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Le jour de la Diada , le 11 septembre, journée national catalane a été célébrée de façon symbolique par les étudiantEs RennaisEs de l’UEB qui appellent à manifester à Nantes le 28 septembre prochain pour le droit de décider de Brest à Clisson. 

A l’appel de l’Union des Etudiant.e.s Breton.ne.s, une quinzaine d’étudiant.e.s rennais.es ont affiché.e.s leur soutien avec le peuple catalan et la république catalane en ce jour de Diada Nacional de Catalunya, la fête nationale catalane. A Barcelone, 750.000 personnes ont pris la rue pour exiger l’application des résultats du référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017 – c’est à dire construire la République Catalane – et pour exiger la libération des prisonnier.e.s politiques. Pendant une journée campus axée sur la détente et la découverte de Villejean, ce rassemblement a été l’occasion de montrer aux étudiant.e.s que l’université est un terrain politique de premier plan pour les revendications nationales et sociales ainsi que pour la solidarité internationale. A Rennes comme à Barcelone : c’est nous qui déciderons !

Le texte qui suit est un point de vue du mouvement indépendantiste Corse “A Manca” (la gauche) .Il revient sur l’alliance entre Ada Colau Maire de Barcelone issue de la mouvance Podemos/Indignés et Manuel Valls, l’ex ministre PS dont le virage à droite tend toujours un peu plus vers l’extrême contre l’indépendantiste catalan Maragall. 

Nous partageons avec A Manca la profonde méfiance que nous inspire les mouvements “gazeux “ultra tricolores qui de ce coté des Pyrénées n’ont de cesse que de se vautrer dans le soutien à l’idée d’une république une et indivisible. Ce sont les mêmes qui ont entretenus un climax  Bleu Blanc Rouge autour de Ronds-Points en faisant copain-copain avec le parti de la droite-extrême d’Asselineau,  en entretenant un discours fort complaisant avec les brames souverainistes pro-RIC  et qui maintenant nous font injonction de participer à la campagne pour un référendum contre la privatisation de ADP. 

Ce sont les mêmes qui pourtant traitent avec un profond mépris ou une franche hostilité toute idée d’un référendum concernant l’avenir institutionnel de la Bretagne et les revendications linguistiques. La bas les “Les indignés” , ici “Les Insoumis” sont les derniers soutiens des états centralistes, ultrachauvins. Ils sont les ultimes remparts des états impérialistes français et espagnols dont ils défendent l’unité au bénéfice de la classe des exploiteurs.

Pour conclure cette courte introduction rappelons qu’en Catalogne il y a désormais 709 mairies indépendantistes. 359 pour la Gauche Républicaine Catalane ( ERC ), 370 pour JxC ( Centre droit indépendantiste ) , et 19 pour la CUP ( gauche radicale indépendantiste ). Les “Comuns” , alter égo du Front de Gauche et de la France Insoumise tiennent 12 municipalités. 

Bretagne info.

Elle ne s’est pas bouché le nez « l’indignée » Ada Colau lorsque Valls lui a apporté son soutien décisif afin qu’elle puisse continuer d’assurer les fonctions de maire de Barcelone.
Que lui importe le passé et le passif de l’ex premier ministre social-libéral d’Hollande. Elle aurait pu garder en mémoire la casse sociale et les cadeaux généreusement accordés au patronat et au monde de la finance par cet homme en réalité bien à droite. Non, avec ses amis de Podemos, elle est allée à la soupe, plus préoccupée de faire barrage à l’indépendantiste Ernest Maragall (arrivé en tête avec 5000 voix d’avance sur elle) que de la moindre éthique.
Ada Colau est donc élue maire grâce à un politicien qui a fait campagne avec le soutien de Ciudadanos, parti de droite qui n’a jamais cessé d’en appeler à la répression contre les indépendantistes catalans.

Dans le cadre des débats qui traversent le champ politique de la Catalogne, les « indignés » et leurs amis de Podemos caractérisent l’Esquerra Republicana de Catalunya (gauche indépendantiste) comme une formation modérée à qui ils reprochent de représenter les intérêts des petites et moyennes bourgeoisies catalanes. Ce qui n’est pas tout à fait inexact. Mais où mettent-ils le curseur quand ils s’allient avec Valls ? Quitte à camper sur ces positions de « gauche » pourquoi avoir accepter alors cet infect tripatouillage ? La réponse est là, lourde de sens. Tout d’abord l’ivresse stupide du pouvoir dans le cadre d’institutions dont on aurait beaucoup de mal à croire qu’elles sont l’antichambre des soviets ! En cela rien, hélas rien de bien particulier si ce n’est que cette manière de faire participe amplement à déboussoler encore un peu plus les classes populaires avec le risque d’un rejet, qui à termes ne peut profiter qu’aux populistes d’extrême droite.

Mais comme leurs amis français, plus ou moins « indignés » et accessoirement membres de la France Insoumise, ils tentent d’expliquer que les indépendantistes catalans divisent les travailleurs et œuvrent pour le renforcement du néo-libéralisme, au moins en Europe. Raisonnement qui mériterait un peu d’attention si il n’était toutefois quelque peu simpliste. La réponse à leurs arguments est venue du gouvernement central de l’État Espagnol et de la quasi totalité des gouvernements européens. Elle s’est traduite par une répression féroce et par la négation des résultats d’une consultation électorale. En résumé les libéraux européens ont fait bloc contre le mouvement indépendantistes catalans. Le néo-colonialisme s’est particulièrement fait entendre à cette occasion.
Comme leurs alter-ego de la pantelante « gauche » française et hélas, de mouvements situés à la gauche de la gauche, les « indignés » de Catalogne et d’Espagne sont dans l’incapacité de distinguer les questions démocratiques des questions révolutionnaires (pour peu qu’ils soient réellement des anti-capitalistes, ce qui est une autre histoire…). Alors plutôt que de s’accorder à lever un pan dans le système de domination des peuples, ils maintiennent le statu quo et s’assoient allègrement sur le droit des peuples à disposer d’eux mêmes !

On a beaucoup de mal à croire que ce positionnement renforce les idées de gauche mais il participe a contrario d’une dangereuse et mortelle opposition au sein des classes populaires. Malgré la proposition démocratique des indépendantistes du compromis d’une gouvernance municipale tournante, les indignés ont refusé et ils ont préféré conserver le pouvoir à n’importe quel prix.
Quoi qu’il en soit les infâmes tripatouillages des « indignés » et de leurs alliés de Podemos avec Valls ont une première conséquence : ils occultent les débats de fond et renvoient l’image dévastatrice d’une manière de faire de la politique identique à celle des politiciens « classiques » qui doivent se pourlécher les babines de cette capitulation devant l’autel de leurs systèmes.

Oui, nous sommes indignés par le comportement des «indignés » de Catalogne, qui ont abusé des espérances populaires et semé ainsi le doute et le découragement. Les trahisons coûtent toujours plus chers à ceux qui les subissent qu’à leurs auteurs.

A MANCA

 

Comme le rappelle le site du  Secours Rouge ” Samedi 13 avril, 2000 personnes manifestaient à Bastia, à l’appel du collectif I Patriotti, constitué d’anciens prisonniers politiques pour l’arrêt de toutes les formes de poursuite contre les anciens prisonniers (dont leur inscription au FIJAIT un fichier répertoriant les auteurs d’infractions terroristes), pour une libération de tous les détenus, ainsi que pour l’établissement d’un véritable dialogue sans tabou entre la Corse et la France. Le rassemblement qui a eut lieu devant les grilles du palais de justice, derrière deux uniques banderoles “A ripressione Basta” et “Liberta, ” s’est poursuivi par une marche lente tout au long du boulevard Paoli.

Le mouvement de indépendantiste de gauche “A Manca” livre  ci-après son analyse au lendemain de cette importante mobilisation qui va au delà de la seule problématique antirépressive.

La manifestation du 13 avril 2019 à Bastia est le premier aboutissement de grande importance de la démarche entamée depuis des mois par le collectif Patriotti.
2000 femmes et hommes, toutes générations confondues, ont fait entendre, dans le calme, mais avec la plus grande détermination, les voix qui se refusent à la résignation.
En créant les conditions d’un rassemblement des forces vives de notre pays la coordination composée d’associations, de syndicats et de mouvements politiques, a lancé un net avertissement à Macron et à son gouvernement : soit ils prennent en compte les aspirations populaires et ils s’engagent alors dans la voie d’une véritable solution politique, soit ils persistent dans leur posture impérialiste et dès lors, la résistance populaire montera en intensité. Car il ne peut y avoir d’autres voies.

Le terrain des luttes est réinvesti ; il faut désormais compter avec un mouvement populaire qui n’admet aucune tutelle, qu’elle soit étatique ou qu’elle émane de formations politiques qui campent sur des visions hégémoniques.
Le temps de cette manifestation, les débats entre les participants témoignent d’une réelle maturité politique. Les échanges portent évidemment sur la venue de Macron et sur ses provocations répétées. Mais ils portent également sur l’articulation entre le champ institutionnel et les mobilisations de terrain. Il n’y a pas de vindicte perpétrée à l’encontre des élus de l’actuelle majorité régionale, mais, des critiques politiques portant sur leur stratégie actuelle, se font plus clairement entendre. Personne ne souhaite couper les ponts, tous cependant remettent en cause l’hyper institutionnalisation d’une partie du mouvement national. Les discours des porte- paroles de la coordination à l’origine de cette mobilisation ont été d’ailleurs sans ambiguïté. En particulier lorsqu’il s’est agi d’évoquer sans détour le néo colonialisme et le droit des peuples à disposer d’eux mêmes. Toute tentative qui aurait comme but d’édulcorer ou de vider de leur contenu les revendications historiques du mouvement national, se heurte désormais à des consciences qui n’ont rien à voir avec de vagues sentiments corsistes.

Personne n’a été dupe des appels très tardifs pour soutenir la mobilisation du 13 avril. Ils témoignent certes de l’obligation de prendre en compte l’émergence d’une dynamique, mais ils illustrent tout autant le malaise d’une majorité régionale trop souvent préoccupée par des luttes intestines et dont on ne connaît toujours pas le véritable projet de société. Car il ne suffit plus d’aborder la question sociale comme une simple question humaniste. Elle est centrale et elle ne peut sûrement pas se résoudre avec la collaboration des grands groupes de l’agro alimentaire. Il en va de cette question comme de celle de l’avenir de nos espaces mer et montagne. Plus de quarante années de lutte ne peuvent en aucun cas déboucher sur des privatisations et ce, au nom de l’intérêt prétendu du peuple corse.
C’est de tout cela dont il s’est agi tout au long de la manifestation, sans le recours à des leaders, mais dans une libre circulation de la parole.

Alors que ferons-nous demain ? Cette interrogation était sur toutes les lèvres, car l’immense majorité des manifestants du 13 avril ne compte pas rentrer à la maison en attendant la prochaine mobilisation.
Dans la semaine, les animateurs de la coordination vont de nouveau se rencontrer. Il leur faudra tirer les premiers enseignements de la mobilisation ; le sort des détenus et des patriotes victimes de la persécution étatique exige que nous poursuivions nos efforts. Mais des liens se sont créés sur la base de réflexions politiques et ils impliquent la poursuite des débats et des actions.

Pour A Manca, est envisagée la poursuite d’échanges et de préparations de nouvelles mobilisations dans le cadre de la coordination. Dans l’histoire du mouvement national, les espaces de coordination ont souvent été des lieux privilégiés pour débattre sereinement d’une unité d’action. Les sujets ne manquent pas. Il nous faudra aussi déjouer les pièges des prochaines élections municipales qui risquent de voir se réactiver les postures hégémoniques et les démarches strictement électoralistes.

Le nécessaire front démocratique qu’il nous faut opposer à une puissance coloniale bien décider à en finir avec nous, ne peut être sacrifié au seul profit de la question des pouvoirs institutionnels. Il nous faudra tout autant nous garder des manœuvres des services de l’État français, toujours aussi disposés à jeter le trouble et à alimenter les tensions.
Il ne s’agit pas à notre sens, de fonder un énième mouvement, mais de créer les conditions afin que de nouvelles luttes puissent largement nous engager ensemble, dans le cadre du pluralisme et du respect mutuel, sur la voie d’une véritable émancipation.

A Manca.

Plusieurs médias se sont fait l’écho de la décision injuste du du Tribunal de Grande Instance du XVème arrondissement de Paris interdisant au Syndicat des Travailleurs Corses ( STC ) de concourir aux élections professionnelles dans les Très Petites Entreprises ( TPE ) qui auront lieu en décembre prochain. Cette décision répond à un recours juridique conjoint des syndicats CGT, CFDT, CFTC et FO.

Le STC créé en 1984 à l’initiative du FLNC est le syndicat majoritaire en Corse et syndique des Corses d’origine et des Corses d’adoption. Cette décision est contestée devant la Cour de cassation.

L’émotion et la mobilisation s’annoncent fortes sur l’ile. Et les commentaires sont nombreux sur les réseaux sociaux raillant le front uni entre les syndicats hostiles à la Loi Travail ( FO et CGT ) et ce qu’il faut bien appeller des syndicats jaunes comme la CFDT et la CFTC pour faire taire ceux et celles qui portent la revendication d’émancipation sociale du peuple Corse.

En 2012 la CGT avait tenté un recours similaire contre le petit SLB ( Syndicat des Travailleurs de Bretagne/ Sindikad Labourerien Breizh ) membre comme le STC de la Plateforme Syndicale des Nations sans Etats. Ce que semble ignorer l’ensemble des medias s’étant fait l’écho de la decision de “justice” contre le STC. Pourtant il est bon de rappeler que la CGT avait été déboutée de son recours utilisant globallement les memes arguments que cette année contre le STC et même condamnée à verser une petite somme au SLB.

Ces arguments spécieux sont fondés sur le caractère “politique” des deux syndicats. La cour indique que “ Le STC poursuit manifestement un but politique qui excède les objectifs des organisations syndicales, écrit-il dans son jugement. Il s’agit d’une organisation régionaliste défendant des intérêts régionalistes. »

 

En 2012 la victoire juridique du SLB avait aussi occasionée des débats dans la CGT,  des adhérents de cette centrale s’étaient révoltés contre le recours déposé par la direction de leurs syndicat comme en témoigne ce texte diffuse par les militants de l’Organisation Communiste Marxiste Léniniste Voie Prolétairenne animant le blog “ où va la CGT ? “

Cette année le SLB ne semble pas ( à notre connaissance…) se présenter aux élections des TPE mais peut-être que leurs victoire juridique de 2012 permettra STC d’être rétabli dans son droit de représentation syndicale si d’aventure la cour de cassation venait à être interrogée sur le précédent et la jurisprudence en faveur du SLB. Faute de quoi la décision prise à l’encontre du STC serait encore plus discriminatoire….

Bretagne-info.

A Manca , la gauche indépendantiste et anticapitaliste Corse a tenu il y peu son AG, dont vous pouvez lire ici le compte rendu. Elle refuse de prendre part au scrutin présidentiel à venir malgré son partenariat avec le NPA ( dont les adhérents en Corse sont membres de A Manca.

Alors que le premier ministre VALLS annonce sa venue dans quelques jours sur l’île cette organisation tient à faire connaitre sa position sur cette visite.

4 juillet, Carnaval Colonial in Aiacciu

La visite du premier ministre le 4 juillet prochain ne modifiera en rien les rapports que ce gouvernement entretien en particulier avec l’actuelle majorité régionale et de façon plus générale avec l’ensemble de la société Corse.

En effet, il est désormais de notoriété publique, que Mr Valls s’est toujours montré totalement opposé ne serait-ce qu’à la simple évocation d’existence du peuple corse. Les résultats des dernières réunions qui se sont déroulées sur Paris et les autres visites ministérielles confirment ce positionnement. Pour mémoire les questions du rapprochement des emprisonnés, sans parler d’une très hypothétique loi d’amnistie, ainsi que celles liées à l’enseignement et l’usage généralisé de la langue corse, se sont conclues par de cinglantes fins de non-recevoir.

Dans un peu plus d’une année se profile l’instauration d’une collectivité unique. Le seul aspect qui aurait pu revêtir un aspect positif tient à la disparition des conseils généraux. Institutions considérées à juste titre par l’ensemble du mouvement national (jusqu’à ce que d’aucuns puissent s’intégrer à cette institution), comme un des éléments d’aliénation entretenu par le clan. Il est désormais clair que la question du recyclage de dizaines de conseillers généraux préoccupe plus la quasi-totalité de la représentation politique institutionnalisée que les problématiques politiques sociales, économiques et culturelles.

Nous rappelons à propos des budgets actuels des deux institutions, CTC et conseils généraux, que ceux-ci sont très lourdement grevés par le montant exorbitant des enveloppes de fonctionnement. C’est ce sujet qui mobilise l’énergie de la classe politicienne et c’est donc sur ce point que se focaliseront les débats avec le premier ministre. Débats auxquels le patronat local souhaite que soient rajoutés les points portant sur un statut fiscal « particulier ». C’est à ce titre qu’une très forte dynamique de lobbying est entreprise par les « socioprofessionnels » avec l’appui concomitant des directions nationalistes de l’assemblée de corse et de la droite traditionnelle.

L’objectif de cette offensive, au-delà des sempiternels discours sur la prétendue « oppression » fiscale dont se disent victimes les patrons, est d’obtenir des exonérations quasi-totales de charges fiscales et sociales. On perçoit dès lors clairement les raisons du silence total des formations nationalistes et de droite quand à la loi dite El-Komri. D’autant que ces dernières se sont accordées pour la mise en œuvre d’un CDI saisonnier fondé sur l’annualisation du temps de travail. Ce dernier projet constituant, si il aboutit,  à une régression sociale d’ampleur encore inégalée en Corse.

Au mois de décembre 2015 une majorité d’électeurs a souhaité porter aux responsabilités une majorité nationaliste. Celle-ci est désormais dans l’obligation de mettre en œuvre le projet de société réel qui anime son programme politique : un libéralisme assumé dans un cadre institutionnel fondé sur une autonomie très limitée, tout en acceptant dans les faits, le tout tourisme comme le moteur de l’économie.

Ce constat auquel nous pouvons rajouter les chiffres dramatiques du taux de chômage, du niveau des rémunérations du salariat et du coût réel de la vie est sans appel : il s’agit d’une fracture sociale et culturelle entre l’immense majorité du peuple et une minorité très agissante et aux exigences toujours plus corporatistes.

Il ne s’agit plus dès lors pour le monde du travail d’aller inefficacement agiter quelques banderoles devant les édifices publics pas plus que d’exhumer des sigles aussi obsolètes que négativement connotés.
Les réflexions et les actions seules potentiellement porteuses d’alternatives, ne pourront en aucun cas éluder la question des ruptures vitales. Que ce soit avec le néo-colonialisme au même titre qu’avec le capitalisme. C’est à ces seules conditions que peut être mis un terme définitif à toutes les formes d’aliénations et à la mort programmée du Peuple Corse.

A MANCA

Jean-Pierre Santini est un militant indépendantiste révolutionnaire corse qui a participé à la creation du FLNC en 1976, notamment à la rédaction de son manifeste. Il est aussi connu pour son engagement antiraciste.

Il vient de publier “FLNC memoria d’avenne” un texte dans lequel il plaide pour la constitution d’un FLNC public.

C’est une contribution intéressante pour le débat sur l’évolution institutionnelle de la Corse et celui du mouvement de libération nationale corse.

En effet depuis décembre les nationalistes (indépendantistes et autonomistes) sont majoritaires au sein de la CTC (Collectivité Territoriale de Corse), un succès historique qui intervient plusieurs mois après l’arrêt des actions du FLNC issu du canal dit “historique”, rejoint ils y a quelques semaines dans ce processus par une de ses scissions (LNC dit du 25 octobre).

Jean-Pierre Santini milite pour la construction de structures de contre-pouvoirs populaires pour subvertir la légalité et les limites de la CTC et ne pas sombrer dans la gestion des institutions. C’est un appel à l’auto-organisation populaire qui nous a semblé intéressant à plus d’un titre.

Cette interview pour l’hebdomadaire Settimana de Corse-Matin, à paraître le 13 mai 2016 n’a pas été publiée entièrement pour des questions de place dans ce journal. La voici en intégralité.

Bretagne-info.

Jean-Pierre Santini il y a quelques année.
Jean-Pierre Santini il y a quelques années.
  1. Vous militez pour la création d’un FLNC public politique. Quel devrait-être l’objectif de cette organisation ? Quel impact pourrait-elle avoir ? Combien de personnes comptez-vous dans vos rangs ?

RÉPONSE : L’objectif de cette organisation devrait être celui fixé par les fondateurs du FLNC dans le 5ème point du Manifeste du 5 mai 1976, à savoir des institutions parallèles (Cunsulta Naziunale) que le peuple corse peut se donner en faisait un usage associatif et démocratique de son Droit à l’autodétermination. L’impact d’un FLNC public fonctionnant selon une démocratie horizontale, sans leader et sans hiérarchie, sera effectif en fonction du niveau de conscience nationale atteint par ceux qui s’engageront dans la démarche.

  1. Cette structure publique « à visage découvert » n’est-elle pas en opposition vis-à-vis de la philosophie du FLNC « originel » de 1976 qui a été une organisation militaire et clandestine ?

RÉPONSE : Non, le FLNC conçu par ses fondateurs était une organisation politico-militaire où le politique commandait au fusil. L’aspect militaire devait se limiter à de la “propagande armée”. Les dérives militaristes et les drames que cela a engendrés sont le fait d’ouvriers de la 25ème heure qui ont fini par diviser et par liquider l’organisation pour replier le mouvement national sur des positions gestionnaires dans les institutions françaises en opposition avec la ligne originaire du Front.

  1. Vous souhaitez créer des institutions parallèles à celle de l’État sur le territoire corse. Pourquoi ? Est-ce seulement possible ? Comment cela se met-il en place ?

RÉPONSE : Le possible a déjà eu lieu avec l’élection de deux Cunsulte Naziunale (2007 et 2010) sur la base d’un corps électoral volontairement constitué de 4000 patriotes. Mais les organisations qui y participaient ont préféré intégrer les institutions françaises et, selon le mot d’un élu, mettre ainsi entre parenthèses la revendication d’indépendance. Cette mise entre parenthèse est une soumission à l’idéologie autonomiste que le Front n’a jamais acceptée parce qu’elle conduit notre peuple dans une impasse mortelle.

  1. Vous parlez dans le tract d’un « pouvoir populaire politique ». Qu’est ce que cela signifie ? Comment cela s’organise ? Quel est votre programme et votre vision politique ?

RÉPONSE : Il s’agit d’imaginer une démocratie réelle, celle où le peuple détient le pouvoir en permanence même si des représentants sont nécessaires. Toute une série de lois constitutionnelles peuvent permettre l’expression d’un démocratie horizontale et empêcher l’installation d’une classe politique carriériste (mandat unique et limité dans le temps, mandat impératif, procédures d’initiative populaire y compris pour destituer les élus, etc.). C’est le sujet du recueil “FLNC Memoria d’avvene”.

  1. Finalement, au regard du contexte politique, votre initiative peut être perçue comme quelque chose de folklorique…

RÉPONSE : Ce qui est folklorique c’est plutôt ce contexte politique et la dérive mimétique des élus, y compris nationalistes, qui finissent par adopter les postures, les dénominations (on se délecte du titre de “Président”) et le goût de la communication (c’est à dire de la représentation de soi) des élus habituels de la démocratie représentative. Agissant dans le cadre des institutions françaises, ces élus sont par définition “encadrés”. Ici, le folklore, comme tout folklore, use de réalités fantasmées. On se déclare “élus du peuple corse” quand on est élus du corps électoral français en Corse, on se présente comme “le gouvernement de la Corse” quand on est le simple exécutif d’une région française, on se déclare “majorité” quand on est minorité, bref une série d’éléments de langage dissimulant un réel qui est loin d’être advenu, celui de l’accession du peuple corse à la souveraineté nationale.

  1. Vous lancez ce mouvement au moment où les organisations clandestines annoncent une démilitarisation. Pourquoi avoir attendu ce moment-là ? Y-a-t-il une filiation entre le FLNC « originel » et celui que vous portez aujourd’hui sur les fonts baptismaux ?

RÉPONSE : La démilitarisation est un bien grand mot. On imagine un dépôt des armes alors que l’arme principale est celle de la conscience politique. S’il y a un lien entre le FLNC de 1976 et celui que l’on doit refonder publiquement aujourd’hui, c’est bien la priorité donnée à l’arme politique afin de transformer un sentiment national encore bien réel en une conscience nationale qui permette au peuple corse de prendre en main son destin sans passer par les urnes de la république française. Il faut privilégier un soulèvement de l’esprit au sein même de notre peuple. C’est plus difficile que de laisser les plus courageux prendre le chemin des bois et faire ainsi de la résistance par procuration.

  1. Vous avez participé à la création du FLNC en 1976. Aujourd’hui, cette organisation dit vouloir se mettre en retrait pour permettre aux nationalistes de mener à bien cette mandature. Comment l’expliquez-vous ? Le regrettez-vous ?

RÉPONSE : Le FLNC de 1976 n’existe plus depuis la première scission en 1989. C’est d’ailleurs à l’approche de cette scission que j’ai tenté une première fois, avec d’autres, d’initier la Cunsulta Naziunale (1987) pour éviter les drames que l’on sentait pointer. Ce n’est donc pas le FLNC qui se met en retrait, mais des groupes armés qui, à l’instar des autonomistes, pensent sans doute possible d’assurer la libération du peuple corse en l’inscrivant dans la Constitution française ! On atteint des sommets dans l’absence de cohérence politique et dans l’incompréhension de la nature même de l’État français parfaitement décrite par le FLNC du 5 mai 1976.

  1. Au regard des blocages successifs de l’État sur l’évolution de la question corse, on aurait pu s’attendre à un regain de violence. Or, l’inverse se produit. Comment l’expliquez-vous ?

RÉPONSE : Quand on habitue les peuples à des institutions qui ne sont pas les leurs, quand on affirme que c’est par elles qu’ils construiront leur destin, une soumission idéologique finit par s’installer. Cette soumission par rapport à l’État français et au système économique libéral est portée depuis toujours par les autonomistes. Cela est longuement analysé dans livre du FLNC “A Libertà o a morte”(1977) repris comme document de référence dans le recueil “FLNC Memoria d’avvene” récemment publié.

  1. Quel est votre regard sur les premiers mois de la mandature nationaliste à l’Assemblée de Corse ?

RÉPONSE : Les élus nationalistes sont des patriotes sincères, mais qui n’ont pas compris le système qui les encadre. Ils se prennent au jeu et comme tous les joueurs, ils ne savent plus qu’ils jouent. Ils sont condamnés à faire de la figuration comme c’est le cas, semble-t-il, pour la question particulière des transports maritimes où le rêve d’une compagnie régionale se brise sur la réalité patronale, c’est à dire là où est le vrai pouvoir.

  1. Vous dites souvent que les nationalistes se sont décrédibilisés en intégrant les institutions de la France. Pour peser politiquement et tenter de faire valoir leur vision de la Corse, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement…

RÉPONSE : Il pourrait en être autrement en décrédibilisant les institutions françaises en Corse, donc en créant pour cela nos propres institutions (Cunsulta Naziunale, Comités de Pieve et de communes, etc.) et en s’adressant directement à la communauté internationale (Cf. Lettre à l’ONU de la Cunsulta Naziunale).

  1. Vous êtes aussi membre du collectif Terra d’accolta qui milite contre le fascisme et le racisme. Quel est votre regard sur les derniers événements d’Ajaccio, avec la mise à feu d’une mosquée et l’affaire des Jardins de l’empereur en décembre ? Cela montre que la lutte contre ce type de comportements n’est pas gagnée…

RÉPONSE : La lutte sera d’autant moins gagnée que les divers représentants ou personnalités publiques se contenteront de communiqués ponctuels, ce qui n’est pas le cas de Tarra d’Accolta dont les 35 auteurs ont rédigé un livre et le diffusent en organisant des réunions publiques. Là encore, il faut que la population elle-même se prenne en main et crée partout ou cela est possible des comités citoyens contre le racisme et la xénophobie. Ce n’est pas d’en haut ou de façon institutionnelle qu’on règle ces problèmes.

L’organisation Corse (A Manca, c’est à dire “la Gauche” proche du NPA) a fait connaitre sa position sur les futures élections territoriales. Contrairement aux autres forces revendiquant le droit du peuple Corse à maitriser son destin, elle ne participera pas au scrutin de décembre. Nous reproduisons ici leurs analyse et vous pouvez entendre ici une interview de l’une de leur militante.

Bretagne-Info.

A Manca appelle au boycott actif des élections territoriales de décembre 2015.

Cette position ne constitue pas une remise en cause du principe « un homme, une voix ». Elle est la conséquence de la prise en compte, pour notre part, des contextes corses et internationaux.

En effet, les partis politiques français et européens ont, à plusieurs reprises, foulé aux pieds les résultats des consultations électorales classiques ou référendaires, tout en ne cessant de faire l’éloge de leur prétendu modèle démocratique.

La démonstration a été faite au moins à deux reprises. Le rejet populaire de la constitution libérale européenne a été ignoré par le gouvernement français et ses alliés européens. Faute d’obtenir l’assentiment des urnes, ces derniers ont concocté un accord au sommet qui a débouché sur le traité de Lisbonne. Plus récemment, c’est la volonté majoritaire du peuple grec qui a été bafouée par les moyens d’un chantage exercé par la Banque Centrale Européenne, le Fond Monétaire International et la Commission Européenne.

Ces deux événements nous démontrent que les véritables dirigeants ne sont pas les détenteurs de mandats électoraux puisque les décideurs sont dans la réalité des puissances financières dont les gouvernements ne sont que les commis de commerce. Par ailleurs, cette dictature financière qui redoute les mouvements collectifs, contribue à l’atomisation des individus et à son corollaire liberticide, la délégation de pouvoir.

La Corse n’échappe en rien à ce contexte. Le pouvoir étatique nie l’expression des votes démocratiques de l’Assemblée de Corse quand ceux-ci remettent en cause, même à minima, le processus colonial. Les clanistes traditionnels et les néo clanistes collaborent activement à maintenir et imposer des institutions au seul profit d’un libéralisme qui, pour l’heure, satisfait à la défense et à la promotion de leurs seuls intérêts de classe.

Ainsi, le prochain toilettage institutionnel consacre le rapprochement des fractions politiques en défense des intérêts de la petite bourgeoisie. En relation étroite avec la puissance étatique française, une caste politique badigeonnée aux couleurs de la Corse tente un hold-up sur les consciences en faisant miroiter un avenir qui se voudrait l’émanation des volontés du peuple corse.

Cette escroquerie politique, pour qu’elle puisse trouver un aboutissement, suppose que notre peuple limite ses ambitions au seul périmètre des institutions françaises. Cela implique également qu’il fasse du système capitaliste un horizon indépassable.

L’ illusion la plus pernicieuse qui alimente cette escroquerie politique, illusion dont les premières victimes sont les patriotes corses, n’est rien d’autre que la réactivation incantatoire et séculaire du mythe de l’unité du mouvement national.

Ne nous y trompons pas, en dépit de ce qui nous sera immanquablement asséné par tous les canaux médiatiques jusqu’au mois de décembre, l’unité de la dite famille nationaliste n’a jamais existé au cours des quarante années écoulées, pour la bonne et simple raison que la direction du mouvement national a toujours été, dans ses composantes majoritaires du moins, de nature interclassiste. Cela revient à dire qu’elles ont favorisé l’éclosion électorale des représentants de la petite bourgeoisie corse défendant clairement, dans les projets de société qu’ils portent, leurs intérêts de classe.

Ne soyons pas dupes, l’arrivée au pouvoir possible à l’Assemblée de Corse pour des nationalistes libéraux, suite au choix électoral de l’unité patriotique, ne permettrait en aucune manière la désaliénation des classes populaires corses et ne servirait que les intérêts d’une minorité.

Dans ce contexte, vouloir l’unité du mouvement national, c’est donc faire le choix du maintien du système capitaliste, c’est feindre de croire que tous les nationalistes s’accordent sur un projet de société satisfaisant les intérêts de tous. Or, qui peut croire sérieusement que les intérêts de la bourgeoisie, qu’elle soit liée au totalitourisme, au BTP ou à la grande distribution, soient ceux du monde du travail ? Promouvoir l’unité des exploiteurs et des exploités relève bien de l’escroquerie politique.

La question du corps électoral corse et celle de l’autogestion demeurent des sujets centraux. Ils posent à la fois les questions de la citoyenneté, du processus de désaliénation et donc d’un projet de société en rupture radicale avec le modèle encore dominant.

Nous lançons ce jour un appel à toutes celles et ceux qui se refusent à la résignation et au fatalisme. Ensemble, il nous faut réfléchir, échanger et agir. Le premier objectif est d’ôter tout caractère de légitimité à la mascarade du mois de décembre prochain.

 Pour se faire, nous proposons un boycott actif par les moyens d’une campagne publique. Il ne s’agit pas d’un appel à l’abstention, ni au vote blanc. Parce qu’elles conduisent à la passivité et à l’impuissance, ces deux dispositions doivent être rejetées et combattues. La voix de la Corse qui veut vivre doit se faire entendre dans le camp du droit à l’autodétermination et en dehors des institutions voulues par le Capital.

A Manca prendra toute sa place dans cette campagne qui doit consacrer d’abord le renouveau de la résistance, puis la construction d’un rapport de force afin de débarrasser notre pays des forces coloniales, de leurs complices et de ce libéralisme prédateur qui ruine notre société.

Le blog “U Cumunu” est un blog de débat se situant sur la gauche de l’échiquier politique nationaliste Corse. Ce n’est pas une organisation politique , plutôt un outil de réflexion qui se définit ainsi : “La Lutte de Libération Nationale corse doit aussi être une Lutte de Libération Sociale. Pourtant, la parole des patriotes de gauche n’est pas assez présente dans le débat public en Corse. La création de « U Cumunu » se veut un début de réponse. Le but n’est pas de préparer une organisation supplémentaire, mais de porter un discours nouveau dans la politique corse. « U Cumunu » sera donc un site d’opinion sur l’actualité nationale et internationale, à partir d’un point de vue patriote et révolutionnaire.

Nous reproduisons ci-dessous une de leurs réflexions sur l’éventuelle ratification de la Charte Europénne des Langue Minoritaires par la France, sujet dont on reparle dans l’actualité suite à la grève de la faim de David Grosclaude en Occitanie et aux promesses de F. Hollande ces dernières semaines. Même si le texte date de 2013 il reste à bien des égards d’actualité.

Vous pourrez constater que ,comme nos amis de Libertat en Occitanie dont avons publié le point de vue sur ce sujet récemment, les animateurs de “U Cumunu” pensent plutôt la revendication linguistique en termes de rapport de force, de mouvement de désobéissance qu’en terme d’éventuelle constitutionnalité et de promesses électorales.

La semaine dernière prés de 5000 corses ont défilés dans Ajaccio pour notamment exiger la co-officialité de leur langue.

Le débat continuera….

Bretagne-Info

Coofficialité, charte européenne des langues : n’attendons rien de la France !

Au printemps dernier, nous publiions un article saluant le vote du statut de coofficialité de la langue corse par l’Assemblée. Ce vote restera dans les mémoires et dans l’histoire de la Corse car en plus d’une déclaration d’intentions symboliquement forte, un véritable plan de développement adossé à cette indispensable officialisation du corse était proposé. Ainsi, l’Assemblée de Corse sortait là des incantations pieuses pour traduire les idées en actes et prouver par là même l’utilité de cette mesure.

Mais cela ne devait pas nous faire oublier que la République française, profondément jacobine, n’accepterait pas aussi facilement de déroger à ses principes centralisateurs et impérialistes. La récente réaction de Marylise Lebranchu lors de l’émission Cuntrastu, après les multiples déclarations allant dans le même sens de Manuel Valls, a clos le débat pour Paris : la coofficialité est anticonstitutionnelle.

Dans le même temps, le premier ministre de la France, Jean-Marc Ayrault, a annoncé sa volonté d’accélérer la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, que la France a en partie signée sans jamais la ratifier. Si François Alfonsi, et probablement d’autres avec lui, note qu’il s’agit là d’une « évolution », il faut tout de même rappeler que l’État français n’est pour l’instant signataire que d’une partie de cette Charte, les points les plus « problématiques » ayant été laissés de côté.

La concomitance de ces deux déclarations ne peut être un hasard : le gouvernement français espère ainsi calmer les demandes des peuples de l’État français, notamment de leurs franges les plus « modérées » (en Corse, la majorité territoriale), en présentant une ratification attendue depuis au moins vingt ans comme un important pas fait pour la sauvegarde et la promotion des langues « régionales ».

Or, cette manœuvre doit être l’occasion de rappeler deux choses :

  • La première est que seul un statut d’officialité à part entière peut avoir une incidence au niveau institutionnel quant au développement de notre langue.
  • La seconde, la plus importante, est qu’il ne faut jamais rien attendre d’un État impérialiste. Tout ce qu’il concédera lui sera arraché par la mise en place d’un rapport de forces favorable. Pour cela, le mouvement populaire est indispensable, qu’il soit organisé ou non.

La langue est l’un des domaines dans lesquels la mise en place d’un système parallèle à la société coloniale est possible. N’attendons pas de l’État français son accord pour le faire !

Informations  tirées su site “Prisoniers Politiques

En 2004, réunies à l’occasion de la Première Conférence Internationale sur les Prisonniers Politiques à Donostia (Euskal Herria), plusieurs organisations ont adopté une déclaration faisant du 17 avril la Journée Internationale des Prisonniers Politiques . Cette date, choisie en référence à la Journée du Prisonnier Palestinien instituée en 1975, permet de rappeler à l’opinion publique que des femmes et des hommes sont encore détenus-es pour leurs idées politiques.

Aujourd’hui encore, des dizaines de milliers de mili- tants-es politiques sont incarcérés-ées dans les geôles britanniques, irlandaises, marocaines, françaises, espagnoles, étasuniennes, israéliennes, mexicaines, sri lankaises, turques et autres… Ceux/celles-ci sont confrontés-ées quotidiennement aux brimades, aux traitements dégradants, à la torture et aux procès d’exception, auxquels s’a- joutent les conditions inacceptables de tout enfermement.

Les prisonniers et prisonnières politiques sont les parties et les conséquences de conflits politiques causés par le non-respect des droits nationaux et sociaux des peuples. C’est pour cela qu’il est nécessaire de construire de larges mouvements de solidarité en leur direction.

A Paris, depuis 2008, différentes organisations participent à la mise en place de cette solidarité en exigeant la reconnaissance du statut de prisonnier politique partout dans le monde mais aussi, et surtout, leur libération.

Cette année, comme les précédentes, conscients-es que la mobilisation se doit d’être large et prendre en compte la diversité des situations, nous avons décidé de consacrer une semaine entière à la question des prisonnières et prisonniers politiques.

Celle-ci se déroulera du 5 au 19 avril dans différents lieux.

La solidarité est une arme, utilisons-la !
Liberté pour les prisonniers et prisonniers politiques du monde entier !

Le programme complet est là

Le FLNC Union des Combattants a annoncé il y a peu la fin de ses activités armées. C’est la principale organisation armée Corse. Elle est présentée comme proche d’une organisation publique : Corsica Libara avec laquelle la Gauche Indépendantiste Bretonne entretient des relations cordiales depuis de nombreuses années. 

Nous publions ci dessous l’analyse de l’annonce du FLNC/UC par un autre groupe d’influence plus modeste : A MANCA (La Gauche) qui est lié au NPA Français.

C’est à titre informatif que nous le reproduisons.

La rédaction de Bretagne-info.

L’annonce de l’auto- dissolution du FLNC s’inscrit dans une actualité politique marquée principalement par les positionnements du gouvernement. Le préfet de région en a d’ailleurs  récemment précisé les grandes lignes. Avant tout, elles consistent à repousser fermement les trois perspectives  suivantes:

–       l’instauration de la co-officialité
–      le statut de résident
–      la modification de la constitution

Le ministre de l’intérieur est donc venu exposer la position du chef de l’Etat et du gouvernement. Rien ne permet pour l’heure de spéculer sur d’improbables lignes  de partage qui seraient le fait de « progressistes » et exprimeraient des voix discordantes au sommet de l’État.

L’actuelle direction du FLNC semble escompter  pourtant des positionnements nuancés au sein du gouvernement. Par un geste qualifié de fort, elle entendrait donc peser d’une manière décisive sur d’éventuels débats tout en renforçant la majorité des élus de l’Assemblée de Corse.

Le débat relatif à l’utilité et à l’usage de la violence politique est aujourd’hui dépassé. Un clivage s’opère désormais entre les « progressistes » et les partisans du statu quo.Cela se traduit d’ailleurs par le salut et l’approbation unanimes des courants dits « modérés » et « radicaux » face à l’initiative du FLNC.

Sur les versants économiques et sociaux, l’actuelle direction du FLNC, pointe avec justesse diverses problématiques en matière de logement, d’emploi et de fiscalité. Les pistes, les solutions possibles qu’elle propose témoignent d’une vision globale de la société estompant les clivages de classe au profit d’une démarche nationaliste destinée à défendre l’intérêt, présenté comme commun, de tous les Corses.

Les préconisations concernant la lutte institutionnelle sont assez clairement exposées. Le moyen terme y est dessiné en matière d’alliances (listes communes privilégiées avec le courant autonomo -régionaliste).Le pluralisme politique y étant présenté  comme une bi- polarité entre cette tendance et le courant indépendantiste évoqué au travers de l’organisation existante. Notons que le principe de l’autodétermination n’est pas revendiqué.

Nous prenons donc acte de cette démarche, d’autant que nous avons appelé à la dissolution des organisations dites clandestines depuis septembre 2005. Cet appel envisageait également un  possible débat destiné à réfléchir sur le concept de violence politique en tenant compte des contextes. A ce niveau, nous ne pouvons que déplorer l’absence de réponses.

Nous constatons que le maintien de la clandestinité s’est opéré avec  en toile de fond un argumentaire en forme de référence permanente à la résistance face au colonialisme. La vie politique de notre pays n’étant pas à un paradoxe près, c’est précisément dans une des périodes les plus sombres qu’est affirmé le renoncement à un terrain de lutte.

En effet, confronté aux politiques des libéraux corses, français et européens, le peuple corse connaît une précarisation à l’échelle de masse. Celle-ci résulte d’une économie résidentielle fondée sur le tout-tourisme et une mise en coupe réglée du territoire liée aux intérêts spéculatifs du BTP et du grand banditisme. Sur fond de délitement du lien social, le peuple corse voit ses anciens finir  leurs jours dans des EPHAD et les plus jeunes privés de leurs droits élémentaires (emplois dignes, accès au logement et à la culture).

Dans un tel contexte, le redéploiement sur le terrain des luttes publiques (mobilisations sociales, environnementales, culturelles) est également affirmé dans la communication du FLNC. Nous en sommes pleinement satisfaits dans la mesure où une dramatique désertification  frappe le champ des mobilisations de masse depuis au moins deux décennies.

L’opportunité d’un réinvestissement de ces champs d’actions par des patriotes se présente. Cette démarche doit tenir compte  de celles et ceux (comme  par exemple les associations de défense de la loi littoral) qui œuvrent depuis des années  à la survie de nos espaces naturels collectifs.

Il sera nécessaire de prendre en compte un pluralisme politique au sein du mouvement national. Cette prise en compte ne peut en aucun cas faire l’impasse sur toutes les organisations existantes. Si des projets de société commencent à émerger dans le mouvement nationaliste, nous sommes cependant toujours en attente d’affirmations  à même de permettre au peuple corse d’exercer pleinement ses choix.

Pour notre part, le droit à l’autodétermination et la mise en œuvre d’un projet socialiste et autogestionnaire constituent les pierres angulaires d’une stratégie émancipatrice qui passe encore et toujours par un rapport de force autour des intérêts fondamentaux des classes populaires.

Nous lançons ce jour un nouvel appel au renforcement du courant pour l’autodétermination et le socialisme afin de préparer les ruptures incontournables avec les pouvoirs clanistes, coloniaux et capitalistes. Ensemble sur des bases claires, une alternative est possible !

A MANCA