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Après Nantes la semaine dernière, c’est au tour de Rennes ce samedi huit juin de revêtir ses plus beaux habits arc-en-ciel pour célébrer le Pride month. Evénement LGBTI incontournable, les défilés de la Pride sont pour nombre de personnes une occasion festive, une occasion de réjouissances et de visibilités. Cependant, à l’heure où nos droits sont loin d’être acquis, à l’heure où d’autres sont menacés, à l’heure où les personnes LGBTI et notamment les plus précaires (trans, racisé•es, intersexes…) subissent toujours plus de discriminations et d’agressions, il nous apparaît comme essentiel de rappeler un fait historique : la première Pride était une émeute. Il y a tout juste cinquante ans, à Stonewall, éclatait une émeute queer menée par des personnes racisées, trans, et travailleuses du sexe … Il y’a cinquante ans, si la première Pride dansait, c’était au son des briques lancées sur la Police new-yorkaise. Parce que nous en avions assez de voir les luttes LGBTI trop absentes dans la gauche indépendantiste bretonne, comme nous en avions assez de voir les luttes bretonnes dénigrées dans les mouvements militants queers, il y’a un an nous avons fondé le Strollad LGBTI-breizhek dispac’hel (Collectif LGBTI-breton révolutionnaire). Viscéralement queer, féministe, antifasciste, antiraciste, anticapitaliste et indépendantiste, ce collectif a pour but (entre autre) de lier la gauche indépendantiste bretonne et les luttes LGBTI face à son ennemi commun : l’Etat Français et ses milices.

Parce que nous n’envisageons pas la libération bretonne sans la libération de toutes les minorités, nous voyons nombre de convergences entre les luttes de Bretagne et les luttes queer, ne serait-ce qu’a commencer par le droit de décider : la Bretagne doit pouvoir décider pour elle, comme les LGBTI doivent pouvoir décider, sans les entraves racistes, patriarcales, colonialistes et capitalistes imposées par la France. Pour beaucoup, notamment côté français, nos luttes seraient incompatibles. Incompatibles car l’indépendantisme serait symptomatique d’un souhait de retour en arrière, quand la libération queer est par définition progressiste et ne peut donc exister que dans un universalisme français. Peut-être conviendrait-il de rappeler que l’indépendantisme en Bretagne, ce n’est pas forcement restaurer la monarchie, fermer les frontières et jouer du biniou, ou encore que l’universalisme est un impérialisme. Pour d’autres, plutôt du côté breton, les luttes queer seraient secondaires. Pourtant, comment peut-on envisager la libération d’une minorité sans envisager celle de toutes les autres ? Comment envisager une Bretagne libre, qui répéterait les mêmes schémas français que nous rejetons ensemble aujourd’hui ? Dans son hommage à Yann-Fañch Kemener il y’a quelques semaines, Bèrtran Ôbrée le disait très bien : combien de jeunes LGBTI en Bretagne ont fini par rompre avec leur culture, avec leur langue, en partant s’installer dans de grandes villes que ce soit en Bretagne ou en France, pour vivre plus librement ? Ce n’est pas ce que nous voulons, et c’est d’ailleurs un des héritages que nous laisse Yann-Fañch, « les langues et cultures de nos aïeux nous appartiennent à nous aussi, nous pouvons contribuer à leur vitalité. Nous aussi, nous pouvons nous y exprimer ». Nous sommes trans, nous sommes PD, nous sommes gouines, nous sommes breton•nes… Nos identités sont multiples et nous refusons de devoir en laisser ne serait-ce qu’une de côté.

En cette année où se célèbrent tant les cinquante ans des émeutes de Stonewall que la mort d’un monument LGBTI de la culture bretonne, nous appelons à former un cortège de tête militant, à la Pride de Rennes, ainsi qu’un défilé nocturne le soir venu. Plus que jamais, soyons fier•es et libres, faisons entendre nos voix, dans toutes nos langues et nos diversités. Nous vous laissons ci-dessous notre appel. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nos suivre sur Twitter () où vous trouverez notamment un autre appel, rédigé cette fois avec d’autres collectifs et individu•es de Rennes pour ces projets de cortège de tête et de Pride de nuit.

L’appel en breton, français et gallo :


Plus de 4000 personnes ont pris part ce 16 juin à la Pride Rennaise. Contrairement à ce que beaucoup croient en raison de la dépolitisation croissante il ne s’agit pas d’une technoparade mais d’une journée revendicative commémorant une émeute. Un cortège radical s’est organisé pour lutter contre la dépolitisation de cette journée de lutte et de fierté pour toutes les personnes LGBTQI. Nous avons sollicité un des animateurs. Voici son récit : 

Roazhon, fière et révolutionnaire !

Ce samedi 16 juin 2018, les rues rennaises accueillirent la Pride 2018, petit retour sur le cortège radical.

L’organisation d’un cortège radical pour la Pride de Rennes s’est faite cette année dans l’urgence. Voyant que rien n’avait été prévu moins d’une semaine avant, un appel à la formation d’un Pink-Bloc a été diffusé par le compte Twitter @LobbyLGBTBreton ; ce communiqué appelait toute personne voulant redonner un message politique à la Pride, à converger et prendre la tête du cortège rennais pour faire entendre ses revendications sur les oppressions systémiques mises en place (et perpétuées) par l’Etat Français comme le patriarcat, ou encore le racisme.
Dans le même temps, un second collectif monté pour l’occasion, a lui aussi produit un appel similaire.
Profitant de cette aubaine, certaines personnes mal intentionnées et ne voulant pas voir de revendications politiques faire de l’ombre au CGLBT Rennais qui organise l’évènement, en ont profité pour faire courir des rumeurs, notamment en diffamant le compte @LobbyLGBTBreton qui serait tenu par des « homonationalistes bretons », ce qui est profondément faux.

Quoi qu’il en soit, après quelques cafouillages de début résultants de l’organisation « à la va-vite » de ce cortège ainsi que des diffamations susmentionnées, les deux groupes se sont rapidement réunis pour ne former qu’un seul bloc, portant haut et fort des revendications communes.
Malgré l’itinéraire absolument ubuesque imposé au cortège par la Préfecture, qui relève très clairement d’une volonté d’invisibiliser les luttes LGBTQI et de ne surtout pas déranger les bourgeois et touristes qui profitaient de leur petit samedi après-midi dans le centre-ville rennais, les militant·e·s finirent par atteindre la Place de la Mairie, où eurent lieu des prises de paroles de la part des organisateurs et organisatrices, qui se félicitèrent du succès de leur technoparade encadrée par le service d’ordre de la CFDT. Le cortège reprit ensuite sa marche jusqu’à l’Esplanade Charles de Gaulle, d’où il était parti.

Les militant·e·s se félicitent de la réussite de leur action. Malgré une organisation tenant quasiment de l’improvisation et des officiels tentant de briser cet élan, plus d’une centaine de personnes étaient réunies en tête de cortège où elles ont pu revendiquer un féminisme total, queer, antiraciste, anticapitaliste, et anticolonialiste, face à un Etat Français refusant de nous entendre.
Les deux ensembles ayant produit des communiqués se sont retrouvés en fin de manifestation pour mettre les choses à plat sur ces rumeurs crées de toute pièce et ont convenu de travailler ensemble pour organiser l’an prochain quelque chose de bien plus puissant.

Parce qu’en Bretagne, les luttes LGBTQI sont intimement liées à la question Française, nombre d’entre nous seront présent·e·s le 29 Septembre à Nantes pour réclamer la réunification et le droit à décider ; le droit à une Bretagne libre, antifasciste, débarrassée de l’autoritarisme français. Le droit à une Bretagne où chacun·e peut être débarassé·e·s tant du patriarcat, que du genre, du racisme, et du colonialisme.

Dalc’homp mat, stourmomp betek an trec’h !

Le @LobbyLGBTBreton

Proposition 31 des engagements de campagne de François Hollande du PSF:
“J’ouvrirai le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels.”

13 ans après l’adoption du Pacs que même la droite trouve maintenant légitime alors qu‘il devait entraîner le monde dans les abîmes du péché, le parti socialiste français va t’il avoir le courage politique de ses idéaux?
L’inégalité entre couples hétérosexuels et homosexuels va t’elle enfin être abolie totalement ou n’allons nous avoir que des bribes égalitaires comme ce fut le cas il y a 13 ans? Le « sous » mariage était une avancée, un symbole diront les plus optimistes. Il nous a pourtant montré à l’époque que la droite n’avait pas le monopole de l’homophobie et que la gauche française dans sa majorité considérait que « la famille » ne pouvait être gérée encore et toujours que sur le modèle patriarcal et hétéro-sexiste(1).
13 ans ont passés, les homosexuels sont mieux acceptés, plus visibles. Tout le monde a maintenant un « ami pédé » , pourtant seulement deux députés gays à l’assemblée sur 577, pas un sénateur. A croire qu’il ne fait pas toujours bon sortir du placard dans les grandes instances françaises. Devant une telle assemblée hétérosexuelle et sûr de sa supériorité le texte de loi sur le « mariage pour tous » a donc créé la situation actuelle.

Il y a 13 ans les manifestations de Christine Boutin et de l‘aile « respectable » de la droite française se mêlaient déjà aux rassemblements des catholiques intégristes qui scandaient « les pédés au bûcher! », aujourd’hui nous vivons exactement la même situation avec Frigide Barjot(2) qui passe ses journées à se justifier de ne pas être homophobe mais qui manifestera main dans la main avec Civitas(3) dont les membres crient « les pédés on va vous crever! » dans leur cortège. Les prochaines manifestations contre le « mariage pour tous » ne pourront donc plus nous leurrer puisque l’extrême droite française est convié ouvertement à grossir les rangs des réactionnaires.

Pour la Bretagne les cortèges homophobes n’ont pas été très impressionnants malgré des organisations catholiques très présentes mais qui ont sûrement préférées aller à la manif parisienne, leur plus gros rassemblement a eu lieu à Nantes où 3000 personnes ont applaudi un flash mob d’enfants (qui parle d’instrumentalisation?) le tout dans une ambiance plutôt calme. Les manifs pour l’égalité ont-elles eu lieu à Brest, Lorient, Rennes et là encore Nantes a eu la plus forte mobilisation.    Malgré une ambiance colorée et festive dans les rassemblements des « manifs pour tous » (terme flou récupéré par Frigide Barjot et ses comparses pour créer une confusion politique nuisible) leur revendication est tout simplement de ne pas accorder aux homosexuels les droits qu’ils trouvent légitiment pour les hétérosexuels.

Vouloir faire une hiérarchie entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels c’est être homophobe! Penser que les homosexuels ne sauront pas éduquer des enfants alors que c’est déjà le cas dans des milliers de familles c’est être homophobe! Vouloir laisser perdurer la situation juridique précaire des familles homoparentales et de leurs enfants c’est être homophobe! Le problème pour les enfants qui vivent dans des familles homoparentales c’est l’homophobie ambiante, pas les homosexuels!
Le débat tant réclamé par la droite n’est en fait que de la poudre aux yeux (vu qu‘il y a eu 50 auditions à l‘assemblée nationale où très peu de députés de la droite française ont daignés se déplacer), les seules questions que l’on soit en droit de se poser sont: Est on oui ou non d’accord avec la situation inégalitaire actuelle? Le fait que les homosexuels doivent avoir les mêmes droits que les autres doit il vraiment faire débat?
Etre contre le projet de « mariage pour tous » et dire ne pas être homophobe est donc un non sens. C’est d’ailleurs là que la gauche française a encore du mal à se positionner. Le couac de la PMA(4) (retiré du projet mais qui aura un amendement par le groupe PSF de l’assemblée), la phrase malheureuse de Hollande sur la liberté de conscience des maires, les non dits de Ayrault sont autant de signes d’encouragement donnés aux homophobes de tous bords. Tant que le PSF tergiversera en se demandant si les homosexuels doivent avoir les mêmes droits que les hétérosexuels alors ce projet ne sera pas complet.
La Bretagne terre de liberté et de tolérance ne peut que se battre avec les progressistes qui défendent ce projet. A Nantes le collectif des Dures à Queer(5) a montré que la fierté était de notre côté et de celui des hétéros qui sont pour l’égalité lors de la manifestation du 15 décembre où près de 4000 personnes ont défilées.
Toute organisation progressiste devrait logiquement défendre ce projet de loi, nous ne signons pas un chèque en blanc aux socialistes français. La parole de Ayrault résonne autant dans les bureaux de Mittal, sur les chantiers de Vinci, sous les casques de la flicaille qui quadrille la ZAD que dans la geôle espagnole où est détenue Aurore Martin. Le parti socialiste français qui a abandonné le droit de vote des étrangers aux élections locales par manque de courage politique ne doit pas encore s’écraser face à cette France qui se droitise sans complexe. C’est d’ailleurs ce qu’était venu rappeler les Dures à queer et une centaine de personnes devant le local nantais du PSF le 20 novembre dernier suite au propos de Hollande sur la liberté de conscience.

En Bretagne comme ailleurs il est temps d’arrêter cette homophobie latente qui ronge nos vies. Ce projet de loi s’il est adopté sera un signe fort pour les autres états qui envisagent de telles lois, il ne faut pas oublier que 88 Etats pénalisent l’homosexualité (par de la prison, des travaux forcés, de la torture) et que dans 9 Etats elle est même passible de la peine de mort. Les bretons qui ont été les bougnoules de la France restent du côté des discriminés, les luttes sont liées et non pas concurrentes, une victoire ici ne peut que nous amener vers d’autres avancées sociales et politiques.
La prochaine manif pour l’égalité aura lieu à Nantes le 19 janvier 2013 .

La Gauche Indépendantiste – Breizhistance

1: l’hétéro-sexisme est le système de pensée qui considère l’hétérosexualité comme la seule norme valable: http://www.internationalcamp.org/spip.php?article299
2: Frigide Barjot, pathétique personnage des nuits parisiennes qui s’est reconvertie dans la défense des valeurs catholiques conservatrices sûrement dans le but de sauver son âme: http://adieufrigidebarjot.blogspot.fr/
3: Civitas, organisation d’extrême droite proche des milieux intégristes et des mouvements de jeunesse réactionnaires, proche idéologiquement du Renouveau Français, de l’Action Française et des sectes intégristes comme la Fraternité St Pie X très présente à Nantes.
4:  Procréation Médicalement Assistée, un des points du projet où le gouvernement socialiste est très frileux. Il permettrait pourtant aux couples de lesbiennes d’avoir un enfant sans devoir aller se faire inséminer en Belgique ou dans l’Etat espagnol comme c’est le cas actuellement.
5: les Dures à Queer sont un collectif de transpédégouines visibles et fières, actif sur Nantes depuis 3 ans, anti racistes, anti fascistes et féministes, ils représentent un nouveau militantisme décomplexé et radical: http://dures-a-queer.tumblr.com/