Tag

israel

Browsing

Depuis Vendredi des événements d’une extrême violence se déroulent à Jérusalem et également à Gaza. Depuis plusieurs semaines l’armée israélienne, les colons, les bandes fascistes et racistes des suprématistes israéliens, multiplient les agressions à l’encontre des Palestiniens de Jérusalem : interdiction d’accès à la vieille ville de Jérusalem et aux lieux saints en ce mois de ramadan, provocations et agressions permanentes de la part des colons sur l’Esplanade des mosquées.

Dans le même temps, des dizaines d’habitants palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah sont menacés d’une expulsion imminente de leurs maisons, plusieurs familles du quartier de Silwan ont vu leurs maisons détruites, alors que des centaines d’autres menaces de destruction de maisons pèsent sur les familles palestiniennes de Jérusalem.

Vendredi 7 mai, l’armée israélienne a pénétré sur l’Esplanade de mosquées alors que 70 000 fidèles étaient rassemblés, provoquant des mouvements de panique. Le Croissant rouge a annoncé que 178 personnes ont été blessées dont 88 ont dû être hospitalisées, la plupart blessées à la tête par les balles métalliques enrobées de caoutchouc. L’armée d’occupation n’a pas hésité à pénétrer dans une clinique du Croissant rouge et à tirer des gaz lacrymogènes dans les salles de soins.

Depuis Lundi, la situation ne cesse d’empirer : de nouvelles agressions de la police d’occupation ont fait, à nouveau, plus d’une centaine de blessés. En représailles à des tirs de roquettes, l’armée israélienne a procédé à des bombardements sauvages et aveugles à Gaza causant la mort de 26 palestiniens dont 9 enfants.

Les États ont l’obligation d’empêcher ces crimes ; il faut en finir avec l’impunité d’Israël.
Ce sont les victimes qu’il faut protéger ; les criminels doivent être dénoncés. La France doit cesser de renvoyer dos à dos l’oppresseur et l’opprimé, elle doit, enfin, s’exprimer de manière claire et nette et poser des actes sanctionnant les crimes de l’occupant.

Pour dénoncer ces nouveaux crimes d’Israël qui trouvent leur origine dans la politique d’apartheid et de colonisation et pour exiger que le gouvernement de la France agisse, enfin, nous invitons tous les citoyens sensibles à la cause de la Paix et de la justice, à se rassembler SAMEDI 15 MAI à 10H 30 Square de la Résistance à MORLAIX.

Port du masque obligatoire.

 

L’AFPS pays de Morlaix – Amnesty International – Association Morlaix/Wavel – PCF – le PS – EELV – GENERATION.S – UDB – NPA – Ensemble – La Gauche indépendantiste – UL CGT.

Jean-Do Robin, connu pour son engagement de longue date pour l’enseignement public bilingue, la langue bretonne, la justice sociale et la solidarité internationaliste avec notamment la Palestine au sein de l’AFPS et le Pays Basque a écrit cette tribune pour réagir à l’actualité.

Nous la publions avec son autorisation… en toute complicité !

Bretagne-Info

Dénoncer le sionisme, c’est combattre l’antisémitisme

et le racisme sous toutes ses formes

Le conflit « israélo-palestinien » n’est pas un problème proche-oriental. L’occupation de la Palestine symbolise le discrédit dont souffre le droit international. C’est donc un dossier international. Enfin, le projet sioniste à l’origine de ce fait colonial est né à Rennes en 1899, lorsque Theodore Herzl vint y assister au procès Dreyfus. C’est donc aussi un avatar de “l’histoire de France” (et de Bretagne NDLR).

Le conflit « israélo-palestinien » n’est pas un problème proche-oriental qui s’importerait en Europe.

Il n’y a d’ailleurs pas de « conflit israélo-palestinien », mais une résistance légitime du peuple palestinien à l’occupation militaire et à la colonisation de sa terre par une population d’origine majoritairement européenne, y compris française.

De plus, l’occupation de la Palestine par cette entité coloniale est, depuis 1947, fondée sur une violation du droit international, à commencer par la seconde convention de Genève, de manière si constante, si répétée et si totalement impunie qu’elle symbolise à elle seule le discrédit qui ne cesse d’entraver une mise en œuvre équitable du droit international dans le monde entier. C’est donc bien un dossier de portée éminemment internationale.

Enfin, le projet sioniste qui est à l’origine de ce fait colonial n’est pas né à Jérusalem : il est né ici : d’abord à Rennes en 1899, lorsque Theodore Herzl vint y assister au procès Dreyfus. Herzl en fut tellement écœuré qu’il abandonna son combat pour que les États européens reconnaissent enfin les juifs comme des citoyens à part entière… Il mit alors toute son énergie dans le projet de création d’un foyer national où ceux-ci seraient à l’abri des persécutions dont ils souffraient en Europe. C’est donc aussi un avatar de “l’histoire de France”.

Vint alors l’humiliant traité de Versailles imposé en 1919 par la France et ses alliés à l’Allemagne vaincue, l’occupation de la Ruhr et la surexploitation des ouvriers allemands par les vainqueurs. Cette humiliation et le ressentiment qu’elle généra furent le terreau du nazisme. Les exterminations de masse, dont le massacre des juifs d’Europe, qui résultèrent du triomphe nazi, vint conforter et donner corps au projet sioniste. Et ce d’autant plus qu’après la libération des camps, les USA et la Grande-Bretagne s’empressèrent de renvoyer vers les côtes de Palestine, les milliers de juifs européens qui, eux, demandaient à trouver refuge dans un pays de culture occidentale, comme la leur.

Dès lors, et de plus en plus, l’idéal sioniste originel devint un instrument aux mains des puissances impérialistes pour défendre leurs intérêts au Proche Orient.  Une idéologie colonialiste. Un projet colonial. Bien peu à voir avec le judaïsme et encore moins avec les héritages culturels et linguistiques, yiddish et ladino, des juifs d’Europe, puis ceux des juifs du Maghreb et de la riche tradition judéo-arabo-andalouse… dont l’éradication fut une des pierres d’angle du nouvel État et de son projet nationaliste et raciste : la fabrication d’un être nouveau, total et conquérant. Non pas un citoyen israélien, mais une sorte d’Hébreu moderne complètement mythique.

 Voici ce qu’en disait, le 17 mars 2015, Avraham Burg, ancien président de la Knesset, ancien président de l’Agence Juive Mondiale, et soutien de la liste commune judéo-arabe des élections israéliennes de mars 2015 :

« Le sionisme a été un mouvement national gagnant pour les juifs qui a créé une révolution fantastique dans l’existence juive, a donné naissance à une horrible tragédie pour les Palestiniens et a expiré en 1948. Le but du sionisme a été de transformer le peuple juif d’une structure de diaspora en une structure souveraine. Cela n’a été qu’un échafaudage. À partir de 1948, nous aurions dû n’être que des Israéliens, quelle que soit l’origine. Mais si ce n’est pas suffisant et que vous avez besoin du sionisme pour définir quelque chose, cela signifie que vous discriminez quelqu’un. Oui, aujourd’hui, en Israël, le sionisme est un outil de discrimination ».

Et du même auteur : « Que celui qui refuse de voir et d’entendre ne s’étonne pas de découvrir un jour qu’Israël ressemble déjà à l’Allemagne qui trompa son peuple et permit à nos exterminateurs de faire aboutir leurs projets diaboliques. En effet, notre situation rappelle étrangement l’Allemagne – durant la période qui va de l’humiliation de la défaite de la 1e guerre mondiale à la conquête du pouvoir par Hitler et les nazis » (« Vaincre Hitler », p.108). Burg qui a dit aussi que les Palestiniens d’aujourd’hui sont les juifs d’hier.

 L’État d’Israël n’est pas ce foyer national juif espéré par Herzl et évoqué dans le projet de l’ONU de partition de la Palestine en 1947.

C’est une entité militaro-étatique qui refuse de définir ses frontières une fois pour toutes et qui n’a pour seule constitution qu’une compilation de lois religieuses ; un état d’apartheid qui ne reconnaît de citoyenneté pleine et entière qu’à ceux de ses ressortissants auxquels il attribue la « nationalité juive »… et plus encore, un État qui prétend désormais unilatéralement  être « l’État des Juifs » du monde entier, auxquels il reconnaît le droit d’accéder à la propriété sur les terres qu’il occupe en toute illégalité… tandis qu’il refuse ce même droit à ceux qui y habitent depuis toujours, comme leurs aïeux avant eux.

Pour autant, Israël existe désormais, selon le « principe d’effectivité » invoqué par les instances de l’ONU elles-mêmes.

Nier l’existence d’Israël n’a donc aucun sens.

Mais invoquer la menace de « destruction » qui pèserait sur Israël et ses habitants pour tenter de justifier la poursuite de ses exactions contre les droits fondamentaux est tout aussi vain : aucun État, aucune puissance n’a jamais réellement mis Israël en danger, ni ne le menace aujourd’hui : pas même l’Iran où les fulminations apocalyptiques de quelques mollahs n’ont d’autre portée que de faire vibrer la corde nationale pour tenter d’occulter l’urgence démocratique exprimée par la société iranienne.

En revanche, il n’existe pas, en droit international, de « droit à l’existence » d’un État, et ceci vaut pour Israël comme pour tout autre État. La légitimité d’un État n’est pas seulement fragile : elle est aussi relative et ne peut donc se décréter. Elle dépend totalement de la synergie entre ses propres ressortissants et ses voisins dans le niveau de reconnaissance qu’ils lui  accordent.

C’est ainsi que l’État d’apartheid d’Afrique du sud a aujourd’hui disparu.

C’est ainsi que l’État d’apartheid d’Israël doit disparaître afin qu’Israël  – ou quelque autre nom que prendra tout ou partie de l’ancien pays de Canaan – ne soit pas plus « L’État des Juifs » que l’État de toute autre confession religieuse, mais l’État de tous ses citoyens et citoyennes.

Ce qui menace réellement Israël, c’est la fuite en avant de ses institutions : militariste, colonialiste, et de plus en plus ségrégationniste, envers les Palestiniens bien-sûr et envers ses « protégés » druzes aussi, mais même envers les juifs non-européens : falashas, mizrahim et séfarades… ou pauvres, comme ces survivants de la Shoah, abandonnés à la misère dans  les immeubles décrépis des années 50 de Akkà.

Ce qui menace d’abord Israël, c’est l’implosion de sa société : celle à laquelle conduisent inexorablement l’état de guerre permanente, la paranoïa envers l’étranger, ou « l’autre » de manière générale, ainsi que le manque d’empathie envers les plus démunis.

Quant à l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien pour attiser les conflits « intercommunautaires » en France, voici ce qu’en écrivait Rony Brauman – ex-président de MSF – dans Siné Mensuel d’avril 2015 :

« Il (le CRIF), ne cesse d’affirmer le soutien inconditionnel des Juifs français à Israël tout en faisant vibrer la corde antisémite jusqu’à l’extrême. Il a franchi un degré supplémentaire en faisant campagne contre l’appel à la reconnaissance d’un État palestinien voté au Parlement français. Soudainement, la reconnaissance d’un État Palestinien était un acte antisémite. Le CRIF vide de son sens-même la notion d’antisémitisme en l’assimilant à une critique ou à une attitude politique. Ces gens-là mettent les juifs en danger. »

Plus qu’une expression particulière du racisme, le sionisme est donc devenu un des principaux pourvoyeurs de l’antisémitisme dont le CRIF a fait son fond de commerce pour peser sur la politique proche-orientale de la France.

Dénoncer l’idéologie sioniste, c’est combattre le racisme sous toutes ses formes, à commencer par l’antisémitisme.

Plus qu’un délit, l’antisémitisme est un crime. À ce titre, il doit être poursuivi et condamné sans ambiguïté aucune.

L’antisionisme, lui, est une opinion et une composante du combat antiraciste : prétendre en faire un délit revient à mettre en cause la liberté d’expression et constituerait une étape supplémentaire et fort significative dans la régression des droits démocratiques en France.

C’est pourquoi, n’en déplaise aux dirigeants du CRIF et à leurs affidés, Emmanuel Macron en tête, je suis antisioniste et le revendique, tout comme mon grand-père, officier FTPF et mon grand-oncle, combattant FTPF tombé au maquis, étaient antinazis et le revendiquaient… face aux sbires de Pétain… auquel Macron rendait hommage en novembre dernier.

Jean-Do ROBIN

21 février 2019

On nous signale la tournée d’un documentaire sur la Palestine en Bretagne ces jours ci “Derrière les fronts”  : Tournée de projections-débats en Bretagne en présence de la réalisatrice  bretonne Alexandra Dols. La page FB est ici.  Et d’autres infos ici.

Derrière les fronts : résistances et résiliences en Palestine

Une traversée de la Palestine en compagnie de la psychiatre palestinienne, Dr. Samah Jabr – د. سماح جبر qui met en lumière les résistances et les résiliences face aux blessures invisibles de la guerre et de l’occupation.

  •  Lundi 27 à Saint-Brieuc, Cinéma le Club dès 20H30 en présence de la réalisatrice.
  • Mardi 28 à Guingamp, Cinéma Les Korrigans Guingamp dès 20H30 en présence de la réalisatrice.
  • Mercredi 29 à Lannion, Cinéma Les Baladins dès 20H30 en présence de la réalisatrice.
  • Jeudi 30 à Morlaix, Cinéma La Salamandre dès 20H30 en présence de la réalisatrice.
  •  Vendredi 1er décembre à Saint Renan, Cinéma Le Bretagne dès 20H15 en présence de la réalisatrice.
  • Samedi 2 à Brest, Cinéma Les Studios dès 17H en présence de la réalisatrice.

Vivian Petit est un militant anti-capitaliste et anti-impérialiste, originaire du Havre que nous côtoyons depuis de nombreuses années dans les mobilisations sociales à Rennes. Il est également investi dans la solidarité avec le peuple Palestinien.

Il vient de signer un ouvrage, préfacé par Julien Salingue, sur son expérience internationaliste : “Retour sur une saison à Gaza” chez Scribest. Il viendra présenter cet ouvrage le samedi 23 septembre à l’université de la Gauche Indépendantiste (vente et signature sur place). Nous lui avons posé quelques questions.

Bonjour Vivian. Ton livre est en partie un témoignage de ton séjour à Gaza, en 2013. Peux-tu nous dire dans quel cadre tu t’y es rendu ?

Bonjour. C’était en effet en 2013, je me suis décidé à y aller assez rapidement. Je n’imaginais pas pouvoir aller à Gaza un an ou deux avant mon voyage… Depuis 2006, Gaza est sous blocus terrestre et maritime, un siège mis en place par Israël mais aussi par l’Egypte. Mais la situation s’est un temps améliorée à partir de 2012, avec l’élection des Frères musulmans en Egypte faisant suite à la chute de Moubarak. En 2013, après avoir travaillé à Paris pour l’Agence Media Palestine et à Londres auprès de la représentation du Boycott National Committee, j’avais envie de retourner en Palestine (j’étais allé quelques années plus tôt en Cisjordanie et à Jérusalem, avec des membres de SUD-Etudiant). Puisque le passage de Rafah, où se situe la frontière entre Gaza et l’Egypte, n’était plus infranchissable à ce moment, j’ai décidé de saisir l’occasion.

Pour passer la frontière et obtenir un visa de la part des autorités gazaouies, il me fallait un emploi à Gaza et une organisation se portant garante du fait que je n’étais pas un espion (et dont le membre me « sponsorisant » risquait d’être inquiété si j’étais accusé d’avoir enfreint la loi). J’ai pu trouver un poste de chargé de cours en Français Langue Etrangère à l’université Al-Aqsa de Gaza, et un étudiant, membre de l’association Baraka City, s’est occupé de toutes les démarches vis-a-vis des autorités. Je suis arrivé à Gaza en février 2013. J’ai pu me lier aux militants de l’ISM, l’International Solidarity Movement, organisation de militants venus de différents pays, tentant comme ils le peuvent de soutenir la résistance des Palestiniens, par exemple en se rendant avec les paysans sur leurs terres lorsqu’ils risquent d’être attaqués.

Deux mois et demi après mon arrivée à Gaza, je suis allé passer une semaine en Egypte. Une semaine plus tard, lorsque j’ai voulu comme prévu retourner à Gaza, la carte de séjour d’un an qui m’avait été délivrée à Gaza par les autorités ne suffisait plus à ce que les garde-frontières me laissent passer. Après avoir fait des pieds et des mains pour tenter de passer la frontière les jours suivants, je suis finalement rentré en France au mois de mai 2013. Moins de deux mois plus tard, la frontière était finalement totalement fermée suite au coup d’Etat de l’armée en Egypte. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer. De janvier à août 2017, le passage de Rafah (qu’un ami palestinien appelle maintenant le « barrage de Rafah ») est resté totalement fermée, à l’exception de 13 jours durant lesquels des Gazaouis ont pu passer au compte goutte pour se rendre en pèlerinage à la Mecque. Ces dernières années, pour couper tout contact entre le Sinaï et Gaza et éviter la reconstruction des tunnels, qui permettaient tout de même de passer cette frontière dans le dos de l’armée égyptienne, l’Etat égyptien est allé jusqu’à faire raser les habitations de la partie égyptienne de la ville de Rafah et à transférer les habitants à plusieurs dizaines de kilomètres de là…

La littérature sur la lutte de libération nationale du peuple palestinien est riche, en quoi d’après toi ton livre peut apporter un autre point de vue ?

Je ne suis probablement pas le mieux placé pour dire ce que mon livre aurait de plus ou de moins que les autres. Je peux par contre expliquer pourquoi il existe, et ce que j’ai tenté de faire en l’écrivant. Ce bouquin est centré sur Gaza, où rentrent peu d’étrangers en raison du blocus, et il se situe à mi chemin entre le témoignage et l’essai. J’essaie à la fois de faire un récit de ce que j’y ai vécu, de décrire la vie quotidienne à Gaza, et de mettre politiquement en perspective les évènements, sur le moyen terme. On ne compte plus les chroniques de la vie à Gaza tentant de nous surprendre en nous expliquant que Gaza est peuplée d’êtres humains comme les autres, avant d’insister sur le fait qu’il y a en dehors des massacres des jours très tranquilles… Pour ce qui est de la couverture de ce qu’il se passe à Gaza par les grands médias, celle-ci se borne le plus souvent à faire le récit des bombardements. Je tente de me détacher de cette temporalité médiatique, pour expliquer en quoi les bombardements sont le prolongement direct du siège et de l’étouffement de toute forme de vie.  Je tente d’expliquer en quoi ce qui est peu couvert (le siège, l’organisation de pénuries, les tentatives menées par Israël pour faire de certaines parties de la Bande de Gaza des zones désertiques, etc) peut au contraire permettre d’expliquer ce qu’il se passe lors des massacres en Palestine, dont les médias parlent beaucoup mais pour ne pas dire grand chose.


Peux tu en quelques mots expliquer en quoi il est incorrect de parler de « regain de tension » lorsque Israël utilise la force militaire en Palestine ?

Je crois avoir eu l’idée de ce livre à l’été 2014, au cours duquel 2 310 habitants de Gaza ont été tués par l’armée israélienne. Un peu plus d’un an après mon retour de Gaza, je reconnaissais certains des lieux bombardés sur les images diffusées par les chaînes d’information, tout en trouvant consternant le discours qui l’accompagnait, avec toute la série de poncifs sur un « regain de tension » ou un « cycle de la violence entre Israël et le Hamas ». Une partie du mouvement de solidarité en France reprenait en partie ce discours, s’en distinguant seulement en insistant sur l’asymétrie des forces en présence. Je pense au contraire qu’il n’y a pas de « cycle de la violence » ni de « regain de tension », tout au plus une routine du blocus, et une volonté israélienne d’étouffer Gaza, avec simplement des variations d’intensité dans les moyens employés selon les périodes.


Je peux citer quelques exemples. Les territoires les plus bombardés à l’été 2014 sont soit les infrastructures construites sur les terrains des anciennes colonies, que le blocus, les restrictions sur les importations ou les coupures d’électricité ont (entre autres) pour but d’empêcher de fonctionner, soit des territoires situés près des « frontières », dont Israël souhaiterait faire un 
no man’s land, prétextant des questions de sécuritéEn 2013, au sud est de la Bande de Gaza, à Kuza’a, j’avais vu des jeeps et des chars israéliens faire des aller-retour pour effrayer les habitants. L’un des paysans qui, malgré les menaces, continuait à se rendre sur ses terres (parfois en compagnie de militants internationaux), m’avait appris que seule la culture du blé était autorisée par Israël, qui menaçait d’attaquer Kuza’a si des arbres étaient plantés, car des « terroristes » pourraient se cacher derrière… Une française membre de l’ISM qui se rendait plus fréquemment que moi aux côtés de ces paysans de Kuza’a m’avait raconté les tirs des snipers qui se positionnaient près de Kuza’a, visaient régulièrement des animaux, ou tiraient près des paysans et de leurs familles pour les faire fuir… Ils avaient aussi menacé un jour de tirer sur une délégation internationale plus nombreuse qu’à l’accoutumée. Voilà donc ce à quoi ressemble une période de paix à Gaza. A l’été 2014, Israël a donné ordre aux habitants de Kuza’a, qu’ils souhaitent expulser depuis longtemps, de quitter leurs terres. 30% d’entre eux sont tout de même restés, sans qu’on sache combien l’ont fait pour résister, et combien n’avaient simplement aucun autre endroit où aller, ou étaient dans l’impossibilité physique de marcher plusieurs kilomètres. Suite à cela, en une nuit, plusieurs dizaines des habitants de Kuza’a restés dans leurs habitations sont morts sous les bombardements. Je pense qu’on comprend mieux ce qu’il s’est passé à l’été 2014 en sachant ce qu’il se passait un an avant, plutôt qu’en imaginant une période de paix qui aurait été rompue et dont ce massacre serait l’exact opposé…


On pourrait multiplier les exemples… En 2015, près de Kuza’a, à Al-Qarra, mais aussi à 
Wadi as-Salqa, au centre de la Bande, Israël a décidé de bombarder les terres agricoles en y déversant des pesticides… Certes, personne n’est directement mort de ces épandages le jour où ils ont eu lieu, mais connaître ces évènements pousse à mépriser d’avance toute personne qui, lors de la prochaine « opération » qu’Israël ne manquera pas de déclencher contre les habitants de la Bande de Gaza, affirmera que « le Hamas a rompu la trêve qui courait depuis 2014 »…


Quelles doivent être d’après toi les tâches prioritaires de ceux et celles qui s’affirment solidaires du peuple palestinien en Europe ?

Passées l’émotion et les grandes manifestations qui ont lieu lors des périodes de bombardements, il n’est pas toujours évident de faire perdurer le soutien concret à la résistance palestinienne. Ca me paraît cependant important, ne serait-ce qu’en raison de la continuité coloniale et policière des régimes. A ceux qui parlent d’« importation » de cette question en France, je rappelle que Vincent Auriol, président de la République française en 1948, raconte dans son journal que la raison principale du soutien de la France à la création d’Israël est qu’une victoire des Palestiniens aurait risqué de renforcer la lutte du FLN en Algérie … Je rappelle aussi qu’Israël est un modèle pour tous les pays occidentaux en ce qui concerne les interventions militaires, l’antiterrorisme et le maintien de l’ordre… Comme le dit un ministre israélien, « si Israël vend des armes, c’est parce que les acheteurs savent qu’elles ont été testées »…

Puisqu’il ne faut pas se contenter d’incantations sur la révolution mondiale, se rendre en Palestine est parfois utile, pas seulement parce que cela permet de percevoir plus finement les enjeux et de témoigner à son retour, mais aussi parce que certaines actions sur place peuvent produire des effets. Par exemple celles consistant à assurer une présence sur des terres ou dans des maisons dont les habitants sont menacés d’être expulsés pour être remplacés par des colons.

Pour ce qui est des actions menées en Europe, si je suis favorable au boycott des produits israéliens, ce n’est pas parce que je croirais dans la possibilité d’une moralisation du capitalisme, mais parce que cela s’inscrit dans une campagne politique, Boycott, Désinvestissements, Sanctions, appellant à faire preuve d’une solidarité internationale en tentant de faire payer le prix de l’occupation à Israël comme à ses complices. Pour ce qui est des manières dont des militants tentent de s’en prendre concrètement aux responsables de l’occupation de la Palestine, des sabotages menés contre des usines d’armements en Grande-Bretagne lors de l’opération « Plomb durci » sont un exemple (les militants du collectif Smash EDO et de l’International Solidarity Movement interpellés après cette action avaient d’ailleurs été relaxés lors de leur procès, le tribunal reconnaissant que leur action avait pour but d’empêcher des crimes de guerre). Le blocage de cargos israéliens en Amérique du nord à l’été 2014 en est un autre.

Dans les entreprises françaises complices de l’occupation et de la colonisation, on peut prendre l’exemple de Véolia. De 2005 à 2015 (date de la fin de ses activités en Palestine occupée), pendant que des Palestiniens sabotaient parfois les infrastructures du tramway (reliant Jerusalem ouest aux colonies israéliennes en territoires occupés) pendant des manifestations, les pressions populaires sur les élus ont fait perdre à Véolia près de 15 milliards de dollars de contrats signés avec des municipalités du monde entier. Il y a aussi Orange, qui a alimenté en Cisjordanie les antennes et les relais implantés sur des terres confisquées aux Palestiniens pour les communications de l’armée israélienne et des colons, et qui a même parrainé deux unités de l’armée israélienne lors du massacre à Gaza en 2014… En 2015, Orange a perdu de gros contrats en Égypte, a été boycotté au Maroc, et des rassemblements répétés devant ses boutiques en France ont parfois contraint les gérants à baisser momentanément le rideau. A la suite de cela, Orange n’a pas renouvelé son contrat avec Partner Communications, leur entreprise israélienne partenaire. Il y a aussi une campagne contre AXA, qui est actionnaire de trois banques israéliennes ainsi que d’Elbit Systems, l’une des principales sociétés d’armement israéliennes (celle là même qui est accusée d’avoir fabriqué les bombes au phosphore blanc qui ont servi à bombarder Gaza…). Il y a aussi les actions contre le salon de l’armement à Paris, la critique de la manière dont la Palestine sert de laboratoire à l’évolution des techniques de contre-insurrection … A Rennes, des étudiants de Sciences-Po mènent une campagne contre le partenariat de leur école avec l’Université de Tel Aviv, qui, comme toutes les universités israéliennes, est engagée dans des programmes de recherche militaire.


Enfin, les campagnes pour la libération des 7 000 Palestiniens emprisonnés par Israël me paraissent elles aussi importantes, même s’il est difficile d’en mesurer les effets. Il y a d’ailleurs un rassemblement ce 20 septembre à Rennes, pour la libération de Salah Hamouri, militant franco-palestinien emprisonné par Israël sous le régime de la détention administrative… Et des manifestations régulières à Lannemezan, dans le sud de la France, où est incarcéré Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais emprisonné depuis 33 ans par la France, pour 
complicité dans des actes de lutte armée revendiqués par un groupe d’extrême-gauche libanais, des actes qui répondaient à l’invasion israélienne du Liban en 1982.

Libérez Georges Ibrahim Abdallah !
@Crédit Bretagne-Info

Le 16 juillet c’est près de 400 personnes qui ont défilé dans les rues Rennes à l’initiative de l’Association France- Palestine pour protester contre les bombardements et le massacre en cours dans la bande de Gaza.
L’ensemble des forces et personnes présentes ont rappelé leur soutien à la lutte du peuple palestinien. Il y avait beaucoup d’anonymes et de personnes peu habituées des manifestations du centre- ville.

@Crédit Bretagne-Info
@Crédit Bretagne-Info

Plusieurs prises de parole ont eu lieu (AFPS , Mouvement de la Paix, PCF, NPA, La gauche Indépendantiste Bretonne-Breizhistance…). Beaucoup , dont le NPA, ont fustigé avec raison la complicité du gouvernement français avec Israel, tout en condamnant l’antisémitisme.

La Gauche Indépendantiste a pour sa part mobilisé et défilé derrière deux banderoles trilingues breton-arabe-français  qui ont été remarquées et appréciées par beaucoup de manifestants. L’une appelant à la solidarité en tant que bretons avec la Palestine, l’autre rappelant le sort fait à Georges Ibrahim Abdallah. Ce communiste libanais incarcéré en France depuis 30 ans pour avoir résisté les armes à la main aux impérialistes est libérable depuis 2007. L’an dernier l’ancien ministre de l’intérieur Manuel Valls , actuel premier ministre, a refusé de signer son décret d’extradition vers le Liban sous pression des USA et d’Israël. C’est dans ce sens que Gael Roblin de la Gauche Indépendantiste est intervenu au micro en exigeant sa libération et celle de tous les prisonniers politiques palestiniens.

Gael ROBLIN (Gauche Indépendantiste Bretonne) @crédit Bretagne-Info
Gael ROBLIN (Gauche Indépendantiste Bretonne)
@crédit Bretagne-Info

Le même jour plus de 50 personnes se sont rassemblées à Morlaix  tout comme à Vannes  et à Saint-Malo la veille avec 60 personnes ) en demandant l’arrêt immédiat des bombardements, des sanctions immédiates contre Israël, et le boycott des produits israëliens .
Un prochain rassemblement est prévu à Vannes samedi 19 juillet à 15 heures.

Pour en savoir plus sur Georges Ibrahim Abdallah : http://liberonsgeorges.over-blog.com/
Nos camarades anti-impérialistes et internationalistes  de Coup pour Coup 31 ( Tolosa, Occitania ) organisent une campagne dynamique de solidarité avec la Palestine et collectent des fonds pour reconstruire un hôpital Palestinien :http://couppourcoup31.over-blog.com/2014/07/solidarite-avec-l-hopital-al-awda-de-gaza.html
Libérez Georges Ibrahim Abdallah  ! @Crédit Bretgane-Info
Libérez Georges Ibrahim Abdallah !
@Crédit Bretagne-Info

Afin d’illustrer la souffrance du peuple palestinien, nous publions ci-dessous le témoignage adressé à la rédaction par une étudiante gazaouie, Maissa Abdul-Halim. Cette étudiante de 22 ans lutte autant en prenant la plume comme en novembre 2012 quand elle publia un poème intitulé “My little child” , ou témoignant dans Letter from Khan Yunis  des destructions de maisons à Khan Yunis, ville palestinienne du sud de la bande de Gaza, que par son engagement auprès de son peuple comme volontaire pour l’ONG Mercy Corps.

Maissa Abdul-Halim
Maissa Abdul-Halim

 

Ces mots sont uniquement adressés aux personnes qui ont encore une conscience dans ce monde injuste.
Mon texte s’intitule “Ici à Gaza” pour vous montrer plusieurs aspect de l’agression contre Gaza et du massacre commis contre mon peuple par les sionistes.

Après quatre jours de cette attaque contre Gaza, nous dénombrons plus de 700 blessés que nous ne pouvons pour l’instant même pas soigner à cause du siège, et plus de 100 martyrs. La majorité sont des enfants et des femmes.

Ici à Gaza, vous trouverez un garçon de 5 ans, qui, à cause de cette l’agression israélienne contre Gaza, se retrouve sans mère, sans père, sans famille, seul dans ce monde sombre. Il ne trouvera plus jamais de câlins réconfortant quand il sera effrayé, sa mère ne pourra plus jamais lui chanter de contines avant qu’il ne s’endorme, son père ne pourra plus jamais prendre sa main quand la vie l’abandonne … Mais le monde est encore dans un sommeil profond parce qu’il s’agit d’un enfant palestinien …

Ici à Gaza, un autre jeune enfant serre fort dans ses bras sa sœur encore bébé, en lui disant « n’aie pas peur , tout ira mieux dans le ciel, dans cette vie le monde est silencieux et il n’y a pas de justice », puis les voisins les prennent et les éloignent des décombres. Le monde est surpris par ce joli câlin sous les décombres, et il prend des photos, et il n’y a pas de cliché pour mettre fin à ce massacre, et les deux âmes volent comme des petits oiseaux vers le septième ciel …
Ces jours ci, la plupart des enfants du monde se préparent, achètent de nouveaux vêtements, de nouveaux jouets pour les festivités islamiques de fin du Ramadan, et ici à Gaza les enfants préparent les vêtements pour leur tombe, faisant face à la nuit sombre pour accueillir la mort …

Ici à Gaza, vous vous asseyez avec votre famille pour boire le café et vous ne savez pas d’où viennent ces maudites roquettes qui viennent vous retirer la vie …

Ici à Gaza, à minuit vous recevez un putain d’appel de l’armée israélienne, vous disant que vous avez dix minutes pour évacuer votre maison parce qu’ils s’apprêtent à la détruire, dix minutes et vous allez perdre vos souvenirs dans cette maison, vos rires et vos pleurs, vos sourires et vos larmes, seulement dix minutes et votre petite histoire sera écrasée pour ne laisser que quelques feuilles …

Ici à Gaza, le seul endroit vers lequel est mené la mariée est la morgue, pour voir son mari qui est maintenant un martyr …

Ici à Gaza, vous pouvez voir un père déchirer le livret de famille parce que toute sa famille a été tuée par l’agression israélienne contre Gaza …

Toutes ces choses et plus se déroulent dans la Bande de Gaza et quoi ? Que trouvons-nous ? Qu’entendons-nous ? Seulement le silence morbide du monde et leur collusion avec les massacres sionistes qui sont commis contre mon peuple. Nous vivons en état de siège, pas d’eau, pas d’électricité, nous ne pouvons même pas satisfaire nos besoins de base, et ensuite vous considérez cela comme une Guerre ? Laissez moi vous dire qu’une guerre se déroule entre deux armées de force équivalente, ça n’arrive pas contre des civils, ça n’arrive pas contre des personnes désarmées.

Au monde entier, réveillez-vous de votre léthargie, exprimez vous, criez au nom de l’humanité, agissez pour mettre fin à cette injustice, prouvez à vos enfants que votre conscience est encore vivante. Nous sommes des êtres humains, nous avons droit à une vie digne, la résistance est notre seule choix pour récupérer notre terre volée.
Amour et paix d’une terre à qui il manque la paix.

Une fille de Gaza

Maissa Abdul-Halim

Aujourd’hui, Israël a envoyé ses commandos attaquer le convoi humanitaire Liberté, il y aurait 19 morts. BREIZHISTANCE appelle aux rassemblements suivant en Bretagne :

Nantes/Naoned : Lundi 31 mai, 19h place du Commerce

Saint-Nazaire/Sant-Nazer : Lundi 31 mai, 18h30 place de l’Hôtel de Ville

Lorient/An Oriant : Mercredi 2 juin, 18h Place Aristide Briant

Saint Malo/Sant Maloù : Mercredi 2 juin, 18h30 Porte Saint-Vincent

Rennes/Roazhon : Mercredi 2 juin, 18h Place de la Mairie

Brest : Mercredi 2 juin, 18h Place de la Mairie

Guingamp/Gwengamp : Jeudi 3 juin 18h30, devant la sous préfecturepalestinian-flag

Il faut dénoncer l’escalade meurtrière d’Israël et exiger : la levée du Blocus sur Gaza, la suspension des accords entre Union Européenne et Israël, des mesures de rétorsion contre l’Etat Israélien.

Partie de différents pays d’Europe, la flottille LIBERTE composée de six navires affrétés par des ONG soutenant le peuple Palestinien et transportant 10 000 tonnes d’aides humanitaires et 700 passagers (dont la majorité des membres d’ONG, ainsi que des députés européens, des journalistes, des représentants de différentes religions, des intellectuels, … ) a été attaquée par des commandos de l’armée israélienne. Il y aurait 19 morts et des dizaines de blessés. Cette mission visait à acheminer l’aide humanitaire nécessaire au vue du blocus imposée par Israël depuis 2007 dans la Bande de Gaza. Comme les 8 missions précédentes, celle-ci visait à briser pacifiquement l’embargo israélien dénoncé par les Nations-Unies. Néanmoins l’envergure de celui-ci, par l’aide médicale et le nombre de représentants internationaux était le plus important.

Il est clair que la complaisance des Etats occidentaux vis à vis du régime israélien incite celui-ci à raffermir sa logique de terreur et de violence. L’extrême indulgence de Nicolas Sarkozy et de Bernard Kouchner à l’encontre des dirigeants israéliens les rend complices de ce nouveau massacre. Il est temps de prendre des mesures fermes et coercitives vis-à-vis d’Israël dans l’intérêt de la survie du peuple palestinien et de son émancipation.