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Lors de sa convention sur la défense nationale, l’UMP a encore tiré plus à droite sa vision de la politique intérieur. Jean-François Copé déclarant vouloir imposer pour les nouveaux français et pour tous les jeunes qui passeront les JAPD (Journées d’Appel à la Défense) « le serment d’allégeance aux armes ». C’est à dire obliger à ceux et celles-ci ” à jurer de mourir pour la France “, si besoin du gouvernement et sans contestation possible …

Après les discours sur l’identité nationale, les propos racistes et discriminatoires de plusieurs ministres, la chasse aux immigrées, les wagons RATP mis à la disposition des forces de l’ordre pour évacuer les roms, etc …. peut on encore s’étonner de tels discours ? Entre un Front national fidèle à lui-même et la multiplication des candidatures à sa droite, une UMP qui lorgne toujours vers sa droite, et un PS dont une candidate à l’élection présidentielle voulait il y a peu imposer un drapeau français dans toutes les maisons, la campagne présidentielle de 2012 annonce la couleur.
Ces discours nationalistes sont bien là pour faire oublier les vrais problèmes. Au moment où l’Union Européenne annonce des coupes drastiques dans l’aide alimentaire aux plus démunis, où les attaques sur le système de santé vont crescendo avec celles sur les acquis sociaux et l’emploi, où est le vrai besoin ? Au nom du parti présidentiel, Copé déclare « Nous ne sacrifierons pas le budget de la défense, nous sommes instruits du précédent du gouvernement de Lionel Jospin qui n’a cessé de taillader dans le budget de la défense au profit des budgets sociaux », abjecte au moment où on réclame à tous de se serrer la ceinture.

S’il y a bien des coupes à faire dans les budget ministèrielles, c’est bien dans le budget de la défense. Rien que pour les JAPD, nous avions révélés l’année dernières qu’elles coûtaient autour de 15 millions d’euro par an aux contribuables bretons. Le budget de l’armée française était de 50 milliards d’euros en 2010, c’est à dire 750 euro par habitants et par an ! Le système de retraite a été dévalorisé l’année dernière pour un vide de 35 milliards d’euro dans les caisses selon ce même gouvernement… Mais il est vrai que depuis les grèves de l’année dernière l’armée peut être mobilisée pour enrayer les mouvements sociaux. Voilà, où sont aujourd’hui les intérêts de la République Française.

Nous n’irons pas faire la guerre ni pour la France, ni pour ses intérêts capitalistes !
Aucune allégeance à la France, Bretagne libre et socialiste !
Breizh dieub ha sokialour.

Le mois de juin aura vu deux manifestations importantes en faveur des droits démocratiques et linguistiques du peuple breton. D’une part la fête nationale de la langue bretonne (GBB, Gouel Broadel ar brezhoneg) à Cavan, qui a réuni plus de 7 000 personnes sur un week-end, et la manifestation «Bretagne en résistances» du 18 juin à Nantes, avec comme axe prioritaire l’unité administrative de la Bretagne.

Après plus de 10 ans d’interruption, GBB nouvelle version aura réussi et confirmé son pari pour sa deuxième année. Celui de réunir des milliers de personnes dans un festival autour de la revendication d’un statut d’officialité pour la langue bretonne. Ce nouvel élan populaire est parallèle à la résurgence de groupes se revendiquant de Stourm Ar Brezhoneg, qui avait obtenu la signalisation en breton dans trois départements breton durant les années 1990. A Cavan comme à Nantes des militants auront profité des concerts pour montrer et restituer les panneaux volés à Sablé-sur-Sarthe (ville du premier ministre F. Fillon) et la Roche-sur-Yon (ville du président du conseil régional des Pays de la Loire J. Auxiette). La «Bretagne en résistances» restera sans doute dans les esprits comme une mobilisation des plus jeunes au niveau de sa composition et surtout la plus déterminée avec ses 10 km de marche vers le palais de région et ses actions de peinturlurage du palais, des rues nantaises, et des forces de l’orde gardant l’hôtel des Pays de la Loire.

De la manifestation pour l’unité territoriale nous retenons aussi la politisation grandissante de la revendication, malgré un refus d’une réelle analyse politique de la situation par certains élus et la plupart des médias. La volonté de constituer un pôle unitaire et anticapitaliste, et sa réussite, sous l’étiquette «Breizh unvan, disuj ha kengret», témoigne d’ailleurs de ce lien qui doit toujours exister entre revendication sociale, projet politique et revendication territoriale. De même, nous notons qu’un des principal mot d’ordre de la manifestation était le terme «démocratie», assumé par l’ensemble des participants, même les plus frileux. Celui-ci, qui figurait en grand sur l’affiche «Bretagne en résistances», est à retenir et à noter dans un contexte international où il est repris par les jeunesses de Tunis à Deraa et de Barcelone à Athènes, pour dénoncer les classes dominantes qui confisquent le pouvoir populaire. La question qui est posée aujourd’hui à travers la réunification, mais aussi celle du statut de la langue bretonne, c’est bien celle d’une véritable démocratie en Bretagne, c’est à dire celle des outils institutionnels adaptés à la population bretonne et permettant une application réelle de ses aspirations politiques. Le droit de pouvoir décider si oui ou non nous voulons l’unité administrative de la Bretagne, si oui ou non nous voulons une collectivité particulière à l’image de ce qu’est la Bretagne, un pays.

Les réponses politiques à ces mobilisations sont encore trop faibles et en décalage. La vice-présidente de la région Bretagne, Lena Louarn, présente le 18 juin à Nantes, a annoncé la mise en place d’un prochain comité de suivi du dossier de la réunification … en réalité déjà acté depuis plusieurs mois au sein du Conseil Régional. Cette annonce peut laisser perplexe quant à son efficacité quand on connaît le bilan déjà très maigre de la commission mixte Bretagne-Loire-Atlantique. Mis à part sur des événements ponctuels et très généralement culturels, le Conseil Régional sort sans avancée réelle sur le dossier, et la nouvelle mandature déjà entamée ne semble pas annoncer de mesures ambitieuses.

La réponse faite par Philippe Grosvalet (président du CG 44) aux milliers de «bretonnes et bretons en résistance», réponse qui ressort de la rencontre du mois dernier avec son homologue JL Tourenne (CG 35), témoigne d’un décalage et même d’un point de clivage important. Celui qui se présente comme «ni pour ni contre»* n’a pas des propos différents de ceux du président de région PdL Jacques Auxiette. Il souhaite «une nouvelle étape de la décentralisation» avant de parler «de la question des limites géographiques» (ndlr : il veut dire «administratives»). Pour «l’autonomie des régions», le nazairien affiche surtout une posture vis-à-vis de la réforme territoriale et un refus de l’intégrité territoriale de la Bretagne. Pour lui, «on peut envisager d’adjoindre à la Bretagne un, deux voire trois départements (…) dans tous les cas le choix ne peut s’opérer que dans un cadre démocratique et avec l’assentiment de toutes les populations concernées par un redécoupage», c’est à dire en consultant les habitants des départements de la région Pays de la Loire non concernés par le projet de réunification de la Bretagne.

C’est justement là qu’est le point de clivage, entre ceux qui ont une position attentiste et voient l’évolution institutionnelle de la Bretagne dans le cadre d’un projet centralisé et uniforme, et les autres qui considèrent que c’est aux populations et à leurs représentant de décider de cette évolution. Il est évident que la solution offrant à un réel «cadre démocratique» est la seconde. La question du «redécoupage», n’est posé que par le problème de la partition de la Bretagne et lié à ce que certains appellent «caractère spécifique» ou «particularité» de notre territoire, c’est à dire sa vocation nationale. Éviter de poser la question dans cette forme, c’est refuser de vouloir répondre de manière démocratique au «problème du redécoupage». Tout renforcement des compétences des structures administratives reproduisant la partition de la Bretagne ne rendra que plus difficile la réunification. L’unité territoriale doit être partie intégrante de tout projet qui vise à faire progresser la collectivité bretonne vers plus de démocratie.

C’est donc aussi à nous, à la majeure partie des organisations présentes le 12 juin à Kavan et le 18 juin à Nantes, de nous rassembler lors de ce type d’événements et de passer un cap, pour défendre un projet institutionnel nouveau, décidé collectivement en Bretagne, et de toutes les façons, indispensable pour l’obtention des revendications linguistique et territoriale. Alors que se profilent les élections territoriales de 2014 sans réelles perspectives d’avancées démocratiques, il devient chaque jour plus important de travailler à la construction d’un mouvement populaire autour de la revendication d’un statut d’autonomie qui mette la Bretagne sur la voie de l’indépendance. A nous de décider de notre avenir.