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Plus de 20 000 personnes ont marché le 3 juin à Glasgow en faveur de l’indépendance de l’écosse et de la tenue d’un référendum sur cette question dans les prochains mois et ce à quelques jours des élections législatives. Jamais autant de gens n’avaient marché dans les rues d’Écosse pour l’indépendance et c’est d’abord une énorme claque pour les unionistes et les conservateurs qui claironnaient il y a peu que cette revendication ne faisait pas partie des préoccupations des Écossais.

Objectif atteint également par ce qu’il s’agissait de montrer au Parti National Écossais (SNP) qu’il devrait faire avec la volonté populaire dans les mois à venir et organiser ce second référendum coute que coute.

Ar Gwenn Ha Du e Glaschù !

Une délégation de la Gauche Indépendantiste Bretonne a pris part à cet évènement et souligne combien le rôle de militants historiques du camp indépendantiste et socialiste, notamment Tommy Sheridan et son parti “Solidarity” ou encore le Scottish Republican Socialist Movement de Donald Anderson, a été déterminant. De nombreuses sections et adhérents du SNP ont répondu présents et fait le succès de l’évènement malgré les réticences de la direction du parti qui ne souhaitait pas vraiment se donner les moyens de mobiliser pour cette initiative.

De très nombreux slogans anti-Tories (contre les conservateurs unionistes et les faux socialistes du Labour Party) ont été entendu tous le long du cortège très familial et pacifique, de larges groupes de migrants Indiens et Pakistanais ont rejoint le cortège comme des républicains Irlandais, les pancartes anti-austérité et contre le nucléaire en nombre rappelaient le contenu social de la revendication indépendantiste.

Non à l’austérité, aux Tories et au Trident !
Skos dizalc’h !
Les républicains socialistes de l’IRSP Irlandais

 

Les Sikhs pour l’indépendance !

@photos Bretagne-info

Compagnon de route des courants socialistes républicains irlandais, Liam Ó Ruairc a été un contributeur fréquent du (regretté !) site francophone Libération Irlande jusqu’à sa fin en 2013. Il répond ici à cinq questions posées au sujet du Brexit. Nous l’avons sollicité pour répondre à cette interview dans les jours qui ont suivit la victoire des partisans du Brexit, et nous le remercions vivement pour ses réponses.

Bretagne Infos.

I. QUELLES FORCES POLITIQUES ONT FAIT CAMPAGNE POUR LE ‘LEAVE’ EN IRLANDE DU NORD ?

Le 23 Juin 2016 l’éléctorat du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord a été appellé à se prononcer pour savoir si le Royaume-Uni devait rester ou quitter l’Union Européenne. Le taux de participation a été important, avec 72.2% de participation de l’électorat. Quitter l’Union Européenne a remporté avec 51.9% des votes, contre 48.1% préférant rester. Les endroits où le vote en faveur de rester dans l’Union Européenne a été le plus élevé sont Londres, l’Écosse et l’Irlande du Nord.
En Irlande du Nord le vote en faveur de rester dans l’Union Européenne s’élevait à 55.8%, contre 44.2% pour la quitter. Tous les partis unionistes et groupes loyalistes à l’exception du parti unioniste UUP ont fait campagne pour sortir de l’Union Européenne. Les deux partis qui représentent la vaste majorité de l’éléctorat nationaliste, le SDLP et le Sinn Féin de Gerry Adams ont appellé à voter pour rester dans l’Union Européenne. L’Irlande du Nord est divisée en 18 circonscriptions électorales, et sur celles-ci 11 ont voté pour rester et 7 pour se retirer de l’Union Européenne. Sans surprises, toutes les 7 où le Brexit l’a emporté ont une majorité unioniste et la majorité des 11 qui ont voté pour rester une majorité nationaliste. Des estimations fiables estiment que 70% de l’électorat unioniste a voté Brexit et entre 80% et 90% de l’électorat nationaliste a voté pour rester dans l’Union Européenne. Les médias ont souligné l’ironie du fait que la vaste majorité des unionistes et des loyalistes ont voté pour ‘Brits Out’ (‘Anglais dehors’) alors que la vaste majorité des nationalistes ont voté ‘Brits In’.
La question du Brexit n’a pas suscité en Irlande du Nord les passions que ce débat a généré dans le restant du Royaume-Uni. Cela peut être illustré par le fait que seul 62.69% de l’électorat en Irlande du Nord a participé au référendum contre une moyenne nationale de 72.2%. L’Irlande du Nord est fortement représentée parmis les circonscriptions électorales où la participation a été la plus faible. Cela dit, ce référendum a vu en Irlande du Nord le plus haut taux de participation électorale depuis 1998. Pour prendre un exemple récent, lors des élections pour le parlement d’Irlande du Nord du 5 Mai 2016, le taux de participation électorale était de 54.9%. La diminution du taux de participation électorale en Irlande du Nord depuis 1998 est symptôme d’un climat général de dépoliticisation, mais cela n’explique qu’en partie l’indifférence de l’électorat pour la question de se prononcer si il faut sortir de l’Union Européenne. Il est important de souligner que les problèmes qui ont étés au centre du débat sur Brexit dans le reste du Royaume-Uni -l’immigration et la sécurité en particulier- ont une importance négligeable en Irlande du Nord. Ici l’immigration n’existe pas véritablement comme ‘problème’ et les gens n’ont pas la même motivation qu’ailleurs de voter pour freiner soi-disant les hordes migratoires à qui l’Union Européenne permettrait d’ “envahir” la Grande-Bretagne.
Car il faut souligner que dans le cadre général du Royaume-Uni ce sont les forces les plus rétrogrades qui ont dominé le débat sur le Brexit (Boris Johnson, Nigel Farrage etc), les forces anti-capitalistes ou anti-impérialistes avaient un poids marginal. Ceux qui appellaient à voter pour un retrait de l’Union Européenne sur base d’un ‘Lexit’ (‘Left Exit’ – sortir de l’Union Européenne sur la gauche) étaient une force très minoritaire. En Irlande du Nord les arguments en faveur du Brexit ont été en vaste majorité faits par des Unionistes et des Loyalistes sur base d’une nationalisme Anglo-Britannique rétrograde. Il y avait un courant minoritaire appellant à une sortie de l’Union Européenne sur une base anti-capitaliste et anti-impérialiste.

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Chez les républicains les plus visibles ont étés le parti socialiste républicain Éirígí (1) ou l’ex-prisonnier républicain et gréviste de la faim en 1980 Tommy McKearney (2). La gauche anti-capitaliste (mais non-indépendantiste) –People Before Profit- s’est également mobilisée pour un retrait sur cette base. Sur base des résultats, leurs consignes de votes n’ont eu aucun impact. Prenons l’exemple de la circonscription électorale de Belfast Ouest dans laquelle je réside. Lors des élections du 5 Mai 2016, Gerry Carroll le candidat de la gauche anti-capitaliste People Before Profit a été remarquablement élu en tête de liste avec 8299 votes loin devant le candidat du Sinn Féin arrivant en seconde place avec 4769 votes – ce sur un taux de participation de 56.7%. Gerry Carroll a appellé a voter pour une sortie de l’Union Européenne sur une base anti-capitaliste. Lors du référendum du 23 Juin 2016, la circonscription électorale de Belfast Ouest a voté 74.1% en faveur de rester dans l’Union Européenne contre 25.9% pour en sortir. Le taux de participation était de 48.9%, un des plus bas de l’ensemble du Royaume-Uni. Vu la faiblesse et le faible poids des forces ‘progressistes’ ce sont essentiellement les courants les plus rétrogrades qui vont profiter du Brexit. Ce n’est pas un ‘Lexit’ mais plutôt un ‘Rexit’ – une sortie de l’Union Européenne sur la droite.
D’ailleurs le plus notable depuis le résultat du référendum est une explosion d’attaques et d’agressions racistes. Selon certaines sources, ce genre d’attaques a augmenté par 57% durant les sept jours qui ont suivit la victoire du Brexit. (3) Le pire jour a été le 25 juin qui a vu une moyenne de 12 attaques par heure. Comparé à la même période en 2015, la période entre le 16 et le 30 juin a vu une augmentation de 42% d’agressions racistes dans le Royaume-Uni. (4) Les minorités raciales, étrangers résidant en Irlande du Nord témoignent d’une situation très tendue et qui s’est dégradée depuis le référendum. (5) Pour prendre un exemple que je connais, comme les médias l’ont rapporté, dans les jours suivant la victoire du Brexit, Mohammed Samaana, un camarade Palestinien travaillant comme infirmier dans un hôpital à Belfast a été insulté en public dans le centre ville de Belfast par des gens lui disant de “rentrer chez lui” (sic !) car le Brexit avait gagné – ce genre de choses n’était pas arrivé au cours des plus de 15 années pendant lesquelles il a travaillé ici. (6) Bernadette Devlin-McAliskey, figure historique de la résistance irlandaise opposée au processus de pacification et sans illusions dans l’Union Européenne ne peut célébrer le Brexit, car selon elle ce sont ce genre de tendances racistes, xénophobes et rétrogrades que Brexit encourage et nourrit. (7) Comme l’a rappellé Étienne Balibar, le Brexit est l’anti-Grexit. (8) Beaucoup de républicains croient que Brexit affaiblit l’impérialisme. (9) Mais mon avis est que ce ne sont pas les tendances anti-capitalistes et anti-impérialistes qui vont profiter du Brexit. Le principal gagnant est un nationalisme anglais rétrograde.

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Matériel de propagande de Eirigi

II. POURQUOI LE SINN FÉIN DIRIGÉ PAR GERRY ADAMS A-T-IL FAIT CAMPAGNE POUR LE REMAIN? PAR PUR OPPORTUNISME OU POUR AFFAIBLIR L’ÉTAT BRITANNIQUE OU PAR INTÉGRATION DE CE PARTI DANS UN ESPACE POLITIQUE NORMALISÉ ET SON ACCEPTATION DES VALEURS PRO-UE ?

D’un point de vue général, le parti de Gerry Adams est passé d’une position d’opposition à ce qui était la Communauté Européenne puis Union Européenne à une position d’ “engagement critique” et finalement à une position d’acceptation de l’Union Européenne avec certaines réserves. (10) Ce changement de positions est apparue pour Anthony Coughlan -principale figure publique opposée en Irlande au projet de construction européenne depuis les années ’60- comme étant un abandon de la perspective républicaine irlandaise traditionelle sur la construction de l’Europe du marché commun. (11)
Dans le cadre particulier de la question du Brexit, la position du parti de Gerry Adams a plus à voir avec le fait qu’une sortie du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord représenterait un pas en arrière pour la stratégie du parti en Irlande. (12) Un pas en arrière pour trois raisons. Premièrement le parti de Gerry Adams croit que la marche vers l’unification de l’Irlande est inéluctable, et dans le cadre de la construction européenne la frontière et la partition de l’Irlande apparaissent comme un anachronisme. Une sortie de l’Union Européenne ne pourra que renforcer cette frontière et la partition de l’Irlande avec retour des postes de douanes, contrôles de police etc que l’Union Européenne est sensée dilluer. Deuxièmement les Accords du Vendredi Saint de 1998 ont incorporé d’importantes léglislations européennes relatives aux droits humains et l’égalité au niveau juridique. Le Brexit veut dire que ces conquêtes et les Accords de 1998 sont fragilisés ou remises en question. Troisièmement, l’Union Européenne est source de financements importants donnés dans le cadre du ‘processus de paix’. Les trois programmes PEACE de l’Union Européeenne ont donné de 1995 à 2015 €1.3 milliard à l’Irlande du Nord. Le programme PEACE IV a donné le 14 janvier 2016 encore €269 millions jusque en 2020.Ces financements vont par exemple pour des groupes d’ “ex-combattants”, d’anciens prisoniers républicains. Les financements que les militants du Sinn Féin ont obtenu de l’Union Européenne se comptent en millions d’Euro. (13) Le Brexit veut dire que la base du parti de Gerry Adams va perdre d’importantes sources de financements. Se prononcer en faveur d’un retrait de l’Union Européenne aurait été pour le parti de Gerry Adams scier la branche sur laquelle il est assis.

III. QUELLES PERSPECTIVES CONCRETES ENTRAINE CETTE VICTOIRE DU ‘LEAVE’ POUR LES PARTISANS D’UNE IRLANDE UNIE, ET PLUS CONCRETEMENT QUELLES PEUVENT ETRE LES CONSEQUENCES SUR LE PRETENDU PROCESSUS DE PAIX?

L’historien britannique John Newsinger avait décrit le processus de pacification comme étant la reconstruction de l’ordre bourgeois dans le cadre non de l’Empire Britannique, comme le traité de 1921,mais dans le cadre de l’Union Européenne. Les Accords de 1998 étaient construits sur l’idée que les États britannique et irlandais allaient continuer a faire partie de l’Union Européenne. Comme l’indique ma réponse à la question précédente tout un ensemble d’aspects juridiques incorporés dans les Accords de 1998 risquent d’être remis en question. Vu que ça retire l’aspect européen, le Brexit change le contexte dans lequel le processus de pacification se construit.
Les résultats du référendum sont une injection de réalité. Ils montrent que la frontière, la partition de l’Irlande sont toujours là et vont se renforcer. Le fait que Theresa Villiers, la Secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord refuse de donner à l’Irlande du Nord ,le droit de négocier un statut spécial au sein de l’Union Européenne montre que le véritable pouvoir se trouve à Londres et non au sein de l’Assemblée d’Irlande du Nord, et que ce pouvoir se moque de ce que la majorité -55.8%- de l’électorat d’Irlande du Nord souhaite. (14)

IV. QUELLE EST L’IMPORTANCE DU DÉBAT SUR L’INDÉPENDANCE DE L’ÉCOSSE ET UN ÉVENTUEL RÉFÉRENDUM EN IRLANDE?

Avec 62% en faveur de rester dans l’Union Européenne, l’Écosse a eu le taux le plus élevé du Royaume-Uni de l’électorat pour ‘remain’. Suite à la victoire du Brexit, le Premier Ministre de l’Écosse Nicola Sturgeon parle d’organiser un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Écosse si la Grande Bretagne sort de l’Union Européenne.

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Si la question de l’indépendance de l’Écosse accentue la crise de l’État britannique, un référendum en Écosse est quelque chose de très différent qu’un référendum en Irlande. Les paramètres et préconditions pour un référendum sur la réunification possible de l’Irlande sont entièrement déterminés par l’État britannique, alors que les écossais peuvent décider quand ils veulent un référendum et quelles sont les questions posées. En vertu des Accords de 1998, un référendum sur la réunification de l’Irlande ne peut avoir lieu qu’une fois tous les sept ans. L’unité irlandaise se produit si cette option est soutenue par une majorité en Irlande du Nord et une majorité en République d’Irlande dans un référendum séparé. Très important, dans le cadre de l’Écosse il n’y a pas de controverses sur l’unité légitime pour l’autodétermination, alors que considérer les six comtés que comprend l’Irlande du Nord comme l’unité légitime pour l’autodétermination a peu de raison d’être politiquement, géographiquement ou historiquement. Les républicains diront que l’unité légitime sont les 32 comtés de l’Irlande, pas deux référendums séparés dans deux entités de 6 et 26 comtés basés sur des questions différentes. En Irlande l’unité pour l’autodétermination -et donc la démocratie- est fracturée, mais pas en Écosse. Les choses sont aussi compliquées par le fait que l’ancien Taoiseach (Premier Ministre) du gouverement de Dublin Bertie Ahern (qui avait négocié les Accords de 1998) a déclaré qu’une simple majorité -51% par exemple- ne serait pas suffisante pour une Irlande unie. (15) Les paramètres et préconditions pour un référendum sur la réunification possible de l’Irlande sont entièrement déterminés par l’État britannique. En vertu de la législation actuelle (Schedule 1 of the 1998 Northern Ireland Act), le gouvernement britannique par le biais de son Secrétaire d’État décrète que premièrement lui seul peut ou non faire appel à un référendum, deuxièmement décider de “la ou les questions qui doivent être posées”, et troisièmement n’organiser un référendum que si le Secrétaire d’État estime qu’il est probable “que la majorité des votants exprimerait le souhait que l’Irlande du Nord devrait cesser de faire partie du Royaume-Uni et faire partie d’une Irlande unie.” Après le référendum sur Brexit, le Secrétaire d’État à l’Irlande du Nord a exclu un référendum sur une Irlande unie sur base qu’un changement n’est pas susceptible d’être approuvé. L’opposition à un référendum sur la réunification de l’Irlande a aussi été exprimée ces derniers jours par le Premier Ministre du Royaume-Uni David Cameron et le Taoiseach (Premier Ministre) du gouvernement de Dublin Enda Kenny et son Ministre des Affaires Étrangères Charlie Flanagan. (16)

V. COMBIEN DE PERSONNES SONT DÉTENUES EN IRLANDE ACTUELLEMENT DANS LE CADRE DU CONFLIT ?

La libération anticipée des prisonniers suite aux Accords de 1998 pourrait donner l’impression que ce sujet est à présent résolu. Mais le problème est que il continue à y avoir des prisonniers républicains, même si ils sont beaucoup moins nombreux que durant la période 1969-1998. Environs 300 républicains ont été emprisonnés entre 1999 et 2009 au sud et au nord de l’Irlande, en Angleterre et ailleurs. Selon les statistiques fournies par les autorités pénales, fin 2015 il y avait un total de 54 républicains emprisonnés à Roe House dans la prison de Maghaberry en Irlande du Nord et environs 40 dans la prison de Portlaoise dans le sud de l’Irlande. Au moins quatre de ces prisonniers sont condamnés à perpétuité, parmis eux les ‘deux de Craigavon’. Ceux-ci sont emprisonnés à vie pour avoir tué un gendarme en 2009, mails il y a de sérieuses raisons de penser qu’ils sont innocents et une campagne importante a été mise en place pour les innocenter. Dans certains cas, comme actuellement celui de Tony Taylor, les républicains sont emprisonnés sans accusation ni procès. Dans le nord fin 2015 il y avait aussi 53 loyalistes incarcérés à Bush House dans le prison de Maghaberry mais pour des délits de droits commun (traffic de drogues etc) Dans le nord, les prisonniers politiques représentent actuellement environs 3.5% de la population carcérale qui s’élève aujourd’hui à 1507 détenus. Les prisonniers ‘sociaux’ sont beaucoup plus nombreux que les ‘politiques’ vu que l’Irlande du Nord a le plus haut taux du Royaume-Uni de gens en prison pour non-paiement de dettes. L’État britannique a décidé d’abolir tous les gains et privilèges obtenus dans les luttes carcérales durant le conflit et de traiter les républicains emprisonnés après les Accords de 1998 comme des criminels ordinaires. Cela a donné lieu à une série de luttes depuis 1999. Comme durant les années ’70, les prisonniers républicains ont mené une grève de l’hygiène du 4 avril au 12 août 2010 et du 6 mai 2011 au 20 novembre 2012 pour protester contre le fait d’être bloqué en cellule 23 heures par jour et les fouilles corporelles brutales. Le système carcéral n’a pas subit de réformes après 1998, et en 2011, une commission officielle a admit que le régime carcéral en Irlande du Nord était “ oppressif ”. Si en Grande Bretagne il y en moyenne trois gardiens pour 12 prisonniers, en Irlande du Nord la moyenne est de cinq gardiens pour trois prisonniers, soit six fois plus. Dans le cadre de cette situation, les républicains ont éxécuté deux gardiens de prison, le 1 Novembre 2012 et le 4 Mars 2016. La situation des prisonniers occupe une part très importante (disproportionnée peut-être) des activités des organisations républicaines opposées au processus de pacification.

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NOTES

(1) Gerry Moriarty, Éirígí backs Brexit with Northern Ireland poster campaign, Irish Times, 30 May 2016
(2) Rodney Edwards, What Brexit means for ex-hunger striker Tommy McKearney, Irish Times, 30 June 2016
(3) Peter Geoghean, Brexit result triggers wave of hate crimes in UK, Irish Times, 1 July 2016
(4) Hayden Smith, Police faced big spike in hate crimes in June, Belfast Telegraph, 9 July 2016
(5) Amanda Ferguson, Ethnic minorities in NI warn of rise in racist abuse since Leave vote, Irish Times, 28 June 2016
(6) Jonny Bell, Belfast nurse told ‘You from the EU? F*** off back to your country’ during night out in city, Belfast Telegraph, 28 June 2016
(7) Gerry Moriarty, Brexit campaign in North ‘played on racism and emotions’, Irish Times, 1 July 2016
(8) Étienne Balibar, Le Brexit, cet anti-Grexit, Libération, 27 Juin 2016
(9) British referendum result weakens old and new imperialism, Saoirse, July 2016
(10) Agnès Maillot (2009), Sinn Féin’s Approach to the EU: Still More ‘Critical’ than ‘Engaged’?, Irish Political Studies, 24:4, 559-574
(11) Anthony Coughlan, Sinn Féin goes Republican Lite on Brexit, Village Magazine, 20 June 2016
(12) Sarah Bardon, Sinn Féin to campaign against Brexit in EU referendum, Irish Times, 24 December 2015
(13) Maeve Sheehan, Ex-prisoners and dissidents share in €333m EU peace cash bonanza, Irish Independent, 24 January 2016
(14) Neither Holyrood nor Stormont could block Brexit, insists Theresa Villiers, Belfast Telegraph, 26 June 2016
(15) Laurence White, 51% majority not enough for Irish unity: Ahern, Belfast Telegraph, 20 November 2008
(16) John Manley, Sinn Féin call on border poll rejected, Irish News, 25 June 2016

Nous avons publié de nombreux articles sur la présence de la Gauche Indépendantiste Bretonne (Breizhistance) aux cotés du NPA sur la circonscription « Ouest » qui inclue la Bretagne pour le scrutin européen du 25 mai. Le petit tour d’horizon (non exhaustif !) qui suit essaye de faire le point sur la position des autres forces indépendantistes et souverainistes chez d’autres nations sans état d’Europe. Nous avons tenté de privilégier les mouvements ayant des similitudes politiques avec les nôtres.

Nous publierons volontiers d’autres informations sur cette élection quand nous parviendrons à collecter d’autres informations sur les consignes de vote chez d’autres nations sans état d’Europe.

La rédaction de Bretagne-info.org

Ailleurs dans l’état Français.

– En Occitanie :

Le Partit Occitan (POC) autonomiste de centre gauche membre de Régions et Peuples Solidaires comme l’UDB, sera présent Dans le Sud-Est : avec François Alfonsi, eurodéputé sortant, tête de liste Régions et Peuples Solidaires, et plusieurs colistiers du Partit Occitan, dont Anne-Marie Hautant, cheffe de file de l’opposition à Jacques Bompart à Orange et Hervé Guerrera, conseiller municipal à Aix-en-Provence ; dans le Sud-Ouest, avec Régine Barthélémy, candidate du Partit Occitan sur la liste de José Bové (EELV).

Le Parti National Occitan (PNO) qui défend une ligne nationaliste, teinté d’ethnisme, (que nous ne partageons pas !) sera présent dans la circonscription Sud-Ouest avec la la liste « Occitanie pour une Europe des Peuples » dont la tête de liste est Martine GROS. Elle revendique ainsi que l’Union Européenne reconnaisse les Occitans, les Catalans et les Basques et ne soit plus une association d’États mais une fédération des peuples.

La Gauche Révolutionaire Occitane (Libertat) n’a pas de position publiée à ce jour, mais cette organisation est peu connue pour son soutien à l’Union Européenne qu’elle combat et est rarement portée sur les pratiques électorales.

Enfin signalons l’appel du Comité de Construction du Parti communiste révolutionnaire des Terres d’Òc / Comitat de Construccion pel Partit comunista revolucionari de las Tèrras d’Òc en faveur “de toutes les initiatives de vote blanc ou plutôt NUL, à condition d’inscrire sur le bulletin vierge un message révolutionnaire explicite (faucille et marteau ou autre symbole révolutionnaire, slogan etc.)…” Position nuancée pour la Bretagne et la circo “Ouest”.

oc

En Corse :

Corsica Libera (indépendantiste) n’avait pas donné de consignes de vote en 2009. Nous ne connaissons pas leurs position pour cette année.

Le PNC (Parti de la Nation Corse, Autonomiste centriste) mènera donc la liste “Sud Est” avec François Alfonsi (EELV), eurodéputé sortant, tête de liste Régions et Peuples Solidaires avec le Parti de la Nation corse des Occitans (Partit Occitan), des Arpitans (Mouvement Région Savoie) et des Imazighen (“Berbères”).

A Manca (la Gauche Nationaliste Corse organisation associée au NPA) avait concouru en 2009 avec le NPA sur la circo « Sud Est ». Cette année ni le NPA ni A Manca ne seront présents sur cette zone. A Manca déclare donc « Pour notre part, nous avons cru un temps que ces élections pouvaient constituer une tribune. Force est de constater que les travailleurs rejettent ce système. Ils le font, encore pour l’heure, de manière passive en s’abstenant. Une partie y participe en usant de votes qu’ils croient anti-système et qui profitent à l’extrême- droite. (…) Nous appelons les travailleurs, les chômeurs, les retraités et l’ensemble de celles et ceux que ce système écrase à ne pas participer aux prochaines élections européennes

Au Pays Basque Nord les abertzales (patriotes) de gauche du nord du Pays Basque sont regroupés au sein de “EH BAI” (Oui à la Nation Basque). Soucieux de renforcer le regroupement des forces de la gauche basque des deux cotés des Pyrénées deux de ses membres seront intégrés au sein de la liste constituée par EH Bildu et d’autres forces dans l’État espagnol (voir plus bas). Lire à ce sujet l’article de Jakez Borthairou dans l’hebdo Enbata.

En Martinique, Guadeloupe, Kanaky, Guyane, Polynésie : les forces indépendantistes appellent traditionnellement au boycott de ce scrutin.

Dans l’état espagnol :

Au Pays Basque et… ailleurs.

On peut constituer dans cet état une liste par état ce qui favorise la visibilité des forces défendant une ou des nations opprimées. C’est pourquoi la coalition basque de gauche EH Bildu (qui regroupe l’ex Batasuna et d’autres formations basques issues d’un environnement politique moins radical) a construit une plateforme électorale appelée “Los pueblos deciden” (Les peuples décident) aux cotés des Galiciens du BNG, des Canariens (Alternativa Nacionalista et Unidad del Pueblo) , des indépendantistes Aragonais Puyalon de Cuchas, et des Asturiens d’Andecha Astur. Cette liste menée par le député Basque au parlement de Madrid Jon Iñarritu s’oppose à l’Europe des capitalistes et de la Troika et prétend soutenir les processus en cours en Ecosse, Catalogne et Pays Basque vers l’indépendance. Le droit à l’autodétermination des Asturiens, Canariens et Aragonais sont bien sur défendu. Cette liste qui défend aussi le droit à l’avortement essaye comme d’autres de se faire l’écho des mobilisations contre l’austérité qui ont secouées tout l’état espagnol ces derniers mois.

los pueblos deciden

Dans les Pays Catalans : Les Candidatures d’Unité Populaire (CUP Gauche Radicale Indépendantiste) qui ont plus de 100 conseillers municipaux et quatre députés au parlement de Barcelone ont décliné l’offre des forces de “Los Pueblos Deciden” et ne participent pas au scrutin, et rappellent leur rejet de l’UE et du capitalisme.

ERC (La Gauche Républicaine Catalane), formation historique du nationalisme catalan a constitué sa propre liste avec le soutien de deux autres petites formation NeCAT et Catalunya Sí. Elle a naguère eu des élus au parlement européen. ERC a déja cogéré la Généralitat de Catalogne en coalition avec le PS Catalan. Ce qui éclaire sur ses vélléités de rupture avec les politiques d’austérités.

galiza

En Galice : Si la plus vieille et plus influente formation nationaliste de gauche le Bloc Nationaliste Galicien a choisi comme dit plus haut de se joindre a “Los pueblos deciden” ce n’est pas le cas de tout le monde. L’ex militant et leader du BNG Xose Manuel Beiras a formé avec d’autres indépendantistes tel le FPG une nouvelle formation : ANOVA qui dispose tout de même de quatre député au parlement autonome Galicien. Sous le slogan “e a hora do pobo“ (c’est l’heure du peuple) et sous la direction de Lidia Senra elle concourra pour ce scrutin avec notamment des membres Galiciens de Izquierda Unida (PC espagnol) dans le cadre de la coalition “Alternativa Galega de Esquerda“ (Alternative Galicienne de Gauche). La rupture avec le régime monarchique madrilène des Bourbons, la défense des droits nationaux du peuple Galicien sont mis en avant comme une certaine proximité avec la formation grecque de gauche SYRIZA.

La plateforme électorale de la gauche indépendantiste radicale NOS-UP a elle aussi refusé l’offre de “Los Pueblos Deciden”.

Tout comme les indépendantistes castillans de Izquierda Castillana. 

Nous ne connaissons pas le point de vue de CUT/BAI du célèbre Sanchez Gordillo émanation électorale du Syndicat Andalou des Travailleurs (SAT/SOC).

Pour en finir avec ce petit tour de l’état espagnol, soulignons que contrairement avec ce qui existe dans l’extrême-gauche française, plusieurs partis et formations de la gauche radicale “Espagnole” soutiennent le droit à l’autodétermination des peuples vivant dans cet état. C’est le cas notamment de “Corriente Roja” et du “Parti Communiste des Peuples d’Espagne” qui se présentent séparément à ce scrutin.

Nul doute que ce sera pour ceux qui participent ou non au scrutin l’occasion de dénoncer le sort des détenus politiques Basques, Catalans, Galiciens et le durcissement de l’arsenal répressif du régime.

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En Écosse :

Le SNP, parti nationaliste Écossais (indépendantiste centre gauche) sera présent. Cette formation avait deux députés au parlement de Strasbourg et pense pouvoir en gagner un troisième. Le SSP (Parti Socialiste Écossais, indépendantiste d’extrême-gauche) présent en 2009 sera absent. Il a perdu beaucoup de son influence en tant que parti mais ses membres et ex électeurs sont très actifs dans la perspective du referendum d’indépendance de novembre 2014 au sein de la coalition “Radical Independence Conference”.

En Irlande :

LeSinn Fein (Provisoire) de Gerry Adams et Martin Mc Guiness pense améliorer son score et passer de un à deux ou trois députés à Strasbourg en se présentant en champion de la lutte anti austérité. Les républicains “dissidents” : 32 CSM, Republican Sinn Fein, Eirigi, ISRP… semblent absents du scrutin et nous ne connaissons pas à ce jour leurs positions. L’appel au boycott semble probable.

Notons toutefois une influence républicaine au sein de la coalition “People Before Profit Alliance” qui sera présente le 25 mai et qui quoique sous l’influence du Socialist Workers Party (trotskyste) prend l’Irlande des 32 comtés comme cadre politique. Beaucoup de syndicalistes et de féministes s’y investissent et contestent l’ordre néoliberal. Parmi les revendications le refus de l’utilisation de l’aéroport de Shannon par les avions de l’armée US pour ses campagnes impérialistes en Irak et le transfert des détenus de la CIA par ce lieu.

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Au Pays de Galles :

Le Plaid Cymru sera de la partie pour ce scrutin, le vieux parti nationaliste de centre gauche qui gauchise un peu son discours sous l’influence de l’antimonarchiste, féministe et socialiste Lean Woods avait déjà une député au parlement Européen (Jill Evans). Toutefois son propos est loin d’être vraiment en rupture avec les institutions européennes.

En Sardaigne :

L’ile sous occupation Italienne connait une intense activité politique spécifique. Il existe plusieurs formations politiques indépendantistes de gauche telle A Manca Pro S’indipendenza et Sardigna Natzione. Cette dernière fait campagne pour le boycott en raison de la non existence d’une circonscription spécifique à la Sardaigne qui se retrouve à voter avec la Sicile.

 

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La Gauche Indépendantiste Bretonne s’est toujours engagée dans la lutte contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Nous l’avons toujours dit ce projet est dépassé, mal situé, destructeur et traduit cette tendance qu’ont beaucoup d’élus locaux à placer nos richesses naturelles dans les mains de la finance et de multinationales. Est-il encore utile de rappeler que la concession de l’aéroport de NDDL a été donné à Vinci ?

Depuis l’automne 2012, avec les premières tentatives d’évacuation de la zone de construction (rebaptisée Z.A.D, zone à défendre, par les opposants) , la lutte a pris une dimension européenne. Elle s’est amplifiée et est aujourd’hui à un tournant, notamment depuis les autorisations de travaux concernant les espèces animales, signées fin décembre 2013 par le préfet. 

Si nous voulons préserver notre terre à Notre-Dame-des-Landes et mettre à bas la collaboration étatique avec le grand capital nous devons manifester en masse le 22 février à Nantes !

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Aurions-nous songé il y a 10 ans que le principal promoteur politique de ce projet, alors maire de Nantes et contre lequel nous nous battions, serait aujourd’hui le chef du gouvernement français ! Ce gouvernement dirigé par le Parti “Socialiste” qui avec le renfort de ses alliés écologistes d’EELV cherche à imposer par la force et coûte que coûte la lubie de l’ancien maire nantais, Jean-Marc-Ayrault.

Les confrontations directes ayant eu lieu avec les forces de l’ordre à Rennes, lors d’une manifestation contre la tenue d’un meeting du FN à la  salle de la Cité, symbole de la l’histoire ouvrière, le 8 février 2013 ou le 15 février 2013  à Brec’h lors d’une manifestation des « Bonnets Rouges », font écho aux révoltes qui ne cessent d’éclater ces derniers temps partout en Europe. Elles traduisent elles aussi un moment critique de nos sociétés. D’un côté, discriminations et réflexes liberticides accompagnent une dépossession collective de l’économie au profit de la finance internationale, de l’autre résistantes et résistants essaient d’inverser la tendance en tentant d’inventer de nouveaux modèles de solidarité, de reprendre possession de nos moyens de production économique, d’en inventer de nouveaux à dimensions humaines et capables de répondre au défit climatique et à l’appauvrissement des ressources.

Dans ces moments, tout le peuple breton doit être mobilisé de Ouessant à Clisson pour déterminer la voie qu’il souhaite prendre ! Comme à Plogoff, comme au Carnet nous avons toujours gagné ! Nous avons gagné parce que nous avons lutté !

La Gauche Indépendantiste appelle l’ensemble de ses adhérents et ses sympathisants à manifester samedi 22 février à Nantes à partir de 13h devant la préfecture pour en finir avec le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et imposer un autre choix de société !

 

Luttez à nos côtés en pays de Rennes !

 

La Gauche Indépendantiste.

 

Gael Roblin inaugure notre rubrique “tribune”, il est membre de la direction de la Gauche Indépendantiste.

La rubrique tribune est ouverte à tous et toutes.

Merci Christian !

Le 10 octobre dernier le rapporteur général du budget de la Région Bretagne, c’est à dire Christian Guyonvarc’h membre de l’Union Démocratique Bretonne (UDB) se faisait remarquer en déclarant sur sa page facebook « Si l’indépendance est la seule voie qui nous est laissée pour éviter le pire, il faudra la prendre »… Un ex vice président de la région Bretagne gouvernant cette institution sans réel pouvoir avec le PS qui se prononce pour l’indépendance de la Bretagne, voilà qui a tout de suite suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. On peut le comprendre !

Certains reprochant à Christian Guyonvarc’h le manque d’indépendance de son organisation vis à vis du PS dans les institutions locales, d’autres appelant à l’union, d’autres enfin rappelant que Christian Guyonvarc’h n’exprimait qu’une opinion personnelle n’engageant que lui…

Poser l’indépendance de la Bretagne comme option politique éventuelle étant une alternative « pour améliorer les conditions de vie et la cohésion sociale » et au fascisme, voilà des propos qui ne peuvent que réjouir la Gauche Indépendantiste.  C’est affirmer que la  revendication indépendantiste bretonne se doit d’être au service du mouvement social car de la même manière il est évident que revendications écologistes et revendications sociales se sont interpénétrées en Ecosse dans les Pays Catalans pour élargir et renforcer la palette de l’opposition à l’ordre capitaliste. La revendication du droit à l’autodétermination (qui inclut l’indépendance comme option politique) comme légitimité démocratique pour s’opposer aux réformes néo-libérales et à l’ordre économique, doit pénétrer le mouvement social et l’ensemble de la société en Bretagne. Et oui, cela donne clairement plus de force à nos revendications et dame le pion à l’extrême droite sur le plan identitaire.

Mieux disant social !

On peut supposer que la vigueur du débat autour de l’indépendance en Catalogne (et dans les pays Catalans) et en Ecosse a poussé Christian Guyonvarc’h a faire cette déclaration étonnante… et réjouissante !

Car si dans ces deux nations sans état (plus pour très longtemps !) sont aux portes de l’indépendance c’est bien parce que des forces politiques ont portés sans complexe aucun pendant des années, des décennies, la perspective de l’indépendance comme option politique… et ceci en étant parfois très minoritaires.

Si Arthur Mas, président nationaliste Catalan de centre-droit, a promis de tenir en 2014 un référendum d’auto-organisation (avant de se raviser) c’est parce que ces forces ont imposés après des décennies de travail cette option indépendantiste comme une possibilité de plus en plus réaliste aux yeux du peuple Catalan comme un alternative crédible à la crise économique et au discrédit des institutions locales, étatiques, européennes…

Et si demain il tient parole, cela sera uniquement grâce à la mise en place au sein du peuple  (pas dans les institutions vieillissantes) d’un vaste mouvement de rupture démocratique qui l’y obligera, avec ou sans l’accord de Madrid et parce qu’aura progressé l’idée de la souveraineté populaire Catalane liée à la défense et la promotion d’une identité inclusive et ouverte basé sur un mieux disant social.

Qui  à part la Gauche Indépendantiste bretonne peut assumer d’avoir ici en Bretagne porté pendant des décennies et sans aucun complexe et ce  à travers diverses organisations légales ou non, l’indépendance de la Bretagne basée sur une perspective de mieux disant social ?

Ce n’est pas pour devenir les gardiens du temple d’une cause sacrée que nous le rappelons mais pour que tout le monde s’approprie cette option, et en débatte… Christian Guyonvarc’h y a contribué avec sa « petite phrase ». Merci à lui.

Independencia per canviar ho tot !  L’indépendance pour tout changer !

C’est le slogan de la gauche indépendantiste radicale des pays catalans, mais c’est aussi le notre ! Nous ne voulons pas changer de drapeau mais construire une démocratie locale garantissant au peuple breton le maximum de souveraineté pour construire une alternative à la crise économique, au chômage, à la destruction des services publics à la loi cruelle du marché et à la montée du fascisme, à l’oppression de classes et de genres.

Il n’y a pas que Christian Guyonvarc’h que l’idée d’indépendance ne laisse pas vraiment de glace… Ne serait ce qu’au conseil régional… je sais que cette option politique a été un temps celles d’autres conseillèrEs régionales que j’ai cotoyées dans un autre siècle au sein et autour de la Gauche Indépendantiste…

Mais à quoi ça sert le Conseil Régional ? Surement pas à faire avancer des débats sur plus de démocratie locale, Christian Guyonvarc’h l’a aussi rappelé sur son compte facebook : «  le Conseil régional de Bretagne attend toujours une réponse du gouvernement à sa “contribution au débat national sur la décentralisation” votée le 21 mars dernier, il y a bientôt 7 mois… »

L’avenir, l’indépendance se construit aussi ailleurs, dans la rue, tous les jours et dans les mobilisations sociales, comme option et perspective d’émancipation collective !

Disons le franchement et sans complexe :  Breizh dizalc’h evit cheñch pep tra !

Gael Roblin

Capture d’écran de la déclaration
sur facebook de Christian Guyonvarc’h,
cliquez sur l’image pour la lire :


Etats complices de la crise financière et mobilisations indépendantistes

Le 11 septembre, une manifestation pour l’indépendance de la Catalogne a réuni près de 2 millions de personnes à Barcelone, onze jours plus tard une marche était organisée à Edimbourgh pour annoncer le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse qui aura lieu en 2014. Durant l’été c’était le Syndicat Andalou des Travailleurs qui se portait en pointe du combat social européen en organisant des réappropriations collectives et des occupations lors de marches ouvrières intitulées «Andalousie debout !». De même au Québec, les élections organisées à la suite du mouvement social étudiant ont vu le gouvernement de droite libéral se faire éjecter par les indépendantistes.

En Ecosse, au Québec, en Catalogne, au Pays Basque, en Galice et même en Andalousie les politiques budgétaires antisociales des gouvernements centraux renforcent la revendication du droit à l’autodétermination comme alternative face à la crise économique. La désillusion est complète sur les gouvernements des Etats occidentaux qui ont préféré sauver les banques en 2008-2009 plutôt que de défendre leur peuple face aux spéculations des financiers. Après l’émergence, puis le déclin d’un «mouvement des indignés» qui n’a pas su donner de perspectives suffisantes aux peuples d’Europe, le réveil de certaines nations sans Etat se regarde différemment à travers le prisme d’une crise qui s’installe durablement.

Manifestation du 11 septembre à Barcelone

Nous le savons, les politiques économiques antisociales imposées par l’Union Européenne, depuis Maastricht et jusqu’au TSCG, ont participé à une montée des extrêmes droites nationalistes en même temps que les peuples perdaient peu à peu tout illusion d’une Europe symbole de fraternité et de justice sociale. Il peut paraître en ce sens déplorable que les organisations de gauche françaises n’offrent aucune analyse quant aux 2 millions de catalans (dont des ressortissants français) qui se sont mobilisés ces dernières semaines dans les rues de Barcelone, ou pire, qu’avec certains médias, ils y voit un «repli identitaire égoïste comparable en temps de crise à ce qui s’est passé dans le nord de l’Italie ou en Slovénie». Il nous parait ici nécessaire de rappeler dans quel mesure ces mobilisations participent du mouvement social contre l’austérité, et sont l’opposé d’un nationalisme fermé. A ce titre nous ne serons que conseillé le texte de Neal Baxter, militant indépendantiste galicien, envoyé en guise de réponse à un article paru dans le Tout est nous n°159 (organe du NPA)

Marche pour l’indépendance de l’Ecosse, 22/09/12

Bien sûr Arthur Mas, à la tête du gouvernement catalan, qui a convoqué de nouvelles élections pour novembre et dans lesquelles la question du droit à l’autodétermination sera centrale, et Alex Salmond, premier ministre du gouvernement écossais, sont loin d’être de férus anticapitalistes. Néanmoins leurs discours sur la question nationale se base clairement sur une aspiration populaire à une politique de justice sociale face à l’austérité. Pour le cas d’Arthur Mas, il y est même contraint par les mobilisations sociales et nationales. Lors de la marche du 22 septembre à Edimbourgh, la mobilisation s’est clairement faite sur des mots d’ordre d’opposition à la politique d’austérité du Royaume-Uni. Alex Salmond y a pris la parole en déclarant que l’indépendance avait pour signification «l’arrêt des coupes sociales, empêcher les écossais d’aller à la guerre qu’ils ne veulent pas et éliminer les armes nucléaire du pays». Le leader du Parti Vert, Patrick Harvie, appelait à une indépendance «qui casse les pouvoirs des multinationales et des banquiers.», pendant que Denis Canavan, ancien unioniste, disait lui, qu’en tant qu’internationaliste il voyait l’indépendance comme un moyen d’atteindre la justice sociale.

Marche ouvrière andalouse du 08/09/12
Marche ouvrière andalouse du 08/09/12

De même les mobilisations et grèves contre les politiques d’austérité qui ont eu lieu cette semaine dans l’Etat Espagnol posaient clairement la question du droit à l’autodétermination en Galice, en Andalousie, en Catalogne et notamment en Pays Basque. Près de 150 000 personnes se sont mobilisées dans les rues du pays Basque le 26 septembre à l’occasion d’une grève générale à l’appel de l’ensemble des syndicats indépendantiste. Celles-ci avec une requête adressée directement aux autorités locales et demandant à passer du «j’ applique la réforme du gouvernement central parce que c’est obligatoire» au «je ne peux pas l’appliquer parce que la société du Pays Basque l’a refusée». Pendant ce temps, au sud de la péninsule, les réappropriations collectives de terres agricoles se déroulent toujours sous les couleurs blanches et vertes du drapeau andalou.

Ce constat d’interpénétration entre revendication nationale et revendication sociale pourrait être aussi fait pour le Quebec, qui après plusieurs mois d’une mobilisation contre la réforme de l’université imposée par Ottawa et le gouvernement Québecois néo-libéral, a débouché sur une victoire et le retour en avant de la revendication indépendantiste, avec la construction d’un bloc de gauche radical indépendantiste (Quebec Solidaire) s’installant durablement dans le pays.

Manifestation quebecoise Juin 2012

C’est bien le dynamisme social des indépendantistes comme force progressiste défendant le droit de la majorité sociale de chaque nation, qui permet d’expliquer pourquoi les gouvernements centraux remettent en cause l’autonomie des pouvoirs locaux et régionaux au Québec ou en Catalogne. Qui croirait, au vue de l’assujettissement de gouvernements centraux à la finance, qu’il s’agit ici d’équité territoriale à l’intérieur de ces Etats ?

La revendication indépendantiste bretonne au service du mouvement social

De la même manière qu’il est acquis que revendications écologistes et revendications sociales se sont interpénétrées pour élargir et renforcer la palette de l’opposition à l’ordre capitaliste, la revendication du droit à l’autodétermination comme légitimité démocratique pour s’opposer aux réformes néo-libérales et l’ordre économique, doit pénétrer le mouvement social en Bretagne. Elle donne clairement plus de force à nos revendications et dame le pion à l’extrême droite sur le plan identitaire. Cette conscience permet de ne pas attendre sans cesse des directives de centrales parisiennes mollassonnes et bureaucratiques, d’organiser la lutte localement quand de tous les côtés les plans sociaux se multiplient.

C’est d’ailleurs ce que nous mettions en avant au moment des grèves en Martinique et en Guadeloupe en 2009. L’aspiration indépendantiste, par sa non-sujétion au pouvoir centrale, y a permis l’émergence d’une revendication et d’un mouvement social mené localement et à la base, terriblement plus efficace que les traditionnels rendez-vous syndicaux hexagonaux.

mobilisation en Gwadloup

Malheureusement, les organisations syndicales françaises, comme le Front de gauche, ou dans une moindre mesure le NPA, voient toutes constructions de dynamique à travers la seule échelle étatique et dans le cadre d’accord entre organisations centralisées. Privilégiant ainsi le jeu électoral, parfois utile, mais au détriment du travail extraparlementaire et de la remise en cause des institutions centralistes françaises (présentées comme le nec plus ultra tricolore de l’égalité sociale face à la méchante Europe). Elles militent de facto pour le maintien des institutions françaises qui n’ont jamais garanti l’équité territoriale et un égal accès aux biens et services publics. Alors qu’un «acte III de la décentralisation» est annoncé prochainement, en même temps qu’une réforme territoriale qui laissera entrevoir le discours austère du traité budgétaire européen, nous pouvons craindre une certaine nullité en terme de revendications démocratiques. Le manque de réflexion des organisations syndicales et politiques de gauche sur la question du droit à l’autodétermination des peuples de l’hexagone, risque d’y associer thème de la «démocratie locale» et de la «décentralisation» à celui d’«austérité», sans qu’on y reconnaissance la justification d’une revendication nationale des peuples sans Etat sous domination française dans le combat pour la justice sociale et l’environnement.

Combien de temps allons nous encore attendre que les grands syndicats de Paris nous proposent une autre journée d’action (9 octobre 2012) ou que les grands partis de la gauche pas trop radicale tentent de nous emmener dans des processions préélectorales qui se déroulent à Paris (cf 30 septembre 2012) ? Alors qu’il faut construire ici des cadres de résistance pour défendre nos conditions de vie impliquant le plus grand nombre, au plus prés de la réalité sociale et ne cherchant pas le coup de comm’ du 20 heures ou un hypothétique cadre de négociation avec la nouvelle gauche plurielle de Paris

C’est bien l’auto-organisation du peuple breton et des forces sociales qui le compose, comme lors de la lutte contre le CPE (contrat première embauche ) avec l’exemple du LKP en Guadeloupe ou des actions ouvrières andalouses, qui permettra de résister directement et ici aux politiques d’austérité, et de construire les alternatives sociales au service des classes populaires et du plus grand nombre. D’une part en faisant vivre des solidarités concrètes et des revendications : droit au logement et donc le droit de légiférer localement contre la spéculation immobilière et les résidences secondaires, accès à l’énergie, aux soins, à l’éducation, aux loisirs, éradication de la précarité et du chômage par une réduction massive du temps de travail, … Ainsi qu’en menant des expérimentations sociales de rupture : réappropriation des outils de travail, occupations des terres, coopératives d’achats en circuits courts, régies publiques autogérées de production et de distribution de l’énergie, transports publics de proximité gratuits, monnaies de substitution… C’est ces pratiques qui nous amèneront à la revendication d’une souveraineté populaire en Bretagne s’exprimant en faveur d’un parlement et du droit à l’autodétermination. C’est ce type d’initiatives que nous proposons et soutiendrons partout en Bretagne.

BREIZHISTANCE-IS