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Le collectif féministe Gast fait savoir sur les réseaux sociaux qu’un stage d’autodéfense pour adolescentes aura lieu en juillet à Kemper. Nous invitons nos lectrices et lecteurs à rediffuser l’info. Enfin, nous rappelons que chacun peut publier sur Bretagne-info pour peu qu’il/elle respecte cette charte.

Quimper Egalité, le pendant associatif du collectif Gast!, propose cette journée en collaboration avec la MPT de Penhars. Cette page a uniquement pour but de promouvoir l’évènement (inscriptions par tel ou mail) Partagez, parlez-en aux ados et aux parents autour de vous !

 

Inscriptions ou renseignements : 07 69 16 33 35 ou cecilejacque(a)gmail.com

 


A tout âge, on peut être confrontées à des agressions de la part d’inconnus, d’autres adolescent.e.s et jeunes ou, le plus souvent, de la part d’adultes proches. L’éducation prépare souvent mal à faire face à ces situations.
Dans une formation d’autodéfense (Seito Boei), vous apprendrez à reconnaître des situations potentiellement dangereuses et à agir immédiatement. L’objectif n’est pas de devenir une machine de combat, mais d’éviter de devenir victime de violence.

Pour cela, il est important de savoir :

  1. comment se mettre en sécurité,
  2. comment demander de l’aide à d’autrui,
  3. comment se faire respecter,
  4. ou encore comment déstabiliser un agresseur.

    Par des jeux, exercices et mises en situation, vous pouvez expérimenter des techniques simples et efficaces de défense verbale et physique. Des moments de discussion permettent d’échanger vos opinions et expériences avec les autres participantes et de trouver du soutien. Grâce à une technique de visualisation, vous pourrez intégrer ces acquis pour qu’ils deviennent des réflexes. Le tout dans une atmosphère de confiance, respect et confidentialité.

    Dans un stage d’autodéfense pour adolescentes, l’objectif est de découvrir de manière ludique les possibilités d’action de chacune : crier et faire un scandale, chercher de l’aide, poser des limites verbales et non verbales, déstabiliser un agresseur, se protéger physiquement. La finalité est de se sentir plus à l’aise quand on sait de quoi on est capables pour prévenir les violences.

    Bien sûr, une bonne dose d’information, adaptée à l’âge, est nécessaire. L’objectif est de reconnaitre des situations d’agression verbale, sexuelle ou physique le plus tôt possible et de comprendre la différence entre une autorité adulte justifiée et un abus de pouvoir.

Le lien de l’event Facebook est là.

Quelques modestes réflexions sur le voile , l’islam , la religion, la lutte des classes et les bretonNEs dans l’état français….

Le texte suivant n’engage que moi-même , c’est une sorte de tribune. Mais le produit d’échanges plus ou moins formels entre camarades de la Gauche Indépendantiste  et des militantEs anticapitalistes d’autres secteurs depuis de longs mois. Merci infiniment à la militante féministe bretonne Mélanie Giotto pour sa réactivité, ses conseils avisés tant sur la forme que sur le fond et ce titre qui claque comme un drapeau.

G.R

 

Le psychodrame national français autour du Burkini et l’ensemble des lois et prises de position autour du “voile” ou du “foulard” islamique ont révélé à la face du monde combien perverse est la définition de la laicité à la française.

 

Ainsi Joann Wallach Scott rappelle : “Le mot «  laïcité  » est polémique depuis sa création en 1871 par les militants anticléricaux. À l’époque, il servait à contrer le pouvoir de l’Église catholique  ; à présent, il est utilisé pour définir une identité française qui exclut les musulmans. Dans les deux cas, les femmes sont considérées comme un danger potentiel pour la République. Au XIXe et au début du XXe siècle, on soupçonnait les Françaises d’être sous l’influence des prêtres  ; au XXIe siècle, ce sont les femmes musulmanes dont les foulards sont le signe d’un «  défaut d’assimilation  » inacceptable, et d’un refus agressif de l’égalité soi-disant caractéristique de la République. Finkielkraut l’a dit sans détour dans un entretien au New York Times : «  la laïcité l’a emporté. Et nous ne pouvons faire aucun compromis sur le statut des femmes. (…) Tout vient de là. » (1)

Et dans le même article Cette étrange obsession française pour le voile » l’auteure souligne combien le « débat » autour du voile révèle la volonté assimilationniste de la république française en la comparant avec les pays de tradition anglo-saxonne où « Le gommage de toute différence ethnique, raciale et religieuse n’est pas une condition nécessaire pour l’intégration dans la nation. »

Plus loin elle souligne avec justesse combien les élites françaises politiques, culturelles et médiatique de la nation française intègrent dans leurs expressions pleines de pulsions islamophobes et puisent dans la période coloniale et sa «  mission civilisatrice  ». C’est bien connu, et c’est ce que l’on apprend dans les écoles de la république, la France a inventé les droits de l’homme….avant de les exporter en Kanaky, en Algérie , à Madagascar…

Et une féministe bretonne de mes fréquentations de me faire remarquer également cette évidence : « Il faut dans ce débat un démontage propre et concis de la posture pseudoféministe d’Etat, alors que l’énorme scandale est que l’Europe vient de donner 6 milliards (3 et 3 autres dernièrement) à l’Etat turc, dont les kurdes témoignent qu’il est infiltré au plus haut niveau de l’administration et de la police par des cadres de Daesh). (2)

Subventionner Daesh via l’Europe, démonter les planning familiaux dans l’Etat français et persécuter des baigneuses tout en posant aux féministes est une marque d’incohérence de l’Etat français que les médias gagneraient à souligner.” 

Cette étrange obsession française pour le voile“ est de loin un des meilleurs articles que j’ai pu lire sur le sujet polémique du burkini mais il ne va pas assez loin. Car ce nouveau rebondissement autour des signes extérieurs d’islamité révèlent aussi une volonté farouche de ces mêmes élites de nier le caractère plurinational de l’état français et interroge notre rapport à l’altérité, à l’identité, aux identités.

 

Tenter d’y apporter une contribution est risqué, qui suis-je pour oser prendre la parole sur un tel sujet en tant qu’homme blanc ? Je suis aussi indépendantiste breton, révolutionnaire marxiste, athée….élevé dans une famille partagée entre un anticléricalisme soft et la religion catholique ( soft aussi ). Je ne suis pas un spécialiste des religions, de l’islam et de ses multiples variantes, ni très réputé pour la cohérence de mon engagement pro-féministe…mais comme Finkelkraut et Valls et la grande bourgeoise Badinter donnent leur avis tous les jours sur le danger du « voile » et les « musulmans » je me permet de modestement donner le mien.

En tant que marxiste j’ai appris à replacer les signes d’appartenance à une religion dans leurs contextes socio-politique et historique.

Et on pourrait peut être commencer par là en rappelant que l’ « invitation » autoritaire faite par les hommes aux femmes à se couvrir la tête n’est pas spécifique à l’Islam et à son clergé.

Et elle révèle un rapport de domination patriarcale évident des hommes sur les femmes dans beaucoup de textes religieux.

Cette « invitation » aux femmes  (j’emploie ce mot car ce n’est pas toujours une obligation) s’est traduite par de cette façon:

 

-Pour le judaïsme. : Dans la Bible, la Genèse (24, 65; 29, 23-25; 38,14.19) et le Cantique des Cantiques mentionnent le voile des femmes. Ainsi, Rébecca, voyant Isaac, se couvre la tête de son voile. Et le fiancé du Cantique des Cantiques affirme : « Tes yeux sont des colombes à travers ton voile » (Ct 4, 1). La femme non voilée est en revanche comparée à la prostituée : « Découvre tes cheveux, retrousse ta robe, découvre tes cuisses », dit le prophète Isaïe (47, 2) » (3)

 

-Pour le christianisme : « Dans son Épitre aux Corinthiens7, Saint Paul fait peut-être plus étalage de la tradition romaine dont il est issu que de la tradition hébraïque quand il affirme qu’à la prière : « si une femme n’est pas voilée, qu’elle se coupe aussi les cheveux. S’il est honteux pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée, qu’elle se voile. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend»

 

-Pour l’islam toujours d’après Martine de Sauto « dans le Coran, plusieurs versets, difficiles à traduire et à interpréter, prescrivent aux femmes de porter le voile par pudeur, pour se distinguer des autres femmes et se protéger des regards indélicats. « Ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées… » (sourate 33, v. 59) » (4). D’autres estiment comme Thierry Magot breton et musulman “que le Coran (seule base de l’islam) ne prescrit en aucun cas le voile pour les femmes dans la vie courante. Ce serait la société patriarcale de l’époque (qui a d’ailleurs perduré, et qu’on peut observer aussi dans la Sunna du Prophète) qui l’a interprété ainsi.”  (5)

Ce bref rappel est là pour démontrer si besoin en était que la volonté de couvrir les cheveux des femmes est communes à ces trois religions et à leurs variantes et était théorisé par des…hommes.

Mais le débat actuel, le brouhaha médiatique autour du « burkini » sous entend clairement que celles qui continuent à porter (souvent volontairement, mais pas que ..) un « voile » lié à la religion musulmane sont des arriérées, des rétrogrades incapables de participer à des mouvements d’émancipations collectives…..

Et c’est là que mon identité de breton me permet d’anticiper le débat sous un autre angle. Mais avant d’aller plus loin un petit rappel sur la religion catholique et le voile s’avère encore nécessaire (puisque c’est bien connue la Bretagne est « catholique »! ) .

L’article de wikipédia français sur le voile dans la religion catholique dit aussi ceci « Encore de nos jours beaucoup de mariées portent un voile lors du mariage religieux D’après l’interprétation que Rosine Lambin, docteur en Sciences des Religions à la Sorbonne, fait des textes de Saint-Paul le voile de la mariée est, comme celui des religieuses, un voile de sacrifice impliquant aussi la soumission de la femme à son époux”.

D’ailleurs sur le trés catholique et réactionnaire blog “La femme catholique” on peut lire ceci dans un post intitulé “Femmes , couvrez vous les cheveux ! “ : “Le vieux Code de droit canon de 1917 prescrivait que les femmes à l’église se couvrent la tête, surtout au moment de la communion. Au contraire, le Code actuel en vigueur ne prescrit rien de tel, les femmes n’étant plus obligées à cette coutume.Toutefois cet antique et vénérable usage reste une pratique “qui convient”, surtout quand une femme participe à la Messe traditionnelle.

Cet usage dérivait de ce qui est disposé par l’Apôtre Saint Paul, où plutôt de l’Esprit Saint par le biais de Saint Paul. Plusieurs motifs inclinent à le rétablir. Parmi ceux-ci, rappelons-nous que la tête couverte est un signe d’humilité. Aujourd’hui, bien des femmes se vêtent de manière indécente, avec des mini-jupes et autres habits provocants et scandaleux, qui génèrent bien des péchés mortels.

Au contraire, voir à l’église une femme vêtue d’habits modestes et tête couverte est édifiant autant qu’un prêche sur l’habillement chrétien.” (4)

 

D’ailleurs ce blog se sert de cette image sur laquelle on voit des bretonnes pour illustrer l’article :

chale-mariage

 

Je pourrais en tant que Breton me dire que fort heureusement les femmes catholiques de mon pays la Bretagne n’obéissent plus à ce genre d’ordres et ce depuis fort longtemps et sinon elles n’auraient pas mener autant de combats émancipateurs que ceux que je vais évoquer plus loin.

 

Mais aussitôt mon cerveau me réplique avec cette simple image qui est une veille affiche de la CGT évoquant les luttes des sardinières en 1923 en pays bidouden et à Douarnenez :

 

cgt pays bigoudens

 

Et oui des femmes qui se couvraient les cheveux dans un pays de tradition catholique ont menée une grande lutte sociale victorieuse dans des conserveries . Elles lutteront 50 jours en faisant grève pour obtenir le paiement des heures supplémentaires; A l’époque certaines ouvrières avaient 12 ans et la semaine durait 72h….(6)

Combien d’entre elles étaient encore croyantes et pratiquantes ? Je ne sais pas , un nombre certain sans doute. D’autres au contraire devenaient méfiantes ( c’est peu dire ! ) envers la hiérarchie catholique. Beaucoup parlaient breton , quelques unes français….

Issue du même secteur j’aimerais vous présenter Joséphine Pencalet, une des cinq premières femmes élue dans une municipalité dans l’Hexagone ( sur une liste du PCF dont elle s’éloignera ) à Douarnenez en 1924….Election invalidée plus tard par le conseil d’état. Voici un cliché d’elle à l’époque…Mais tiens donc elle porte une coiffe ! ( elle l’abandonnera par la suite)

pennacalet

 

 

Porter une coiffe ne l’a pas empêchée d’être à la pointe du combat pour l’égalité des droits entre femmes et hommes et de désobéir et de faire grève elle aussi comme sardinière. (7)

D’ailleurs de nos jours tous le monde en Bretagne convient que costumes traditionnels et coiffes sont des marqueurs culturels importants de l’identité bretonne. Les femmes qui les portent sont d’horizons diverses, ont sans doute des rapports différents à la religion et au clergé. Et les images du passé que nous venons d’évoquer sont bien la preuve que le fait d’être ( volontairement ou non ) sous l’influence culturelle d’une religion est révélateur d’une identité locale ( nationale ? ) mais potentiellement compatible avec des combats sociaux collectifs .

Ainsi on est passé d’une pratique vestimentaire “suggérée” par le poids du patriarcat et du catholicisme à une pratique culturelle pour marquer sa différence en tant que groupe humain distinct. Mon point de vue est que ce glissement existe aussi pour d’autres religions.

Oui, mais c’était hier me rétorquerez vous, et personne ou presque ne porte encore la coiffe en Bretagne au quotidien. Et encore aujourd’hui lors de manifestation sur des thématique spécifiquement bretonne comme l’affirmation de la bretonnité du pays Nantais il n’est pas rare de voir des femmes manifester en costume dit traditionnel.

Mais personne, après ce bref survol historique Breton, ne peut contester que croyances religieuses (quelque soit le niveau de piété et de visibilité de l’engagement de chacunE) soient compatibles avec l’engagement en faveur de la lutte d’émancipation sociale et de celle du droit des femmes.

Ou alors faudrait il faire preuve d’une ehtno-centrisme européen des plus raciste. Et il me semble bien qu’une partie de la “gauche” française même sa prétendue très franchouillarde “gauche de la gauche mélenchoniste “ (8) est dans cette posture en refusant de parler et de dénoncer l’islamophobie.

Restons en Europe et passons les Pyrénées et observons ce magnifique sourire des militants et militantes de la COS (Coordinadora Obrera Sindical/ ) Coordination Ouvrière Syndicale) qui se définit comme “ Syndicat pour la libération de classe, de genre et nationale dans les pays Catalans” depuis 1987.

 

COS

Elles et ils ont l’air très contentes d’avoir gagné des éluEs au nom de la Coordination Ouvrière Syndicale, organisation syndicale de la gauche indépendantiste catalane qui se revendique indépendantiste, anticapitaliste et féministe. (9)

Bref, le port du voile ne conditionne pas celles qui en font le choix à rester sous l’influence du clergé le plus rétrograde pas plus que ne l’ont été hier des catholiques et bretonnes ou aujourd’hui des catalanes et musulmanes.

D’ailleurs je ne prétend pas par cette humble exposé faire découvrir que l’islam est compatible avec le féminisme (comme d’autres religions) . D’autres plus légitimes que moi pour le faire tentent de se faire entendre depuis longtemps pour casser le stéréotype colonial « islam = oppression rétrograde de la femme” en évoquant le combat de militantes qui sont engagées dans une démarche féministe à l’intérieur du cadre religieux musulman. (10 ). Mais le faire ici en tant que breton pourra peut-être interpeller des consciences pleines de préjugés, alimenter le débat en se servant de notre histoire sociale et se des liens avec notre identité.

Ce qui est rétrograde c’est la volonté profondément négationniste des gouvernants français et de leur relais médiatiques à ne pas vouloir assumer le passé colonial français, à reconnaître que cet état est de facto plurinational, car avant d’avoir tenté d’assimiler de force avec des lois et des arrêtés stupides les populations de ses ex colonies il a tenté de détruire méthodiquement les marqueurs culturels des peuples Breton, Basque, Corse, Martiniquais,etc….

« Cachez ce voile que je ne saurais voir ! » résonne étrangement à mes oreilles de brittophone ( ça veut dire que je parle breton ) comme un écho à « gardez chez vous ces langues que nous ne saurions ni voir , ni lire ni entendre dans la vie publique ».

Les voiles et les burkinis des musulmans lieraient de façon intrinsèque celles qui les portent à l’obscurantisme le plus crasseux et violent, c’est le message prétentieux et néo-colonial et ethnocentriste de Valls et des ses congénères des Républicains et du FN comme d’une partie du Front de Gauche. (11) C’est le même raisonnement qui amenait Barrère à déclarer dans son rappport du comité du salut public en janvier 1794 « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l’italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d’erreur. » qui allait inaugurer un cycle de répression linguistique violent contre ces groupes de locuteurs, cycle toujours en cours.

 

De 1794 à 2016 on essaye de nier la diversité culturelle de l’Etat français et son caractère plurinational en légiférant de manière grotesque et répressive sur les langues comme sur le voile ou le burkini. On invoque sans cesse cette constitution pour justifier ces humiliations qui visent à exclure de la sphère publique tout signe de non francité.

 

Voici ce que j’écrivais l’an dernier dans le petit lexique politique radical de Bretagne à son sujet :

 

“Il est intéressant de s’attarder sur cette constitution qui régit le fonctionnement de la Vème république depuis 1958. Un rapide coup d’œil sur la pyramide des âges de la population française au 1er janvier 2015 nous apprend que les gens en âge de voter en 1958 et toujours vivants ont au minimum 78 ans, et sont environ 4,7 millions, pour un État contenant près de 70 millions d’habitants. Moins de 10 % des citoyens français ont pu donner leur avis sur cette constitution qui rappelle que la France est une et indivisible et que le français et la seule et unique langue de la république.

Rappelons aussi qu’elle fut adoptée pas longtemps avant une tentative de coup d’État de généraux putschistes refusant les armes à la main la perspective de l’indépendance algérienne et sur pro- position d’un autre militaire, le général de Gaulle.

Ce petit rappel statistique permet de regarder d’une autre façon le phénomène de l’abstention, notamment dans la jeunesse et singulièrement dans celle issue de l’immigration. Pourtant tous les syndicats et partis politiques y compris régionalistes, hormis la gauche extra-parlementaire et les partis indépendantistes des possessions françaises, continuent d’affirmer leur attachement aux valeurs de la république. Une république dont le texte fondateur était écrit alors que les guerres de libération nationale battaient leur plein, une république dont il semble bien difficile de faire croire qu’elle garantisse un minimum d’équité sociale, une république qui nie le caractère plurinational de la France, qui refuse de dissocier les concepts de nationalité et de citoyenneté parce que le dogme républicain fait de nous de braves Français de Brest à Papeete, de Cayenne à Ajaccio…” ( 12)

 

Celles qui portent le voile ou le burkini ou mangent hallal le font en fonction de leur croyance religieuse, c’est elles que l’état persécute en envoyant la police sur les plages Occitanes….Mais les signes extérieurs d’islamité sont aussi l’affirmation , insuportables pour les défenseurs de l’Europe blanche et catholique et de la France une et indivisible, de l’appartenance à des groupes humains déterminés par des facteurs et des marqueurs culturels, linguistiques, religieux et/où géographiques . C’est en ça que comme certains de nos marqueurs à nous Bretons ou autres non allogènes de cette république, ils démontrent le caractère plurinational de l’état français.

C’est pour ça qu’il faut contruire entre nous peuples de l’Etat français des liens et des complicités basés comme le suggère Houria Bouteldja (13) sur un internationalisme domestique , et bien sur le rejet de l’islamophobie comme de l’antisémitisme , du racisme dans un large front multiforme anticapitaliste, féministe et anti-impérialiste.

 

Gael Roblin ( Aout 2016 )

Militant de la Gauche Indépendantiste Bretonne et Communiste Révolutionnaire.

 

 

 

1)     “Cette étrange obsession française pour le voile “ http://orientxxi.info/magazine/cette-etrange-obsession-francaise-pour-le-voile,1309
2)    CF : http://www.niet-editions.fr/livre-kurdistan.html
3)    D’aprés Martine De Sauto journaliste au quotidien “La Croix”.
4)    https://fr.wikipedia.org/wiki/Voile_(v%C3%AAtement)

5) Auteur sous le pseudo J.M. Seiget de “Comment peut-on être breton (indigné) et musulman (critique). Humanisme, diversité et libération en islam” ed. Coëtquen 2015).

6)    Le blog “Femmes Catholiques” https://lafemmecatholique.wordpress.com/2011/01/21/femmes-couvrez-vous-les-cheveux/
7)    JL Mélenchon : “Mélenchon : “C’est clairement une provocation politique. Le burkini n’est pas une tenue religieuse et je doute que le prophète ait jamais donné la moindre consigne concernant les bains de mer. L’instrumentalisation communautariste du corps des femmes est odieuse. C’est un affichage militant.” À lire dans “Burkini: Jean-Luc Mélenchon partage l’affront fait aux musulmanes” par MICHELLE GUERCI : https://blogs.mediapart.fr/michelle-guerci/blog/240816/burkini-jean-luc-melenchon-partage-laffront-fait-aux-musulmanes et d’autres phrases du même topo sur le blog “Servir le Peuple http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/republique-bleu-blanc-rouge-6-0-non-merci-a117718778
8)    Sur le site de la CGT http://www.nvo.fr/0-0-2627-la-greve-des-sardinieres-de-douarnenez
9)    Sur le site “En Envor” http://enenvor.fr/eeo_actu/mer/josephine_pencalet_la_penn_sardin_premiere_elue_municipale_bretonne.html et un article de Fanny Bugnon http://www.academia.edu/8368179/_Jos%C3%A9phine_Pencalet_une_Penn_sardin_%C3%A0_la_Mairie_dans_Arlette_Gautier_et_Yvonne_Guichard-Claudic_dir._Bretonnes_Presses_universitaires_de_Rennes_%C3%A0_para%C3%AEtre
10)   Cf ce podcast de France Culture “Sur les Docks” et le féminisme islamique http://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks-14-15/les-feministes-islamiques Cf le livre de Zahra Ali “ Féminismes Islamiques “ chez la Fabrique éditions http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=707
11) Syndicat COS : http://www.sindicatcos.cat/
12) Chez Goater Editions http://www.papier-timbre.org/post/2015/10/15/ZHB%C3%A9c%C3%A9daire,-lexique-politique-radical-de-Bretagne-de-Gael-Roblin,-un-nouveau-livre-des-%C3%A9ditions-Goater
13) Sur le site du Parti des Indigènes de la République: http://indigenes-republique.fr/pour-un-internationalisme-domestique/

 

 

 

 

Nous reproduisons ici le communiqué pour la marche de nuit du 11 mars à Rennes. par ailleurs les adhérentes du SLB universités et de la Gauche Indépendantiste ont décidés de se joindre à cette initiative.

MARCHE DE NUIT EN NON MIXITE
FEMMES, LESBIENNES, TRANS

Qui sommes nous ?
Nous sommes des femmes, des lesbiennes, des trans, des bisexuelles, des hétéras, des queers, des personnes intersexes, des noires, des grandes, des voilées, des communistes, des libertaires, des grosses, des camionneuses, des maquillées, des non maquillées, des à jupes, des maigres, des petites, des épilées, des à poil, des jeunes, des vieilles, des étudiantes, des mécaniciennes, des infirmières,des travailleuses du sexe, des ingénieures, des mères, des sœurs, des filles, des sans enfants, des sans papiers, des françaises, des bretonnes, des immigrées, des filles d’immigrées, des asexuelles, des libertines. Bref, nous sommes tout ça et nous en sommes fières.

Pourquoi une marche ?
Pour se réapproprier l’espace public et sortir de l’espace privé où la société patriarcale veut nous cantonner.
Pour oser prendre la parole et être visible sans honte ni peur.
Pour affirmer son droit à être dans la rue à n’importe quelle heure et dans n’importe quelle tenue, voilée, en jupe, avec des talons, en short, en pyjama, en survet’…

Pourquoi de nuit ?
Parce qu’on veut se réapproprier la nuit, parce que la nuit nous plaît !
Parce que la plupart d’entre nous ont peur quand elles sont seules la nuit, de se faire juger, évaluer, interpeller, suivre, agresser, violer, arrêter….
Parce que la société nous place dans une position de vulnérabilité par un discours «elle l’a bien cherché».

Pourquoi non-mixte ?
Pour se réapproprier notre indépendance.
Parce qu’on ne devrait pas avoir besoin d’hommes cisgenres pour se sentir bien la nuit.
Parce que «Ne me libère pas, je m’en charge !»
Pour la sororité, pour valoriser la solidarité entre nous, dans la rue, dans les luttes, dans la vie…
Parce que les comportements sexistes et LGBTIphobes se reproduisent quelque soit l’endroit : en manif, au bar, dans le milieu militant, chez soi, dans le métro, rue de la soif, à l’université, au resto, au boulot…

OSONS REPRENDRE LA RUE ! FEMINISTES TANT QU’IL LE FAUDRA !

Mercredi 11 mars 19h30 place Hoche
Solidaires étudiant-e-s, CNT, RUSF35, Le collectif Antifasciste Rennais, des militantes de l’UNEF et des individues concernées.

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Nous reproduisons ici, à quelques jours de la célébration de la journée  de lutte internationale des femmes, un texte traduit par le collectif parisien “Libération Irlande“. Ce collectif de solidarité avec le mouvement républicain Irlandais le plus radical semble en sommeil, toutefois grâce à eux de nombreux textes des différentes factions du républicanisme Irlandais sont disponibles pour les lecteurs francophones.

Le texte “Féminisme et républicanisme irlandais” retrace la place supposée de la femme dans l’Irlande au moyen-âge mais surtout narre la genèse de la rencontre entre mouvement de libération nationale Irlandais, mouvement ouvrier et lutte féministe dans l’Irlande du 20eme siècle.

Bien qu’un peu daté ce texte montre bien le lien entre lutte pour l’autodétermination et émancipation féministe. Comme le rappelle une autre militante républicaine Irlandaise dans un autre texte  (jette ton tablier et prendre les armes ! ) :

La lutte pour l’auto-détermination de l’Irlande ne peut être séparée de « l’auto-détermination des femmes

« Le concept d’auto-détermination est à mon avis ce qui définit le mieux le féminisme républicain. Ce concept est sans doute mieux connu sous son aspect nationaliste que féministe, mais il a clairement un sens féministe aussi. L’auto-détermination, c’est le droit et la capacité de faire des choix véritables sur ce qui touche à nos vies : notre fécondité, notre sexualité, le soin et l’éducation des enfants, les moyens d’être indépendante, et tous les domaines dans lesquels on nous prive d’autonomie et de dignité, dans les différentes facettes de notre identité de femmes. »

Ce lien nous semble universel et non spécifiquement Irlandais , et donc valable dans la perspective de la  lutte pour une république bretonne  indépendante , réunifiée, brittophone, socialiste,  antipatriarcale, combat dont nous sommes partie prenante.

La rédaction de Bretagne-info.

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Voici un texte intéressant, écrit par Jan Cannavan probablement au début des années 1990, intitulé Women’s struggle liberates Ireland/Ireland’s struggle liberates women : feminism and irish republicanism. La faiblesse de ce texte, très favorable aux Provisoires ( NDLR = Le Sinn Fein de Gerry Adams ) , est une idéalisation du mouvement républicain et une absence d’autocritique, néanmoins il est assez instructif.

Depuis la deuxième vague du féminisme au début du mouvement contre la Guerre du Vietnam, des femmes ont débattu dans le monde entier de la compatibilité entre libération nationale et libération des femmes. Les questions dominantes étaient celles-ci : lequel de ces deux mouvements est-il davantage susceptible de libérer les femmes? Et si les deux sont nécessaires, comment pourraient-ils coexister? Qu’en est-il des autres oppressions que subissent les femmes, à savoir l’oppression de classe et l’oppression de race?

Cet article examinera ces questions à la lumière du cas irlandais, placera la libération nationale et la libération des femmes dans leur contexte historique propre et décrira la condition sociale et économique des femmes d’Irlande aujourd’hui. Pour finir, il comparera les voies de la libération des femmes telles qu’elles sont définies par les féministes d’une part et les républicaines irlandaises d’autre part.

La colonisation de l’Irlande par la Grande-Bretagne commença avec l’invasion anglo-normande de 1169, qui fut accomplie vers 1652 sous Cromwell. Le gouvernement britannique expulsa les Irlandais indigènes de leurs terres et posa à leur place des colons-planteurs loyaux. Les Irlandais indigènes furent gouvernés par les Lois Pénales, un code d’apartheid qui les empêchait de posséder des terres ou des chevaux, de pratiquer leur religion, de participer au gouvernement ou d’éduquer leurs enfants.

Cette répression fit naître des sociétés secrètes et des révoltes agraires à chaque génération. Beaucoup de planteurs presbytériens sympathisaient avec les doléances des indigènes catholiques, étant donné qu’ils étaient presqu’aussi opprimés par la loi de l’administration coloniale qui restreignait le commerce et maintenait délibérément l’Irlande dans le sous-développement.

Suivant les exemples des révolutions américaines et françaises, les éléments insatisfaits du pays se réunirent dans les Irlandais Unis – United Irishmen, un mouvement pour une République irlandaise indépendante. Après beaucoup de soulèvements manqués, ce but fut partiellement réalisé en 1921 avec l’octroi d’une indépendance limitée pour 26 comtés des 32 comtés d’Irlande.

Toutefois, les républicains irlandais, et avec eux la majorité des nationalistes, n’acceptèrent jamais la partition de l’Irlande et combattent encore pour une Irlande unie et socialiste.

Les femmes irlandaises ont vu le destin de leur libération en tant que genre entrelacé avec celui de leur nation. Dans l’Irlande celtique avant la conquête, les femmes jouissaient de beaucoup de droits légaux, d’un niveau tel qu’il n’est pas atteint dans la plupart des pays aujourd’hui. Les femmes gardaient leur propriété même dans le mariage, et aucun des partenaires ne pouvait passer contrat ou faire des affaires sans le consentement de l’autre.

Aussi bien l’époux que l’épouse pouvait divorcer pour un grand éventail de raisons, une femme par exemple pouvait divorcer de son mari pour quatorze raisons, dont la diffamation à son encontre ou le manque d’harmonie sexuelle. Les femmes étaient protégées hors du mariage, en ce qui regarde le droit commun et les relations de passage et ainsi, aucun enfant n’était considéré comme illégitime.

La conquête britannique mit fin au système légal indépendant et supprima la plupart des droits traditionnels des femmes irlandaises. Il apporta également un nouveau sens de la pudibonderie, qui ne faisait pas partie de la culture irlandaise. On voit encore dans les ruines de certaines églises datant d’avant la conquête des bas-reliefs montrant des sile-na-gigs, des formes féminines nues aux organes génitaux très exposés, avec de fréquentes scènes de masturbation.

Une tradition celtique à laquelle la conquête n’a pas mis fin fut l’existence et l’acceptation de femmes fortes et guerrières. Dans la saga principale de l’Irlande, Tain bo Cuailgne [traduction française : ‘La razzia de Cualngé’, pp. 91-116, in L’épopée irlandaise, trad. Georges Dottin, col. L’arbre double, ed. les presses d’aujourd’hui, 1980], la reine guerrière Mêve mène son armée à la victoire, noyant l’armée adverse sous un flot d’urine et de sang menstruel.

A l’époque de la reine Elisabeth d’Angleterre, Grainne Mhaol menait son clan dans des attaques pirates contre les vaisseaux britanniques, pour finir par négocier en tant qu’égale avec la reine. Dans toutes les rébellions irlandaises, les femmes combattirent aux côtés des hommes et prirent part à toutes les activités. Mais la plus grande partie de cette histoire des femmes a été obscurcie et n’est redécouverte que depuis peu. Par exemple, les récits d’époque de la rébellion de 1798 enregistrent beaucoup d’actions menées par des femmes, mais les historiens qui sont venus par la suite ont négligé tous ces épisodes.

Des revendications féministes ont accompagné les luttes nationalistes, depuis au moins 1798. Mary Ann McCracken, une des Irlandaises Unies – United Irishwomen, était une admiratrice de Mary Wollstonecraft. Avant de rejoindre la société des Irlandaises Unies, elle écrivit à une amie emprisonnée qu’elle souhaitait « savoir si elles avaient une idée rationnelle de la liberté et de l’égalité pour elles-mêmes, ou bien si elles se contentaient de leur condition abjecte et dépendante, avilie par la coutume et l’éducation en-dessous du rang social où elles étaient placées à l’origine. »

Au moment du Soulèvement de Pâques 1916, trois mouvements avaient uni leurs forces pour profiter de l’occasion offerte par les préoccupations britanniques en pleine Guerre Mondiale : le mouvement nationaliste, le mouvement ouvrier et le mouvement des femmes. Cette alliance signifiait qu’un programme progressiste pour les travailleurs et les femmes accompagnait les exigences de libération nationale. James Connolly, qui était un théoricien socialiste et un des dirigeants exécutés de la rébellion, soutenait le mouvement pour le suffrage féminin. En 1915, il écrivit : « L’ouvrier est l’esclave de la société capitaliste, l’ouvrière est l’esclave de cet esclave ».

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Et lorsqu’en 1918 les républicains remportèrent la victoire électorale dans toute l’Irlande et mirent sur pied leur propre parlement, Constance Markievicz, une des dirigeantes de 1916, fut nommée Ministre du Travail. Elle et Alexandra Kollontaï en Union Soviétique furent les première femmes occupant le poste de ministre.

La partition de l’Irlande et la guerre civile qui s’ensuivit déboucha sur la victoire des forces pro-britanniques et conservatrices. Dans les années 1930, beaucoup de leaders radicaux combattirent et tombèrent pour la République espagnole. Ceci ouvrit la voie à la constitution irlandaise de 1937, dont l’article 41 stipule que « par sa vie menée dans son foyer, la femmes donne à l’Etat un soutien sans lequel le bien commun ne peut pas être atteint. »

A la fin des années 1960, la Northern Ireland Civil Rights Association – Association pour les Droits Civils d’Irlande du Nord, inspirée par le mouvement pour les droits civils des Afro-américains, engagea une lutte non-violente pour que les catholiques nationalistes des six comtés obtiennent des droits égaux. Il y avait une grande proportion de femmes dans ce mouvement, mais la direction était entièrement masculine, à l’exception de Bernadette Devlin.

Lorsque les manifestations pacifiques rencontrèrent la répression violente et les coups de feu (processus culminant avec le Bloody Sunday, qui vit les parachutistes tuer quatorze manifestants désarmés), la lutte armée recommença.

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De même, au début des années 1970, un mouvement des femmes émergeait à Dublin, inspiré par ce qui existait aux Etats-Unis et dans d’autres pays européens. Les féministes irlandaises faisaient de l’agitation pour que soit réformé le système social, en faveur des mères seules, en faveur d’un traitement égal en matière d’emploi, de salaire et d’éducation, ainsi qu’en faveur du droit au divorce et à la contraception. L’une de leurs premières actions fut de prendre le ‘train de la contraception’ vers Belfast, en mai 1971.

Depuis que la contraception fut légalisée en Irlande du Nord, 47 femmes y allèrent et ramenèrent de grandes quantités de contraceptifs, qu’elles déclarèrent ouvertement aux douanes irlandaises à leur retour. Cette action attira dans une grande mesure l’attention des médias et déclencha une grande campagne, qui déboucha sur la légalisation partielle de la contraception.

En 1975, le Mouvement pour les Droits des Femmes d’Irlande du Nord – Northern Ireland Women’s Rights Movement (NIWRM) fut fondé à Belfast, exigeant la parité avec la Grande Bretagne en ce qui concerne les droits des femmes. Ce mouvement était légaliste, avec comme bases les classe moyennes, et ne prenait pas position sur les questions qui concernaient les femmes du peuple et les femmes nationalistes. L’année suivante, lorsque le NIWRM critiqua le Troops Out Movement – Mouvement pour l’expulsion des troupes britanniques, un Groupe de Femmes Socialistes – Socialist Women’s Group, fit sécession.

Puis, en 1977, ce dernier groupe scissionna, donnant naissance au Belfast Women’s Collective – Collectif des Femmes de Belfast, qui fut formé pour travailler de façon plus rapprochée avec le mouvement républicain, en particulier au sujet des femmes emprisonnées. Une nouvelle scission survint, qui produisit en 1978 le groupe Women Against Imperialism – Femmes Contre l’Impérialisme, qui était lié de façon encore plus étroite avec les républicains. La centralité de la lutte nationale et la polarisation des positions à ce sujet empêcha le développement d’un mouvement féministe unifié au Nord de l’Irlande.

Pour comprendre la condition féminine en Irlande, il faut connaître un peu la société irlandaise et ses conditions économiques. Les six comtés occupés de l’Irlande du Nord forment une colonie britannique, dirigée directement depuis Londres. Les 26 comtés du Sud sont une néo-colonie, formellement indépendante mais ayant une économie complètement dominée par les investisseurs multinationaux. En termes économiques, l’Irlande est un pays du tiers-monde. Officiellement, le taux de chômage dans les deux parties de l’Irlande dépasse les 17%. Mais dans certains quartiers populaires, il est de plus de 80%. Politiquement, les deux parties de l’Irlande sont des Etats confessionnels conservateurs.

Le Sud est dominé par l’Eglise catholique, et le Nord par un protestantisme fondamentaliste. Les deux Etats sont extrêmement conservateurs en matière sociale, et les deux emploient des mesures répressives et la censure pour maintenir l’ordre établi. Ces conditions économiques et sociales ont un lourd impact sur les femmes. Bien que davantage de femmes soient entrées sur le marché du travail ces dernières années, ces emplois se concentrent dans les industries de service. Les femmes dans les 26 comtés gagent seulement 60% du salaire masculin, dans les 6 comtés, 75,5%. Plus de 1,25 million de femmes irlandaises (c’est-à-dire la moitié de la population féminine) est considérée comme vivant dans la pauvreté.

Les conditions d’existence des femmes, dans ces sociétés caractérisées par des liens puissants unissant les églises et les Etats, n’ont pas connu d’amélioration significative depuis le début des années 1970.

Les contraceptifs peuvent désormais être prescrits dans les 26 comtés, mais beaucoup de médecins et de pharmaciens, surtout dans les zones rurales, refusent de les donner. Les préservatifs ne peuvent être vendus qu’en pharmacie, un magasin de Dublin qui tenta d’outrepasser cette règle fut conduit devant les tribunaux et condamné, en 1990. L’avortement, qui a toujours été illégal en Irlande, fut rendu anti-constitutionnel lors d’un référendum en 1983. Même l’accompagnement non-directif de la grossesse, avec l’option de se faire avorter en Grande Bretagne, est illégal.

Dans le Nord, l’avortement est illégal également, même si l’Irlande du Nord est censée être partie intégrante de la Grande Bretagne. Le divorce est encore illégal dans les 26 comtés, même si une campagne pour un nouveau référendum à ce sujet se développe. En Irlande du Nord, les femmes doivent faire face aux soldats armés dans leurs rues, aux raids constants dans les maisons, aux fouilles corporelles et au fait de devoir s’occuper seules de leurs familles quand les époux sont en prison ou en cavale

Les féministes et les républicaines féministes proposent des solutions différentes au problème de l’oppression des femmes. Le mouvement féministe, qui appartient largement aux classes moyennes, voit une issue dans le travail en direction de l’égalité et de la neutralité en matière de genres, à l’intérieur du système légal existant. La Commission pour un Statut des Femmes, un organisme délibératif soutenu par le gouvernement, suggéra beaucoup de pistes de changement en matière d’emploi et de lois sociales, qui résorberaient certaines des inégalités les plus criantes.

Beaucoup de féministes considèrent qu’il faut des actes qui aillent au-delà de la simple égalité formelle, comme des crèches et des possibilités de contrôler leur propre fertilité, en tant que conditions pré-requises pour l’égalité. Des campagnes axées sur ces points particuliers ont été et sont menées par les groupes féministes. Les groupes culturels de femmes, comme des ateliers d’écriture, de thérapie de groupe, de sport, etc. sont considérés par nombre d’entre elles comme « un environnement alternatif au sein duquel les femmes peuvent explorer des idées et se soutenir les unes les autres, loin des contraintes imposées par les structures patriarcales. »

Les féministes républicaines considèrent que cette approche est trop fragmentaire et qu’elle s’attaque aux symptômes et non aux causes des problèmes des femmes, qu’elles identifient comme étant le capitalisme et l’impérialisme britannique, en même temps que le patriarcat. Comme le dit Mary Nelis, une activiste Sinn Fein [provisoire] de Derry : « Le système patriarcal, avec ses sous-produits l’impérialisme et le capitalisme, peut se permettre des réformes et peut même permettre à des femmes d’être des figures de proue du pouvoir (par exemple Maggie Thatcher), pourvu que les règles fondamentales établissant l’inégalité essentielle restent intactes. »

La fragmentation en une multitude groupes se préoccupant chacun d’un aspect particulier et intriguant les uns contre les autres pour obtenir des fonds et de la considération, est vue par les féministes républicaines comme une chute « dans le vieux piège de diviser pour régner ». Elles considèrent également que l’appareil d’Etat a dans une certaine mesure absorbé le mouvement des femmes. Les féministes les plus acceptables sont désormais partie prenante de l’establishment et passent à loisir à la radio, ce qui nous est interdit, à nous autre républicaines, par la loi section 31 (loi censurant l’expression du républicanisme dans les 26 comtés).

Dans ces conditions, où est le véritable danger?

Nell McCafferty, journaliste féministe dont les travaux sont connus dans le monde entier, s’était mise hors la loi pendant des années au nom du droit des femmes à la contraception, et avait raconté ses « activités criminelles ». Comme elle le disait : « Cela n’a pas du tout nui à ma carrière. » Sauf qu’un jour, dans une interview, elle déclara soutenir l’IRA. Et là, elle fut séance tenante bannie de la radio irlandaise.

Voyons maintenant les objections adressées à la lutte républicaine par les féministes. Elles tombent en général sous ces trois catégories. 1. c’est une guerre d’hommes; 2. les femmes devraient se concentrer sur leur propre libération en tant que femmes; 3. ce conflit est différent des luttes légitimes dans le tiers-monde.

Cathy Harkin, du Derry Women’s Aid, un refuge pour femmes battues, met en avant la première objection. Elle identifie la ville de Derry comme un « patriarcat armé » et dit que les femmes dans le mouvement républicain ont rarement eu accès à des positions d’autorité sauf lorsqu’elles adoptent les idéaux, les buts et la discipline masculine du mouvement. »

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Cet argument, qui a fait débat pendant des années dans les cercles féministes, présuppose que les femmes sont « naturellement » pacifistes et que toute femme qui prend partie dans une lutte qui inclut une composante militaire ne peut aller que contre sa véritable nature et ne fait que suivre les hommes.

Suivre un tel argument, c’est suivre une pente dangereuse pour les femmes, parce que la théorie des « différences » biologiques et psychologiques a été utilisée contre les femmes pendant toute l’histoire du patriarcat. En outre, comme une volontaire de l’IRA l’a affirmé : « Ce n’est pas une guerre des hommes, c’est une guerre du peuple. »

Margaret Ward, historienne féministe, soulève la deuxième objection. Elle demande : « Le féminisme peut-il offrir un tel soutien sans qualification (à la libération nationale) tout en restreignant ainsi sa capacité à saisir la réalité de l’oppression de toutes les femmes et à combattre sans compromis pour les intérêts des femmes? »

Cette critique soulève deux questions : 1. quels sont les problèmes des femmes? Et 2. est-ce que le mouvement républicain irlandais combat pour les résoudre?

A la première question, les prisonnières de guerre irlandaises ont répondu ceci : « les femmes qui vivent dans les six comtés occupés d’Irlande sont opprimées à la fois par un Etat impérialiste étranger et pat les idéologies sexistes qui répriment les femmes dans le monde entier ».

Quant à Bernadette Devlin McAliskey, elle a ajouté que « nous ne sommes pas opprimées seulement parce que nous sommes des femmes, mais aussi parce que nous sommes des femmes de la classe ouvrière, et enfin parce que nous sommes des femmes républicaines de la classe ouvrière ». Comme le remarque une activiste de Sinn Fein [provisoire] : « Ce n’est pas parce qu’un problème affecte les hommes qu’il n’affecte pas aussi les femmes ».

Mais qu’en est-il des problèmes qui concernent spécifiquement les intérêts des femmes? Est-ce que le mouvement républicain les prend aussi en compte dans son combat? Sinn Fein [provisoire] a produit un document approfondi qui explique ses positions en ce qui concerne les questions féminines. Il prend parti, entre autres, pour le divorce légal, pour une contraception libre et accessible, pour un conseil en matière de grossesse incluant tous les choix, pour la prise en charge de l’enfant par les deux parents, pour des crèches ouvertes 24h/24, et pour mettre fin aux rôles stéréotypés dans l’éducation et la publicité. En outre, de membres de Sinn Fein [provisoire] sont actifs dans les centres pour femmes et dans les campagnes pour le divorce, pour le planning familial, contre le viol et la violence conjugale.

La troisième objection adressée au républicanisme, qui consiste à dire qu’il ne s’agit pas d’un véritable mouvement du tiers-monde, a déjà été traitée dans cet article, au sujet du statut économique du pays, qui est celui d’un pays du tiers-monde. Beaucoup de gens se plaisent davantage à soutenir des mouvement de libération loin de chez eux, menés par des gens qui ne leur ressemblent pas physiquement ou parlent une autre langue, plutôt qu’un mouvement plus proche de leurs foyers.

La distance et le soupçon mutuel entre les mouvements féministes et républicains nuisent aux deux mouvements et à la libération des femmes en général. Comme l’explique la coordinatrice du Centre des Femmes de Falls Road [à Belfast-ouest] : « La droite n’a pas de problèmes lorsqu’il s’agit de s’unir pour défendre ses intérêts, en utilisant les distortions créées par l’impérialisme britannique pour nous diviser et dévier nos forces ». L’incapacité du mouvement des femmes à s’opposer réellement au courant conservateur actuel est attribué par Marron à « ce fractionnisme et cette peur ».

Aussi bien le mouvement féministe que le mouvement républicain ont beaucoup à offrir l’un à l’autre et au peuple irlandais.

D’après Nell McCafferty : « Jusqu’à aujourd’hui, il s’est avéré qu’il était plus facile de féminiser les républicains, qui ont beaucoup à gagner de l’inclusion des femmes dans la lutte, que de républicaniser les féministes, qui ont beaucoup à perdre si les intérêts des femmes sont totalement subordonnés à la résolution de la guerre.

Toutefois, l’expérience a montré que les luttes et révoltes sociales dans le monde n’ont été forcées de prendre des mesures pour résoudre les problèmes sexistes que lorsque le mouvement des femmes s’y est impliqué. (…) Le mouvement des femmes en Irlande fait face au défi de développer une théorie et une pratique au sujet du féminisme et de la guerre. L’implication active des femmes est impérative si les femmes doivent avoir, une fois la guerre résolue, la même liberté que les hommes libres. »

Toute les initiatives pour la journée internationale des femmes en lutte ne se résument pas à des « débats » subventionnés dans des lieux institutionnels mais aussi à des initiatives de rue ou des rencontres.

Voici quelques un des rendez vous que nous avons listés pour la Bretagne (liste non exhaustive ! )

 

Brest :

Le 07 mars à l’initiative du Planning Familial Rendez-vous à 11 h 30, place de la Liberté.A 14 heures : Marche dans la ville (départ de la place de la Liberté) Puis après cette marche en ville, nous irons à LCause (4 rue Ernest Renan)

Cette année le 8 mars, journée internationale des droits des femmes est aussi le lancement de la 4ème Marche Mondiale des Femmes contre les violences et la pauvreté

Tous les 5 ans depuis 2000, les féministes du monde entier unissent leurs forces pour marcher ensemble pour construire un monde basé sur la Paix, la Justice, l’Égalité, la Liberté et la Solidarité. Ce sera de nouveau le cas du 8 mars au 17 octobre 2015.

La Marche Mondiale des Femmes veut rompre avec le patriarcat, le capitalisme et le racisme, les 3 systèmes d’oppression qui contrôlent nos vies, dans le monde entier.

 

-Nantes :

Samedi 7 mars 2015 à 14h Salle de conférence à la Manu Bd Stalingrad à Nantes un premier rendez vous avec un conférence débat intitulée « Au cœur des femmes Tsiganes » proposée par le collectif Romeurope de l’agglomération nantaise. La suite et le détail du programme là .

Puis rendez vous à 18H place du commerce pour revendiquer :

LE DROIT DES FEMMES À DISPOSER DE LEUR CORPS
I.V.G., P.M.A pour toutes les femmes qu’elles soient en couple, célibataires, lesbiennes

LE CHANGEMENT D’ETAT CIVIL LIBRE GRATUIT POUR LES TRANS
Un parcours sans violence pour les personnes trans

L’EGALITÉ RÉELLE DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS
Au boulot, à la maison, à l’école

POUR NE PLUS SUBIR LES VIOLENCES SEXISTES
Les mecs lourds, le harcèlement de rue

Nous défilons ensemble, féministes de tous sexes et de tous genres, pour refuser la peur.

FEMMES, LA NUIT NOUS APPARTIENT AUSSI !!

Premiers signataires : Ensemble 44, FSU, LDH, QueerFarnaüM

A Rennes

Outre de nombreux rendez-vous disponibles ici et qui rappellent que les aspects de la revendication féministe sont divers, le collectif GAST originaire de Kemper et qui met en avant la langue bretonne dans ses pratiques revendicatives, sera au bar 1675  le samedi 7 mars dés 19H ( 44 rue Legraverend) pour présenter  dans les deux langues son action en faveur de l’émancipation des femmes . Initiative suivie d’un DJ set animé uniquement par des femmes.

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La Gauche Indépendantiste condamne fermement les agissements sexistes et machistes du député UMP, Philippe Le Ray le 8 octobre dernier au sein de l’Assemblée Nationale française.
Le député de la 2e circonscription du Morbihan n’a rien trouvé de mieux, en plus d’être notoirement ivre, que d’imiter les caquètements d’une poule alors que Véronique Massenneau, députée EELV de la Vienne, prenait la parole. Bien qu’à nos yeux le Parlement de Paris ne soit pas un lieu de débat démocratique, de tels comportements nous semblent intolérables en société comme dans la vie politique. La lutte pour une société égalitaire passe par le respect des droits fondamentaux de tous en tant que personne quel que soit son sexe ou sa sexualité, quelle que soit sa langue, son origine ou sa couleur de peau.

Normaliser les propos d’exclusions forme le terreau de l’extrême-droite. Alors que le Front National et ses sbires des groupes identitaires s’ancrent dans la société avec la complicité des grands médias, cet incident révèle que la lutte au quotidien contre l’exclusion, pour le respect du droit des femmes est plus que jamais d’actualité.

L’émancipation collective de la société ne sera possible que si celles et ceux  qui la composent sont individuellement émancipés.

C’est sans doute le message que certaines ont voulu lui signifier en redécorant sa permanence.

Cela nous renforce dans notre désir de lutter pour l’émancipation sociale et nationale du peuple breton  et pour qu’enfin nous soyons tous et toutes des femmes et des hommes libres dans un pays libre !

An tu kleiz dizalc’hour a sav groñs a-enep troioù revelour ha machoour ar c’hannad UMP, Philippe Le Ray, d’an 8 a viz Here er Vodadenn Vroadel Gall.Ouzhpenn bezañ mezv-mat, kannad eil pastell-vro ar Mor-Bihan n’eus ket kavet gwelloc’h evit drevezañ houpadenn ar yar pa oa o kemer ar gaoz Véronique Massenneau, kannadez EELV.

Daoust ma n’eo ket hervezomp  Parlamant Pariz ul lec’h a dabut demokratel, seurt troioù n’hallont ket bezañ gouzañvet nag er gevredigezh nag er vuhez politikel. Er stourm evit ur gevredigezh  kevatalour e rank bezañ doujet gwirioù diazez an holl dud nevern o reizh pe revelezh, o yezh, o orin peotramant liv o c’horc’henn.

Reolataat komzoù a laka tud zo a gostez a servij an tu-dehoù pellañ. Goude ma vez diazezetoc’h-diazezetañ ar Front National hag e vevelien, ar strolladoù hevelebour, gant kenwallerezh ar mediaoù bras e tiskouez a ra splann e ranker stourm war ar pemdez a-enep ar forc’hadur, evit ma vo doujet  gwirioù ar merc’hed.

Gallout a raio c’hoarvezout an digaezhadur a-stroll nemet ma vez digaezet en un doare hiniennel ar re a zo par eus ar gevredigezh.  Krenvaat a ra hor youl da stourm evit digaezhadur sokial ha broadel pobl Vreizh. Evit ma vimp a-benn ar fin an holl, merc’hed ha paotred dieub en ur vro zieub !

Moarvat o doa bet c’hoant stourmerezed zo embann kement-mañ p’o doa adkinklet loch an Aotrou nevez zo.