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Comité pour Clément

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Le jeune brestois Clément Méric, militant libertaire, syndicaliste et antifasciste est mort sous les coups de militants d’extrême-droite à Paris le 05 juin 2013. La presse s’est faite l’écho du renvoi des auteurs présumés des coups mortels devant la cour d’assises. Mais aucun n’a diffusé l’analyse des arguments motivant ce renvoi. Le comité pour Clément qui “regroupe ses amis, proches et camarades et travaille en étroite collaboration avec sa famille” s’est fixé comme objectifs de suivre les différents procès, d’organiser une campagne politique afin que nul n’oublie Clément et de récolter des fonds afin de se donner les moyens de son action. Il a diffusé il y a peu quelques détails, qui sont autant de mises au point, sur les motivations du renvoi devant cette juridiction. Nous reproduisons ci-après leur texte. Nous vous invitons à soutenir financièrement ce comité et son action en passant par là.

Bretagne-info.

Les responsables de la mort de Clément
seront jugés par la cour d’assises de Paris

Le 9 mars 2017, à l’issue d’une enquête qui aura duré près de quatre années, l’instruction pénale s’est conclue par le renvoi devant la Cour d’assises de Paris des agresseurs de Clément et de ses amis.

Esteban Morillo et Samuel Dufour sont accusés du crime de violences volontaires ayant provoqué la mort de Clément sans l’intention de la donner, avec la circonstance aggravante qu’elles ont été commises en réunion et avec armes. Ils sont aussi accusés avec Stéphane Calzaghe et Alexandre Eyraud d’avoir blessé M. et S. en réunion et avec usage ou menace d’armes, ainsi que de violences en réunion sur A..

Les conclusions de l’enquête et l’ordonnance de mise en accusation confirment le récit des amis de Clément qui n’a jamais varié.

Rappel du récit des camarades : S., A. et M. ont croisé trois skins (Samuel Dufour, Alexandre Eyraud et l’amie de ce dernier) dans les locaux d’une vente et les ont vu ranger des poings américains dans les sacs déposés en consigne. S., réagissant au message raciste affiché sur le vêtement de l’un d’entre eux, les a interpellés. Le groupe d’amis a ensuite attendu dans la rue le départ des néonazis pour que Clément, qui les avait rejoints avec retard, puisse s’y rendre à son tour. Un vigile alerté par les skins est venu leur demander de s’en aller. Ils lui ont alors signalé que les skins avaient rangé des poings américains dans leurs sacs et ils s’attendaient à les voir sortir encadrés par des policiers qui se trouvaient sur les lieux.

Il n’en a, hélas, rien été : lorsque Esteban Morillo (appelé en renfort), Samuel Dufour et Alexandre Eyraud sont sortis de l’immeuble de la vente, ils se sont dirigés directement vers le groupe des camarades. Alors qu’ils étaient tout près, M. leur a demandé de ne plus avancer. Esteban Morillo a alors frappé Clément d’un premier coup avec un poing américain, et la bagarre a commencé. Clément s’étant dégagé pendant qu’A. et S. contraient E. Morillo et que M. était aux prises avec Samuel Dufour (également armé), il est revenu vers l’agresseur qui lui tournait le dos. Esteban Morillo l’a alors à nouveau frappé, à mort. Le combat s’est poursuivi quelques secondes encore avant que l’un des skins donne le signal du repli et de la fuite.]

Les points essentiels de l’ordonnance de mise en accusation

1. L’origine de la confrontation violente : selon l’ordonnance, les images de vidéo-surveillance enregistrées le 5 juin 2013 rue Caumartin montrent que l’agression a eu lieu tout près du mur contre lequel se tenaient Clément et ses camarades et que ce sont les néo-nazis qui, contrairement à leurs déclarations, sont venus à leur contact. La légitime défense invoquée par les skins est donc écartée, tandis qu’elle est retenue au profit de M. pour les coups portés à Samuel Dufour.

Ainsi, l’ordonnance coupe court aux mensonges odieusement diffusés dans certains médias et sur les réseaux sociaux à propos du contenu de ces images : contrairement à ce qui a été répandu, elles ne montrent pas Clément agressant, qui plus est « par derrière », Esteban Morillo.

2. Le caractère collectif de l’agression : l’ordonnance se réfère aux expertises médicales selon lesquelles Clément a reçu au moins trois coups (et pour l’une d’entre elles, au moins cinq) « très violents ». Esteban Morillo n’admet en avoir donné que deux. La mise en accusation relève que certains témoins déclarent avoir vu Samuel Dufour frapper Clément et rappelle le texto dans lequel celui-ci s’en vantait lui-même le soir des faits. Elle note surtout que Samuel Dufour et Esteban Morillo ont agi comme des coauteurs d’une scène unique de violences, et qu’en conséquence ils doivent être jugés pour des coups mortels en réunion sans qu’il soit besoin de préciser la nature des coups portés par chacun d’entre eux.

3. L’usage de poings américains contre Clément et ses camarades : fortement discutée tout au long de l’enquête, l’utilisation d’armes est retenue par la mise en accusation.

L’autopsie pratiquée sur Clément avait émis des doutes sur l’usage d’un poing américain, au motif principal qu’on ne constatait pas de fracture des os propres du nez. L’expertise médicale suivante, tout en remarquant que les traces des coups sur le visage de Clément évoquaient l’emploi d’un objet métallique, se refusait à trancher en raison des hésitations de l’autopsie.

Une dernière expertise, utilisant une technique informatique plus performante, a remis en cause ces analyses en révélant que les os propres du nez étaient bien brisés. Aussi conclut-elle à la possibilité d’usage d’un poing américain, conclusion que conforte, selon elle, une ecchymose sur le visage de Clément « très évocatrice de l’usage d’un instrument métallique de type poing américain ».

L’ordonnance de mise en accusation constate par ailleurs que plusieurs témoins ont vu l’auteur des coups sur Clément armé d’un poing américain, et que Samuel Dufour s’en flatte dans le SMS envoyé à un ami après les faits.

La défense d’Esteban Morillo a annoncé vouloir faire appel de cette mise en accusation. Ce recours retardera la saisine de la Cour d’assises de Paris.
En tout état de cause, compte tenu de l’engorgement de celle-ci, le procès ne devrait pas avoir lieu avant un an, au moins.

Bretagne_Info_Fresque_Antifasciste_Naoned_Antifa_Breizh_Enepfaskour_Clement_Meric
Fresque hommage à Clément Méric réalisée à Nantes / Naoned