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Patrick Strzoda

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La journée d’hier 27 avril a été marquée par de très nombreuses violences policières. A Saint-Brieuc, 60 lycéens ont été gazés et 6 d’entre eux interpellés, si les grand médias ont été prompts à pleurnicher sur la Porsche brulée à Nantes ils ont été bien moins rapides à relayer l’information sur la mutilation d’un étudiant en géographie de l’université de Rennes 2. Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de l’AG de Rennes 2 à ce sujet.  La médic team de Rennes déplore 49 blessés dont 10 graves, les vidéos et photos circulant sur cette journée dans cette même ville sont accablantes pour la police et le préfet Patrick Strzoda qui nient l’utilisation de Flash-ball alors que cette même médic team diffuse l’image ci dessous prise peu après la chute de l’étudiant en géographie éborgné.

Photo de projectiles Flash Ball dont le préfet nie l'utilisation le 27 avril à rennes.

Enfin sur cette vidéo amateur on voit trés clairement une voiture de police renverser un scooter à Rennes et les policiers de la BAC trainer le conducteur à terre au mépris des règles de sécurités élémentaires et continuer à Flashballer allègrement, n’en déplaise au préfet qui ment sans vergogne aux médias avec le soutien de Nathalie Appéré, député maire de Rennes.

D’autres témoignages nous parviennent de menaces sur des lycéen-ne-s dés 7h le matin hier à Rennes, dont certaines à caractère sexuel émanant de personnes se présentant comme membres des forces de l’ordre.

La mobilisation continue…

Bretagne-Info.

 

Communiqué à propos des violences policières et de l’étudiant éborgné par un tir de flash-ball :

Ni oubli, ni pardon : Rennes 2 déteste la police.

Encore une fois, après la manifestation de ce jeudi 28 avril, l’Assemblée Générale de Rennes 2 a l’occasion de saluer le nombre élevé de manifestants, et de se réjouir de la détermination et de la solidarité éprouvée dans le cortège de tête. Face à la force de notre mobilisation, la police a été fidèle à elle-même. Le bilan est d’au moins 20 arrestations et de 49 manifestants blessés, dont un camarade éborgné par un tir de flash-ball.

Dans la foulée, à propos de la répression dont il donne les ordres, nous avons entendu Bernard Cazeneuve, premier flic de France, sommer les « organisateurs des manifestations » de « condamner les casseurs » « avec la même fermeté que la [sienne] ». Si nous ne sommes pas sûrs de pouvoir être considérés comme des « organisateurs », nous sommes néanmoins de celles et ceux qui s’organisent, et nous sommes à l’origine de nombreuses manifestations depuis le début de la lutte contre la loi travail. C’est à ce titre que nous lui répondons qu’il n’y aura aucune séparation entre le bon grain des manifestants et l’ivraie des casseur, et que nous continuerons à soutenir chaque camarade arrêté, inculpé ou condamné.

Présents dans les manifestations comme devant les tribunaux pour soutenir des camarades lorsqu’ils sont inculpés, nous savons que les discours médiatiques sur la « violence des casseurs » ont pour but de justifier les arrestations et les condamnations de manifestants. Ils servent aussi à rendre plus acceptables les mutilations infligées à certains d’entre nous par la police, qui qualifie ses ennemis de « terroristes » ou de « casseurs » afin de justifier la répression.

Les conséquences du maintien de l’ordre étant ici trop encombrantes, il est déjà reproché par le préfet au cortège étudiant, dont faisait partie notre camarade qui a perdu un œil, d’avoir osé considérer que nous avions notre place dans le centre de Rennes. De la même manière, depuis le début du mouvement, les actes des flics sont systématiquement excusés par leurs syndicats et le gouvernement au nom du stress, de la fatigue ou du sous-effectif, et ces discours sont aussitôt répétés jusqu’à la nausée par les commentateurs et experts de tout poil. A l’inverse, dans les médias les actes des manifestants sont systématiquement sortis du contexte et dépolitisés. C’est ainsi que Ouest-France parle régulièrement « d’attaques contre des commerces », sans spécifier que ce sont spécifiquement des agences d’intérim, des banques ou des agences immobilières qui sont ciblées.

Pourtant, personne n’est dupe au sein des cortèges, et lorsque la vitre de la Société Générale a volé en éclats en fin de manifestation, nous étions nombreux à scander « Panama, on n’oublie pas ! ». Aussi, plus personne ne reproche à des manifestants de tout faire pour tenir la police à distance. La raison est simple : puisque les cortèges de jeunes déterminés et offensifs sont le cœur de cible du pouvoir, à coups de grenades lacrymos et de flash balls, nous ne pouvons plus croire en la fable des « débordements en marge des cortèges ».

N’importe quelle personne qui ne se satisfait pas de signer une pétition sur internet se retrouve de fait confrontée à la police jusqu’à risquer de perdre un oeil, et c’est pour cela que nous haïssons tous les flics. « Tout le monde déteste la police » et « Tous les flics sont des batards » font aujourd’hui parti de nos slogans. Quant à ceux qui nous reprocheraient de « généraliser », nous les mettons au défi de trouver un CRS sans matraque, un BACeux favorable à l’interdiction du flash-ball, ou encore un RG ne surveillant pas la population.

Nous savons que le pouvoir cherche à marquer les corps pour disperser la masse, et il serait temps que le gouvernement comprenne que cela ne marchera pas. Par exemple, ce 28 avril à Rennes, lors d’une AG de lutte appelée initialement par la Coordination des Intermittents et Précaires, il a été décidé d’occuper le Théâtre National de Bretagne (TNB), et ce peu après avoir appris l’évacuation violente de l’Odéon par les CRS.

Nombreux sont les blessés à chaque manifestation. Les flics doivent cependant savoir qu’il n’y aura ni oubli ni pardon. En plus d’assurer de notre soutien les blessés, les gardés-à-vue et les inculpés, nous appelons à intensifier la lutte, en rejoignant notamment l’occupation du TNB et les manifestations des 1er et 3 mai contre la loi travail.

Voici une liste non-exhaustive des mobilisations contre la loi Travail en Bretagne le 28 avril.

Loire-Atlantique/Liger-Atlantel

  • Nantes/Naoned : 10h30 — Esplanade des machines de l’île (départ de la Fac à 9h30)
  • Saint-Nazaire/Sant-Nazer : 10h30 — Place de l’Amérique Latine
  • Châteaubriant/Kastell-Brient : 10h30 — Place de la Mairie
  • Coueron/Koueron : 10h30 — Place de la Mairie
  • Ancenis/Ankiniz : 10h30 — Station Esso

Ille-Et-Vilaine/Il-ha-Gwilun

  • Rennes/Roazhon : 11h00 — Esplanade Charles de Gaulle
  • Redon : 11h00 — Sous-Préfecture
  • Saint-Malo/Sant-Malou : 11h00 — Devant la Médiathèque “La Grande Passerelle”
  • Fougères/Felger : 17h30 — Place Aristide Briant

Finistère/Penn-ar-Bed

  • Brest : 10h30 — Place de la république
  • Quimper/Kemper : 10h30 — Place de la Résistance
  • Carhaix/Karaez : 10h30 — Rassemblement devant les locaux de la CGT
  • Morlaix/Montroulez : 10h30 — Place de la Mairie
  • Quimperlé/Kemperle : 10h30 — Place Saint-Michel

Morbihan/Mor-Bihan

  • Lorient/An Oriant : 14h00 — 84 Boulevard Cosmao Dumanoir
  • Vannes/Gwened : 14h00 — La Rabine
  • Pontivy/Pondi : 14h00 — La Plaine
  • Lanester/Lannarstêr : 13h00 — Pont des Indes
  • Belle-île-en-Mer/Enez ar Gerveur : 14h00 — Le Port du Palais

Côtes d’Armor/Aodoù an Arvor

  • Saint-Brieuc/Sant-Brieg : 10h30 — Place de la Liberté
  • Guingamp/Gwengamp : 11h00 — Parvis de la Mairie
  • Dinan : 12h00 — Esplanade de la Résistance
  • Lannion/Lannuon : 11h00 — Place de Caerphily
  • Rostrenen/Rostrenn : 10h30 — Place du Champs de Foire

Voici une liste non-exhaustive des mobilisations contre la loi Travail en Bretagne le 9 avril.

Loire-Atlantique/Liger-Atlantel

  • Nantes/Naoned : 14h00 — Esplanade des machines de l’île
  • Saint-Nazaire/Sant-Nazer : 14h00 — Devant la Gare SNCF

Ille-Et-Vilaine/Il-ha-Gwilun

  • Rennes/Roazhon : 11h00 — Esplanade Charles de Gaulle
  • Redon : 11h00 — Sous-Préfecture
  • Saint-Malo/Sant-Malou : 11h30 — Devant la Médiathèque “La Grande Passerelle”
  • Vitré/Gwitreg : rassemblement prévu (12h00 ?)
  • Fougères/Felger : rassemblement prévu

Finistère/Penn-ar-Bed

  • Brest : 14h00 — Place de la liberté
  • Quimper/Kemper : 14h00 — Place de la Résistance
  • Carhaix/Karaez : 10h30 — Place du Champ de Foire
  • Morlaix/Montroulez : 10h00 — Place Puyo (Face à l’IUT)
  • Quimperlé/Kemperle : 10h30 — Place Saint-Michel

Morbihan/Mor-Bihan

  • Lorient/An Oriant : 10h30 — 84 Boulevard Cosmao Dumanoir
  • Vannes/Gwened : 10h30 — La Rabine
  • Pontivy/Pondi : 10h30 — La Plaine
  • Belle-île-en-Mer/Enez ar Gerveur : 10h30 — Le Port du Palais

Côtes d’Armor/Aodoù an Arvor

  • Saint-Brieuc/Sant-Brieg : 11h00 — Esplanade des Champs
  • Guingamp/Gwengamp : 10h00 — RDV à Kernilien pour se rendre en caravane automobile à Lannion, arrêt à Bégard à 10h20 sur le parking de la MJC.
  • Lannion/Lannuon : 11h00 — Devant La Poste.

Le collectif “Place à défendre” qui lutte et questionne sur la gentrification menées par le PS et ses alliés à Rennes tacle dans le texte suivant la posture de Nathalie Appéré (député-maire de Rennes et partisane acharnée du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) suite aux échauffourées du 31 mars. Il explique clairement le lien entre le projet du PS qui vise à transformer cette ville au seul bénéfice des classes les plus aisées et la gestion des manifestations contre la “Loi Travail”. En effet, le préfet Patrick Strzoda a réitéré son interdiction de manifester dans la vieille ville et la répression n’en finit plus de s’abattre sur les manifestants qui tentent de contester cette atteinte à notre liberté. On notera le silence complice des députés PS et autres élus du même bord suite aux condamnations délirantes qui frappent les manifestants (un mois de prison à Nantes pour avoir montré ses fesses !). La “nuit debout” à Rennes est pour l’instant tolérée place Charles de Gaulle.

Bretagne-info.

appéré

Merci de déranger ?

« Investir une ancienne caserne de gendarmerie ce jeudi 31 mars pour que la jeunesse puisse s’exprimer sur les libertés, quoi de plus logique  ? » (OF, 31/03/2016)

Ils sont là, tous les quatre, vêtus comme un jour de deuil national, sur cette émouvante photo (cf. http://www.ouest-france.fr/bretagne…) publiée dans l’édition du 1er avril du quotidien Ouest-France : la maire de Rennes, Nathalie Appéré, qui essaie de retenir ses larmes en tripotant le petit porte-clés Vinci qu’elle garde toujours au fond de sa poche ; le bétonneur en chef Sébastien Sémeril, affichant un sourire affligé d’enterrement qui sent bon les cours de communication politique ; Didier Le Bougeant, un peu absent peut-être, a sorti son vieux keffieh poussiéreux, celui qu’il portait à la belle époque (tu te souviens Didier, comme on y allait en ce temps-là !), pour se persuader qu’il n’a pas complètement retourné sa veste ; et le petit hobbit à lunettes Hubert Chardonnet, recalé au dernier rang, et obligé de sauter sur place pour voir ce qui se passe (1).

Ils sont là, ils prennent cette mine pincée et déconfite des moments graves et solennels. Point aveugle de la scène, vers lequel pourtant presque tous les regards convergent : cette béance creusée dans la rue Jean Jaurès par les manifestants, la veille, quand ils y ont pris quelques dizaines de pavés, et qu’ils ont oublié de les remettre – béance que les agents municipaux présents ont dû venir recouvrir rapidement de ciment, pour cacher cette horrible plaie ouverte dans la capitale de région. Au loin, caché par un panneau de chantier, le Parlement de Bretagne, auquel les forces de l’ordre ont énergiquement bloqué l’accès pendant toute la journée du 31 mars. Et Nathalie Appéré, après avoir contenu un moment son émotion devant ce petit morceau de sa ville mis à sac, qui se lâche enfin : « C’est révoltant ! » (OF 01/04/16)

On s’étonnera quand même que la maire de Rennes ait choisi ce terme (« révoltant »), scandé un peu plus tôt dans tous les coins de la ville par les mêmes manifestants (mais à propos cette fois de l’infâme projet de loi El Khomri). Mais Nathalie Appéré-Pommier nous a habitué, depuis le début de son mandat, à être toujours à la remorque de l’Histoire, et à incarner seulement l’avant-garde zélée du monde d’avant (celui où un gouvernement socialiste n’hésitait pas à s’agenouiller servilement devant le MEDEF, et à lui lécher goulûment les bottes) (2).

C’est pourquoi nos quatre corbeaux municipaux, serrés dans leurs habits noirs, pleurent sur la réputation salie de leur petite ville modèle pour cadres dynamiques upper class et vieilles bourgeoises réactionnaires (et tous les investisseurs parigos, qui devraient débouler bientôt en TGV), délestée de trente ou quarante de ses plus beaux pavés (3). Ils pleurent devant cette horde de malotrus, de saligauds, de méchants, de pas beaux, qui n’a montré aucun respect pour le petit central business district qu’ils s’évertuent à construire pilotis après pilotis autour de la place Sainte-Anne, pour appâter tous ceux qui ne trouvent rien à redire au même projet de loi El Khomri (ou qui le trouvent trop timide encore à leur goût). Déranger un peu, pourquoi pas ; mais ces fichus « protestataires » auraient au moins pu attendre d’être dans une caserne de gendarmerie abandonnée, le soir, entre une « disco soupe », un « concert d’artistes engagés » et un « débat géant » (4).

Hormis qu’on ne rappellera jamais assez ici, contre les médias en général et Ouest-France en particulier, mais aussi contre la propagande préfectorale et municipale, que si des affrontements ont eu lieu rue Jean Jaurès (rue Jean Jaurès où, au passage, de nombreux manifestants ont été encore une fois les victimes de la répression policière, et où un syndicaliste de 60 ans a été lourdement violenté par les forces dites de l’ordre, comme le montre très clairement une vidéo diffusée par le quotidien 20 Minutes), c’est en réponse à une violence première, une violence intolérable, infiniment plus « révoltante » que ces trois morceaux de caillasse arrachés à la chaussée : à savoir la décision concertée du préfet de région et de la maire de Rennes de bloquer l’accès à l’hypercentre aux manifestants – quitte à employer la manière forte (et on sait qu’elle ne le fût pas à moitié).

Motif invoqué ? Quinze polos et huit casquettes Lacoste dérobés dans une boutique à l’occasion de la manifestation du 24 mars ? La façade de la mairie barbouillée de peinture colorée ? D’autres incivilités encore (trois tags et deux affiches collées sur les murs de la ville), signalées d’un tweet à M. Chardonnet via sa légendaire application RenCitéZen (plus haut Hubert, plus haut, on ne voit pas ta barbe) ? Évidemment, il s’agit là de simples prétextes, mis au service d’un projet politique de plus grande envergure. Et ce n’est donc pas un hasard si, après la cumularde Nathalie Appéré, Ouest-France donne longuement la parole à l’omniprésent Dominique Fredj, aujourd’hui président de l’association des commerçants Rennais : « Nous sommes démoralisés, désabusés. […] Le combat de rue s’est installé et tous les commerces du centre-ville ont été pris en otage. C’est une perte sèche de chiffres d’affaires, qui va une nouvelle fois s’élever en milliers d’euros (5). »

Car voilà ce qu’il faut sauvegarder à tout prix à Rennes, voilà ce qui doit mobiliser toutes les forces politiques rassemblées (quitte à étouffer la voix du peuple, et à donner un mégaphone au leader de l’opposition) : les bénéfices des membres du Carré rennais (6) ! Comme si quelques milliers d’euros de plus ou de moins dans les caisses des boutiquiers du centre-ville pouvaient avoir un quelconque poids sur la balance de l’Histoire – et obliger le peuple à rester chez lui, et à ravaler sa colère (7) !

Mais que le chiffre d’affaire des commerçants de l’hypercentre de Rennes, et plus encore ceux des boutiques bling-bling à la mode Lacoste, baisse un jour de manifestation, voilà au contraire tout ce qu’il faut pour nous réjouir ! Comme si l’espace public ne devait être que le lieu des intérêts commerciaux et économiques ; comme s’il n’était pas toujours aussi, et d’abord (antériorité historique et ontologique), le lieu de la politique ! Et on comprend bien, à l’inverse, en voyant leur mine en berne, quelles sont les basses préoccupations de nos quatre paltoquets municipaux, avec leur logo du Carré rennais tatoué sur le cul : privatiser toujours davantage ce même espace public, pour en faire un lieu privilégié d’accumulation du capital (vocation affichée de la Société publique locale Destination Rennes) – ce qui doit évidemment passer, on le voit exemplairement ici, par sa complète dépolitisation (8).

Pas besoin d’« imaginer Rennes ensemble en 2030 », comme les mêmes le proposent encore aux Rennais pour les infantiliser davantage, ou de prendre part à cette infâme comédie qu’est la « Fabrique citoyenne » – ou alors autant aller faire la nouba avec les gendarmes-fantômes de la caserne Guillaudot. Car tout est déjà plié d’avance ici, et pour les quarante prochaines années : des boutiques cossues, des touristes d’affaires, des Parisiens friqués, des aménagements bling-bling, des hôtels de luxe, des promoteurs business class, et des cordons de CRS pour protéger les affaires de cette petite clique de nantis rassemblée sous la grande bannière du « vivre en intelligence » (9). Voilà la ville de demain (mais aussi d’aujourd’hui pour une bonne partie) imaginée par ces quatre fossoyeurs des libertés publiques. Les jeunes révoltés et les manifestants ? Ils pourront bien aller tourner en rond tout l’après-midi autour de la place Charles de Gaulle ou faire des ricochets avec leurs pavés dans les étangs des Gayeulles.

À moins… À moins que les choses se passent autrement. Car derrière le visage gentiment consterné et contrit de Nathalie Appéré, de Sébastien Sémeril, de Didier Le Bougeant et d’Hubert Chardonnet (saute encore Hubert, saute !), rassemblés en photo de famille sur le pavé de la rue Jean Jaurès, est-ce qu’on ne lit pas aussi la crainte – celle qu’éprouve tout « responsable » quand il réalise que ce ne sont pas des enfants, qu’il a devant lui (des enfants qu’on prie toujours d’aller « déranger » ailleurs), mais des adultes, qui commencent à en avoir marre qu’on leur dise toujours quoi faire et où aller ?

Le 31 mars, à Rennes, en plus de manifester contre la loi El Khomri, les lycéens, les étudiants, les chômeurs, les salariés et tous les autres, manifestaient aussi pour le droit à exprimer leur colère là où ils veulent, y compris dans l’hypercentre – qui ne saurait être confisqué par une poignée de marchands cupides et de cumulards aux dents longues (10).

Qu’on se le tienne pour dit : chaque fois que le préfet et la maire de Rennes, main dans la main avec les marchands du Carré rennais, leur en interdira l’accès, cette interdiction constituera par elle-même une provocation et une violence insupportables et inacceptables, face auxquelles toute action collective visant à en annuler les effets, aura pour elle une légitimité invincible et totale.

L’espace public n’est pas un centre commercial !

La rue est à nous !

Le 4 avril, et à chaque nouvelle journée d’action, manifestons dans l’hypercentre de Rennes !

Place à défendre (PAD !) pad35@riseup.net http://place-a-defendre.blogspot.fr/

(1) Sylvain Le Moal était là lui aussi, mais apparemment tout le monde s’en fout !

(2) Il n’est évidemment pas anodin que la scène que nous décrivons ici se déroule rue Jean Jaurès.

(3) On voit bien d’ailleurs (et c’est ce qui fait tout le croustillant de la scène), que les deux agents municipaux, dans leurs combinaisons colorées, n’ont rien à voir avec ces quatre notables en goguette. Celui de gauche a en effet du mal à se retenir de rire, devant l’incongruité de la scène, et on sent l’autre infiniment gêné de se retrouver immortalisé aux côtés de ces rabats-joie dits « socialistes ».

(4) Au soir du 31 mars, le CRIJ Bretagne organisait une soirée « Merci de déranger ! » à la caserne de gendarmerie Guillaudot, « autour du thème des Libertés ». Suite aux « débordements en cours ce jeudi soir », la Ville de Rennes et la préfecture décidèrent de l’annuler. Cf. « Rennes. La soirée dans l’ancienne gendarmerie est annulée », site : ouest-france.fr, 31/03/2016.

(5) Et de continuer : « Comment peut-on maintenant vivre dans une ville avec des manifestations d’une telle violence ? […] Par ailleurs, je tiens à féliciter les forces de l’ordre qui ont protégé l’hypercentre. Les policiers ont été remarquables. » (CRIJ Bretagne et Carré rennais : même combat ?)

(6) Bertrand Plouvier a en effet demandé au préfet, après la manifestation du 31 mars, « l’interdiction de toute nouvelle manifestation jusqu’à nouvel ordre » et tiendra Nathalie Appéré personnellement responsable, en cas de nouvel épisode de violence, de « non-assistance à ville en danger » [sic]. Cf. Ouest-France, 01/04/2016.

(7) Non disons bien ici sa « colère ». Que les journaux qui continuent de parler de « grogne », chaque fois que le peuple prend la rue, et donc la parole, ne s’étonnent pas si les mêmes pavés finissent un jour dans leurs fenêtres.

(8) Même processus de « dépolitisation » à l’université de Rennes 2, où jamais la direction n’a autant œuvré à rendre une grève et une occupation impossibles.

(9) Nantis qui n’en ont évidemment rien à carrer des mauvaises conditions de travail des salariés, voire même, le plus souvent, qui en profitent abondamment.

(10) Et nous ne soutiendrons jamais assez ceux qui, au sein même de la municipalité, ont le courage de défendre ce droit sacré.