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Joe Biden, le retour du bon impérialisme?

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Article de Duarte Correa, Secrétaire aux Relations internationales de l’Union du Peuple Galicien (UPG) composante du BNG ( Bloc National de Galice) , publié dans le quotidien indépendantiste galicien Nós Diario. Merci à Nicolas Maury du blog “Perspectives Communistes” pour la traduction.

Toute personne honnête se réjouit de la défaite de Donald Trump car c’est un coup dur pour les secteurs les plus radicaux de l’extrême droite aux États-Unis, et aussi contre l’opération coordonnée, qui depuis quelques années maintenant cherche à mettre en œuvre son modèle politique dans d’autres zones géographiques.

Mais c’est une chose de se réjouir de la défaite de Trump et une autre de penser qu’une étape progressiste s’ouvre. Pour celles & ceux qui disent que Joe Biden est un président de gauche, la joie ne durera pas trop longtemps. Biden et Trump ne sont pas si différents. Quelques petites nuances les séparent, mais tous les deux sont attachés à l’idée que les États-Unis ont la fonction transcendantale de diriger l’humanité, d’imposer son mode de vie au monde et de défendre les intérêts des secteurs économiques et politiques de l’empire.

Le vaincu Donald Trump restera dans l’histoire comme une anomalie dans le système politique des États-Unis, mais une anomalie avec des composants très typiques de ce pays. Son arrivée à la Maison Blanche n’était pas prévue et sa prestation au cours de ces quatre années a causé quelques maux de tête, plus par les formes et quelques excès que par le fond. De plus, de nombreux analystes s’accordent à dire que sa gestion a permis au système de mettre sur la table de graves problèmes mettant en danger son hégémonie, non par l’action d’un ennemi extérieur réel ou inventé, mais par des dysfonctionnements du système. Trump a dénoncé la mondialisation qui affecte gravement l’industrie nationale et l’emploi en raison de la délocalisation de la production et de la prépondérance du capitalisme spéculatif de Wall Street. Trump a pris des mesures qui ont créé des emplois et amélioré l’économie et, sans son attitude envers Covid-19, il aurait pu remporter les élections. Penser que nous sommes confrontés à la défaite d’un fou est une simplification.

Il est clair que les lignes ont bougées depuis ces quatre années et on verra les premiers pas de Joe Biden lorsqu’il s’installera à la Maison Blanche.

Ni Biden ni Kamala Harris ne sont inconnus. Joe Biden était le vice-président de ce Barack Obama, que l’industrie de la propagande continue de nous vendre à tort comme un afro-américain progressiste libre qui est venu à la présidence vaincre l’establishment. Biden a été coresponsable et parfois exécuteur direct de certaines des politiques les plus agressives d’Obama au cours des dernières décennies, telles que l’expulsion de plus de 3 millions d’immigrant.e.s, le coup d’État en Ukraine ou l’Intervention militaire de l’OTAN en Libye. Kamala Harris est la première femme Afro-américaine a accèder à la vice-présidence après une longue carrière politique, apportant un soutien financier à une partie importante de l’industrie audiovisuelle (WarnerMedia, Walt Disney) et à Silicon valley.

Biden ne réduira pas la mondialisation, tout comme Trump ne l’a pas fait. Mais sa mondialisation sera différente; pour ne pas mettre en péril le pouvoir de l’empire sur la planète, il devra garantir la production aux USA même, en évitant de nouvelles crises internes et l’apparition d’une masse de chômeurs et d’exclus qui sont un terreau fertile pour de dangereuses flambées sociales. Il devra également attirer des segments de la classe ouvrière qui font désormais partie de la base de soutien à Trump.

Il est clair que les formes vont changer, car il est démontré que l’action internationale de Trump, au lieu de consolider le leadership des États-Unis, a permis à son principal adversaire, la Chine, d’améliorer sa position mondiale. Biden tentera d’améliorer les relations dégradées avec l’Union européenne pour l’empêcher d’agir selon ses propres critères, qui pourraient conduire à une rapprochement avec la Russie, comme le souhaite l’Allemagne. Mais les nouvelles formes, avec des partenaires privilégiés, ne visent qu’à consolider l’hégémonie américaine et ne seront pas accompagnées d’un réel changement dans la politique interventionniste traditionnelle en Amérique latine et dans d’autres zones géographiques comme le Moyen-Orient ou l’Afghanistan.

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