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Une fois encore nous nous retrouvons aux côtés des organisations et soutiens historiques de la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dans les diverses manifestations et rassemblements organisés depuis hier en Bretagne en soutien à nos camarades de la ZAD. Et ce aussi souvent qu’il le faudra, de Nantes à Brest, de Rennes à Quimper. Une fois encore nous dénonçons fermement l’attitude du gouvernement qui a décidé de montrer ses muscles sur la ZAD, face à ses occupants, ceux qui défendent un monde différent, basé sur le respect de l’environnement, une agriculture alternative, contre la société de consommation qu’engendre le capitalisme.

Le gouvernement Macron a décidé d’en finir par la violence avec la commune libre de Notre-Dame-des-Landes. La presse est interdite sur place et les informations des mass-médias les plus lus en Bretagne, comme Ouest-France se font le relais, une fois n’est pas coutume, de la préfecture. Ils détruisent des lieux de vie, des terrains travaillés, un mode de vie… Ce gouvernement montre tous les signes d’un glissement vers un autoritarisme fort salué dans son action à Notre-Dame-des-Landes par la droite française comme l’extrême-droite.

Mais n’oublions pas que les précédents gouvernements étaient de la même veine. Macron se faisant le chantre du ni gauche ni droite, ne vient pas de nulle part. Il s’inscrit dans la continuité d’une logique bien plus ancienne qui est la logique de l’État-Nation France. Cet État-Nation n’a de cesse d’écraser les revendications légitimes des peuples à décider de leur avenir que ce soit en matière environnementale, sociale, culturelle, linguistique…

Aujourd’hui il attaque la ZAD et promet des poursuites judiciaires complètement démesurées à tous ceux qui remettront en question sa détermination. Hier, 7 personnes ont déjà été arrêtées et une placée en déféré au tribunal de Saint-Nazaire. Ce soir le chiffre aura surement augmenté. Pendant ce temps les bandes fascistes organisées attaquent à coup de batte de baseball les universités occupées par les étudiants et les enseignants comme à Montpellier, Strasbourg, Tolbiac, le château à Nantes qui héberge 200 sans-papiers et des étudiants grévistes. Et ce sans la moindre condamnation d’un État sécuritaire dans la lignée de ses prédécesseurs. Rappelons-nous de l’acquittement du gendarme responsable de la mort de Rémi Fraisse à Sivens. Quid de l’attitude la justice aux ordres de l’État quand l’extrême-droite nantaise issue des beaux quartiers tabassent des jeunes ados ? On leur rappelle que ce n’est pas bien.

Alors oui nous devons dénoncer l’agression armée de la ZAD orchestrée par Macron et son sbire Collomb qui envoient des blindés dorénavant sur les opposants. Mais nous devons aussi condamner l’État-Nation autocrate, centraliste, oligarque, de mise avec les multinationales et les gros investisseurs de l’agro-buisiness qui n’hésite pas à frapper sans discernement quand il détruit par exemple la ferme des 100 Noms, porteuse d’un projet agricole alternatif depuis des années.

C’est aussi un moyen de détourner l’attention alors que se met en place un vrai mouvement social, une grève dure pour les cheminots qui défendent courageusement leurs droits et un service public de transport qui va à contresens de la logique capitaliste du gouvernement. Les habitants de Notre-Dame-des-Landes ne se sont d’ailleurs pas trompés en appelant à soutenir les cheminots.

Tant que le peuple sera privé du droit à l’autodétermination dans la gestion de son avenir social, économique, environnemental, agricole, culturel ou institutionnel, que les décisions seront prises par quelques-uns, élus par quelques autres et légitimés par un système politique obsolète, alors les agressions de l’État-Nation continueront.

Sur la ZAD, contre les grévistes, pour imposer des projets miniers en Bretagne ou une centrale à gaz, contre la langue bretonne ou par son intransigeance à  imposer la partition de la Bretagne, à nous imposer un modèle économique, politique, agricole.

C’est la démocratie qui est confisquée depuis bien longtemps par les puissants et l’agression policière que subissent nos camarades de la ZAD n’en est que l’aboutissement. Il est temps de s’organiser autrement, organiser des résistances partout, exercer notre droit à l’autodétermination ici en Bretagne comme ailleurs pour décider à la base de quoi sera fait notre avenir. Seule une Bretagne Libre et socialiste, de Brest à Clisson en passant par Notre-Dame-des-Landes, brittophone, égalitaire, accueillante et solidaire, féministe, écologiste et organisée à la base, par le peuple breton lui-même, est à même de prendre son destin.

La ZAD a fait germer un espoir révolutionnaire en Bretagne que le gouvernement veut détruire, soufflons sur les braises et allumons de nouveaux foyers un peu partout.

Le peuple uni ne sera jamais vaincu !

Vive la ZAD ! Vive le droit à l’autodétermination !

Vive la Bretagne libre et socialiste !

Le 31 juillet 1977 — il y a 38 ans jour pour jour — tombait Vital Michalon, mortellement touché par une grenade offensive lors d’une manifestation contre le projet de centrale nucléaire sur le site de Creys-Malville dans la Creuse. Il fut le premier militant d’une manifestation écologiste tué par les forces de l’ordre dans l’État français.

Quelques mois après la mort de Rémi Fraisse dans des conditions similaires sur la ZAD de Sivens, et alors que le gouvernement menace d’intervenir violemment à Notre-Dame-des-Landes, il nous semblait important de se souvenir de cet évènement dramatique. La façon dont est assumée la répression de ces derniers mois (éborgnés au Flash-ball & LBD 40, inculpations et condamnations en série, etc.) par le gouvernement et les forces de l’ordre n’augure rien de bon pour les mobilisations futures, notamment contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes…

Au moment ou le ministère de l’intérieur indique ne pas vouloir suspendre l’usage des armes soit-disant « non-létales » de types Flash-ball ou LBD il est important de se mobiliser contre les tentatives de l’Etat français de normaliser son arsenal qui blesse, mutile et parfois tue.

A ce sujet, il est à noter que le collectif Pont-de-Buis 2015 organise un week-end d’actions (le 25 octobre) contre l’usine Nobelsport, située dans le Finistère. Cette date coïncidera avec l’anniversaire de la mort de Rémi Fraisse sur la ZAD de Sivens. Le but de cette mobilisation est de faire connaître, dénoncer et bloquer l’usine Nobelsport, qui fabrique des grenades lacrymogènes et des balles de défense servant aux forces de l’ordre. Nous appelons l’ensemble de nos sympathisants et militants à participer à cette mobilisation.

La Gauche Indépendantiste.

Le texte qui suit a été publié par le collectif Pont-de-Buis 2015. Ce collectif appelle à bloquer le 25 octobre prochain lors d’ un week-end d’actions, l’usine Nobelsport fabricant de grenades lacrymogènes et de balles de défense, situé dans le Finistère.

Une première tentative avait eu lieu à la suite des mobilisation en réaction à la mort de Rémi Fraisse, tué par la police, sur la ZAD de Sivens en Occitanie.

Le texte complet de l’appel pour le 25 octobre est là et notez que ce collectif sera présent à l’université d’été de la Gauche Indépendantiste le 13 septembre (détail programme ici). Le texte ci-dessous retrace l’histoire du site, nous diffusons ces infos car nous contestons bien évidemment la légitimité de la police et de l’armée française en Bretagne mais aussi car nous partageons avec les initiateurs des points de vue convergeant sur le refus de l’économie militariste et de la logique répressive de l’état contre les rébellions populaires qui s’alourdit ces derniers mois.

Bretagne-info.

Histoire locale, Pont-de-buis et l’industrie.

Pour qui s’intéresse aux infrastructures qui en France arment les polices européennes, l’usine Nobel Sport de Pont de Buis fait force de loi. Ancienne poudrerie royale sous Louis 14, aujourd’hui dirigée par Gille Roccia, l’usine dont le siège social est situé à Paris contient 6 administrateurs. On peut dire que dans ce village de 3000 habitants l’usine de fabrication de poudres en tout genre est la plus ancrée dans le territoire. Née à la fin du 17ème siècle, principale poudrerie de la région elle a peu à peu donné naissance à la plus jeune commune du Finistère. La charge historique de ce village est essentiellement contenue dans les ruines qui abritaient jadis les poudreries royales, et qui jouxtent aujourd’hui les infrastructures de Nobel Sport. La topographie du village est pour le moins inattendue. Coupé en deux par une rivière, une colline au sud rassemble l’essentiel des habitations et sa voisine au nord contient les 4 km d’enceinte de l’usine.

Pourtant si le nom de ce village résonne dans nos oreilles c’est pour son histoire récente. Le 26 octobre 2013 Pont de Buis occupe tous les journaux télévisés lorsque plusieurs centaines de personnes bardées de bonnets rouges montent à l’assaut d’un portique écotaxe. Évidement la police réplique, et une fois de plus quelqu’un perd sa main en cherchant à renvoyer une grenade offensive. Les média s’en emparent et le mouvement des bonnets rouges prend son envol. Ironie de l’histoire, un habitant de Pont-de-buis perd sa main à cause d’une arme potentiellement fabriquée dans l’usine qui a fait naître son village.

Pour rappel, le mouvement des bonnets rouges émanait à Pont-de-buis d’une conjonction entre le début d’une lutte dans les usines agroalimentaires en déroute et le refus de l’écotaxe parmi les plus gros agriculteurs du département. Notables et ouvriers réunis sous la même bannière.

Et quelque soit l’ambivalence de cette étrange composition, ce mouvement a eu le mérite de mettre en lumière le point de convergence entre ce qui constitue les deux principales courroies de l’économie finistérienne: l’industrie agroalimentaire d’un coté, et l’industrie militaire de l’autre.

Pont-de-buis est à l’évidence le point d’orgue de cette conjonction. Village né de l’industrie militaire, détruit par cette même industrie le 7 août 1975 lorsqu’une explosion tue 4 personnes et souffle 3 kilomètres de maisons, réinvesti plus tard par les ouvriers de l’agroalimentaire, qui se trouvent aujourd’hui brisés par les licenciements à répétition. En somme Pont de Buis concentre tout le désastre économique de ce département.

Pour l’agro-industrie c’est simple, si la faillite programmée par la grande distribution n’a pas raison des agriculteurs, l’état des terres qu’ils cultivent finira de les achever et la production massive de bonnet rouges Armor luxe vendu 5 euros aux manifestants ne changera rien au désastre annoncé.

Aucune analyse ne résume aussi bien l’état de l’agro-industrie bretonne que le décret signé par Stéphane le Foll en janvier 2014 autorisant l’extension des porcheries en Bretagne. Chaque producteur peut à présent agrandir son élevage jusqu’à 5000 nouveaux porcs par an. Et si certains doutent encore de l’effet néfaste d’une telle mesure, il suffit de passer devant une porcherie industrielle pour s’en convaincre. Mais si l’industrie agroalimentaire ne présente plus d’intérêt que pour le sursis permanent qu’elle concède à son inévitable extinction, il nous revient quand même de s’intéresser à ce qui fait la particularité finistérienne en matière de production d’armement. Car ce domaine d’activité a pignon sur rue dans ce coin de la Bretagne.

On retient souvent du Finistère sa combativité contre le nucléaire avec sa lutte déjà légendaire contre une centrale en pays bigouden. Ce que, par contre, on a tendance à oublier, c’est qu’à trente kilomètre à vol d’oiseau de Plogoff, une base de sous marin nucléaire s’est implanté depuis le milieu des années 60, expropriant au passage 400 propriétaires et 6 exploitations agricoles. Autour d’elle, un entrepôt de missiles nucléaires sous la colline de Gwenvenez, le port militaire de Brest, une des plus importante école de gendarmerie du pays, trois compagnies des troupes de choc des fusillier marin à Brest Lanveoc et l’Ile Longue, et une usine de fabrication d’armes pour le maintien de l’ordre. Et pour couronner le tout, une centrale nucléaire en démantèlement depuis plusieurs dizaines d’années à Brénilis.

Bien des luttes ont été menées contre ces infrastructures, permettant parfois de neutraliser leur extension. Entre le début des années 80 et 95 les mobilisations se succèdent sur la presqu’île de Crozon, bloquant notamment le projet d’une nouvelle base sous-marine au Cap de la Chèvre.

Reste qu’aujourd’hui l’industrie de l’armement est l’un des principaux secteurs d’activité. Non qu’il permette à tout le monde de trouver un travail, mais il tente de s’insinuer dans la vie de ce territoire, de devenir l’élément central du décor. Élément central qui a d’ailleurs chassé sans réserve et par l’injonction de l’Europe une part importante des activités côtières de la presqu’île de Crozon.

Il faudrait être fier d’avoir à côté de chez soi des bunker à sous-marin qui ont abrité successivement et depuis1971 Le “Redoutable”, le “Terrible”, le “Foudroyant”, l’ “Indomptable”, le “Tonnant”, et plus récemment, l’”Inflexible”, le “Triomphant”, et encore, le “Téméraire”.

C’est dire si les contingents du maintien de l’ordre à la française avaient de l’humour en 2012 en nommant l’opération « CESAR » pour Notre-Dame-des-Landes.

Dans les années 80 même, la petite industrie de la terreur nucléaire a cru bon de chercher une nouvelle clientèle dans cette région pour lui vendre abris anti-atomiques, tenues étanches, rations alimentaires lyophilisées, ou encore combinaisons et autres compteurs Geiger. Comme une manière de dire aux habitants de la pointe bretonne, vous êtes au bout du monde, restez-y, enfermez-vous, la catastrophe n’est pas loin et personnes ne se soucie de votre existence. C’est simple, qui vit aujourd’hui sur la presqu’île de Crozon est pris en étau entre les récifs vertigineux de la côte et un vaste champs d’expérimentation militaire. Triste sort pour une si belle région.

Depuis 2008, Sarkozy et Hollande sont venus successivement fanfaronner sur la presqu’île pour féliciter l’accueil d’un nouveau missile nucléaire, le M-51 et l’agrandissement des hangars de maintenance. Un des cadre de la maîtrise d’œuvre ira même jusqu’à se vanter des plus aberrantes vérités : « Jamais nous n’étions allés aussi vite pour valider une arme aussi complexe. », de quoi avoir des sueurs froides.

Lors de sa campagne présidentielle en 2012, l’actuel président paraphrasait François Mitterand :

« La stratégie de la France, pays détenteur de l’arme nucléaire, n’est ni offensive, ni défensive, elle est de dissuasion… »

Le moins que l’on puisse dire c’est que sur le terrain du maintien de l’ordre historiquement attaché à cette doctrine, l’effet essentiellement dissuasif de ses apparitions s’est en quelques années dissout sous le nombre croissant de blessés et tués par les armes produites en France, ce au quatre coin de l’Europe et jusqu’au Moyen-Orient. La dissuasion atteint toute ses limites dès lors qu’elle trouve face à elle une détermination sans faille.

Un article du Télégramme datant de juin 2013 s’étonnait des failles de sécurité de la base sous-marine de l’île longue, et plus récemment des drones ont survolé la même base sans se faire intercepter. Tout porte à croire que la portée dissuasive de tous ces équipements dissimule très mal les failles matérielles qu’ils abritent. Nous étions à ce propos surpris le 3 décembre 2014 lorsqu’à 200 manifestants marchant autour des grilles d’enceinte sous une discrète escorte policière, nous avons constaté que le site était à l’arrêt. Il s’agissait alors d’une manifestation qui faisait suite à la mort de Rémy Fraisse un mois plus tôt sur la Zad de Sivens. Les règles de sécurité pour une telle industrie imposent des contraintes de production drastiques et sous contrôle. Aussi la présence d’une foule hostile autour du site constitue déjà un danger suffisant pour interrompre la production.

Nobel Sport est un monstre aux pieds d’argile qui permet aux forces de police et de gendarmerie de tuer et mutiler impunément nos compagnons de lutte.

Retrouvons-nous à Pont de Buis le week-end du 25 octobre 2015.

REUNION PUBLIQUE 3 MARS 2015, 18H À LA MAISON DE LA GREVE

27 octobre 2005, Clichy-sous-Bois. Coursés par cinq « gardiens de la paix » pour un vol imaginaire, Zyed Benna et Bouna Traoré meurent dans le transformateur où ils pensaient trouver refuge. Un de leur ami sera grièvement brûlé.

Du 16 au 20 mars 2015 se tiendra à Rennes le procès de deux policiers (sur deux équipages) impliqués dans la poursuite des deux jeunes, inculpés pour « non-assistance à personne en danger » – un flic qui, selon ses propres mots, « ne donne pas cher de leur peau s’ils sont rentrés sur le site EDF » et la standardiste qui a reçu ce message radio.

La faiblesse des charges retenues, la longueur de la procédure et le faible nombre de policiers à se retrouver devant le tribunal parlent d’eux-mêmes : ce n’est pas dans les tribunaux que s’établissent justice et vérité.

Pour autant, l’action de la police n’aura pas été vouée à l’impunité. Dès le soir de la mort de Zyed et Bouna, c’est Clichy-sous-Bois qui s’embrase. Puis la France entière, de proche en proche, de ville en ville. La réaction dépassera comme jamais les frontières d’un quartier. Ce sont des milliers de jeunes qui saisiront l’occasion de prendre leur revanche sur les coups de pressions quotidiens des policiers, cette même pression que fuyaient Bouna et Zyed ce soir d’octobre 2005.

Les incendies de 2005 marqueront une génération entière, bien au-delà de ceux qui y ont participé activement. En témoigneront, l’année suivante, la forme profondément offensive du mouvement anti-CPE et un rappel systématique à leur mémoire, d’Athènes à Ferguson, et encore hier pendant le mouvement ayant suivi la mort de Rémi Fraisse.

« La police est la police de la République. Elle assure l’ordre de la République. Si elle ne le faisait pas, quel ordre lui succéderait ? Celui des mafias ou des intégristes. »
N. Sarkozy, tribune dans Le Monde, 6 novembre 2005.

S’il n’y a pas grand chose à attendre de la justice en général et de ce procès en particulier, il y a par contre à saisir l’occasion d’invoquer à nouveau le souvenir d’octobre et novembre 2005. Et il est d’autant plus pressant de le faire dans la France post-attentats, où la police est plus que jamais présentée comme la seule alternative à la « barbarie ».

Les dernières lois sécuritaires votées et celles qui se préparent élargissent encore le pouvoir de la police, en espérant prolonger de quelques années l’ordre qu’elle défend. Un ordre si mal assuré, dont le maintien est si hystérique qu’il en arrive à reposer sur le « traitement » d’ennemis intérieurs âgés de huit ans. Le monde de la police c’est la paranoïa, l’angoisse de la menace – extérieure et intérieure – qui vient masquer et justifier sa propre violence : ici on ne décapite pas, mais on décide d’envoyer des drones abattre les familles des terroristes ; ici, on n’oblige pas les femmes à porter le niqab, mais on n’accepte que les musulmans prêts à se moquer de leur prophète et les musulmanes qui ne portent pas le voile. La meilleure façon de se défaire de la police, c’est de faire exister d’autres mondes.

Il y a bien des voies pour cela. Réagir quand l’action policière va jusqu’à la mort en est une. À chaud, comme en novembre 2005, comme à l’automne 2014, après la mort de Rémi Fraisse, tué par un gendarme mobile dans le Tarn. Mais pas seulement, et c’est l’enjeu des rencontres prévues à l’occasion du procès de Rennes.

Ne pas oublier, d’abord. Ne pas laisser les années et la rotation des gros titres enterrer nos morts. Rappeler que quelle que soit l’issue de ce procès, qui débouchera sans doute sur une relaxe ou une peine symbolique, nous serons toujours nombreux à croire en la vérité des proches plutôt qu’à celle d’une institution qui ne fait que cautionner les exactions qu’elle commet.

Saisir chaque occasion pour mettre en discussion l’existence de la police : il y a eu les occupations, les rassemblements et les émeutes pour Rémi Fraisse, il y a la semaine contre les violences policières à Nantes du 16 au 21 février. Il y en aura d’autres qui suivront cette semaine du 16 au 20 mars à Rennes. Se rencontrer et s’appuyer sur ce qui existe déjà pour échanger sur ce qu’est la police, sur les moyens de faire avec, de faire contre, de faire sans. Faire se croiser les expériences des ZAD, de l’auto-organisation dans les quartiers, de l’auto-défense juridique et pratique. Reprendre la parole, arriver à réfléchir ensemble et sortir du régime de l’émotion après des semaines de glaciation de la pensée sous les discours unanimistes et républicains.

Des cantines-rassemblements devant le tribunal seront organisées tous les midi du 16 au 20 mars et des temps d’échanges, de discussion auront lieu dans différents lieux de Rennes en fin de journée.

MANIFESTATION MERCREDI 18 MARS À 15H, AU DÉPART DE LA CITÉ JUDICIAIRE

La Gauche indépendantiste bretonne (Breizhistance) appelle à participer à la manifestation du 22 Novembre à Nantes et au Marathon contre l’acharnement judiciaire le 7 décembre.

La manifestation du 22 Novembre, organisée à l’appel de différents comités opposés au projet d’aéroport, vise avant tout à dénoncer l’acharnement répressif et les dispositifs policiers et judiciaires mis en place à la suite de la manifestation nantaise du 22 Février2014.

En effet, ce jour là a vu à Nantes la plus imposante mobilisation contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, 50 000 personnes, en même temps qu’un déploiement policier jamais vu dans la cité des duc de Bretagne. La conséquence en a notamment été les mutilations irrémédiables de plusieurs manifestants par la police et les gendarmes.

Entre temps, la mort de Rémi Fraisse est survenue, remettant clairement en cause l’utilisation de certaines armes dangereuses par la police et appelant à dénoncer plus vivement l’engrenage répressif mis en place par l’État français.

Dans cette logique de criminalisation et d’acharnement contre les luttes populaires, près d’une dizaine de personnes ont été arrêtées, poursuivies et condamnés à de la prison ferme dans les semaines qui ont suivi la manifestation. Les motifs sont souvent sans communes mesures avec la gravité des condamnations, un an ferme pour avoir lancé un fumigène, par exemple.

Face à ces condamnations aberrantes des « bouc émissaires » du 22 février, il est donc proposé le samedi 22 Novembre de se mobiliser à 14h devant le palais de Justice et de remettre des « lettres d’auto-dénonciations » au procureur, dont vous trouverez un exemplaire ci-joint.

Une répression politique

La disproportion des condamnations politiques et judiciaires, entre les actions d’organisations patronales agricoles et les réponses de la rue à l’homicide de Rémi Fraisse, témoigne clairement du caractère politique de la répression.

En refusant, après 8 mois de prison et malgré une promesse d’embauche, l’aménagement de peine du militant Enguerrand Delanous (condamné suite à la manifestation du 22 février), le procureur de la république, alors qu’il avait requis 6 mois lors du procès, se déjuge lui-même et exprime le caractère politique de cet acharnement judiciaire.Il est parfaitement clair qu’Enguerrand est maintenu en détention par ce qu‘il reste fidèle à ses engagements anti autoritaire, antifasciste, libertaire, anticapitaliste comme  en témoignent ses nombreuses prises de position depuis la prison et sa présence en tant que détenu politique sur la liste NPA-Breizhistance aux dernières élections européennes.

La Gauche Indépendantiste bretonne appelle donc à participer au « Marathon contre la prison » organisée par son comité de soutien le samedi 7 décembre à Nantes.

N’eo ket chomet diseblant yaounkizoù Breizh dirak marv Remi Fraisse bet lazhet gant ar polis gall e Sivens (Okitania ).

Splann eo kement se pa weler ar manifestadegoù bet dalc’het evit goulenn ma chomo ar polis a-sav gant e doareoù feulst e pep korn hor bro.

Ur vanif all ‘vo dalc’het d’ar sadorn 22 a viz Du e Naoned dirak al lezvarn evit enebiñ ouzh feulster ar polis hag ar gwaskerezh.

Emichañs ‘vo tud !

Da glozañ e embannomp amañ un droidigezh vrezhonek eus testenn vrudet Paul Eluard “Un homme est mort” graet gant ur studier yaouank eus skol-veur Roazhon 2.

Trugarez dezhañ.

 

MARVET ZO UN DEN

Marvet zo un den n’en doa ‘vit ‘n em zifenn
‘Met e zivrec’h digor d’ar vuhez

Marvet zo un den n’en doa e-giz heñchoù
‘Met ar re ma vager kaz ouzh ar fuzuilhoù

Marvet zo un den a gendalc’h da stourm
Enep an Ankou hag an ankoun

Rak kement tra a felle dezhañ
A felle dimp ivez

A fell dimp hirie

Ma vo eus al levenez
Ar sklêrijenn
E goueled an daoulagad
E goueled ar galon

Hag ar justis war an douar

Bez’ zo gerioù a zegas buhez
Ha gerioù direbech dioute
Ar ger tommder ar ger fiziañs
Karantez justis hag ar ger frankiz
Ar ger bugel hag ar ger koantiri

Ha lod anvioù bleunioù ha lod anvioù frouezh
Ar ger kouraj hag ar ger diskoachañ
Hag ar ger breur hag ar ger kamarad
Ha lod anvioù broioù anvioù kêrioù
Ha lod anvioù merc’hed ha mignonezed

Lakomp anv Remi ouzhpenn

Remi zo marvet ‘vit pezh ‘ra dimp bevañ
Deomp dre « te » gantañ toullet eo e vruched
Met gras dezhañ ‘n em anveomp gwell
Deomp dre « te » an eil gant egile
Bev eo e esperañs

***

paulACABéluard

E koun Rémi Fraisse, 21 bloaz, lazhet gant ar fliked e Sivens (Tarn) d’ar 26 a viz Here 2014.

 

Suite à la mort de Remi Fraisse, ce jeune homme de 21 ans tué par l’armée française samedi lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens dans le Tarn en Occitanie, de nombreuses manifestations de rues se sont déroulées.

En Bretagne nous avons dénombrés des rassemblements plus ou moins importants à Rennes, Nantes, Saint Brieuc, Brest, Redon, Quimper. Ces rassemblements et défilés ont été massifs dans les métropoles bretonnes (plus de 600 personnes à Nantes le lundi 27 et 300 à Rennes le même jour). Une grande partie des manifestants étaient jeunes, sans encadrement de type parti ou syndicat traditionnels, mais déterminés à dénoncer les violences policières que subissent les opposants aux grands chantiers inutiles de Notre Dame des Landes au barrage du Testet, mais aussi les jeunes des quartiers populaires.

Si la mobilisation est plus dense en Bretagne qu’ailleurs c’est parce que tous ceux et celles qui se sont un tant soit peu mobilisés contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes savent que ce qui s’est passé à Sivens n’est pas un accident et arrivera sans aucun doute sur la ZAD du bocage Nantais si le gouvernement socialiste tentait de repasser en force.

Une manifestation à l’échelle de la Bretagne est annoncée samedi 1er novembre à 14h devant la préfecture de Nantes. Nous en reproduisons ici l’appel émanant d’occupants de la ZAD de Notre Dame des Landes.

La rédaction de Bretagne-info.

Pendant la nuit de samedi à dimanche un manifestant, Rémi, a été tué au cours des affrontements qui se sont déroulés lors du rassemblement contre le barrage de Sivens au Testet. Environ 7000 personnes ont convergé sur la zad du Testet après des mois d’attaques policières, de destruction de la zone humide et des habitats de ceux qui la défendaient. En fin d’après midi puis plus tard dans la nuit, des dizaines de personnes s’en sont pris aux forces de l’ordre qui protégeaient le chantier. Elles souhaitaient ainsi marquer leur colère et retarder la reprise des travaux, initialement prévue pour lundi. Elles ont été repoussées à coups de flashballs, de grenades assourdissantes, de désencerclement et de gaz lacrymogènes. D’après les témoignages des camarades du Testet, la personne décédée se serait écroulée suite à des tirs de grenade puis aurait été emmenée par les forces de l’ordre. La Préfecture affirme ne rien vouloir déclarer à ce sujet avant le résultat public de l’autopsie lundi. Le gouvernement a déjà commencé à stigmatiser les manifestants, et tente de diviser pour noyer le poisson. Mais ils savent bien que, quoi qu’ils fassent, cette mort aura des conséquences explosives.

Ce décès révoltant n’est malheureusement pas surprenant dans ce contexte. A Notre dame des landes, au Testet et partout où nous nous opposons à leurs desseins, nous avons dû faire face au déploiement crû de la violence d’État. Si nous avons bien compris de notre coté que nous ne pouvions nous contenter de les regarder docilement détruire nos vies, eux ont démontré qu’ils ne nous feraient aucun cadeau. Pendant les mois d’expulsion de la zad de Notre Dame des Landes, de nombreux camarades ont été blessés gravement par des tirs de flasballs et grenades. Sur la seule manifestation du 22 février 2014 à Nantes, 3 personnes, visées à la tête par des flashballs ont perdu un œil. Depuis des semaines au Testet plusieurs personnes ont été blessées elles aussi et d’autres accidents tragiques ont été évités de justesse lorsque des opposants se sont faits délogés, notamment des cabanes qu’ils avaient construites dans les arbres. Pourtant c’est bien, entre autre, parce que des milliers de personnes se sont opposées physiquement aux travaux, aux expulsions, à l’occupation policière de leurs lieux de vie que le projet d’aéroport de Notre dame des landes est aujourd’hui moribond, et que le barrage du Testet et ceux qui devaient lui succéder sont largement remis en question. C’est cet engagement en acte qui a donné une puissance contagieuse à ces luttes et qui menace partout aujourd’hui l’aménagement marchand du territoire.

Plus quotidiennement la répression s’exerce face à ceux qui luttent dans les prisons, dans les quartiers et dans les centres de rétention et entraîne là aussi son lot de morts trop souvent oubliées, plusieurs dizaines chaque année. Face aux soulèvements et insoumissions, la démocratie libérale montre qu’elle ne tient pas seulement par la domestication minutieuse des individus et des espaces de vie, ou par les dominations économiques et sociales, mais aussi par un usage déterminé de la terreur.

Nous appelons à occuper les rues et lieux de pouvoir partout dès demain, pour marquer notre tristesse, saluer la mémoire du camarade tué ce samedi et pour exprimer notre colère face à la violence d’Etat. Nous ne les laisserons pas nous tuer avec leurs armes dites « non létales ». Réagissons avec force pour qu’il y ait un avant et un après cette mort. Affirmons plus fort que jamais notre solidarité avec tous ceux qui luttent au Testet et ailleurs contre leurs projets guidés par les logiques de contrôle et de profit, barrage de Sivens mais aussi avec tous ceux qui tombent plus silencieusement sous les coups de la répression partout ailleurs. Nous ne nous laisserons ni diviser ni paralyser par la peur. Nous continuerons à vivre et lutter sur les espaces qu’ils rêvent d’anéantir, et à leur faire obstacle.

Nous ne laisserons pas le silence retomber, nous n’oublierons pas !