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Depuis sa création BREIZHISTANCE-IS dénonce la politique militaire de la France dans le monde, symbole d’une politique impérialiste qui n’a jamais été abandonné par les différents gouvernements français, et qui n’a jamais porté les fruits de ses objectifs affichées en termes de « stabilité » et de « démocratie ».

En aucun cas la gauche indépendantiste bretonne ne souhaite ici soutenir les fondamentalistes qui ont pris possession du nord du Mali et tentent d’y appliquer une dictature religieuse criminelle. Pour autant, de la même façon que lors de l’opération en Lybie, nous ne pouvons être sommé de soutenir une intervention par ceux qui sont largement responsables de la gravité de la situation. La rébellion en Azawad (nord du Mali) est clairement issue du découpage arbitraire des frontières africaines par la France coloniale. L’arrivée d’armes et de forces islamistes, passées pour la plupart par le Niger, y est directement liée à l’intervention de la France en Lybie. Enfin, l’Etat français a toujours collaboré avec les gouvernements malien et nigérien dans leur politique de répression et de marginalisation des mouvements laïques et progressistes touaregs dans la région, ainsi fragilisés lors de l’arrivée massive des islamistes d’ Aqmi et de la dissidence islamiste touareg Ançar Dine.

La françafrique de Hollande et Le Drian

Qui peut croire que cette opération se fait pour le “rétablissement de la démocratie au Mali”, alors que celle-ci se fait en soutien à un gouvernement issu d’un coup d’Etat militaire le 22 mars dernier ? Un pouvoir militaire visiblement pas plus compétent que l’ancien, malgré une aide d’un demi-milliard de dollars versé à l’armée malienne par les Etats-Unis pour « un programme antiterroriste », selon le New-York Times.

Contrairement à ce qu’ont annoncé de nombreux médias français prompts à montrer des images des maliens justifiant l’intervention française, celle-ci ne se fait encore une fois pas dans le cadre des résolutions de l’ONU, qui promouvait une intervention internationale sous responsabilité africaine. Alors que beaucoup en France, comme le député européen Daniel Cohn Bendit , enjoignent les pays européens à suivre la France dans cette guerre et dans sa politique néo-impérialiste en Afrique, il est bon de rappeler que cette intervention visiblement préparée depuis longtemps ne répond qu’à une injonction bilatérale de l’Etat français et du gouvernement malien.

La France tente encore une fois d’imposer son rôle de « gendarme de l’Afrique », en appuyant sa stratégie sur ses relations bilatérales avec des “régimes amis” africains, sur la présence permanente de son armée dans la région et sur sa capacité de projection de forces. Ainsi, les hélicoptères utilisés pour stopper l’offensive adverse sont ceux des forces spéciales françaises de l’opération Sabre, présentes au Burkina Faso et en Mauritanie depuis deux ans et renforcées au mois de septembre 2012. Mais c’est surtout le dispositif Epervier, en place au Tchad depuis 1986 alors qu’il était supposé provisoire, qui est mobilisé. À travers l’opération baptisée Serval, ce sont donc les liens que Paris entretient avec des régimes totalement infréquentables, ceux d’Idriss Déby et de Blaise Compaoré, qui se trouvent une nouvelle fois renforcés.

Une guerre pour le nucléaire ?

Depuis des années déjà des tensions existent dans le nord du Niger voisin du fait de l’exploitation des mines d’uranium par Areva (auparavant la Cogema). Les associations écologistes y dénoncent une pollution cachée et les touaregs y ont pris le chemin de la guérilla en 2007 pour dénoncer la corruption et réclamer un partage des ressources et des richesses profitables à la population. Cette situation tendue et instable a notamment profité à l’arrivée d’Aqmi dans la région, accrue après l’intervention en Lybie. Suite à la politique d’Areva là-bas, des ressortissants français travaillant pour Areva et Vinci, dont un breton Pierre Legrand, ont été capturés et transférés dans le nord du Mali, auxquels se sont ajoutés depuis deux géologues prospectant au Mali. Car en effet, Areva sera très prochainement l’exploitant d’un futur gisement d’uranium découvert près de la localité malienne de Faléa

L’uranium africain est aujourd’hui la principale ressource des centrales françaises. Il ne fait guère de doute que l’engagement français au Mali ne se fait pas simplement dans l’objectif désintéressé de « stabilité » et de « démocratie », alors que les régimes autoritaires « amis » ne manquent pas dans la région. Alors que certains justifient cette guerre par la libération des otages français, nous répondons qu’il n’y pas besoin de rentrer en guerre pour ça et que la maitrise et le partage de la ressource par les populations locales n’auraient pas conduit à cette situation.

En finir avec l’impérialisme français !

La logique guerrière de l’Etat français occulte délibérément les risques pour la population malienne et les Etats de la région, de même que les perspectives politiques et la période post-conflit. Le bilan accablant des récents antécédents français en Afrique montre pourtant que ces risques sont bien réels. Les interventions de 2011 en Côte d’Ivoire et en Libye ont en effet débouché sur des situations internes explosives, passées sous silence.

Il n’y aura pas plus de démocratie ou de stabilité après l’intervention française qu’avant, notamment car les intérêts de la France sont une partie du problème. Si nous ne pouvons que constater l’incapacité des institutions africaines et multilatérales à organiser la moindre opération de sécurisation dans la région les accords de défense avec les régimes autoritaires et bases militaires perpétuent le rôle de gendarme de l’Afrique que la France s’est historiquement octroyé et qui fait tout pour se rendre incontournable et préserver ses intérêts.

Si la solution à long terme se trouve dans une remise à plat des politiques de coopération avec les régimes africains, par un « autre internationalisme » que celui proposé par l’ONU, la question de la transition énergétique et du rôle économique des multinationales françaises est ici crucial et traduit les visées impérialistes toujours actuelles de la France.

Plutôt que de soutenir cette intervention comme on nous enjoint à la faire, soutenons les mouvements progressistes touaregs du MNLA et du MNJ. Luttons ici contre l’impérialisme français et ses intérêts, que ce soit à Notre-Dame-des-Landes où nous nous trouvons aussi confronté à la main mise de Vinci (qui opère au Niger avec Areva) ou en participant aux rassemblements organisés par la fédération anti-nucléaire bretonne le vendredi 1er février dans toutes les préfectures et sous-préfectures de Bretagne pour dénoncer le rôle d’Aereva en Afrique.

Pour Breizhistance-IS, Jonathan Guillaume