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LREM de Guingamp

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Le saumon est un poisson anadrome, c’est à dire qu’il remonte les rivières après avoir quitté l’eau salé pour se reproduire…Enfin ça c’était avant…Avant l’industrialisation à outrance de notre planète et l’exploitation éhontée des ressources naturelles. Il a quasiment disparu de l’océan atlantique.

Une entreprise norvégienne, Smart Salmon veut implanter une ferme usine à saumons à Plouisy prés de Guingamp.

Le conseil d’agglomération de Guingamp Paimpol , dominé par le PS mais cogéré avec un vice président ( maire de Plouisy ) Remy Guillou notoirement proche de la galaxie LREM a acté de vendre des terres à cette entreprise. On notera parmi les promotrices de ce projet, le nom de Fanny Chappé, maire PS de Paimpol et proche de Loig Chesnais Girard au Conseil Régional

Aussitôt les animatrices et animateurs de Eaux et Rivieres de Bretagne ont tiré la sonnette d’alarme :

“Guingamp-Paimpol agglomération se félicite d’accueillir prochainement sur son territoire un élevage hors-sol de saumons. Sur la commune de Plouisy (22), le groupe norvégien Smart Salmon prévoit en effet l’installation d’une ferme de 56 000m² (5,6 ha) sur une parcelle de 10ha de la zone industrielle de Kérizac. Un projet qui suscite l’inquiétude d’Eau & Rivières de Bretagne C’est un symbole cruel : alors que depuis début mars, le Trieux voit ses saumons sauvages mourir les uns après les autres, les élus de Guingamp Paimpol Agglomération (GPA) accueillent à bras ouverts le projet d’implantation à Plouisy d’un élevage industriel de saumon et d’une usine d’abattage et de transformation, pour une production de 10 000 tonnes/an. Ce projet, d’ailleurs instruit dans la plus grande opacité, est porté par la société Smart Salmon. Ce groupe norvégien est, avec d’autres, à l’origine de la pollution organique et médicamenteuse par les fermes aquacoles des estuaires norvégiens, et de la dissémination dans les cours d’eau de parasites (pou du saumon) qui ont progressivement contaminé le cheptel sauvage. Une concentration aussi importante de saumons d’élevages augmente dangereusement les risques sanitaires pour les saumons sauvages. Elle peut impacter de façon irréversible le patrimoine piscicole du Trieux.

 

Credit Photo Smart Salmon

Des rejets supplémentaires sur un territoire déjà saturé?

Alors que GPA est déjà confrontée à l’insuffisance de ses stations d’épuration et rejette fréquemment  des eaux usées non traitées, il n’est pas concevable que des rejets supplémentaires, directs ou indirects, viennent aggraver une situation dégradant la qualité des eaux du Trieux. L’argument d’un élevage fonctionnant en circuit intégralement fermé est un mythe, les rejets organiques et médicamenteux produits devront bien être traités quelque part.

 

Des consommations d’eau dans un territoire déjà en tension?

Le contexte actuel de dérèglement climatique affecte déjà concrètement nos rivières et réduit les débits en période estivale et automnale. Il nous oblige déjà à réduire les consommations d’eau de toutes origines, pour garantir le bon état écologique de nos rivières et garantir l’alimentation en eau potable des populations. Aller chercher de l’eau ailleurs comme le suggère le maire de Plouisy pour approvisionner l’usine, ne peut constituer une solution durable. Puiser l’eau et traiter les déchets ailleurs ne constituent pas une argumentation sérieuse.

 

C’est peu dire que ce projet suscite de fortes inquiétudes pour notre association qui demande publiquement aux élus de GPA d’indiquer précisément quelles sont les garanties qui ont été demandées pour éviter toute dégradation supplémentaire de notre environnement local et de la biodiversité.”

 

Campagne électorale…

Mais ce n’est pas tout les militants de la Gauche Independantiste en ont fait un thème de campagne pendant le scrutin des départementales dans le canton de Guingamp. On notera qu’en plus d’un score très honorable de 8,3 % des suffrages c’est dans la commune de Plouisy qu’ils obtiennent leur meilleur score : 14 %.

Et c’est ainsi qu’ils ont fait part de leurs non consignes pour le deuxième tour.

Le score de notre candidature est un motif de satisfaction. Plus de 8 % des suffrages pour une liste de candidats assumant pleinement leur identité politique indépendantiste, écologiste et anticapitaliste ;revendiquant sa solidarité active avec les réfugiés est loin d’être anodin.

La perte de voix du RN sur le canton est aussi significative , tout comme le retard de la liste de droite proche du député Macroniste Yannick Kerlogot menée par Guilda Guillaumin et Thierry Buhé sur leurs adversaires PS pour le deuxieme tour, ainsi que la très faible prestation de Madame Garcia.
Pour autant nous avons été les seuls candidats à s’inquiéter du dantesque projet de ferme usine à saumons à Plouisy qui est un chantier inutile et dangereux pour l’environnement et qui est porté et promu par la famille politique d’Anne-Marie Pasquiet et de Guillaume Louis, c’est à dire le Parti Socialiste.
Les suffrages qui se sont portés sur nos noms ne nous appartiennent pas et ceux qui voudraient en bénéficier se doivent de s’expliquer dans l’entre deux tours sur ce projet qui va gravement nuire à la qualité de l’eau , sans oublier de prendre des engagements contre l’habitat indigne en taxant les logements vacants et pour la co-officalisation de la langue bretonne. Maiwenn Salomon, Gael Roblin, Anna Kerrain, Mickael Sauvage.

Gael Roblin , conseiller municipal a renchéri dans le cadre de sa tribune transmise pour parution dans le bulletin municipal :

Le Conseil d’Agglomération de Guingamp-Paimpol a acté la vente de terres pour construire une ferme usine à saumon. Les délégués de la ville de Guingamp ont voté cette délibération au bénéfice d’entreprises Norvégienne et Israélienne impliquée pour cette dernière dans la situation d’apartheid que subit le peuple palestinien.

Les membres du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat tirent la sonnette d’alarme sur notre modèle économique et ses conséquences sur l’environnement et la planète mais nos élus bradent le foncier au profit des capitalistes.

Le projet consiste à faire venir des œufs de saumons depuis l’Écosse pour éclore dans une ferme usine en Bretagne sur la zone de Kerizac à Plouisy et bien sur exporter la production loin d’ici.

Les promesses en terme d’emplois sont invérifiables et n’évoquent pas les emplois détruits dans les entreprises existantes déjà dans le même secteur qui seront en concurrence avec ce projet dantesque.

La communication pour nous vendre ce projet est bien cafouilleuse, puisque l’on nous parle dans un premier temps d’un circuit fermé sans rejet dans la nappe phréatique alors qu’il s’agit de produire 5 millions de saumons en batterie nourris avec du poissons et des médicaments. Heureusement la presse locale a vite découvert que le projet consistait à construire des forages souterrains pour prélever de l’eau mais aussi à rejeter après filtrage des eaux usagées. Alors que le pays de Guingamp connaît de nombreuses polémiques sur la qualité de l’eau et que les ressources en eau baissent dramatiquement est ce bien le rôle de la puissance publique que de céder à des capitalistes avides de profit des terres appartenant aux 57 communes de GPA et à ses habitants ?

L’implication d’une entreprise ( Aquamaof )  liée à l’état colonial Israélien en Palestine risque de donner un autre relief à ce dossier, une entreprise déjà impliquée dans un autre projet du même type à Boulogne et cela a suscité des interpellations diverses.

Par ailleurs le site ReporTerre a souligné combien était nocives les fermes usines pour les poissons en raison des densités de peuplement  insensées liés à la concentration industrielle de ce type d’exploitation.

Enfin sur les substrats filtrés l’entreprise Smart Salmon envisage de cultiver des légumes sous serres qui entreront en concurrence directe avec ceux déjà produits en Bretagne.

Chacun a en mémoire que c’est à Plouisy que l’entreprise Nutrea/Triskalia/Eureden spécialisée dans la nourriture animale a été condamnée pour avoir empoisonnés des salariés avec des pesticides. Une entreprise dont la Région Bretagne est actionnaire. A ceux et celles qui nous parleront des emplois induits par le projet nous conseillons vivement d’observer avec attention comment sont habillés les ouvriers chargés de nourrir des saumons en Norvege dans une ferme usine dans ce film.

Et surtout qu’ils nous expliquent alors que Aquamaof se vante d’automatiser au maximum la production où se trouveront les emplois ?

La liste des opposants potentiels s’élargit de jour en jour et déjà sur le terrain plusieurs sensibilités politiques et associatives ont fait connaitre leurs disponibilités pour opposer à un projet qui illustre le fossé entre les déclarations du PS Breton à la Région sur sa compréhension des question climatiques et environnementales et sa propension à défendre un projet qui saccage la Bretagne et la planète au profit d’une minorité.

Dans un secteur où les mobilisations contre les projets miniers avaient connu un niveau assez élevé qui avait conduit à l’abandon du projet, la motivation reste importante, la fin de la campagne des Régionales va-t-elle permettre de mettre sous les yeux de l’ensemble des bretons ce projet stupéfiant ?

Il y a une vie politique entre les scrutins plus trépidante que le cirque électoral, et un potentiel pour une ZAD qui cristallisera à Plouisy les oppositions à l’agro-business…Les élus locaux y ont ils seulement pensé ?

Des militants de la Gauche Indépendantiste du Pays de Guingamp.

 

 

Pour une stratégie de réappropriation linguistique qui ne soit pas basée sur le parlementarisme parisien et les institutions françaises !

Nous tenons tout d’abord à féliciter les organisateurs de la manifestation du samedi 13 mars à Kemper. Réussir à mobiliser plus de 5000 personnes en une semaine, qui plus est dans le contexte sanitaire actuel, est un tour de force. Et cela à peine 15 jours après celle de Brest qui avait rassemblée en 3 jours 2000 personnes pour défendre les dotations horaires en langue bretonne dans les collèges Diwan.

Elles sont parmi le plus grandes manifestations de défiance à l’endroit du pouvoir central de LREM dans un contexte de pandémie et de repli sur soi, de restrictions. Ne boudons pas notre plaisir.

 

 

C’est un signal de défiance populaire envoyé à l’encontre d’un gouvernement pourfendeur de l’éducation et peu enclin à faire évoluer la place de la langue bretonne dans notre société, notamment par le biais de la convention Etat-Région. C’est ce socle populaire qui doit être amplifié et sur lequel il faudra s’appuyer pour créer une nouvelle stratégie afin de gagner nos droits. Nous ne sommes pas d’accord sur la place disproportionnée donnée samedi à la tribune aux députés, et à un degré moindre celle des de certains élus de la Région Bretagne. C’est le signe d’une stratégie basée majoritairement sur la seule compétence des députés pour gagner le combat, cette stratégie a un nom, c’est le parlementarisme parisien. Pourquoi s’interdire de construire d’autres stratégies ? Qu’avons-nous gagné par cette méthode depuis 40 ans ?  Des miettes, bien loin d’être à la hauteur des enjeux pour sauver une langue en danger de mort. L’histoire contemporaine de la langue bretonne prouve que la stratégie du parlementarisme choisie par  les organisateurs Diwan, Div Yezh, Divaskell, Kelennomp et Kevre Breizh est vouée à l’échec. Le temps du parlementarisme parisien est révolu. Demander l’aumône envers l’État Français et l’utilisation de ses institutions d’un autre temps est une voie sans issue. 

Les victoires obtenues depuis bientôt un demi-siècle sont le fruit des mobilisations populaires, associatives et syndicales. La création de Diwan en 1977 ne doit rien à l’État, son ancrage dans l’enseignement non plus. Les avancées dans l’enseignement bilingue entre les années 1980 et les années 2000 sont le fait du collectif UGB (Unvaniezh ar gelennerien brezhoneg), l’Union des enseignants en langue bretonne, et des syndicats étudiants tels que USB (Unvaniezh ar studierien brezhoneg) Dazont : développement de l’enseignement bilingue public et privé, création du CAPES de breton en 1985 ou encore le DEUG de breton en 1989. Le développement de la signalétique routière bilingue s’est fait grâce au rapport de force établi par les militants de Stourm ar Brezhoneg dans les années 1980-2000 puis d’Ai’ta dans les années 2010. 

La palme d’or de la stratégie parlementariste revient sans conteste au député LREM de Guingamp, Yannick Kerlogot, accompagné des députés LREM Annaïg Le Meur (Quimper) Graziella Melchior (Landivisiau-Lesneven),  Didier le Gac (Landerneau-Plabennec) et de la sénatrice LREM du Finistère Nadège Havet. Comment les organisateurs ont-ils pu accorder la parole à la tribune au représentant d’un gouvernement qui a voulu supprimer des heures d’enseignement en breton dans les collèges Diwan ? Car si le soldat Kerlogot a parlé « d’erreur administrative » pour voler au secours de Blanquer, la réalité est toute autre. Si erreur administrative il y avait eu, l’Education Nationale aurait fait machine arrière. Que nenni. C’est le Rectorat de Rennes qui financera les heures que l’Education Nationale a supprimé, dans leur droite logique d’économies budgétaires à tout va. Mais ça, les députés LREM ne vous le diront pas. Comment les organisateurs ont-ils osé donner la parole à celui qui assure le service après-vente de Blanquer ? Un député qui prétend défendre l’éducation et la langue bretonne mais ne manque jamais une occasion de défendre le ministre Blanquer et son travail de sape, souvent sournois. Jugez vous-même : l’obtention des cours de breton enseignés par le CNED dans le second degré est présentée comme une avancée, alors que cela permettra d’économiser des heures d’enseignement et donc des postes. L’enseignement de la langue bretonne dans les écoles n’échappe pas à cette logique de rentabilisation de l’éducation quand le budget du ministère de l’Intérieur et celui des Armées continue lui de croître pour assurer la sacro-sainte sécurité et vendre des armes de guerre. Ainsi, les regroupements de plusieurs niveaux de classes au collège sont devenus monnaie courante et le nombre de postes au CAPES de breton stagne depuis des années matière. Les conditions de travail des enseignants de breton dans le premier et le second degré se dégradent : fermeture de classes et regroupements de niveaux (jusqu’à 5 ou 6 niveaux ! ) dans le premier degré, non-titularisation sur un poste par la systématisation des TZR (titulaire en zone de remplacement) dans le second degré pendant des années, enseignement de disciplines non linguistiques (histoire-géographie ou mathématiques par exemple) en français et non en breton toujours dans le second degré. Le dialogue social se dégrade fortement avec le gouvernement Macron, puisque les syndicats ont été boutés hors des commissions paritaires pour les ajustements de postes. Ce coup de poignard dans le dos met souvent en danger les filières bilingues par la création de postes ne tenant pas compte des spécificités de l’enseignement bilingue.

Enfin, quelle légitimité à Kerlogot à se poser en défenseur de la langue bretonne quand ses  proches soutiens dans le pays de Guingamp — à l’instar  de Rémy Guilloux, maire de Plouisy — ne verse pas le forfait scolaire aux élèves de sa communes allant à l’école Diwan de Guingamp. Tout comme ne le fait pas Laurence Corson, élue au Merzer (toujours prés de Guingamp) mais aussi colistière de Yannick Kerlogot, avec qui elle a été élue au Conseil Départemental des Cotes d’Armor. 

 

Afin d’occuper le terrain médiatique pour promouvoir son projet de loi, le député Paul Molac était présent à la manifestation de Quimper, et c’est d’ailleurs sans doute lui-même qui l’a suscitée. A l’instar du député Kerlogot, une place de choix lui a été réservée à la tribune par les organisateurs, confirmant la stratégie de parlementarisme choisie pour gagner nos droits linguistiques. 

La proposition de loi définit « trois domaines dans lesquels des mesures de protection et de promotion des langues régionales peuvent être apportées : le patrimoine, l’enseignement, les services publics via la signalétique et les actes d’état civil. ». La réforme Blanquer qui met à mal l’enseignement du breton et en breton n’est pas remise dans la proposition de loi, les perspectives de recrutement préalable au développement de l’enseignement sont inexistantes. Le volet ayant trait aux services publics est louable mais fort incomplet. Enfin, nulle part le statut de la langue n’est abordé. Si Paul Molac se trompe sur les objectifs à atteindre, il nous tire une balle dans le pied avec l’utilisation du terme « régional » pour définir  la langue bretonne. Nous ne sommes ou ne seront pas des locuteurs de langue régionale mais des locuteurs. D’ailleurs, que veut dire « langue régionale », alors même que la Loire-Atlantique n’est pas dans la région administrative Bretagne, bien que la langue bretonne y soit également présente ? Pourquoi cette incessante classification entre les langues ? Un complexe d’infériorité en opposition à la langue française que nous parlons toutes et tous ? Il faut assumer et revendiquer un statut égal pour la langue  bretonne, qui ne verra jamais le jour sans construction politique. Si Paul Molac se trompe sur les objectifs, il fait également fausse route sur la méthode. La loi ne doit pas être un but sorti d’un artifice institutionnel sclérosé mais un outil à construire par un rapport de force populaire. Les ouvriers en lutte au 19e siècle ont-ils attendu les lois autorisant le droit de grève en 1864 et les syndicats en 1884 pour arrêter le travail et se regrouper ? Les femmes ont-elles attendu la loi Veil en 1975 pour avorter ? Les homosexuel·le·s ont-ils/elles attendu la loi sur le mariage pour tous en 2013 pour vivre ensemble ? Youenn Gwernig chantait « les droits qu’on a ça s’demande pas, les droits  qu’on a les prendra ! ». Paul Molac et les afficionados du parlementarisme parisien se trompent encore quand ils placent leur confiance en l’institution. Si les députés français se sont fait berner en première lecture du fait de leur absentéisme récurrent, il y a fort à parier, médiatisation aidant, que le rappel des troupes soit battu par la majorité jacobine et ses alliés idéologiques allant de la France Insoumise au Rassemblement National. Une majorité des députés contre le projet de loi en 2e lecture et il rejoindra la liste de ceux ayant fini avant lui dans les poubelles de l’Assemblée Nationale française. 

Les directions de Diwan, Div Yezh et Div Askell, en se basant sur le seul calendrier parlementaire, semblent prendre le risque de se retrouver sans perspectives stratégiques suite à l’échec de l’initiative Molac.

Une fois de plus, le discours réformiste visant à œuvrer pour un remodelage des lois françaises aura pompé toutes les énergies en dégageant les élus locaux de toutes responsabilités. Cela aura un effet démobilisateur.

Les manifestants de Brest et Kemper doivent profiter de leur capacité à mobiliser rapidement pour faire pression localement contre les politiques d’austérité et de mépris de la langue bretonne des élus locaux et ce en priorité.

Nos faiblesses sont aussi dues au fait que les forces militantes des salarié.e.s de la langue bretonne sont dispersées dans des petits syndicats appartenant à des grandes centrales. Peu sont syndiqués et ces salariés ne sont donc pas autonomes pour faire entendre leurs point de vue face aux errements des directions de leurs filières. 

La question de la création d’un Syndicat Unifiée des Travailleurs de l’Enseignement et de la Culture Bretonne doit revenir à l’ordre du jour.

Loig Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, était lui aussi aux premières loges à Quimper. C’est d’ailleurs lui qui a mis le feu aux poudres en rendant public les blocages avec le ministère de l’Education Nationale sur la signature de la Convention Etat-Région. Info ? Intox ? Le contexte électoral et ses dissensions avec LREM, composante de sa majorité à la Région, peuvent laisser à penser qu’il a freiné des quatre fers pour parapher la Convention et mettre ainsi en difficulté LREM. Quoi qu’il en soit, et malgré la bonne volonté de Lena Louarn, vice-présidente en charge des langues de Bretagne, force est de constater que les avancées consécutives à la politique linguistique régionale sont faibles. Il est loin d‘être à la hauteur des enjeux. Mais comment peut-il en être autrement quand on sait que le budget alloué est de 7,5 millions d’euros, soit 2,26 € par an et par habitants. A titre de comparaison c’est 8,7 € par an et par habitant en Corse et au-delà de 20 € par an et par habitant au Pays de Galles, dans la Communauté Autonome Basque et au sein de la Generalitat de Catalogne. C’est la nature même de l’institution qu’il convient de changer car à moins de croire au miracle elle ne pourra faire grand-chose de plus avec de tels moyens.  Un transfert de compétence en matière de politique linguistique serait une première avancée. Force est de constater que ça ne figure pas dans les priorités de la majorité régionale ni dans les intentions programmatiques des candidats aux élections régionales devant se dérouler cette année.  

Le parlementarisme parisien et les institutions françaises n’ont rien apporté — ou si peu — à la langue bretonne en presque 50 ans de lutte. La Gauche Indépendantiste se veut force de proposition pour créer une nouvelle dynamique nous conduisant à conquérir nos droits. Les droits linguistiques inhérents à ceux de chaque peuple. N’est-ce pas la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 qui dans son article 2 dit que «  Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de […] de langue […] ».

La langue bretonne ne sera sauvée que par la lutte continue et assumée pour un pouvoir politique breton et l’officialisation de la langue bretonne. Pas un intervenant ne l’a évoqué à Quimper le 13 mars dernier. 

La crise du Covid-19 a mis en lumière aux yeux de l’opinion publique la nécessité de relocaliser les décisions. C’est plus qu’une décentralisation au bon vouloir de Paris ou des élu·e·s du Conseil Régional de Bretagne que nous souhaitons : nous voulons construire un pouvoir politique breton pour élargir les compétences. Ailleurs en Europe les peuples s’organisent pour décider de leur avenir, comme en Écosse ou en Catalogne. En Bretagne, cela permettra aux bretonnes et aux bretons de participer directement aux décisions.  De toute part la question d’une démocratie plus proche de la population se fait entendre, que ça soit au niveau de la santé, de la réunification de la Bretagne, de l’égalité femme/homme, de l’environnement, des services publics. Il doit en être de même sur les questions linguistiques. Le droit de décider et la question du référendum en Bretagne commence à réapparaître dans les débats publics, notamment dans les institutions du Conseil Régional de Bretagne, au Conseil Municipal de Nantes ou celui de Rennes. C’est le reflet d’une volonté populaire forte qui ne se traduit pour l’instant que par des promesses. L’abstention aux élections et le succès honorable de certaines listes citoyennes aux élections municipales de 2020 interpellent le modèle démocratique actuel. Cela montre une volonté de changement fort. C’est pourquoi il faut aller plus loin en faisant progresser l’idée de l’organisation d’un référendum pour décider de Brest à Clisson. Cette consultation devra permettre de choisir quelles compétences (notamment législatives et fiscales) nous voulons ici en Bretagne. 

Le changement de statut de la Bretagne est indispensable dans la conquête de nos droits. Faut-il rappeler, par exemple, que le statut de Collectivité Territoriale en Corse — donnant des compétences propre à l’île de Beauté — permet une politique linguistique plus ambitieuse ? Le rapport de force avec l’État est singulièrement différent selon le statut du territoire en question, comme nous le prouve l’actualité. Mise en marche en janvier dernier, la réforme du CAPES par Blanquer compte modifier les modalités du concours du CAPES de langue corse. La première mouture prévoyait de faire la part belle à la langue française lors des épreuves : les coefficients des épreuves en langue corse seraient passés de 7 à 4 et les coefficients des épreuves en langue française de 4 à 8. Après deux mois de bras de fer,  le ministre a ainsi assuré “un coefficient de 8 sur 12 de matières passées en langue corse”. Comment sérieusement envisager faire évoluer de manière drastique les conditions d’enseignement du breton, bilingue ou immersif, au sein du système pyramidal et ultra-centralisé de l’Education Nationale ? C’est pot de terre contre pot de fer. 

Pour conclure, nous devons avoir des objectifs clairs pour la langue bretonne :

Dans le domaine de l’enseignement, le statut de l’enseignement immersif doit être renforcé et ce mode d’enseignement développé. Les élus ne versant pas le forfait scolaire à Diwan doivent être combattus, dénoncés et marginalisés. Le CAPES de breton, à l’instar du CAPES de corse, ne doit plus être bivalent. C’est une discrimination à l’égard des enseignants en langue bretonne devant enseigner deux matières. C’est une discrimination à l’égard des étudiants préparant le concours et devant assimiler deux programmes au lieu d’un. Il faut créer des CAPES bivalents s’adressant aux spécialistes des matières (histoire-géographie, sports, musique, etc.) afin de ne plus se retrouver avec des enseignants formés sur le tas. Le nombre de postes au CAPES n’excède quasiment jamais 2 depuis des décennies ! Il faut une hausse significative afin de pouvoir accompagner un développement de l’offre d’enseignement mais aussi pouvoir remplacer les personnels partant en retraite. Si ce n’est pas le cas, le nombre d’enseignants va diminuer, et l’enseignement avec. Les mêmes objectifs doivent être fixés pour l’enseignement dans le 1er degré, pour les mêmes raisons : multiplier par deux le nombre de postes aux concours de recrutement. 

 

Pour en revenir à la Convention État-Region sur la Transmission des langues de Bretagne et leurs usages dans la vie publique : il convient aussi de constater que peu d’acteurs du mouvement linguistique et culturel breton semblent l’avoir lue dans son ancienne version, tant les propositions qui émanent maintenant ne concernent que l’enseignement, révélant par là même le manque de culture politique socio-linguistique de cette mouvance.

Une langue ne se transmet pas qu’a l’école. Dans la société post-industrielle des loisirs dans laquelle nous vivons elle doit trouver toute sa place dans les sports, les loisirs, les distractions…

Si l’ancienne version de la convention permettait la création de centre de loisirs en langue bretonne, elle ne fléchait pas les financements des collectivités locales. Un centre de loisirs ouvert les mercredi et pendant les vacances permet d’offrir près de 400 heures de langue bretonne par an aux enfants le fréquentant. 

 

Enfin nous sommes pour une vigilance accrue quand l’application effective de cette convention en Loire-Atlantique, qui dépend d’une autre Académie, et où par exemple l’école Diwan de Saint-Herblain n’est toujours pas sous contrat (et donc à la charge du réseau), malgré le fait qu’elle remplisse tous les critères d’ancienneté. 

La convention État-Région signée en 2015 avait été validée par le recteur de l’Académie de Rennes, ainsi que par les présidents des Universités de Rennes et de Brest : il serait judicieux que celle qui sera signée prochainement intègre également l’Académie de Nantes et l’Université de Nantes. Enfin, il serait bien que le Département de Loire-Atlantique et d’autres collectivités locales (Métropole de Nantes par exemple) s’associent aussi aux discussions concernant cette convention qui sera signée avec l’État, afin de développer une convention qui permette le développement des pratiques et de la transmission de la langue bretonne sur l’ensemble de la Bretagne.

 

 

 

 

La langue bretonne doit changer de statut et devenir co-officielle.  Si cela permettra bien sûr une reconnaissance institutionnelle de notre langue, elle permettra de fait un développement des moyens lui étant consacrés dans la sphère publique. En Irlande, où  le gaëlique est officiel, la signalétique routière bilingue est généralisée, de même que le bilinguisme écrit au sein des services publics et le bilinguisme oral par le biais de formations continues des salariés. L’usage écrit et oral du breton doit être obligatoire également dans le domaine des transports. L’usage de la langue bretonne doit être un critère d’éligibilité aux subventions (toutes thématiques et tous demandeurs : entreprises, collectivités, associations). L’usage du breton par les entreprises doit être un critère de notation dans les marchés publics.

Dans le domaine des médias, nous devons avoir une radio publique et une chaîne de TV publique en langue bretonne. Il sera nécessaire d’accroître le soutien aux développements des radios locales émettant en langue bretonne (Radio Kerne, Radio Kreiz Breizh, Radio Bro Gwened, Radio Arvorig, et Radio Naoned), notamment en ce qui concerne les ouvertures de fréquences (FM ou radio numérique DAB+) qui auront lieu dans les prochains mois et années sur l’ensemble de la Bretagne. En effet, de nouvelles fréquences gagnées permettront à beaucoup de nouvelles personnes d’écouter les émissions en breton plus facilement au quotidien, mais signifieront aussi un coût annuel très important pour les radios associatives, pour chaque nouvelle antenne ouverte. Ces coûts devront être en partie pris en charge par les collectivités, tout comme la formation de plus de professionnels pouvant travailler dans ces radios.

La convention qui sera signée d’ici quelques temps devra prendre en compte les éléments qui ont été mentionnés dans ce texte (et sûrement d’autres), et faire participer l’ensemble des acteurs et actrices qui font vivre la langue bretonne au quotidien.

Nous devons rapidement et collectivement nous donner d’impulser une stratégie de réappropriation linguistique qui ne soit pas basée sur le parlementarisme parisien et les institutions françaises ! Brezhoneg ofisiel !

 

War-Sav Pour l’Organisation de la Gauche Indépendantiste.