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Le risque du rétablissement d’une frontière physique et plus formelle entre l’Irlande du Nord et le reste de l’ile  avec le Brexit suscite de nombreux articles et commentaires sur la perspective du retour de la violence armée comme seule alternative.

Si cette violence armée de résistance n’a jamais vraiment disparue, elle n’est que la forme la plus spectaculaire de la volonté du peuple Irlandais de réunifier son pays.

La tradition militante et politique locale est très marquée par le militarisme, et les commémorations en tous genres sont l’exercice obligé de tout l’arc républicain, qu’on ne saurait résumer au seul Sinn Fein.

Les autres activités politiques et campagnes retiennent peu l’attention des médias du continent, y compris les médias militants.

Ainsi la manifestation qui a eu lieu dans ce dimanche 24 novembre entre Lifford et Strabane, regroupant plus de 2000 personnes qui ont symboliquement passé outre cette frontière étrangère existant entre les deux lieux n’a pas eu beaucoup d’écho ici.

C’est le premier aboutissement de la campagne “Yes For Unity” lancée par nos camarades du Parti Républicain Socialiste Irlandais / Irish Republican Socialist Party (IRSP). En décembre 2018 à Belfast, sur Falls Road au cours d’un meeting auquel assistaient des militants de la Gauche Indépendantiste Bretonne des catalans et des Écossais, les militants de l’IRSP avait fait part de leur volonté de mettre sur pied une campagne populaire, multiforme, à la base, ouverte à tous et à toutes pour visibiliser le désir du peuple Irlandais de pouvoir choisir son destin en exerçant son droit à l’autodétermination via un référendum.

Une partie des mouvements républicains plus liés à des groupes armées toujours en activité jugent inutile cette revendication car, pour eux, le rapport de force militaire contribuera à chasser l’occupant britannique et ils tirent leur légitimité dans l’histoire de la résistance à l’occupation, de l’autre coté, le Sinn Fein (parti républicain issu de l’Ex IRA provisoire), privilégie la participation aux institutions et au jeu électoral traditionnel et intégré.

Enfin, même entre ceux qui sont favorables à la tenue d’une consultation tous ne s’accordent pas sur le cadre dans lequel un référendum devra se tenir. Dans la cadre de ce qui est mentionné par les accords du vendredi saint qui prévoient une consultation frontalière bien nébuleuse ? A l’initiative de la seule “République d’Irlande” ? De façon auto-organisée ?

Ar Gwenn-ha-Du e penn ar vanif !

La mobilisation de ce dimanche à Strabane, peu éloignée de Derry fief républicain, a sans doute contribué à donner du crédit à la tactique de l’IRSP car c’est une manifestation familiale, populaire, jeune et unitaire qui a pu se tenir, sans aucun incident.

De nombreux militants de divers sensibilités et des élus du Sinn Fein et de son organisation de jeunesse étaient présents, mais aussi des conseillers républicains indépendants qualifiés facilement de “dissidents” par la presse, des syndicalistes, des féministes également, tous comme des drapeaux écossais, catalans, galiciens et bretons pour marquer le fait que cette revendication d’une Irlande réunifiée s’inscrit dans un mouvement global en Europe en faveur de la démocratie, et doit être portée par ceux et celles ayant un intérêt à donner un contenu social à la réunification.

Tweet de l’organisation de jeunesse de Sinn Fein

Comme pour donner de l’écho à cette mobilisation réussie de la plateforme “Yes For Unity”, un sondage indique ce 24 novembre que 51 % des Irlandais du sud souhaitent la tenue d’un référendum sur l’unité de l’Irlande. Un sondage qui indique également que dans la tranche 18-24 ans ce sont 70 % des sondés qui valident cette option.

C’est donc un excellent début de campagne pour remettre la souveraineté populaire et le progrès social au cœur du débat de la réunification de l’Irlande qui a eu lieu ce dimanche 25 novembre. Même si bien sur le débat sur le cadre dans lequel ce référendum devra avoir lieu risque d’alimenter les échanges entre les différentes tendances du républicanisme.

Tweet de l’orga de jeunesse de l’IRSP.

Des Catalan.e.s et ds Galicien.ne.s à Strabane

Voici le texte cosigné par deux des composantes de l’indépendantisme de Gauche en Bretagne à propos du scrutin Européen du 26 mai prochain. Elles avaient également signé avec d’autres organisations indépendantistes et anticapitalistes Européennes un texte internationaliste sur ce sujet : “Pour la souveraineté des peuples, non à l’Union Européenne”. 

Elections Européennes en Bretagne: non à la participation.

Le scrutin européen approche et entant que militantEs Indépendantistes de Gauche pour une Bretagne libre, réunifiée , brittophone, socialiste, féministe, antipatriarcale nous tenons a faire connaitre notre position.

 

En tant que BretonNEs, nous constatons que la Bretagne qui était au dernier scrutin noyée dans une circonscription Grand Ouest sans âme est définitivement absente de cette élection par la mise en place de la liste unique qui est un dispositif de plus pour nier le caractère plurinational de cet état. Nous ne pouvons donc nous exprimer en tant que peuple distinct dans cette élection.

L’UE ne nous à pas garantie l’égalité linguistique car en ne reconnaissant de façon officielle que les langues et cultures des états dominants l’UE nie la diversité linguistique et culturelle. Elle ne garantit en rien les droits linguistiques et culturels de millions de citoyens européens et singulièrement des Bretons.

En tant que militantEs investiEs dans de nombreuses luttes sociales nous ne pouvons que constater que depuis la loi travail la répression policière et judiciaire des mouvements de contestations sociaux sont la norme dans cet état. A l’heure où la justice et la police déchainées cognent durement sur les révoltés des ronds-points, les émeutiers de toutes sortes , où les Gilets Jaunes et assimilés sont éborgnés par les armes de guerre de la police en toute impunité il nous parait impossible de prendre part à cette élection en faisant croire ainsi à l’existence d’une quelconque culture démocratique française.

La limitation des libertés est chaque jour confirmée par les interdictions de manifester, les arrestations de journalistes, le fichage de masse…Voter dans ce contexte comme si de rien n’était revient à être complice.

L’Union Européenne comme le FMI et la banque mondiale ont depuis le début des années 2000 dans l’état français et ailleurs en Europe, par des demandes d’ajustements budgétaires dégradés nos conditions de vie de travailleurs, de membres des classes les plus populaires en comprimant les dépenses de santé, d’éducation, en dérégulant le droit du travail. Ce sont ces mesures d’austérité que les plus pauvres, les femmes, les jeunes, les migrants sont les premiers à subir de plein fouet particulièrement hors des métropoles.

 

En tant qu’alliés des luttes LGBTQI nous constatons que  les forces  racistes et xénophobes en Europe mettent en avant un projet de société rétrograde ultra patriarcal, s’attaquant aux droits des femmes et des personnes LGBTQI. Les institutions européennes ne sont pas garantes de ces droits, la lutte collective et une meilleure visibilité des pratiques et revendications antipatriarcales et féministes dans nos luttes si.

En tant qu’anticolonialistes nous affirmons notre solidarité avec les peuples sous domination coloniale française en Kanaky, Polynésie, Gaudeloupe, Martinique, Guyane, Réunion dont ce droit fondamental à se déterminer librement est nié et à qui l’ont ose présenter la participation aux élections du parlement Européen comme un exercice démocratique

En tant qu’internationalistes nous constatons que l’Union Européenne a soutenu le dictateur Erdogan contre les peuples de Turquie dont les Kurdes et légitimé les agressions impérialistes au Moyen Orient. Le Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK figure toujours sur la liste des organisations terroristes de l’UE alors que c’est la résistance Kurde qui s’est battue contre DAESH.

Elle reste un soutien de poids à la politique Israélienne de soumission et de spoliation du peuple Palestinien et de sa résistance.

La faillite de l’Union Européenne est totale tant elle est restée silencieusement complice de la monarchie espagnole qui a violemment réprimé le peuple Catalan et ses dirigeants qui a osé voter son indépendance.

De même cette UE a prouvé son inefficience pour garantir aux Gallois, Ecossais, Irlandais une alternative qui leur soient spécifiques au chaos du Brexit en respectant leur droit à l’autodétermination.

Toute institution n’incorporant pas le droit à l’autodétermination des peuples, condamne les nations sans état à la disparition ou à l’assimilation. Ainsi l’UE nie la diversité des peuples qui la constituent et transforme l’Europe en une prison pour les peuples qui ne disposent pas d’état propre.

De plus L’UE et la France sont déjà en train d’appliquer des politiques migratoires inspirés par l’extrême-droite comme le prouve le grand cimetière méditerranéen. Face au repli sur soi bleu blanc rouge et suprémaciste blanc nous réaffirmons notre attachement à une Bretagne terre d’asile pour les réfugiéEs.

Sur le plan de la Défense de l’environnement les luttes victorieuses récentes en Bretagne contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, les projets d’extraction minières prouvent que les mobilisations populaires multiformes bousculant la légalité des capitalistes et non des institutions sur lesquelles nous n’avons aucune prise permettent de gagner grâce aux luttes collectives et à la défense des communs.

iI n’est pas possible de réformer l’Union européenne afin qu’elle réponde aux intérêts des peuples et des classes populaires. La Troïka, la Commission européenne, l’OTAN, EUROPOL… sont des structures totalement antidémocratiques et le Parlement européen est un organisme inopérant et parasitaire au service des élites et des multinationales.

 

Pour toutes ces raisons nous invitons nos militantEs et sympathisantEs à boycotter le scrutin du 26 mai, à le perturber en ne participant pas de façon normalisée à cette mascarade partout en Bretagne.

Toute alternative à la démocratisation passera par la déconstruction de l’Union Européenne et la construction d’un modèle d’intégration, qui, au-delà de l’espace géographique actuel, sera basé sur la solidarité et la souveraineté des peuples et singulièrement du droit à l’autodétermination du peuple breton dans le cadre d’un agenda politique qui lui soit propre.

Signataires :

La Gauche Indépendantiste ( Breizhistance)

Collectif Dispac’h

 

La veille de la manif pour l’unité de la Bretagne la Gauche Indépendantiste tenait une session de formation pour sa 4eme université de rentrée organisée pour la première fois en pays Nantais. Prés de 40 personnes y ont prit part pour écouter les délégués Irlandais et Kanaks venus parler de leur combat pour l’indépendance de leur pays et leur position sur le référendums. Les camarades de la CUP Catalane avaient fait parvenir une vidéo car retenus par d’importantes mobilisations antifascistes en cette veille de d’anniversaire du référendum d’indépendance.

Pour les Kanaks du Parti Travailliste et de l’USTKE ( Union Syndical des Travailleurs Kanaks et Exploités ) le référendum du 4 novembre prochain ne correspond pas à leur conception de la démocratie. Mina Kherfi représentante du PT a expliqué la position de non participation de ces deux formations pour ce référendum en détaillant des faits sociaux :

  • taux de chômage chez les Kanaks : 26 % contre 7 % chez les non-Kanaks ;
  • 57 % des non-diplômés sont kanak : on compte seulement 6 % de diplômés de l’enseignement supérieur chez les Kanaks
  • 85 % des chefs d’entreprise et 75 % des cadres supérieurs sont des métropolitains ; par contre 75 % des ouvriers sont kanak.
  • Une violence sociale forte envoyant des jeunes kanaks en nombre derrière les barreaux (90 % de la population carcérale est d’origine kanak, des faits principalement dus à l’alcool), un taux de suicide inquiétant, l’échec scolaire, le chômage, les jeunes sont écartelés entre les valeurs coutumières et le monde occidental et peinent à trouver leur place dans une société dominée par les Européens et l’argent.

Pour toute ces raisons et par ce que c’est la puissance coloniale française qui délimite le corps électoral, et qui détermine la question posé en imposant le concept de Calédonie à celui de Kanaky notre camarade a justifié la non participation. Le FLNKS ( Front Libération National Kanak Socialiste ) importante composante historique du mouvement national Kanak appelle lui a y participer et à voter “OUI”. Elle nous a fait part de l’émergence d’une réflexion sur la mise en place d’un référendum auto-organisé dans le mouvement de libération Kanak.

Son témoignage simple et directe a été une parole anticolonialiste appréciée et ce d’autant plus qu’elle se fait rare tant les médias métropolitains ne parlent pas de la situation en Kanaky.

Puis l’IRSP , le Parti Républicain Socialiste Irlandais représenté notamment par Ciaran Cunnimgham nous a fait aprt de la situation en Irlande. La perspective du retour d’une frontière entre le sud et le nord de l’Ile comme conséquence du Brexit a remis au gout du jour le débat sur l’unité de l’Irlande. Depuis 1998 les accords du Vendredi Saint que l’IRSP et l’INLA ( Armée Nationale de Libération Irlandaise ) l’autre composante du mouvement socialiste républicain Irlandais ont refusé de soutenir prévoient néanmoins la possibilité d’un référendum «sur la frontière»  inscrite dans l’accord de paix. Il devrait être organiser s’il devenait incontestable qu’une majorité dans les deux Irlandes penchait pour la fin de la partition. Tous les sondages suite au référendum pro Brexit donne une majorité large au maintien de l’Irlande dans L’UE au sud comme au nord de la frontière. Pour cette raison et par ce que la démographie est favorable à la communauté qui vote républicain au nord au détriment des unionistes l’IRSP et le Provisional Sinn Fein ont choisi de faire campagne pour la tenue de ce référendum transfrontalier.

L’IRSP radicalement anticapitaliste veut que la gauche la plus décomplexée soit à l’avant-garde de ce mouvement démocratique qui permettrait de remettre à l’agenda politique la question de la souveraineté Irlandaise, de l’unité de l’ile et celle du départ des troupes britanniques dans le cadre d’un grand mouvement citoyen.

Les échanges avec le public ont permis d’aborder plus la position originale de l’IRSP sur cette campagne ” Yes For Unity” ainsi que celle du maintien en détention sans procès de prisonniers politiques comme Tony Taylor et sur la répression en général.

Le lendemain , aprés un hommage à Bobby Sands nos camarades Kanaks et Irlandais furent reçus en mairie de Saint-Herblain par Eric Bainvel militant de la Gauche Indépendantiste et élu pour la coalition Saint-Herblain à Gauche Toute. Ce fut l’occasion d’échanger sur le municipalisme , la solidarité internationale et la solidarité avec les détenus politiques en France tel Georges Ibrahim Abdallah détenu depuis 1984 pour son action dans la résistance Palestinienne.

Dans l’après-midi les militants de l’IRSP et du PT Kanak et du Mouvement des Jeunes Kanaks en France ont pris part au cortège internationaliste dans la manif de Nantes pour l’unité de la Bretagne et le droit à l’autodétermination. Une présence remarquée et appréciée de tous et toutes et  chaleureusement applaudie par les 3000 personnes présentes.

Bien évidemment ils prirent toutes leur place dans la minute d’hommage aux prisonniers et exilés Catalans.

Dans quelques semaines la Gauche Indépendantiste présentera son cycle de formation pour l’année 2018-2019.

 

Radio Paese, l’émission Corse de FPP à Paris, a diffusé un entretien avec Liam Ó Ruairc à propos de son livre “Paix ou pacification : l’Irlande du Nord après la défaite de l’IRA” (édition Stourmomp).

L’interview se trouve vers la 18ème minute environ et Liam Ó Ruairc y évoque plusieurs thèmes durant un quart d’heure : Brexit, accords du Vendredi Saint, situation économique et politique en Irlande du Nord, …

Il y a quelques jours, Michelle O’Neill — dirigeante du Sinn Fein depuis quelques semaines suite à la démission de Martin Mac Guiness, lui même décédé ce 21 mars — avait appelé à un référendum « pour que l’Irlande du Nord quitte “le plus rapidement possible” la Grande-Bretagne et se joigne à la République d’Irlande ». Les commentaires ont été nombreux. Voici la réaction de la féministe et socialiste républicaine Bernadette Devlin-McAliskey. Elle fut au début des années 1970 élue au parlement de Westminster et fondatrice du Parti Républicain Socialiste Irlandais (IRSP), qu’elle quitta par la suite. Sa position nous a semblé intéressante car elle souligne combien l’exercice référendaire ne saurait être laissé entre les mains des états existants tant quand sa formulation qu’a son périmètre. Nous remercions une fois de plus vivement Liam O’ Ruairc pour son travail de compilation et de traduction.

Bretagne-info.

La semaine dernière Bernadette Devlin-McAliskey a réagit dans les médias aux appels faits par le Sinn Féin pour qu’un référendum sur la frontière soit organisé en Irlande du Nord. (1) L’ancienne députée au parlement de Westminster à Londres, Bernadette McAliskey, qui a plus tôt cette semaine qualifié les dirigeants politiques des deux parties de l’Irlande d’ “idiots” et a avoué qu’elle ne voudrait pas faire partie d’une Irlande unie géré par eux, a affirmé qu’un référendum sur la frontière n’est pas sur les cartes, et que le Sinn Féin sait que c’est le cas. McAliskey ajoute aussi que le Sinn Féin ne voulait pas une Irlande unie que le parti ne pouvait pas contrôler.

Mme McAliskey, qui fut l’une des premières personnalités à prévoir — longtemps avant l’accord du Vendredi Saint — que le Sinn Fein accepterait un règlement partitioniste en Irlande du Nord, a déclaré que le parti avait réclamé un référendum sur l’unité irlandaise « confiant qu’il n’aura pas lieu ». La socialiste de 69 ans, qui en 1969 est devenue la plus jeune député de Westminster à l’époque, à l’âge de 21 ans, a déclaré que le Sinn Féin ne voulait pas un référendum qu’il est certain de perdre. « C’est une distraction délibérée loin des réalités auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui»  dit-elle. Mme McAliskey, qui a été témoin de la fusillade du dimanche sanglant par le régiment de parachutistes dans le Bogside en 1972, a déclaré que les dirigeants du parti avaient demandé un référendum sachant qu’il n’y a aucune chance que ce dernier ai lieu.

Bernadette Devlin MacAliskey dans les années 70
Bernadette Devlin MacAliskey dans les années 70

McAliskey dit que non seulement un référendum sur la frontière n’a aucune chance, mais que certains des républicains de la vieille école, non-alignés au Sinn Féin, pourraient boycotter le plébiscite plutôt que voter pour l’unité. « Je ne demanderais pas à un chien de vivre dans la République irlandaise existante », dit-elle. « Alors, pourquoi irais-je voter pour y vivre ? Il n’y a aucune menace pour l’Union », affirme le vétéran des droits civiques. « Il y a plus de chance que l’État libre (ie sud de l’Irlande) revienne dans le Commonwealth avec une note d’excuse ».

McAliskey a dit qu’elle souhaitait voir l’unité irlandaise, mais pas avec les administrations actuelles en charge. « Est-ce que je pense que tous les habitants de cette petite île seraient en meilleure position si nous avions un plan stratégique cohérent, unitaire et unique pour l’avantage économique et social de tout le monde sur l’ensemble de l’île ? Je le pense. » Mais elle indique que cet objectif ne peut être réalisé en incorporant le nord dans le sud tels qu’ils existent actuellement. « Est-ce que je pense que les gens qui souscrivent à l’idéologie politique dominante — allant de Fine Gael et Fianna Fail, jusqu’à Sinn Féin, le SDLP et les Unionistes et le DUP – doivent gérer le pays ? Non. » Rappelant une célèbre citation d’un autre républicain, Brendan Behan (« Je ne peux penser à aucun état de misère humaine qui ne puisse être aggravé par l’arrivée sur les lieux d’un policier »), Mme McAliskey déclare : « Je ne peux penser à aucun état de misère humaine, que soit au nord ou au sud de la frontière, à ce stade, qui ne serait pas énormément empiré en mettant les idiots qui gèrent les administration des deux côtés de la frontière ensemble dans un même état. »

Hier, Mme McAliskey a dit : « Voudrais-je voir les gens faire une décision démocratique sur la nature de leur gouvernement indépendamment du gouvernement britannique ? Oui, je le souhaiterais. Mais est-ce la même chose que d’avoir un référendum sur ‘Voulez-vous rejoindre la République?’ – ce n’est pas le cas. Est-ce que je souhaite démanteler la République d’Irlande ? Oui. Est-ce que je souhaite démanteler l’état dans le Nord ? Je répond affirmativement. » Mme McAliskey déclare : « Je voudrais recommencer et avoir une conférence constitutionnelle, une série de discussions et de débats clairs et un processus démocratique pour construire une nouvelle république indépendante à laquelle tout le monde pourrait avoir un sentiment d’appartenance ». Mais elle a insisté sur le fait qu’elle ne croyait pas que la façon de le réaliser était aussi simple que de voter dans un référendum sur la frontière avec une question qui ne concernait pas les vrais problèmes.

(1) Voir : Gerry Moriarty, A united Ireland – is there something in the air? Irish Times 13 March 2017 et Ivan Little, Bernadette McAliskey: ‘Sinn Fein’s talk of border poll is game-play, it doesn’t want united Ireland it can’t control’, Belfast Telegraph 15 March 2017

Compagnon de route des courants socialistes républicains irlandais, Liam Ó Ruairc a été un contributeur fréquent du (regretté !) site francophone Libération Irlande jusqu’à sa fin en 2013. Il répond ici à cinq questions posées au sujet du Brexit. Nous l’avons sollicité pour répondre à cette interview dans les jours qui ont suivit la victoire des partisans du Brexit, et nous le remercions vivement pour ses réponses.

Bretagne Infos.

I. QUELLES FORCES POLITIQUES ONT FAIT CAMPAGNE POUR LE ‘LEAVE’ EN IRLANDE DU NORD ?

Le 23 Juin 2016 l’éléctorat du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord a été appellé à se prononcer pour savoir si le Royaume-Uni devait rester ou quitter l’Union Européenne. Le taux de participation a été important, avec 72.2% de participation de l’électorat. Quitter l’Union Européenne a remporté avec 51.9% des votes, contre 48.1% préférant rester. Les endroits où le vote en faveur de rester dans l’Union Européenne a été le plus élevé sont Londres, l’Écosse et l’Irlande du Nord.
En Irlande du Nord le vote en faveur de rester dans l’Union Européenne s’élevait à 55.8%, contre 44.2% pour la quitter. Tous les partis unionistes et groupes loyalistes à l’exception du parti unioniste UUP ont fait campagne pour sortir de l’Union Européenne. Les deux partis qui représentent la vaste majorité de l’éléctorat nationaliste, le SDLP et le Sinn Féin de Gerry Adams ont appellé à voter pour rester dans l’Union Européenne. L’Irlande du Nord est divisée en 18 circonscriptions électorales, et sur celles-ci 11 ont voté pour rester et 7 pour se retirer de l’Union Européenne. Sans surprises, toutes les 7 où le Brexit l’a emporté ont une majorité unioniste et la majorité des 11 qui ont voté pour rester une majorité nationaliste. Des estimations fiables estiment que 70% de l’électorat unioniste a voté Brexit et entre 80% et 90% de l’électorat nationaliste a voté pour rester dans l’Union Européenne. Les médias ont souligné l’ironie du fait que la vaste majorité des unionistes et des loyalistes ont voté pour ‘Brits Out’ (‘Anglais dehors’) alors que la vaste majorité des nationalistes ont voté ‘Brits In’.
La question du Brexit n’a pas suscité en Irlande du Nord les passions que ce débat a généré dans le restant du Royaume-Uni. Cela peut être illustré par le fait que seul 62.69% de l’électorat en Irlande du Nord a participé au référendum contre une moyenne nationale de 72.2%. L’Irlande du Nord est fortement représentée parmis les circonscriptions électorales où la participation a été la plus faible. Cela dit, ce référendum a vu en Irlande du Nord le plus haut taux de participation électorale depuis 1998. Pour prendre un exemple récent, lors des élections pour le parlement d’Irlande du Nord du 5 Mai 2016, le taux de participation électorale était de 54.9%. La diminution du taux de participation électorale en Irlande du Nord depuis 1998 est symptôme d’un climat général de dépoliticisation, mais cela n’explique qu’en partie l’indifférence de l’électorat pour la question de se prononcer si il faut sortir de l’Union Européenne. Il est important de souligner que les problèmes qui ont étés au centre du débat sur Brexit dans le reste du Royaume-Uni -l’immigration et la sécurité en particulier- ont une importance négligeable en Irlande du Nord. Ici l’immigration n’existe pas véritablement comme ‘problème’ et les gens n’ont pas la même motivation qu’ailleurs de voter pour freiner soi-disant les hordes migratoires à qui l’Union Européenne permettrait d’ “envahir” la Grande-Bretagne.
Car il faut souligner que dans le cadre général du Royaume-Uni ce sont les forces les plus rétrogrades qui ont dominé le débat sur le Brexit (Boris Johnson, Nigel Farrage etc), les forces anti-capitalistes ou anti-impérialistes avaient un poids marginal. Ceux qui appellaient à voter pour un retrait de l’Union Européenne sur base d’un ‘Lexit’ (‘Left Exit’ – sortir de l’Union Européenne sur la gauche) étaient une force très minoritaire. En Irlande du Nord les arguments en faveur du Brexit ont été en vaste majorité faits par des Unionistes et des Loyalistes sur base d’une nationalisme Anglo-Britannique rétrograde. Il y avait un courant minoritaire appellant à une sortie de l’Union Européenne sur une base anti-capitaliste et anti-impérialiste.

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Chez les républicains les plus visibles ont étés le parti socialiste républicain Éirígí (1) ou l’ex-prisonnier républicain et gréviste de la faim en 1980 Tommy McKearney (2). La gauche anti-capitaliste (mais non-indépendantiste) –People Before Profit- s’est également mobilisée pour un retrait sur cette base. Sur base des résultats, leurs consignes de votes n’ont eu aucun impact. Prenons l’exemple de la circonscription électorale de Belfast Ouest dans laquelle je réside. Lors des élections du 5 Mai 2016, Gerry Carroll le candidat de la gauche anti-capitaliste People Before Profit a été remarquablement élu en tête de liste avec 8299 votes loin devant le candidat du Sinn Féin arrivant en seconde place avec 4769 votes – ce sur un taux de participation de 56.7%. Gerry Carroll a appellé a voter pour une sortie de l’Union Européenne sur une base anti-capitaliste. Lors du référendum du 23 Juin 2016, la circonscription électorale de Belfast Ouest a voté 74.1% en faveur de rester dans l’Union Européenne contre 25.9% pour en sortir. Le taux de participation était de 48.9%, un des plus bas de l’ensemble du Royaume-Uni. Vu la faiblesse et le faible poids des forces ‘progressistes’ ce sont essentiellement les courants les plus rétrogrades qui vont profiter du Brexit. Ce n’est pas un ‘Lexit’ mais plutôt un ‘Rexit’ – une sortie de l’Union Européenne sur la droite.
D’ailleurs le plus notable depuis le résultat du référendum est une explosion d’attaques et d’agressions racistes. Selon certaines sources, ce genre d’attaques a augmenté par 57% durant les sept jours qui ont suivit la victoire du Brexit. (3) Le pire jour a été le 25 juin qui a vu une moyenne de 12 attaques par heure. Comparé à la même période en 2015, la période entre le 16 et le 30 juin a vu une augmentation de 42% d’agressions racistes dans le Royaume-Uni. (4) Les minorités raciales, étrangers résidant en Irlande du Nord témoignent d’une situation très tendue et qui s’est dégradée depuis le référendum. (5) Pour prendre un exemple que je connais, comme les médias l’ont rapporté, dans les jours suivant la victoire du Brexit, Mohammed Samaana, un camarade Palestinien travaillant comme infirmier dans un hôpital à Belfast a été insulté en public dans le centre ville de Belfast par des gens lui disant de “rentrer chez lui” (sic !) car le Brexit avait gagné – ce genre de choses n’était pas arrivé au cours des plus de 15 années pendant lesquelles il a travaillé ici. (6) Bernadette Devlin-McAliskey, figure historique de la résistance irlandaise opposée au processus de pacification et sans illusions dans l’Union Européenne ne peut célébrer le Brexit, car selon elle ce sont ce genre de tendances racistes, xénophobes et rétrogrades que Brexit encourage et nourrit. (7) Comme l’a rappellé Étienne Balibar, le Brexit est l’anti-Grexit. (8) Beaucoup de républicains croient que Brexit affaiblit l’impérialisme. (9) Mais mon avis est que ce ne sont pas les tendances anti-capitalistes et anti-impérialistes qui vont profiter du Brexit. Le principal gagnant est un nationalisme anglais rétrograde.

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Matériel de propagande de Eirigi

II. POURQUOI LE SINN FÉIN DIRIGÉ PAR GERRY ADAMS A-T-IL FAIT CAMPAGNE POUR LE REMAIN? PAR PUR OPPORTUNISME OU POUR AFFAIBLIR L’ÉTAT BRITANNIQUE OU PAR INTÉGRATION DE CE PARTI DANS UN ESPACE POLITIQUE NORMALISÉ ET SON ACCEPTATION DES VALEURS PRO-UE ?

D’un point de vue général, le parti de Gerry Adams est passé d’une position d’opposition à ce qui était la Communauté Européenne puis Union Européenne à une position d’ “engagement critique” et finalement à une position d’acceptation de l’Union Européenne avec certaines réserves. (10) Ce changement de positions est apparue pour Anthony Coughlan -principale figure publique opposée en Irlande au projet de construction européenne depuis les années ’60- comme étant un abandon de la perspective républicaine irlandaise traditionelle sur la construction de l’Europe du marché commun. (11)
Dans le cadre particulier de la question du Brexit, la position du parti de Gerry Adams a plus à voir avec le fait qu’une sortie du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord représenterait un pas en arrière pour la stratégie du parti en Irlande. (12) Un pas en arrière pour trois raisons. Premièrement le parti de Gerry Adams croit que la marche vers l’unification de l’Irlande est inéluctable, et dans le cadre de la construction européenne la frontière et la partition de l’Irlande apparaissent comme un anachronisme. Une sortie de l’Union Européenne ne pourra que renforcer cette frontière et la partition de l’Irlande avec retour des postes de douanes, contrôles de police etc que l’Union Européenne est sensée dilluer. Deuxièmement les Accords du Vendredi Saint de 1998 ont incorporé d’importantes léglislations européennes relatives aux droits humains et l’égalité au niveau juridique. Le Brexit veut dire que ces conquêtes et les Accords de 1998 sont fragilisés ou remises en question. Troisièmement, l’Union Européenne est source de financements importants donnés dans le cadre du ‘processus de paix’. Les trois programmes PEACE de l’Union Européeenne ont donné de 1995 à 2015 €1.3 milliard à l’Irlande du Nord. Le programme PEACE IV a donné le 14 janvier 2016 encore €269 millions jusque en 2020.Ces financements vont par exemple pour des groupes d’ “ex-combattants”, d’anciens prisoniers républicains. Les financements que les militants du Sinn Féin ont obtenu de l’Union Européenne se comptent en millions d’Euro. (13) Le Brexit veut dire que la base du parti de Gerry Adams va perdre d’importantes sources de financements. Se prononcer en faveur d’un retrait de l’Union Européenne aurait été pour le parti de Gerry Adams scier la branche sur laquelle il est assis.

III. QUELLES PERSPECTIVES CONCRETES ENTRAINE CETTE VICTOIRE DU ‘LEAVE’ POUR LES PARTISANS D’UNE IRLANDE UNIE, ET PLUS CONCRETEMENT QUELLES PEUVENT ETRE LES CONSEQUENCES SUR LE PRETENDU PROCESSUS DE PAIX?

L’historien britannique John Newsinger avait décrit le processus de pacification comme étant la reconstruction de l’ordre bourgeois dans le cadre non de l’Empire Britannique, comme le traité de 1921,mais dans le cadre de l’Union Européenne. Les Accords de 1998 étaient construits sur l’idée que les États britannique et irlandais allaient continuer a faire partie de l’Union Européenne. Comme l’indique ma réponse à la question précédente tout un ensemble d’aspects juridiques incorporés dans les Accords de 1998 risquent d’être remis en question. Vu que ça retire l’aspect européen, le Brexit change le contexte dans lequel le processus de pacification se construit.
Les résultats du référendum sont une injection de réalité. Ils montrent que la frontière, la partition de l’Irlande sont toujours là et vont se renforcer. Le fait que Theresa Villiers, la Secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord refuse de donner à l’Irlande du Nord ,le droit de négocier un statut spécial au sein de l’Union Européenne montre que le véritable pouvoir se trouve à Londres et non au sein de l’Assemblée d’Irlande du Nord, et que ce pouvoir se moque de ce que la majorité -55.8%- de l’électorat d’Irlande du Nord souhaite. (14)

IV. QUELLE EST L’IMPORTANCE DU DÉBAT SUR L’INDÉPENDANCE DE L’ÉCOSSE ET UN ÉVENTUEL RÉFÉRENDUM EN IRLANDE?

Avec 62% en faveur de rester dans l’Union Européenne, l’Écosse a eu le taux le plus élevé du Royaume-Uni de l’électorat pour ‘remain’. Suite à la victoire du Brexit, le Premier Ministre de l’Écosse Nicola Sturgeon parle d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Écosse si la Grande Bretagne sort de l’Union Européenne.

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Si la question de l’indépendance de l’Écosse accentue la crise de l’État britannique, un référendum en Écosse est quelque chose de très différent qu’un référendum en Irlande. Les paramètres et préconditions pour un référendum sur la réunification possible de l’Irlande sont entièrement déterminés par l’État britannique, alors que les écossais peuvent décider quand ils veulent un référendum et quelles sont les questions posées. En vertu des Accords de 1998, un référendum sur la réunification de l’Irlande ne peut avoir lieu qu’une fois tous les sept ans. L’unité irlandaise se produit si cette option est soutenue par une majorité en Irlande du Nord et une majorité en République d’Irlande dans un référendum séparé. Très important, dans le cadre de l’Écosse il n’y a pas de controverses sur l’unité légitime pour l’autodétermination, alors que considérer les six comtés que comprend l’Irlande du Nord comme l’unité légitime pour l’autodétermination a peu de raison d’être politiquement, géographiquement ou historiquement. Les républicains diront que l’unité légitime sont les 32 comtés de l’Irlande, pas deux référendums séparés dans deux entités de 6 et 26 comtés basés sur des questions différentes. En Irlande l’unité pour l’autodétermination -et donc la démocratie- est fracturée, mais pas en Écosse. Les choses sont aussi compliquées par le fait que l’ancien Taoiseach (Premier Ministre) du gouverement de Dublin Bertie Ahern (qui avait négocié les Accords de 1998) a déclaré qu’une simple majorité -51% par exemple- ne serait pas suffisante pour une Irlande unie. (15) Les paramètres et préconditions pour un référendum sur la réunification possible de l’Irlande sont entièrement déterminés par l’État britannique. En vertu de la législation actuelle (Schedule 1 of the 1998 Northern Ireland Act), le gouvernement britannique par le biais de son Secrétaire d’État décrète que premièrement lui seul peut ou non faire appel à un référendum, deuxièmement décider de “la ou les questions qui doivent être posées”, et troisièmement n’organiser un référendum que si le Secrétaire d’État estime qu’il est probable “que la majorité des votants exprimerait le souhait que l’Irlande du Nord devrait cesser de faire partie du Royaume-Uni et faire partie d’une Irlande unie.” Après le référendum sur Brexit, le Secrétaire d’État à l’Irlande du Nord a exclu un référendum sur une Irlande unie sur base qu’un changement n’est pas susceptible d’être approuvé. L’opposition à un référendum sur la réunification de l’Irlande a aussi été exprimée ces derniers jours par le Premier Ministre du Royaume-Uni David Cameron et le Taoiseach (Premier Ministre) du gouvernement de Dublin Enda Kenny et son Ministre des Affaires Étrangères Charlie Flanagan. (16)

V. COMBIEN DE PERSONNES SONT DÉTENUES EN IRLANDE ACTUELLEMENT DANS LE CADRE DU CONFLIT ?

La libération anticipée des prisonniers suite aux Accords de 1998 pourrait donner l’impression que ce sujet est à présent résolu. Mais le problème est que il continue à y avoir des prisonniers républicains, même si ils sont beaucoup moins nombreux que durant la période 1969-1998. Environs 300 républicains ont été emprisonnés entre 1999 et 2009 au sud et au nord de l’Irlande, en Angleterre et ailleurs. Selon les statistiques fournies par les autorités pénales, fin 2015 il y avait un total de 54 républicains emprisonnés à Roe House dans la prison de Maghaberry en Irlande du Nord et environs 40 dans la prison de Portlaoise dans le sud de l’Irlande. Au moins quatre de ces prisonniers sont condamnés à perpétuité, parmis eux les ‘deux de Craigavon’. Ceux-ci sont emprisonnés à vie pour avoir tué un gendarme en 2009, mails il y a de sérieuses raisons de penser qu’ils sont innocents et une campagne importante a été mise en place pour les innocenter. Dans certains cas, comme actuellement celui de Tony Taylor, les républicains sont emprisonnés sans accusation ni procès. Dans le nord fin 2015 il y avait aussi 53 loyalistes incarcérés à Bush House dans le prison de Maghaberry mais pour des délits de droits commun (traffic de drogues etc) Dans le nord, les prisonniers politiques représentent actuellement environs 3.5% de la population carcérale qui s’élève aujourd’hui à 1507 détenus. Les prisonniers ‘sociaux’ sont beaucoup plus nombreux que les ‘politiques’ vu que l’Irlande du Nord a le plus haut taux du Royaume-Uni de gens en prison pour non-paiement de dettes. L’État britannique a décidé d’abolir tous les gains et privilèges obtenus dans les luttes carcérales durant le conflit et de traiter les républicains emprisonnés après les Accords de 1998 comme des criminels ordinaires. Cela a donné lieu à une série de luttes depuis 1999. Comme durant les années ’70, les prisonniers républicains ont mené une grève de l’hygiène du 4 avril au 12 août 2010 et du 6 mai 2011 au 20 novembre 2012 pour protester contre le fait d’être bloqué en cellule 23 heures par jour et les fouilles corporelles brutales. Le système carcéral n’a pas subit de réformes après 1998, et en 2011, une commission officielle a admit que le régime carcéral en Irlande du Nord était “ oppressif ”. Si en Grande Bretagne il y en moyenne trois gardiens pour 12 prisonniers, en Irlande du Nord la moyenne est de cinq gardiens pour trois prisonniers, soit six fois plus. Dans le cadre de cette situation, les républicains ont éxécuté deux gardiens de prison, le 1 Novembre 2012 et le 4 Mars 2016. La situation des prisonniers occupe une part très importante (disproportionnée peut-être) des activités des organisations républicaines opposées au processus de pacification.

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NOTES

(1) Gerry Moriarty, Éirígí backs Brexit with Northern Ireland poster campaign, Irish Times, 30 May 2016
(2) Rodney Edwards, What Brexit means for ex-hunger striker Tommy McKearney, Irish Times, 30 June 2016
(3) Peter Geoghean, Brexit result triggers wave of hate crimes in UK, Irish Times, 1 July 2016
(4) Hayden Smith, Police faced big spike in hate crimes in June, Belfast Telegraph, 9 July 2016
(5) Amanda Ferguson, Ethnic minorities in NI warn of rise in racist abuse since Leave vote, Irish Times, 28 June 2016
(6) Jonny Bell, Belfast nurse told ‘You from the EU? F*** off back to your country’ during night out in city, Belfast Telegraph, 28 June 2016
(7) Gerry Moriarty, Brexit campaign in North ‘played on racism and emotions’, Irish Times, 1 July 2016
(8) Étienne Balibar, Le Brexit, cet anti-Grexit, Libération, 27 Juin 2016
(9) British referendum result weakens old and new imperialism, Saoirse, July 2016
(10) Agnès Maillot (2009), Sinn Féin’s Approach to the EU: Still More ‘Critical’ than ‘Engaged’?, Irish Political Studies, 24:4, 559-574
(11) Anthony Coughlan, Sinn Féin goes Republican Lite on Brexit, Village Magazine, 20 June 2016
(12) Sarah Bardon, Sinn Féin to campaign against Brexit in EU referendum, Irish Times, 24 December 2015
(13) Maeve Sheehan, Ex-prisoners and dissidents share in €333m EU peace cash bonanza, Irish Independent, 24 January 2016
(14) Neither Holyrood nor Stormont could block Brexit, insists Theresa Villiers, Belfast Telegraph, 26 June 2016
(15) Laurence White, 51% majority not enough for Irish unity: Ahern, Belfast Telegraph, 20 November 2008
(16) John Manley, Sinn Féin call on border poll rejected, Irish News, 25 June 2016