loin sur l’écologie, les luttes contre les grands projets inutiles et imposés se voient d’ailleurs qualifiées de « contestations conservatrices ». Comme l’était Plogoff, comme le sont les oppositions à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou aux projets miniers donc. Pour JP ce n’est sans doute pas un mot insultant, mais pas sur pour autant qu’il comprenne très bien les choses qui se jouent dans les luttes du genre, et donc qu’il ne comprenne pas très bien certains aspects de la société bretonne qui se démarque particulièrement dans les combats écologistes et contestataires.

Jusqu’ici le texte sur la violence politique de Le Mat n’est donc pas vraiment passionnant, et pourtant le sujet l’est. Il faut attendre la dernière phrase pour enfin tomber sur un propos pertinent.

« Pour avoir une stratégie cohérente, faut-il tenter une synthèse entre l’action légitime et l’idéal des “bonnes” lois ? Ou faut-il définir une priorité de l’une sur l’autre ?
Il nous faut oser, soit la synthèse, soit la priorité entre légitimité et légalité. »

En voilà une bonne idée ! En raison de la société dans laquelle nous vivons, priorité de la légitimé avec plaisir. Vu ce que nous offre l’État français, il est logique de donner la priorité à la légitimité sur la légalité. Comme il sera toujours logique de le faire si des gens comme Jean Pierre Le Mat deviennent dirigeant d’une Bretagne indépendante. On voit mal le JP avec ses copains cinquantenaires en costume cravate en train de lancer des pavés sur la police, ils sont plutôt des interlocuteurs, des sociaux-démocrates capitalistes breizhoù bon teint qui s’imaginent sans doute être les interlocuteurs de l’État français. La frange respectable de l’agitation bretonne, qui comme avec les Bonnets Rouges veut profiter de la contestation populaire pour obtenir des petits pouvoirs régionaux où ils régneront en maître sur une population docile. Le but des interlocuteurs légitimes c’est d’être les futurs gouvernants. Comme quoi on peut être à cheval entre le monde de la légitimé et de la légalité, être gagnant sur tous les tableaux, à condition évidemment que le peuple lui soit perdant à tous les niveaux.

Voici une autre vision de la chose. Elle n’a pas été écrite par notre Le Mat adoré et date de l’époque où JP élevait des moutons en Écosse et en Irlande pour fuir le service militaire – il avait bien raison au passage. « La théorie de la révolution bretonne n’est autre que la théorie de cet immense travail pour accroître la force politique du peuple breton afin, non seulement qu’il détruise la force opprimante, mais surtout qu’il prenne une place libre et créatrice dans le monde. (…) Le mouvement révolutionnaire breton, l’Emsav comme il se nomme lui-même, s’attache à définir avec clarté chacune de ses positions, chacun de ses objectifs, chacune de ses démarches. »

Voici un exemple au hasard du triptyque que propose la citation. Position : insurrectionnelle et reconstructrice – objectif : indépendance émancipatrice – démarche : virer la décomposition nationaliste à la Le Mat.

Et pour finir en bonus, on vous laisse le lien vers les idées de Le Mat généticien politique.

Et en cadeau, une petite citation d’un autre texte plus ancien pour situer un peu l’esprit logique global de JP derrière tout ça.

« Nous autres, Bretons, aimerions trouver en face de nous des nationalistes français de l’envergure de Maurice Barrès. La discussion serait passionnante. ». cf : lien .

Et bien va donc t’installer en France pour discuter avec les adeptes de Barrès, Maurras et autres nationalistes d’ « envergure ».

Qu’il laisse la place en Bretagne pour les Ki Du de Servat, celles et ceux qui disent « Je refuse l’ordre public, ou militaire, ou catholique, nous sommes Bretons et déserteurs, délinquants et saboteurs. »

Forzh Piv.

A-benn reiñ ur respont d’an adreizh tiriadel kinniget gant ar gournamant gall e c’halv an tu kleiz dizalc’hour (Breizhistance-IS) an holl dud tost ouzhomp kement hag ar re a sav a-du gant adunvanedigezh Breizh da vanifestiñ d’an 28 a viz Even en Naoned da 2e goude merenn dirak prefeti Liger-Atlantel, da heul galv 44=BZH.

@spreadshirt.net
@spreadshirt.net

A-raok ma krogo an dibunadeg, restaolomp hor c’hartenn dilenner, evel ma vez goulennet gant strollad 44=BZH.

D’an 2 a viz Even, e voe kinniget an adreizh tiriadel gant François Hollande goude ma voe bet meur a dammginnigoù arouezus d’un doare d’ober kamm-digamm peotramant war ar prim. Un doare d’ober a lazh an demokratelezh poblek hag a laka war wel ur geusteurenn etre baraoned sokialour lec’hel.

Goude bezañ lakaet spi e penn a dud, ar vretoned hag ar bretonezed a stourm abaoe bloavezhioù evit ma vo adnunvanet ar vro zo dipitet-spontus gant an adreizh tiriadel-mañ. Didrouzoù pe cheñchamantoù sav-poent a-daoltrumm gant dilennedi zo a ziskouez spalnn n’eo ket empleget a-walc’h, na dost, ar rummad politikel breizhad e-tal ar galloud kreiz.

Kirriegezh ar PS, e varoned lec’hel kement hag e aparatchiked yaouank e penn ar jeu, zo bras-spontus evel just. Auxiette, enebour Brezih a-viskoaz, kement ha maered Brest, Naoned, Sant Nazer ha Roazhon (François Cuillandre, Johanna Rolland, David Samzun ha Nathalie Appéré), Emmanuel Couet (preziadant Meurgêr Roazhon) o deus embannet a-unvouezh int evit ma vo kendeuzet Breizh ha Broioù al Liger. Kensinet o deus un destenn d’ar 26 a viz Mae. Philippe Grosvalet, prezidant kuzul Departamant Liger-Atlantel a beur war ar memes tachenn. Menneg ispisial da François Cuillandre ha Nathalie Appéré memestra evit bezañ troet penn d’o bazh. D’ar 25 a viz Even 2009 en doa kuzul-kêr Brest hetet an adunvanedigezh. Kuzul-kêr Roazhon, pa oa kuzulierez gentañ Nathalie Appéré, en doa hetet d’ar 4 a viz Ebrel 2009 o kemer e kont “istor ha sevenadur Breizh a ya pelloc’h evit he harzhoù melestradurel a-vremañ. »

Ar vinistrez e-karg eus an digreizennañ, Marylise Lebranchu, he doe kinniget ur wellidigezh, gant kanaded all, e Kerzu 2011, a-benn adunvaniñ ar vro. Hi an hini eo he deus a-raok ar re all troet penn d’he bazh e-keñver Breizh. E anv ar gouarnamant ar wech-mañ, e Kerzu 2013, eo savet a-enep gwellidigezh De Rugy-Le Fur. Aze he deus treitouret he dilennerien hag he dibaboù embannet disehan e-kerzh votadeg diabarzh ar PS (ar re a zibabo Hollande evit mont war renk an dilennadegoù prezidant) kemenent a reoù ar prezidant hag ar gannaded.

Ministr an Difenn, Jean-Yves le Drian, n’eo ket direbech ken nebeut. Eñ a glaostre war a fed e c’hallje Liger-Atlantel bezañ staget ouzh Breizh dre ur gwir da zibab roet d’an departamantoù da cheñch Rannvro zo faziet. Valls kement ha Vallini, sekretour Stad e-karg eus an adreizh tiriadel, o deus stanket an hent-mañ buan-tre.

An holl dilennidi-mañ sañset derc’houezañ ar bobl o deus divizet kenetreze hep bezañ roaet ar gaoz d’ar gevredigezh: ya int skeudenn deus an oligarc’hiezh teknokratel ! Ur geusteurenn etre mignoned a faot dezho mirout o zachenn hep kemer e kont kemenadenn splann kaset dezho gant o dilennerien e miz Meurzh ha Mae tremenet.

Manifestadeg Naoned. Ebrel 2014
Manifestadeg Naoned. Ebrel 2014

Emglevigoù etre mignoned o defe aon e tistabilfe Breizh Republik Bro C’hall unanet ha dirannadus ? “ An adunvanedigezh a zigorfe an hent evit an azgoulennoù identelezh “ eme an istorour Herve Le Bras, tost ouzh Auxiette. Da vihanañ e embann sklaer ha splann pezh a soñj jakobined e-leizh.

A-unvouezh eo dilennidi vras ar PS hag an UMP eta. En em santout a ra sur a-walc’h e-unan er PS breton eta prezidant rannvro Breizh, Pierrick Massiot, a c’houlenn e vefekrouet ur vodadenn evit Breizh.

An adreizh-mañ he dije ranket boutañ war-zu an demokratelezh lec’hel, lakaat da dalvezout un aozadur tiriadel poellek ha doujus a-benn ar fin eus c’hoant lod vrasañ ar vretoned kaout ur vro adunvanet. An adreizh-mañ zo bet aberzhet. Gwashoc’h c’hoazh, kanmeulourien ar frankizouriezh armerzhel a laka anezhi da bellaat ouzh he fal evit ober deuzouti ur beñveg a vago o frofaganda ideologel : hini digresk an dispignoù foran.

Ar sekretour Stad e-karg eus an adreizh tiriadel, Vallini, a justifi anezhi gant ar brizespernoù a vije a-drugarez dezhi : « 250 miliard a euroioù eo budjed ar strollegezhoù lec’hel. Ar re arbennikañ a soñj dezho e c’hellfer espernañ etre 5 ha 10% deus ar budjed, da lavaret eo etre 12 ha 25 miliard a grenn dermen. Pezh a zo kalz. Hep menegiñ ar c’hounid war an amzer hag an efedusted a zo diaes da jediñ met n’int ket dister evel just.”, emezañ.

Koulskoude, memes ma saver a-du gant seurt sav-poent, disheñval-mat eo gwirionez ar sifroù. E 2012, hollad dispignoù ar rannvroioù a oa 28 miliard a euroioù, da lavaret eo 12% eus hollad ar strollegezhoù lec’hel. War an 28 miliard, 17 a zo par eus an dispignoù mont-en-dro. En dispignoù mont-en-dro, 11 miliard a zo dispignoù liammet gant ar c’helenn, ar stummañ vicherel, an treuzdougen. Touellañ an du eo eta lavarout e vefe espernet etre 12 ha 25 miliard.

D’an 13 a viz Even hon eus gouezet en deus dibabet kuzul-departamant an Oise aozañ ur referendom evit goulenn ali e annezidi diwar-benn raktres stagadur Picardie ouzh Champagne-Ardennes. Penaos ‘ta pezh a vez moian da aozañ en oise na vije ket en Liger-Atlantel ?

Neuze, ya, mallus eo aozañ ur referundom en Breizh evit ar gwir d’en em dermeniñ, aozet gant an diaz, lec’h ma vije votet war grouidigezh ur Parlamant en Breizh pemp departamant.

D’an 28 a viz Even, diskouezomp omp mennet evit lakaat trawalc’h a wask war ar gouarnamant evit ma vo Breizh adunvanet !
D’an 28 a viz Even, diskouezomp omp mennet, er straed, evit aozañ ur referundom evit ur Parlamant en breizh pemp departamant.

Ne vezer ket trec’h hep stourm, stourmomp betek an trec’h !

Manifestadeg Naoned. Ebrel 2014
Manifestadeg Naoned. Ebrel 2014

D’an 3 a viz Kerzu 2013 e oa bet roet ar gaoz da gKeleier Breizh e brezhoneg gant Radio Kerne. Kinnig a ra Fabris Cadou hol lec’hienn kelaouiñ nevez hag e tistro war darvoudoù ar Bonnedoù Ruz. Atersadenn kaset da benn e-pad 10 munutenn gant Laetitia Fitamant.

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Le 3 décembre 2013, Radio Kerne a donné la parole à Bretagne Info. Fabris Cadou présente notre nouveau site d’information et revient sur les évènements des Bonnets Rouges. L’entretien est réalisé pendant une dizaine de minutes par Laetitia Fitamant.

Alors que les manifestations contre l’écotaxe battent leur plein, voici que la référence au soulèvement des Bonnets Rouges de 1675 a fait son apparition. Afin d’éviter toute interprétation ou approximation historique, la rédaction de Bretagne-Info publie ici la tribune de Fañch Oger, membre de la gauche indépendantiste, revenant sur ce qu’a véritablement été la révolte des Bonnets Rouges.

Les Bonnets Rouges sont à la mode : c’est un symbole particulièrement fort de l’Histoire de la Bretagne qui a été utilisé lors des récentes manifestations contre les portiques qui fleurissent depuis quelques mois sur nos routes.

Rappel historique : en 1674, le roi Louis XIV, empêtré depuis deux ans dans une guerre contre les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas), décide de lever de nouveaux fonds pour financer ses armées, dans un contexte économique déjà fragile. Il crée une taxe sur le Papier Timbré, alors obligatoire pour valider tous les actes susceptibles d’être utilisés en Justice, comme les contrats de vente ou les testaments. Il impose également une taxe rétroactive sur la vente d’objets en étain : elle est répercutée par les commerçants qui utilisent de la vaisselle, entraînant une hausse des prix de la restauration et des boissons dans les cabarets. Louis XIV prend également le contrôle de la vente du tabac, jusqu’ici ouverte à tous, et met en place des fermes, donnant l’exclusivité de la vente de ce produit à certaines personnes. La mise en place de ce système entraîne des pénuries sporadiques de tabac qui n’apaisent en rien le contexte général houleux.

Fin mars 1675, des révoltes à Bordeaux entraînent une suspension locale de ces taxes. Mais c’est en Bretagne que les soulèvements populaires sont les plus importants : à Rennes, le 3 avril, puis le 18 avril, les bureaux locaux chargés d’imposer l’étain ou le tabac sont pillés et plusieurs personnes sont tuées. Nantes se soulève le 23 avril. D’autres villes, comme Saint-Malo, Fougères ou Morlaix connaissent des troubles. La révolte se propage à partir du début du mois de juin dans les campagnes de l’ouest de la Bretagne : au-delà des nouvelles taxes, les paysans se soulèvent contre un système féodal qui les écrase : ils sont 2000 à prendre la ville de Pontivy le 21 juin. Dans la région de Carhaix, où le peuple porte traditionnellement des bonnets rouges, un notaire va prendre la tête de l’insurrection : il se nomme Sébastien le Balp. Début septembre, il envahit, pille et brûle avec plus de 500 hommes le château du Tymeur. Il est tué par un noble qu’il retient prisonnier le 3 septembre, veille d’un soulèvement général prévu dans toute la Bretagne. C’est à ce moment que la répression royale commence vraiment à se mettre en marche : des dizaines de révoltés sont pendus, des clochers rasés pour avoir servi à sonner le tocsin de la révolte, notamment en pays bigouden : à Rennes, 6000 dragons commandés par le Duc de Chaulnes (gouverneur nommé par le Roi en Bretagne, surnommé par le peuple an hoc’h lart, “le gros porc”) s’installent et font régner la terreur pendant plusieurs semaines. Un tiers d’une des rues principales est détruite et la ville est condamnée à entretenir financièrement ces troupes, mesure punitive classique à l’époque.

Mais plus qu’une révolte contre des taxes, ce soulèvement constitue surtout dans les campagnes une aspiration populaire à sortir d’un système qui opprime les classes les plus modestes : plusieurs Codes Paysans sont rédigés, dont le plus fameux, signé par les représentants de 14 paroisses du Pays Bigouden, prône des mesures révolutionnaires pour cette époque : choix par le peuple de représentants qui seront envoyés aux Etats de Bretagne, suppression des droits de corvée de la noblesse sur les terres cultivées, mariages entre filles nobles et roturiers et dispersion des héritages des familles nobles au profit du peuple, droit de chasse pour tous, liberté d’aller moudre sa farine dans les moulins de son choix et non plus dans ceux imposés par le seigneur local…

Cette révolte a donc pris en Bretagne une tournure autre qu’une simple révolte contre une nouvelle taxe. Les revendications des paysans bretons de 1675 préfigurent des avancées sociales qui mettront plus d’un siècle à se réaliser.

bonnets rouges

La référence aux Bonnets Rouges choisie par les manifestants, au delà du symbole, amène des questions intéressantes : assiste-on à une simple révolte antifiscale, comme nombre de médias le soutiennent, ou est-on mis face aux contradictions d’un système économique breton basé depuis un demi-siècle sur le productivisme agricole et les emplois précaires qu’il induit dans le monde de l’agroalimentaire, sans parler de ses conséquences néfastes sur le plan écologique ? Doit-on manifester main dans la main avec les grands patrons de chaînes de supermarchés, qui sont vent debout au côté des syndicats majoritaires d’agriculteurs mais n’hésitent pas à importer des produits lointains et à presser financièrement les éleveurs et cultivateurs afin qu’ils réduisent leurs marges ?

Les Bretons désirent-ils, à l’image des révoltés de 1675 et en écartant tout anachronisme, aller plus loin en montrant qu’ils peuvent prendre leur avenir en main et poser les bases d’un nouveau modèle, économique et écologique notamment, qui la sorte d’un système qui apparaît de plus en plus essoufflé ? « Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige.» écrivait Albert Camus. A ceux et celles qui travaillent en Bretagne et qui la font vivre de définir ce qu’ils exigent.